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EAN : 9782246814863
288 pages
Grasset (10/01/2018)
3.62/5   70 notes
Résumé :
Au début du IXe siècle, « nous étions à l’âge des ténèbres. Le palais des doges n’avait pas encore remplacé la lourde forteresse où s’enfermaient les ducs. Les Vénitiens étaient ce peuple de marchands réfugiés dans les lagunes, pour se protéger des barbares. Ils ne voulaient pas affronter des ennemis mais cherchaient des clients : aux uns, ils vendaient des esclaves, aux autres du poivre ou de la soie. Leur force, c’étaient les bateaux – dans une Europe encore aux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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La Feuille Volante n° 1282
Quand Dieu apprenait le dessin - Patrick Rambaud – Bernard Grasset.

Au Moyen-Age, Venise est déjà une puissance maritime, commerciale et politique qui s'affirme face au pape et à l'empereur d'Occident. Pourtant le duché est gouverné par Justinien, un doge vieillissant dont la vie est menacée. Il lui faut donc affirmer sa puissance par le rapatriement de la momie de l'évangéliste Saint Marc qui aurait jadis séjourné sur la lagune avant de terminer ses jours comme évêque d'Alexandrie où il est enterré. Mais Alexandrie est aux mains des Ottomans et selon la légende, le doge charge de cette mission deux marchands vénitiens rusés, voyageurs aguerris et tribuns, c'est à dire proches du doge, Rustico da Torcello et Buono da Malamocco qui s'en acquitteront avec succès et d'une manière rocambolesque, face à un Islam tout puissant qui menaçait la dépouille de profanation. Ils n'en tireront cependant aucune gloire et on oubliera jusqu'à leur nom .
Avec ce texte, l'auteur nous transporte dans un temps où les cités médiévales dominées par le pouvoir de l'Église, tiraient leur prestige de la possession de saintes reliques et Venise n'échappait pas à cette tradition, ne serait-ce que pour concurrencer Rome et le tombeau De Saint Pierre. Peu importe d'ailleurs l'authenticité de ces restes qui, à cette époque, faisaient l'objet non seulement d'une vénération un peu surréaliste mais surtout d'un négoce florissant. Nous sommes dans un Moyen-Age boursouflé d'obscurantisme et de superstition , gouverné par des prélats et des prêtres ignares, manipulateurs et dogmatiques qui ne juraient que par un dieu lointain, oublieux du message de l'Évangile dont ils étaient pourtant porteurs et exécutaient leurs semblables au moyen de ridicules ordalies. On se prosternait devant n'importe quoi pourvu que cela soit censé avoir appartenu à un saint ou mieux au Christ lui-même. Quant aux miracles qui leur sont attribués l'imagination était sans borne. Il n'y a que la foi qui sauve !
Si la dépouille du saint apôtre était effectivement en pays musulman, elle était entre les mains de l'église copte, donc concurrente des catholiques. Pour légitimer ce voyage on a un peu maquillé la réalité, les communautés chrétienne et musulmane vivant en bonne intelligence, ce qui est peut-être un signe de tolérance mais assurément la marque d'un autre monde, une autre culture où le commerce fait aussi sa loi avec palabres et profits, esclaves contre denrées. Pourtant, les religieux locaux s'avèrent tout aussi vénales que leurs collègues occidentaux, tout aussi hypocrites aussi, les miracles supposés ainsi que les dons des pèlerins étant une ressource importante de cette communauté..
Il y a une dimension épique dans ce récit qui prête vie à ces marchands intrépides, rusés et avides d'argent qui parcouraient l'Europe et l'Asie pour faire fortune en risquant leur vie. Sur des routes peu sûres du nord ils croisaient des brigands, des loups, des moines paillards et des religieuses lubriques protégés par la religion, l'hypocrisie et leur robe de bure. L'auteur s'approprie avec bonheur cette légende, adjoint à Rustico les services de Thodoalt, un aventurier pragmatique et instruit, un peu moine un peu médecin devenu son mentor. C'est l'occasion pour l'auteur de promener son lecteur dans cette cité médiévale vénète, d'en retracer l'histoire difficile et mouvementée, un duché florissant où le commerce prend la place des combats et où la paix doit être préservée parce qu'elle favorise le négoce quand tant d'autres villes s'appauvrissent dans la guerre.
Le dépaysement dans le temps comme dans l'espace est prenant dans cette fiction. L'auteur,balade son lecteur des brumes du nord de l'Europe à la touffeur d'Alexandrie en passant par les canaux humides de Venise. Par son style et la façon ironique et originale qu'il a de conter cette histoire autant que par la qualité et la précision de sa documentation historique et anecdotique, il fait revivre une époque méconnue et un peu oubliée, s'approprie l 'attention de son lecteur jusqu'à la fin et instille des remarques pertinentes sur les religions, l'hypocrisie, la superstition, les interdits, les batailles et les morts qu'elles suscitent.
J'ai lu ce roman avec délectation, pratiquement sans désemparer, et j'ai particulièrement apprécié la dédicace, notamment à tous ces anonymes vénitiens contemporains
© Hervé Gautier – Octobre 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Naissance de la Sérénissime

