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EAN : 9782738138873
288 pages
Odile Jacob (13/09/2017)
3.42/5   71 notes
Résumé :
« Aujourd’hui, sur la planète, 7 milliards d’êtres humains entrent plusieurs fois par jour en relation avec un Dieu qui les aide.
Ils sont mus par le désir d’offrir à Dieu et aux autres humains leur temps, leurs biens, leur travail et parfois leur corps pour éprouver le bonheur de donner du bonheur.

Méditer, trouver son chemin de vie personnel, éprouver la joie de se sentir vivant parmi ceux qu’on aime – la spiritualité élargit la fraternité à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime beaucoup Boris Cyrulnik et je ne manque pas l'occasion de lire ses livres. le titre Psychothérapie de Dieu avait attiré mon attention dans les allées de la librairie que je parcourais et je n'ai pas hésité à la glisser dans mon panier lors de mon dernier ravitaillement littéraire. En effet, je me réjouissais de voir ce sujet traité sous l'angle de la neuroscience et de la psychiatrie, une approche encore inexplorée chez moi, tandis que les ouvrages d'Histoire, de philosophie ou religieux étaient déjà passés sur ma pile à lire.
Je n'ai pas été déçu par cette vision scientifique de l'impact d'une croyance sur l'esprit et la vie, qui expose outre des expériences, les commentaires de l'imagerie réalisée durant celles-ci ou encore la relation de cas de patients reçus dans le cabinet de l'auteur ou rencontrés à l'hôpital.
La narration de la façon dont elle se mettrait en place au cours du développement de l'enfant selon le contexte neurologique, affectif et culturel, mais surtout les figures d'attachement, m'a fortement intéressé. Si les bénéfices de la religion semblent profitables à l'enfant et si la foi parait bien être un facteur de résilience, l'athéisme est la croyance qui se développe le plus dans le monde. Et l'auteur de conclure que le retour du religieux avec bruit et fracas serait concomitant à l'état de la planète, la misère, les inégalités, l'insécurité, la surpopulation, les guerres sont autant de maux qui font que l'on fait plus souvent appel à Dieu. Ce n'est pas ce que j'ai lu de mieux de sa part, un liant cohérent aurait certainement amélioré la fluidité de l'ensemble...
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Sous des aspects plutôt engageants et d'une lecture apparemment aisée, c'est un livre qui mériterait plusieurs lectures pour bien en comprendre le sens. Beaucoup de thèmes sont ici développés pour tenter de trouver une réponse à cette question : comment l'homme s'est doté d'une spiritualité ou comment la spiritualité est arrivée jusqu'à l'homme et les conséquences que ce phénomène à produit sur notre évolution et notre société ? le seul être de la création à avoir une idée de "Dieu". Même si l'ébauche d'un au-delà peut se retrouver chez les sociétés bonobos et chimpanzés (lire F. de Waal). En reliant les neurosciences, la biologie, la sociologie, la théologie... et j'en passe, Boris Cyrulnik nous propose un livre d'une rare richesse dont il faut savoir s'imprégner. Et j'ai parfois eu bien des difficultés à me dépêtrer de toutes ces notions pourtant essentielles à la compréhension de cette extraordinaire faculté humaine. J'ai particulièrement été sensible au rappel de la théorie de l'attachement, essentiel au développement d'une conception spirituelle du tout petit.
C'est un livre qui demande beaucoup d'attention, que je relierai prochainement.
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Psychothérapie de Dieu, Boris Cyrulnik
Ecrit par Sandrine Ferron-Veillard dans La Cause Littéraire

Dieu était en souffrance. L'homme devait prendre soin de Lui. Et l'appeler par son Nom. Pour cela, il a créé l'outil, il a pensé le mythe. L'ordre imaginaire. L'intersubjectivité. Or il a oublié son Nom.
L'idée de Dieu serait donc née de la nécessité de vivre ensemble, de cette obligation absolue à vivre. Vivre par soi et avec l'autre, vivre par son corps et avec sa mort. Tenir les hommes entre eux par une seule et même réponse. L'idée de Dieu serait donc née du désespoir, entre autres née de l'effroi, noire terreur ou immensité noire, lueurs tremblantes telles ces fusées déclenchées en cas de détresse. Inspirée de la subdivision parentale, elle serait alors le souvenir réactivé du paradis familial. Dieu à l'image de l'homme. Père, mère, l'homme son enfant. L'homme engagé à reproduire l'image, devenir père, devenir mère. Redevenir Dieu. Et rappeler à Lui la biologie de l'âme.
