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EAN : 9782953401035
93 pages
Editions Illador (25/11/2009)
4.8/5   5 notes
Résumé :

Recueil de poèmes d'Anne Guerber composé de trois parties "Vibrations essentielles", "Doucement vivre" et "Transes-positions". « Il faudrait d abord parler des mains. L écriture comme une main offerte, une main posée sur l épaule de l enfant resté en nous, une main indiquant une direction, ou encore, libérant les sons immémoriaux sur la peau tendue du tambour. Ensuite, on pourrai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« je n'attends plus
personne qui puisse
Entendre bouger ma vie
derrière mon silence »
Entendre bouger la vie derrière le silence : c'est l'impression tenace que j'ai eu en lisant ce recueil d'Anne Guerber. Je ne connaissais absolument pas cette auteure et poète, découverte grâce à Babelio dans le cadre de l'opération Masse Critique et aux éditions Illador, que je remercie ici grandement. Je me suis donc plongée dans ce recueil, avec curiosité et impatience. D'emblée, on a entre les mains un ouvrage d'une qualité soignée, belle et sobre qui est déjà à lui seul, une promesse de bonheur.
La première partie m'a embarqué dés les premiers vers : on est dans l'éloquence, dans le jaillissement d'images belles et profondes de « Vibrations essentielles ». Puis, « Doucement, vivre », nous fait retomber sur terre, aussi sec ! Là, j'ai eu le sentiment d'avoir mis le doigt sur les instants privilégiés de nos modestes vies, ces petits riens pour lesquels on ne s'arrête pas. Les « ça, j'ai déjà vécu » , « ce sentiment-là aussi » et « Ah ! Oui, cela aussi »... ont fusé en moi : « Cueillette » et « Cueillette 2 » m'ont ramené en enfance, en images autant qu'en émotions...
J'ai trouvé ses poèmes emplis de nostalgie, celle d'une terre (plutôt mer), celle de l'enfance et de ce temps qui passe et qui nous colle, et de bonheur de vivre.
La dernière partie nous offre des moments de « transes-positions », de ré-création. Là, on lâche prise. Là, les mots n'en font qu'à leur tête et se laissent aller au Jeu et à la Liberté.
Les mots, ceux que ce « IL » du premier poème a découvert très tard, ceux dans lesquels on baigne, qui vieillissent et qui meurent, qui évoluent et (se) créent :
« A peine se fut-il approché de leur immensité scintillante,
qu'il courut vers eux à perdre haleine.

Il est entré en eux sans s'arrêter, jusqu'à la poitrine,
avec une inconscience inouïe
et de petits grognements de ravissement.

Qu'ils étaient bons !

Il n'en finissait plus de les porter à ses lèvres, de les faire couler sur son front,
de les lancer au loin,
de les crier, de les murmurer, de s'en éclabousser. »

Alors pourquoi 4 étoiles me direz-vous et non 5 après une telle critique ? Car certains poèmes m'ont laissé au bord du chemin, même s'ils sont peu nombreux.
Je n'ai pu m'empêcher de piocher dans l'un des deux derniers poèmes qui composent l'épilogue (si vous ne devez qu'en lire 2, lisez ceux-là !!) pour clore cette critique :
« Quand il ne restera plus rien à lire (…)
Alors il n'y aura plus rien à dire »
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Dans ce recueil de poèmes, Anne Guerber s'attache à décrire la nature qui l'entoure, avec un foisonnement de sensations tactiles, visuelles, auditives,...
Sa langue est luxuriante, emplie de mots relatifs à la faune et la flore, dans une versification libre qui paraît couler de source.

La réalité n'est pas ici qu'un décor, mais une énigme où tout est signe à déchiffrer. Il faut alors accorder les vibrations de la nature avec les pulsations de son coeur et de son âme. Pour décrire cette symbiose, Anne Guerber est sans cesse à la recherche du mot juste, et elle y parvient.

On retrouve à plusieurs reprises le thème du temps qui passe et s'enfuit, la fugacité et le caractère éphémère des choses. Il y a également nécessité de se lancer au delà des apparences et d'aller chercher la beauté là où elle se trouve, car la beauté se mérite.

"Peut-être faudra-t-il partir
Emmener ce mille-feuilles blafard
Derrière la vitre emmener
Cette ligne d'interrogation
Contre le bord supérieur de la fenêtre..."

La poétesse fait preuve d'une grande sensibilité et se laisse aller à ses penchants mélancoliques. La poésie d'Anne Guerber est à la fois nostalgique et quelque peu désespérée, avec ça et là une touche d'humour, comme dans le beau et court poème "Petite annonce du coeur" :

"Urgent
Coeur pendu à la gouttière
Cherche escabeau
Pour éviter la poussière
Et pouvoir se mettre au chaud"

Les poèmes sont généralement amples et ne sont pas avares en descriptions, ils sont impressionistes, brossés à touches légères et délicates comme des paysages de Monet.

On y trouve une quête existentielle, dans la tentation de fuir le monde et retrouver le temps béni de l'enfance, ainsi que des interrogations métaphysiques au fil des soubresauts de l'âme.

"Le plongeon que nul ne saurait
Retenir mais qui est tout
Entrer sans trouble dans la présence
Dans la respiration du ciel
Dans l'absence elle-même spectre
Sentimental d'un présent ancien
Devenir ce sable qui s'enfuit et
Rêver à la main abandonnée"

On entre au fil de la lecture dans l'âme et la pensée de la poétesse, on se laisser porter par son flux de conscience.

