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EAN : 9782246831853
336 pages
Grasset (21/09/2022)
4/5   23 notes
Résumé :
Rien n’était fait pour que Proust triomphe. Un mondain, un Juif, un homosexuel, qui a osé remporter le prix Goncourt contre un roman de guerre, ce qui lui a valu des persiflages infinis, jusqu’à une revue de cabaret présentant un numéro « Proust ma chère ». D’ailleurs, sa postérité a été lente à s’établir. Elle n’a réellement commencé que dans les années 1950, jusqu’à ce que Proust devienne l’un des écrivains français les plus célèbres du monde.
Il y avait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce récit aurait pu être intitulé Miscellanées proustiennes, tant le propos est varié. Bien sûr il est question de l'oeuvre, mais aussi de l'écrivain, et bien entendu de la relation entre le narrateur et l'auteur de la Recherche.

Les thèmes abordés sont multiples.

Les portraits de personnages, qui sont souvent composites et que l'amateur d'histoire peut rattacher à telle ou telle personnalité ou même à plusieurs.
l'antisémitisme, et l'affaire Dreyfus, replacé dans le conte politique de l'époque
L'opinion de têtes d'affiche littéraires sur l'oeuvre de Proust, comme Céline, Cocteau, Gide
Le style si unique, avec une analyse précise, comme la triple adjectivation, qui rapproche Proust de Racine, ou l'utilisation de conjonctions, :
« Les conjonctions dans Proust sont l'ajout de maïzena dont la cuisinière précautionneuse fait un ajout ultime pour maintenir la sauce »
De cette liste non exhaustive , on retient la preuve de l'admiration sans borne de Charles Dantzig pour l'oeuvre, et une connaissance solide à la fois de la biographie et du roman.

Ecrit avec une certaine familiarité, parfois matérialisée par des traits humoristiques, le récit se lit avec plaisir, et sans doute encore plus si l'on a lu la Recherche. Mais il pourrait aussi susciter une envie de découvrir ce classique indémodable.