« Que l'extase soit déclenchée par une substance comme le peyotl ou la cocaïne ou par une représentation surhumaine, l'émotion est si intense qu'elle retentit sur le cerveau. Il suffit de parler pour activer un réseau de neurones temporaux à gauche, il suffit de regarder une image pour que la zone occipitale qui traite les informations visuelles consomme de l'énergie, et quand l'émotion est forte, c'est le circuit limbique qui est activé. Mais l'action d'une substance est immanente, car la drogue n'a pas besoin de sens pour déclencher une émotion, alors qu'une représentation provoque un sentiment qui a des effets plus durables que ceux d'une drogue ».
La biologie de notre âme se nourrit de fibres émotionnelles. L'authenticité d'une sensation avérée. L'extase divine est « bien » réelle. Dieu apparaît à l'homme au temps du langage. Vers l'âge de deux, trois ans. Dieu à l'âge du langage où, par amour d'abord, nous épousons le récit religieux parce qu'il est le récit familial. La fusion des syllabes telle une révélation, jonction magique de lettres dont émergent l'invisible et le merveilleux, cette parole dite d'abord, écrite ensuite, réécrite après. Rejetée parfois.
Dieu est parent. le guide. Par le mot, Il est toute chose existant en dehors de « ma » présence. Figure de l'attachement, apparent en cas de perte et de souffrance, Il disparaît en situation de paix et de confort. Dualité séparation/retrouvailles tel l'enfant ordonnant l'absence de sa mère par la présence de son doudou ou de ses tétines.
Soit.
Notoire différence entre la maison de Dieu et la métaphysique de sa présence. Au langage, les récits. L'Univers pour ancrage spirituel. Il faut avoir vécu les déserts, les montagnes et les mers, ces tabernacles de l'immensité, avoir été placé sous ses menaces et ses magnificences pour éprouver la pudeur de l'existence, son extrême puissance, son amour infini.
« La parole possède un tel pouvoir d'éloigner les représentations qu'elle élargit le monde mental. D'abord elle désigne les objets du contexte, puis ceux qui ne sont pas là mais dont on sait qu'ils existent ailleurs, puis elle désigne un monde invisible rempli de représentations. Au-delà de l'expérience sensorielle, elle fait exister un monde qui, même lorsqu'il est coupé du réel, provoque d'intenses émotions ».
La clef du livre ?
« Pour accepter l'altérité il faut se penser soi-même comme à nul autre pareil, il faut se sentir fort et personnalisé pour supporter une différence ».
Il faudrait savoir se tenir debout pour se tenir au monde.
Au fond, l'homme ne se serait jamais redressé, pauvre hère, courbé par le poids de son humanité, resté éternellement enfant à peine sorti des langes du langage, demeuré à l'âge de trois ans.
Le ton du livre ?
Psychothérapie astucieuse. Ou la rencontre éclairée entre deux subjectivités qui chercheraient à se joindre, au mieux à s'entendre. Se relier ou se comprendre. L'élan à Dieu est le verbe relié, celui par lequel est métamorphosé « ce qui est impossible à percevoir et que, pourtant, nous ressentons de toute évidence ».
Or aujourd'hui ?
« J'accepte de souffrir aujourd'hui pour être heureux demain ».
Accepter Sa puissance sur le monde, son action sur lui.
Aujourd'hui, cela ne fonctionne plus.
Il faut être heureux ici et maintenant, vivre Sa divinité par le corps, sentir Dieu dans tout son corps, tous les corps, qu'ils soient fossiles, fibreux, végétaux, cartilagineux, là toute Sa valeur et celle de l'homme. Parce qu'Il s'est fait en l'homme. Vivre l'Amour, vivre par amour, vivre l'Esprit incarné. Penser Dieu par le corps, c'est revenir à Lui. Mettre au monde un enfant et crier là cette illumination. Il « m'a » créé, « j'ai » créé un enfant, par nature, les lois de l'univers passant par le canal du corps et Dieu au travers, la chair enflammée et les fibres déchirées pour mieux s'étendre. Tous croyants dès lors que nous croyons en la vie, en l'incarnation. Croire c'est vivre et vivre c'est croître.