Tout est là, comme offert, mais peut-être que la vérité est ailleurs. La tentation de la fuite est toujours là. Pour paraphraser Pessoa, on pourrait dire que la poésie est la preuve que la vie ne suffit pas.

"Oui peut-être faudra-t-il partir"

Signalons que la mise en page est très recherchée et que la forme
des poèmes s'adapte parfaitement au contenu.

Ce recueil est très beau et à découvrir absolument.
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Ce recueil de poèmes en trois parties est un objet d'une grande beauté : le contact du papier sous la peau est déjà une première invitation à la lecture. Puis cette accroche :
« le philosophe pense Les nuages
Le poète nuage Les pensées »
En est une seconde.
Ce recueil est une résonance vitale, un jeu magnifique sur et avec les mots. Chacun d'entre eux explose en bouche, joue avec la langue, prend corps pour dire les sentiments.
Trois parties successives, trois univers différents. La première, « Vibrations essentielles », nous conduit en bord de mer, sur la grève. Il y est question d'amour désespéré, d'impuissance, de perte de soi. Un poème à retenir : « Les mots disent ».
La deuxième partie, « Doucement, vivre », plus calme, plus lente, nous mène aux souvenirs d'enfance, nous fait entendre la musique de la nature, de la voix, des instruments, nous déroule les saisons. « le vitrier » m'a rappelé le « Mauvais vitrier » des Petites poèmes en prose de Baudelaire, celui de Stéphane Mallarmé et la chanson de Prévert.
Enfin, les « Transes-positions » forme une troisième partie où l'on retrouve le corps en fuite dans un monde complexe, où les rapports humains sont biaisés par les objets, le commerce et l'argent. Plusieurs poèmes mathématiques sont inattendus par tant de poésie. « Comptine de rien » pour laquelle je ne trouve aucun commentaire à faire me transporte à chaque lecture.
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D'abord, le livre est un bel objet : splendide papier vergé, belle typographie, couverture illustrée à rabats, marque-page assorti...
Et puis quand on l'ouvre,c'est un feu d'artifice de trouvailles, d'émotions, d'évocations. Tristesse, gaité, mélancolie, amusement, étonnement... Chacun des poèmes a une forme différente, un thème différent. Il y a même des calligrammes ! C'est à la fois moderne et intemporel, lisse comme un galet et rugueux comme une écorce, empli d'âme et de chair, tendre et cruel comme le temps qui passe...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
LAS DE CHERCHER

Las de chercher à retenir
Entre les doigts gonflés
Bruissants de sable
L'écoulement de malédiction
Ce qui compte est ce qui
Donne accès à ce qui
Conduit vers le cœur
Entrer au cœur des choses
Comme on entre à corps
A cris perdus dans la ronde
Le plongeon que nul ne saurait
Retenir mais qui est tout
Entrer sans trouble dans la présence
Dans la respiration du ciel
Dans l'absence elle-même spectre
Sentimental d'un présent ancien
Devenir ce sable qui s'enfuit et
Rêver à la main abandonnée
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Avant que (page 73)

AVANT

Que je me décale
Que je me déboîte
Que je me désunisse
Que je me désaccorde
Que je me déroute
Que je me détoure
Que je me dévisse
Que je me désépaississe
Que je me dépayse
Que je me dévalue
Que je me déglingue
Que je me décante
Que je me désosse
Que je me décarcasse
Que je me déphase
Que je me dénoue
Que je me dénie
Que je me désenchante
Que je me désabonne
Que je me dérobe
Que je me décroche
Que je me délocalise
Que je me dégaze
Que je me débranche
Que je me désincruste
Que je me décadre
Que je me démâte
Que je me défile
Que je me décortique
Que je me décrépisse

Prends-moi dans tes bras
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QUAND IL NE RESTERA

Quand il ne restera plus rien à lire
Que le TEMPS retombant tout autour
De nous en larges gouttes de vérité sale
PULSATIONS d'un cœur fatigué
Qui nous contiendrait tout entier
Nous les embryons naufragés de l'île-cage
Désespérant de croire et de croître
Alors il n'y aura plus rien à dire
Sauf peut être le regard
Ultime onde ultime berge
A ceux qui tant de larmes en pitié ont versé
Alors oui pour que résonnent
LES TAMBOURS DE CHAIR il restera ces yeux-là
Il n'y aura plus rien à faire que frapper
Aux portes lourdes le poing tendu
Au-dessus du liseré de lumière fausse
Entrer et s'accorder à l'instantané
De la clarté vraie entrer et
Basculer de l'autre côté du TEMPS
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Cueillette

Deux petites filles cueillent des cerises
L'une contre l'autre serrées
Disparaissent à demi sous la lourde offrande
Petites filles d'eau et de feuillage
Ruisselantes de lumière
Mouchetées d'ombre sucrée
Dansant sur les robes fleuries
Je n'ai pas rassemblé de souvenirs
Les plus mûrs tombent éclairs vermeils
Dans le fragile panier d'osier
Mais des plus savoureux pendent
Les noyaux définitifs
Je songe à un épouvantail à oubli

Cueillette 2

Au jardin de l'enfance
Rouge rouge rouge
Sous leurs vertes ombrelles
Les fraises duveteuses
Et chaudes
Gobées les yeux ronds
Comme un soleil à l'intérieur
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Petite annonce du cœur

Urgent
Cœur pendu à la gouttière
Cherche escabeau
Pour éviter la poussière
Et pouvoir se mettre au chaud
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