La quête des reliques de Saint Marc permet à Patrick Rambaud de nous offrir un grand roman d'aventures et une belle fresque historique.

C'est dans un autre roman qui connaît actuellement un grand succès que j'ai trouvé le résumé de ce nouvel opus de Patrick Rambaud. Jean d'Ormesson dans Et moi, je vis toujours revient sur la genèse de l'une de ses villes préférées : « Née, dans un paysage ingrat au milieu des marais, d'un afflux de réfugiés chassés d'Aquileia, vous le savez déjà, par les Huns d'Attila, Venise est le triomphe du génie des hommes sur l'hostilité de la nature. Non, je ne vous parlerai pas de la basilique Saint-Marc qui doit son existence et son nom aux reliques de saint Marc l'évangéliste ramenées de Palestine, au risque de leur vie, par des marins vénitiens qui les avaient dissimulées sous de la viande de porc. » Or, c'est précisément à ses marins vénitiens que s'intéresse Patrick Rambaud, à leur malice et à leur intrépidité qui leur permirent de mener à bien leur projet un peu fou.
Mais avant d'en venir à cette belle relation d'un voyage à hauts risques, disons quelques mots d'une oeuvre classique qui explique le titre du livre, le Décaméron de Boccace. Dans la sixième nouvelle de la sixième journée, on nous explique que « Dieu a créé les Baronci au moment où il faisait son apprentissage de peintre. Les autres hommes, il les a faits quand il savait déjà peindre. » Nous voici par conséquent revenus à cette époque où Dieu apprenait le dessin, où il tâtonnait encore, où il lui fallait encore affiner ses premières esquisses. Nous voici en 828.
Pour asseoir son pouvoir le Doge Justinien a une idée susceptible de calmer les Romains et les autorités religieuses en leur apportant la preuve qu'ils sont au même niveau de dévotion. Il veut offrir à ses fidèles une relique et confie à ses meilleurs hommes le soin d'aller dérober celle de Saint-Marc en terre impie: « Je vous sais rusés, débrouillez-vous mais rapportez ici la relique de l'évangéliste par tous les moyens! Sous la protection de saint Marc nous pourrons traiter à égalité avec Rome. Et nous fondrons une République de mille ans!»
Avec un amuse-bouche intitulé «La peur», l'auteur nous dresse un état des lieux dans les moeurs de l'époque. On peut les résumer abruptement en disant que le plus fort a toujours raison. Sur les pas des Vénitiens s'aventurant vers Mayence, on ne va pas tarder à s'en rendre compte. Ce sera aussi l'occasion pour ce détachement de faire une démonstration de son habileté à ruser. Une qualité qui va devenir indispensable dans la seconde partie, « le pouvoir ». On y sent l'auteur des chroniques de Nicolas 1er et de François le Petit, désormais habitué à analyser les intrigues de pouvoir, dans son élément. Avec une jubilation non feinte, il nous détaille les moyens – souvent peu recommandables en terme de justice, de loyauté ou d'équité – mis en oeuvre pour régner.
Mais c'est avec la trosième partie, « L'aventure » que je me suis le plus régalé. Dans les ruelles d'Alexandrie, sur la piste de ces reliques convoitées par les deux émissaires, Marino Bon et Rustico, on savoure, on tue, on s'amourache, on s'enivre au point d'oublier sa mission première, ou presque. Mais au bout du compte, on mettra bien la main sur ce que l'on pourra présenter comme les reliques authentiques. À moins que le titre du dernier chapitre, « La légende » ne soit aussi ne mise en garde sur la véracité historique de cette expédition. Mais qu'importe, l'essentiel n'est-il pas de «construire le roman national» comme on a pu l'écrire de l'histoire de France. Dans cette mission là, Patrick Rambaud est inégalable!