Dieu se vit.
« En ce sens, le communautarisme est une adaptation à la défaillance culturelle. Quand on ne peut plus fabriquer de structures sociales, quand on se sent mal au sein d'un trop grand nombre d'individus, alors on se réfugie auprès des familiers. C'est une légitime défense, mais dans ce cas l'empathie s'arrête. La capacité à se soucier de la souffrance des autres n'est plus possible dans un grand nombre, on ne peut pas se mettre à la place de tous les humains de la planète ; alors on les laisse mourir ».
L'homme aujourd'hui ?
Sa quête d'unicité est aujourd'hui un monde rêvé, son Eden réunifié : dorénavant le monde est une seule plateforme connectée. Babel n'est plus. Et une nouvelle langue émerge.
L'homme est-il nostalgique de son idée commune ?
Il regretterait presque ces cellules nomades, ces petits groupes d'individus jadis partageant les mêmes apparats, ce temps des mystères où il parcourait le monde fait de mille autres mondes, à pied, chassant, cueillant, planifiant de conquérir la terre pour la tenir dans sa main toute entière. L'espérance du progrès transcenderait toutes les souffrances et les souffrances travailleraient notre cerveau.
Elles nous élaborent.
« C'est bien le travail psychique qui avait modifié le fonctionnement et la structure de ces zones cérébrales ».
Temps des neurosciences, désir et volonté de percer le coeur de nos cerveaux, d'aller plus loin encore dans la matière, dans ses structures les plus intimes, les exhumer quitte à disséquer ses mystères.
L'homme ne supporte plus les mystères.
Pire.
Il est bien trop immature pour en accepter les conséquences. S'il a perdu le nom de Dieu, il n'a point égaré celui du Mal.
Incapable encore de vivre la totale liberté de choix, l'absence de hiérarchie, l'effervescence des valeurs et de l'Histoire. Vivre sans tuteur ou vivre sous tutelle. Il oscillera toujours entre ses propres possibles et la sécurité de ses pulsions. En lutte permanente avec ou contre ses angoisses et ses représentations.
Tant que l'homme considèrera sa relation à Dieu comme binaire, il restera entravé. Rapport binaire entre les femmes et les hommes, les bons et les méchants, les blancs et les noirs, les riches, les pauvres, les pires, les meilleurs, le jour, la nuit, le haut ou le bas. Pourtant. le Mal est, l'opposé de l'amour, là son exact contraire et peut-être l'unique, l'envers de la peur.
L'homme n'a donc pas imaginé Dieu. Il s'est imaginé que Dieu était à son image, qu'il pouvait l'appréhender dans Sa totalité, reproduisant à son insu l'au-delà ici-bas, croyant agir sur Sa création parce qu'il agissait sur lui-même par l'usage de la langue, des outils, des prières et des sacrifices. Il a omis qu'il n'était doté que d'une part divine à sa propre échelle, celle observable ici-bas, à sa mesure, à sa taille, à lui seul délivré. Confondant son élation intime avec le sentiment d'appartenance. Angoissé non pas par le vide sous ou au-dessus de lui mais par le non-sens des parts qu'il lui manque pour voir l'Image totale. Gouverner l'invisible et s'en protéger, engendrer du récit et l'écrire pour tenir le groupe et remettre l'individu en mouvement, non pas libre mais en mouvement, en ritualisant ses plaisirs.
Là furent ses plus grandes fautes.
Si monde nouveau, il sera nécessairement multiple et complémentaire.
Si homme nouveau, il sera nécessairement multiple et ouvert, connecté de fait à cette puissance cosmique physiquement perceptible, lumière antérieure au Big Bang, antérieure aux murs célestes, force qui respire en tout point et autour et en chacun, force fondamentale centripète et centrifuge bien au-delà de lui-même et de sa temporalité. Cet homme sera spirituel par nature, sa dimension spirituelle désormais étudiée et confirmée par les dernières découvertes de la neurobiologie. Il sera apte à aimer Dieu sans la tutelle des religions, sentir par tous les pores de son corps l'harmonie universelle, percevoir par lui et en lui et avec les autres et sans frontières, sans rites, cannes, épées, outils, prières, sacrifices ou camouflages. Sans armes ou excuses. Parce qu'il sera en étroite symbiose, devenu adulte et résilient.