Merci à Netgalley et aux éditions Grasset

336 pages grasset 21 septembre 2022
#ProustOcéan #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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« Dans très longtemps, quand cet Océan se sera retiré faute de lecteurs, ou à cause de je ne sais quelle catastrophe intellectuelle causée par les Financiers, il restera d'À la recherche du temps perdu ou bien rien, pas même le nom, ou bien une sorte de tête en pierre très usée tombée d'une statue dont le corps aura disparu, grumeleuse, le nez rogné, les traits effacés, ressemblant plus à un pamplemousse qu'à une tête, et on ne saura pas si l'on a affaire à un homme ou à un lion. Dans le vent de la durée, l'oeuvre s'emploie à redevenir caillou. »
D'ici à ce que cette sombre prédiction advienne, on peut toujours et encore s'abreuver à la source, mais aussi plonger avec délices dans cet ouvrage complexe et détaillé, concocté par un véritable amoureux et exégète de la littérature proustienne.
Je fais partie de ceux et celles qui ont commencé, abandonné et ultimement lu du côté de chez Swann, sans parvenir à continuer l'aventure. Et donc, en me plongeant dans Proust Océan, je m'assurais en quelque sorte d'apprivoiser la « bête », cette écriture et ce style qui me donnent tant de mal.
Charles Dantzig réussit, avec esprit et finesse, à décortiquer cette somme littéraire hors du commun. Il m'a entraînée à sa suite dans un voyage autour de Proust, empreint de la beauté de ses mots et de ses longues phrases descriptives, lesquelles dans ce contexte didactique, me sont devenues aisées à appréhender. Aux extraits des romans, l'auteur y ajoute ses analyses, ses émotions ressenties à la lecture, de la première à la dernière, et offre un portrait émouvant de Marcel Proust, l'homme derrière l'écrivain.
Charles Dantzig bouscule les lieux communs et houspille avec insolence les mauvais lecteurs et les insensibles à la prose de Proust, dans une formidable sommation à lire sans relâche.
« À la recherche du temps perdu est la plongée sous-marine entre deux phrases qui seraient : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » et « Je suis devenu écrivain. »
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Lorsque j'ai découvert la Recherche du Temps perdu pour la première fois, c'était en khâgne. Notre enseignante nous avait conseillé de « surfer » sur les phrases, de ne pas s'y noyer en essayant de percer le mystère de leur construction, mais garder de la hauteur. Comme elle, Charles Dantzig file la métaphore marine tout au long de son essai, d'où le titre. D'ailleurs, Proust lui-même dans toute son oeuvre utilise les comparaisons – Proust use d'avantage de comparaisons que de métaphores – avec le milieu aquatique, évoquant les baignoires au théâtre ou la lumière d'aquarium du Grand Hôtel de Balbec.
Charles Dantzig étudie ainsi les personnages du roman en les comparant à différents animaux marins, comme la murène Verdurin avec sa cour de petit fretin qui l'entoure, à la sirène princesse de Guermantes. La métaphore de l'océan permet d'explorer plus ou moins en profondeurs certaines thématiques, ou de rester à la surface d'autres. Par moment, la métaphore peut sembler toutefois un peu forcée, ou, en tout cas, être un prétexte pour évoquer différents éléments. L'ouvrage étant justement organisé de façon thématique, j'ai pu regretter un plan pas assez structuré totalement à mon goût – c'est mon côté ancienne khâgneuse, j'aime l'ordre et les plans ternaires...
J'ai beaucoup écouté Charles Dantzig à la radio, notamment dans ses émissions sur ses études de personnages de la Recherche, ce qui fait que certaines de ses réflexions m'étaient déjà familières – et que j'avais sa voix en tête en le lisant. Je ne suis pas forcément du même avis sur lui à chaque fois, c'est cela qui est stimulant. Et n'ayant pas relu la Recherche depuis un certain temps, c'était un livre bien adapté pour moi : si j'ai oublié certaines situations ou certains personnages, je me souviens du cadre général, des principaux sujets abordés. de plus, son écriture peut elle-aussi faire penser à Proust, de part la structure même de ses phrases avec leurs incises et leurs digressions, avec un certain humour parfois féroce contre ses propres contemporains, et une inscription historique et contextuelle dans notre monde qui a ses propres formes de bêtise humaine, avec l'élection de Trump, les influenceurs de réseaux sociaux et certains comportements humains en période de pandémie.
Enfin, comme il le dit lui-même dans un numéro de Personnages en personne sur France Culture, lorsqu'on lit un livre, le personnage sur lequel on en apprend le plus est finalement L Auteur. C'est ainsi que ce texte est une réflexion toute personnelle – de façon totalement assumée - sur la Recherche, subjective et partiale, qui est aussi un moyen pour l'auteur de nous parler de lui : contrairement au Narrateur de la Recherche qui n'est pas Proust, l'auteur Charles Dantzig s'identifie clairement à celui qui parle, au Je, de son texte. Parlant de Proust, il parle donc de lui-même, de son enfance, de ses goûts littéraires, de ses amours, de sa sexualité. Il choisit donc les thèmes qu'il souhaite mettre en avant, il opère à une sélection – il met en avant les personnages qu'il préfère, évoque plus la thématique de l'homosexualité que celle de l'art ou la place de Venise, les tomes qu'il aime le mieux aussi...
Le but est atteint, j'ai envie de relire Proust – les snobs ne disent pas qu'ils lisent Proust, ils disent qu'ils le relisent...
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Charles Dantzig est un vrai amoureux de Proust.
Il aime jusqu'aux travers de la personne et aux défauts de son oeuvre.

Je le dis en toute simplicité : j'aime Proust pour les mêmes raisons que CD, et en toute modestie aussi, car si j'excuse quelques travers que j'ai repérés, je n'ai ni la culture de CD, ni sa connaissance de l'oeuvre, pour en reconnaître autant que lui.

CD porte sur Marcel Proust et sur son oeuvre un regard souvent décalé par rapport à tout ce qu'on peut lire par ailleurs. C'est réjouissant quand on reconnaît son propre regard, et cela ouvre de nouvelles perspectives quand son point de vue à soi était différent.
Les remarques sur Albertine notamment, dont beaucoup font la couverture féminine de Alfred Agostinelli, mais dont CD avance, arguments à l'appui, que ses comportements et réactions ne peuvent être celles d'un jeune homosexuel, ont particulièrement retenu mon attention.
Au-delà de leur originalité elles rajoutent de la profondeur et de la densité à un auteur et à une oeuvre qui n'en manquaient déjà pas.

J'ai aimé les coups de pattes à Gide et, en passant, à Breton, donnés pour des raisons inhabituelles là encore, et ô combien mérités.

J'ai aimé les coups de griffes aux antisémites autoproclamés et anti proustiens invétérés de l'entre-deux-guerre (sans vraisemblablement qu'aucun ne l'ait jamais lu) : Léon Daudet, Céline, Abel Bonnard, Abel Hermant…(hum hum comme c'est bizarre…)
Quant aux anti proustiens contemporains je souscris une fois encore à l'idée de CD selon laquelle leur arrogance est le symptôme de quelque chose d'inquiétant.

Avec son immense culture et son ironie pas toujours tendre Charles Dantzig nous donne à voir un Marcel Proust tout en contradictions et en cela très humain.

Il nous rappelle qu'un génie peut se cacher sous les traits d'un petit bonhomme bien ordinaire, comme Bergotte, comme Elstir, comme Vinteuil… ou comme Marcel Proust.