Combien faudra-t-il de milliers d'années pour ?
A cela nulle nécessité de prouver, convaincre, appuyer telle ou telle vérité car nulle vérité n'est donnée à un seul. Dieu a donc besoin de tous les hommes, le plan de Dieu, tous sans distinction et dans leurs diversités, du premier homme au dernier. Celui qui éteindra la lumière derrière lui. le problème de Dieu n'est donc point l'homme mais la religion. le problème de l'homme ?
Son divan !
Sa souffrance et sa résignation auxquelles il n'a fait que répondre.
Pour cette lecture, nous avions des attentes fortes. L'espoir d'une transcendance. D'une découverte majeure. Peut-être ne le fallait-il pas.
Renouant ici avec les précédents ouvrages, presque le même ton, sur le même fil, la même tension due à l'exercice renouvelé de son auteur et à son expérience répétée. La compilation des savoirs est en ce sens fort pertinente. Accessible et lissée. Elle n'est point une révélation éblouissante. Peut-être faudra-t-il une suite.
En attendant, lisons ou relisons La violence et le sacré de René Girard. Et poursuivons, non point la vérité mais l'effort et la foi, cette Conscience selon laquelle le meilleur naîtra de l'intérieur, juste à l'intérieur. En silence.

Sandrine Ferron-Veillard
Lien : http://www.lacauselitteraire..
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Je me suis arrêté au chapitre 20 : "La spiritualité ne tombe pas du ciel".
Le livre, en soi, est intéressant dans la mesure où il explique par une approche neuroscientifique les effets de la spiritualité sur le cerveau. Certaines notions comme la satisfaction de besoins psychologiques par la foi en Dieu sont abordées et sont souvent mis en parallèle avec la relation parent / enfant.
La raison pour laquelle je me suis arrêté de lire est simple : ce livre évoque la spiritualité dans son ensemble en abordant toutes les religions (polythéistes et monothéistes) et se base sur une approche scientifique, ce qui, inconsciemment, nous renvoie à l'idée que ce livre est écrit sous un point de vue objectif. Au fil de ma lecture, j'avançais de plus en plus vers la conclusion que l'auteur dénigre la spiritualité dans son ensemble et la réduit à un simple moyen de satisfaire un besoin psychologique de sécurité. Il caractérise implicitement les croyants d'hypocrites qui n'ont pas la foi lorsque tout va bien, et qui se rapprochent de Dieu lorsque tout va mal.

Il va jusqu'à dire que "la spiritualité n'est pas tombée du ciel, elle a émergé de la rencontre entre un cerveau capable de se représenter un monde totalement absent et un contexte culturel qui donne forme à cette dimension de l'esprit" (page 167)
Il nie ici explicitement l'existence de Dieu et l'identité métaphysique de l'être humain.

Boris Cyrulnik se base sur la neuroscience, qui est, comme l'indique son nom, une science qui relève donc de la logique et de la physique, pour expliquer la métaphysique dans son ensemble, qui désigne l'ensemble des choses ou des processus qui existent au-delà et indépendamment de l'expérience sensible que nous avons.
Comme l'a dit Blaise Pascal : " le coeur à ses raisons que la raison ignore"

En conclusion, un livre écrit par un scientifique à des années lumières de savoir de quoi il parle lorsqu'il aborde la foi et la religion, bourré de clichés et de conclusions trop hâtives pour être crédibles.
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Boris Cyrulnik, clinicien psychanalyste et neuropsychiatre, chercheur en éthologie, confronté à la détresse des enfants-soldats, nous fait partager dans son humanisme le bouleversement de son regard sur le monde “des croyances religieuses”, qu'il différencie clairement de « l'expérience spirituelle » proprement dite qui relève, elle, d'une autre dimension de l'humain, quand bien même les deux peuvent parfois se rejoindre …
Enfant, ayant eu lui même à souffrir sous le régime de Vichy et du nazisme, il sait de quoi il parle …
Cet essai a le grand mérite de donner la possibilité d'ouvrir des portes et des horizons à découvrir devant les impasses dangereuses qui nous affligent actuellement, à qui en aura le courage bien sûr !
Car nos démocraties (même très imparfaites et critiquables en bien des points ... !) ne sont pas “acquises pour toujours” ! Elles demandent une certaine “grandeur d'âme”, de la réflexion, un effort du discernement et de la pugnacité devant ce(ux) qui rôde(nt) alentour, rêvant un retour toujours possible d'un totalitarisme ou d'un autre, à la pensée unique conduisant l'humanité dans les « infra-mondes »  !
Abordant les subtilités des éléments fondateurs de l'attachement nécessaire, depuis la plus petite enfance jusqu'à l'âge adulte, et ses processus de métamorphoses, cet ouvrage nous dévoile la fragilité de notre structure psychologique en permanente modification, mais qui en même temps offre toujours l'aspect « résilient » de la nature humaine, pourvu que l'Autre soi(en)t présent et bienveillant, ce qui est loin d'être toujours le cas, hélas !
À travers la parole (grammaire récursive ou pas !) et le “verbe”, l'humain structure sa différence d'avec le reste de la manifestation, par sa capacité à la transcendance dans « un autre chose », celui de “l'imperçu”.
Parlant de l'influence neuronales des rites religieux et des fortes expériences qui peuvent y être vécues, B. Cyrulnik décrit à travers les processus émotionnels du circuit limbique ce qui se passe dans le rapport à “la croyance” de « la Loi énoncée » d'un “Dieu et sa morale”, et les conséquences sur le comportement dans son cadre sécurisant, devenant possiblement sécuritaire. Il confirme d'ailleurs que ce phénomène est conséquent à la néolithisation des sociétés humaines.
Tout comme « l'armée » est chose trop dangereuse pour la laisser aux militaires exclusivement, « la Spiritualité » est trop importante pour la laisser exclusivement aux “religieux” … !
Car tout est à craindre du « mauvais usage »* de la religion, tout comme de la science etc ...
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* voir éventuellement à ce sujet de très bons films de Satyajit Ray comme : « La Déesse » (Devi) réalisé en 1960, ou encore « Un ennemi du peuple » (Ganashatru)réalisé en 1989
Lien : http://camisard.hautetfort.c..
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critiques presse (2)
Liberation
02 novembre 2017
Le neurobiologiste mêle dans un essai captivant la théorie de l’attachement et le concept de résilience pour pointer les réactions chimiques du cerveau chez les croyants.
Lire la critique sur le site : Liberation
LaCroix
29 septembre 2017
Dans Psychothérapie de Dieu, Boris Cyrulnik s’intéresse aux voies de l’attachement à Dieu, sans éviter généralités et simplismes.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (122) Voir plus Ajouter une citation
« La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal »
Chaque groupe religieux se caractérise par une manière de voir le monde, de le penser et de s'y comporter. Mais quand la société se dilue, les processus archaïques de socialisation resurgissent et la loi du plus fort gouverne à nouveau. Alors les croyants se replient dans le groupe où ils se sentent protégés. C'est ainsi que se met en place une morale perverse. Les religieux sont solidaires de ceux qui partagent les mêmes croyances, mais ignorent le monde mental des autres et en viennent parfois à se réjouir des malheurs qui frappent ceux qui ne croient pas comme eux, ce qui peut être considéré comme une perversion collective.
En ce sens, le communautarisme est une adaptation à la défaillance culturelle. Quand on ne peut plus fabriquer de structures sociales, quand on se sent mal au sein d'un trop grand nombre d'individus, alors on se réfugie auprès des familiers. C'est une légitime défense, mais dans ce cas l'empathie s'arrête. La capacité à se soucier de la souffrance des autres n'est plus possible dans un grand nombre, on ne peut pas se mettre à la place de tous les humains de la planète ; alors on les laisse mourir.