Et cela a quelque chose de réconfortant.
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Le Proust est ductile et englobant comme la mer. Lire A la recherche du temps perdu, c'est traverser l'Océan. Et c'est très facile, il suffit d'adapter sa respiration.

J'ai lu La Recherche il y a quelques années en j'en avais aimé ses leitmotivs floraux. Mais je n'avais pas perçu le thème de l'océan.

Charles DANTZIG propose une grille de lecture sur le thème de l'océan, ma foi fort riche : 336 pages.

Bien sûr, il y a de longues citations de la Recherche, mais aussi des extraits plus courts.

J'ai aimé les intitulés de certains chapitres : quelques grands poissons et du fretin – Un pays moustachu.

J'ai aimé les révélations sur de nouveaux sujets (je ne vous dirai pas lesquels) et les absences également.

Une lecture exigeante mais qui m'a fait voir ce Chef d'Oeuvre de la Littérature Française avec un oeil différent.

Quelques citations :

… ce qu'il (le narrateur) avait imaginé était, en partie, exact, et que ce qu'il a découvert ne lui avait été caché que parce qu'il n'avait considérés ces inconnus que sur un plan, celui de la Perfection. L'autrui est plat.

A la recherche du temps perdu est en grande partie le roman des déchéances.

L'unicité du moi est une idée qui nous vient de la prison du corps.

A la recherche du temps perdu est le meilleur des romans de vampire.

Le Narrateur est une bouche ouverte, qui du fond de son Océan tente d'aspirer toute l'affection humaine.

Et tout cela vient de ce que cet être du sexe masculin cherche une chose que ses semblables n'osent pas demander, qu'on ne leur apporte pas, supposément honteuse pour eux, la tendresse.
Lien : https://alexmotamots.fr/prou..
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critiques presse (1)
LeFigaro
06 octobre 2022
Ce voyage au cœur d’un univers qu’il connaît à merveille pourrait laisser à la porte le lecteur: trop de connaissances, de brio, de formules, de provocations. C’est au contraire une aventure étonnante à vivre. Dantzig est un portraitiste de haut vol.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
Je regardais, sortant de la mer à Nice après avoir beaucoup crié avec ses potes, un de ces couillons de plage qui ne doivent jamais lire un livre. Il avait une omelette de cheveux noirs en haut du crâne dont les temps étaient rasées; pour la barbe elle était si apprêtée qu'il avait dû se faire épiler définitivement pour obtenir ces deux lignes droites à 55°, enfin quoi, un hipster. (...) D'ailleurs, il portait un tatouage. Comme chez tant de ces grands couillons, c'était une phrase. Et cette phrase, sur cette poitrine épilée au-dessus de laquelle ondulaient savamment de ronds deltoïdes, c'était : « Longtemps je me suis couché de bonheur » La littérature gouverne les Français qui ne le savent pas.
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Proust est un écrivain simple. En aucun cas il ne cherche à dresser des obstacles devant le lecteur, en semant des énigmes à la Joyce, en fermant son objet sur lui-même à la Faulkner. Il use beaucoup de comparaisons, plus accessibles que les métaphores, pose des "pensa - t - il", enfin tout pour que le nageur soit à l'aise. Sa grande, sa très grande singularité, car ce que je viens d'énoncer pourrait décrire un simple conteur, est la forme des phrases. Des phrases souvent longues, sinueuses, aux frémissements de surface et aux vibrations profondes, aquatiques vraiment, comme on n'avait jamais vu dans la littérature française. Proust, a assoupli notre langue à un point inouï.
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Les conjonctions dans Proust sont l’ajout de maïzena dont la cuisinière précautionneuse fait un ajout ultime pour maintenir la sauce
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Me méfiant de la mémoire, cette affabulatrice que nous laissons sortir sans permission, je soupçonne que ce que je dis de ces premières lectures a été élaboré par la mienne, suivant un phénomène de modestie que je ne tiens pas de Proust et de sa tactique de ne pas avoir l’air trop intelligent, mais d’une enfance toute de spontanéité accueillie par des haines.
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Pour Proust le nom c’est tout, et d’abord le nom de lieu. Il est souvent celui de la personne. Une des ébauches du Contre Sainte-Beuve porte le titre de : « Le nom des Guermantes. » Le Contre Sainte-Beuve est cette lasagne posthume de débuts de fictions et de brouillons sur des écrivains, mélangeant parfois génialement les deux, dans le passage « Le Balzac de M. de Guermantes ». Premier mouvement : M. de Guermantes lui sert à parler de Balzac. Deuxième mouvement : Balzac lui sert à créer M. de Guermantes. La littérature ne naît pas de la vie, elle naît de la littérature.
 
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