La culpabilité qui freine nos pulsions aurait donc un effet moral. Quand on découvre que notre désir peut faire du mal à l'Autre, l'empathie freine le passage à l'acte : on ne peut plus tout se permettre. Le tout-petit met plusieurs années pour découvrir que les autres ont un monde mental différent du sien. Ce processus d'orientation vers l'autre ne s'effectue que si l'enfant sécurisé éprouve le plaisir d'explorer un monde différent du sien. Quand la niche affective fonctionne mal, le petit reste autocentré, ignorant que d'autres mondes existent. Il ne parvient pas à comprendre que l'expression sans frein de son désir peut faire du mal à l'autre. Après avoir été pervers jusqu'à l'âge de 4 ans, nous redevenons pervers dans une culture du grand nombre. Le moment de moralité que produit l'empathie se situe entre le faible développement de soi qui rend inaccessible l'altérité et un contexte de surpopulation qui provoque une anomie. Pourrait-on dire que nous sommes des êtres moraux coincés entre deux moments pervers ? Cela expliquerait pourquoi les religions, tout en étant morales, commettent leur part de crime... en toute innocence, et comment toute personne épanouie peut un jour redevenir perverse*.
On a besoin de bordures culturelles pour caractériser le groupe d'appartenance où l'on se sent sécurisé. On a besoin d'un cadre verbal pour énoncer la loi qui définit ce qui est faisable et nous dit à partir de quel comportement on devient transgresseur. À l'inhibition affective acquise au cours de notre développement s'ajoute l'interdit énoncé par la loi. La religion assume ces deux fonctions : le groupe d'appartenance est dessiné par les vêtements, les coupes de cheveux, les lieux où l'on se rencontre, la famille, la société et Dieu. Quant à l'énoncé de la loi, on peut le critiquer quand il est humain, mais l'énoncé divin, lui, n'est pas discutable.
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* Cyrulnik B., Todorov T., « La tentation du Bien est beaucoup plus dangereuse que celle du Mal », Le Monde, 30 décembre 2016.
p. 140-41
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VIVRE ET AIMER
L'extension discrète de l'athéisme sur la planète contraste avec l'affirmation voyante de toutes les religions. Pourquoi les sans-dieu ne se rendent-ils pas visibles, alors que les croyants consacrent beaucoup de temps à réaliser de magnifiques mises en scène ? Dans d'immenses œuvres d'art que l'on appelle « mosquées », « cathédrales » ou « temples », les fidèles sculptent des statues, peignent des tableaux, disposent des chandeliers, des tapis, des moulures, des tentures, des vitraux, de la vaisselle d'argent, des orgues, des instruments de musique, des cloches, des appels à la prière, des parfums, des postures ou encore des mouvements de foule qui créent de splendides événements de transcendance esthétique. Après de telles représentations, les croyants ont vécu ensemble de fortes expériences, au-dessus de la réalité quotidienne. Ils ont éprouvé des émotions sublimes, ils ont côtoyé Dieu, ils sont apaisés, émerveillés, comme après un acte d'amour. Quand ils redescendent sur terre, ils voient que les sans-dieu ont continué leur insipide train-train. Comment voulez-vous qu'ils ne soient pas condescendants envers ces pauvres humains qui végètent dans l'immanence, alors que les “croyants” viennent de connaître un événement extraordinaire ? Ils méprisent les “non-croyants” plus que ceux qui adorent de faux dieux. Ces croyants-là, pensent-ils, sont dans l'erreur, mais au moins, avec eux, on peut comparer les dieux. On sait de quoi on parle, chacun pense que les dieux et les églises élèvent l'âme et aident à vivre dans un monde meilleur.
Avec les “non-croyants” on ne peut même pas parler, ils rampent sur terre tandis que nous montons vers les cieux. Ne parvenant pas à argumenter, chacun ne peut qu'imaginer le monde mental de l'autre. « Ils gobent des contes de fées », pensent les athées. « Les libres-penseurs sont des individus sans morale et sans rêves puisqu'ils refusent d'appartenir au groupe des croyants solidaires et moraux », affirment les religieux convaincus que seule la foi fonde la morale, l'altruisme et la charité.
p. 192
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Ils étaient apaisés, heureux d’obéir à un imam de pacotille, un gourou religieux qui profitait de leur besoin de soumission pour transformer en gogos de l’islam ces jeunes qui se croyaient rebelles alors qu’ils n’étaient que désorientés, soumis à des mouvements pulsionnels. La plupart des imams sont fréquentables, mais un jeune errant, largué de toute culture, même religieuse, ne sait pas faire la différence.
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Entre celui qui croit en Dieu et celui qui n'y croit pas, nous pouvons situer celui qui croit aux super-penseurs, comme Marx, Staline, Freud et bien d'autres. Ces hommes jouiraient d'une intelligence surhumaine qui nous permettrait de comprendre la condition humaine, à condition de bien apprendre leurs idées.
Ces maîtres-penseurs possèdent, eux aussi, une fonction sécurisante et socialisante. Pendant des millénaires ce pouvoir était attribué à papa quand il partait à la chasse ou descendait à la mine pour rapporter à la maison de quoi vivre. Nous avions intérêt à lui obéir, notre bien-être en dépendait. Aujourd'hui Maman part à la chasse, elle aussi. L'image dominatrice et sécurisante est répartie entre les parents, les éducateurs, les philosophes, les écrivains, les comédiens et les chanteurs qu'on voit à la télé. la fonction surhumaine est moins écrasante et plus démocratique, est-elle plus sécurisante ? Ceux qui croient en Mao Zedong, en Socrate ou en Descartes se crispent quand on critique leur rôle intellectuel parce que la référence à ces penseurs surhumains possède un effet socialisant et sécurisant, comme la croyance en Dieu. Partager leurs pensées donne cohérence au groupe. Quand on lit les mêmes livres, les mêmes journaux, quand on va voir les mêmes films et qu'on se réunit pour en parler, on réalise un réseau, en amont d'Internet. Il est plus lent à tisser, mais plus émotionnel. On s'harmonise et on s'affecte en partageant les mêmes idées.

P171-172.
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Dans un tel contexte culturel, le penseur qui apporte la lumière et montre le chemin prend un effet sécurisant. On respire avec lui, on oriente nos efforts, on ne flotte plus, on construit. Le besoin de réassurance et de vision claire explique le phénomène actuel du retour du religieux et de l'intégrisme. Les parents démocratiques, en respectant la liberté de leurs enfants, décident de les laisser libres de leur choix religieux, ce qui provoque une incertitude. Or c'est dans la brume qu'on est avide de clarté. À la surprise des proches, les jeunes se convertissent à une religion autoritaire ou retrouvent les racines religieuses enfouies dans l'histoire familiale.
[...]
Le processus démocratique qui a donné la liberté de choix aux enfants dérive vers une religion totalitaire : il n'y a qu'un seul Dieu, une seule vérité, une seule pratique de rituels, tous ceux qui s'en écartent sont des mécréants qui altèrent la certitude dont nous avons besoin. Le retour de l'angoisse facilitée par le doute explique pourquoi les dissidents sont plus haïs que les ennemis. Avec les opposants, la situation est brutale, mais claire, alors que le proche qui s'éloigne d'un point de la doctrine fragilise l'édifice mental qui nous apaisait. Toute divergence est éprouvée comme une agression, toute autre religion devient rivale ou fausse croyance. C'est pourquoi les nouveaux convertis sont faciles à blesser. À peine se sentaient-ils mieux, sortis de la brume des incertitudes, que le douteur risque de les faire rechuter. Pour eux, l'action violente est une légitime défense. Les journalistes et les artistes qui s'efforcent de penser par eux-mêmes se retrouvent en situation de dissidence. Dans une dictature religieuse, il devient moral de les emprisonner, car ils agressent le groupe stabilisé par des certitudes. Il arrive qu'un scientifique se retrouve en situation de dissidence parce qu'il propose une innovation. Il est, lui aussi, agressé par ceux qui ont fait carrière en récitant les certitudes qui leur ont donné leurs diplômes et leur poste.
p. 155-56-57
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Vidéo de Boris Cyrulnik
Boris Cyrulnik vous présente son ouvrage "Quarante voleurs en carence affective : bagarres animales et guerres humaines" aux éditions Odile Jacob. Entretien avec Sylvie Hazebroucq.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2897516/boris-cyrulnik-quarante-voleurs-en-carence-affective-bagarres-animales-et-guerres-humaines
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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