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Une belle fresque historique, dans toute sa splendeur. Tout y est ! C'est très vivant, et surtout intéressant pour peu qu'on apprécie L Histoire. Je ne connaissais nullement l'histoire de Venise, et de St Marc, encore moins celle du fils de Charlemagne : Louis le Pieux. le récit est un vrai récit d'aventures, de voyages aux couleurs chatoyantes nous menant jusqu'au phare d'Alexandrie. On retrouve aussi tout ce qui fait la grandeur de cette époque avec les combats, les trahisons, les subterfuges, et les personnages emblématiques ou caractéristiques.
Un récit donc très vif, fin, et instructif.
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De magnifiques descriptions. On visite Mayence, les îles qui ont constitué Venise, Alexandrie et l'action est bien soutenue du début à la fin avec le tribun Rustico et son complice, Thodoald. L'auteur, Patrick Rambaud a reconnu que le second était le fruit de son imagination mais le premier a bel et bien existé tout comme les principaux personnages historiques évoqués.
Pour bien planter le décor, l'auteur a emprunté son titre : Quand Dieu apprenait le dessin au Decameron de Boccace mais ce titre, à part son rapport à la religion, ne laisse pas transparaître tout ce qui m'a ravi en cours de lecture. Ce n'est pas fréquent d'emmener ses lecteurs au début du IXe siècle avec un réalisme aussi saisissant.
Tout au long du livre, on assiste au commerce de l'époque, commerce que les Vénitiens pratiquaient avec grand talent. Direction Alexandrie, les bateaux sont chargés d'esclaves récupérés dans le nord et l'est de l'Europe, ainsi que des armes. On échangera cela avec des porcelaines chinoises, du poivre de Malabar, de la cannelle fauve de Tourane, des clous de girofle et du papier ! « Un lot de feuilles de papier, une matière nouvelle et pratique qui peut avantageusement remplacer les parchemins hors de prix et faciliter la tâche des copistes. »
Au fait, il faut quand même dire que le vrai but de l'expédition des trois bateaux de Rustico et Marino Bon, était de récupérer les reliques de saint Marc afin de les rapporter à Venise pour contrebalancer l'influence de Rome.
De retour d'Alexandrie, Marino Bon confie le fond de sa pensée à propos des religions, un texte à méditer aujourd'hui : « Les croyances, toutes les espèces de croyances génèrent le désordre. Si tu crois, tu veux persuader ceux qui ne croient pas aux mêmes choses que toi, tu t'imposes, tu légifères, tu ordonnes. Tous nos malheurs viennent de ces conflits lamentables et diaboliques… Les religions sont les manufactures où se fabriquent des monstres. Elles provoquent acharnement, délation, haine, meurtre, mépris, interdictions, rigidité, extermination, hécatombes, perversité, illusion, enfantillages… Quelle confusion ! »
Ce livre de Patrick Rambaud, riche d'informations et de moments savoureux éclaire notre monde d'aujourd'hui et sa lecture est très agréable.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Patrick Rambaud évoque un pan d'histoire peu connue du grand public : le haut Moyen Age, et, plus particulièrement le règne du fils de Charlemagne : Louis le Pieux.

Celui – ci semble avoir du mal à s'imposer en tant qu'empereur des Francs, peut être dû à la forte personnalité de son père dont il semble toujours ne pas se démarquer quelques années après la mort de ce dernier.

Parallèlement à l'instabilité politique de l'empire francs ainsi que l'emprise du christianisme sur le paganisme, c'est tout un petit monde qui émerge sous nos yeux (avec la découverte des auteurs grecs et latins grâce aux moines copistes, et, déjà débuté sous le règne de Charlemagne) : celui du commerce.

L'obscurantisme, et, l'instabilité religieuse, politique, sociale étant ce qu'il était à l'époque, certains états, certaines villes, plus ambitieux que d'autres en ont profité pour s'engouffrer dans la brèche laissée vacante lors du passage du paganisme vers le christianisme pour s'imposer, et, cela sur le plan politique, culturel, commercial, religieux tout en manipulant les esprits.
Ce fut le cas pour la ville de Venise, qui en s'emparant – à Alexandrie – des restes de Marc l'Evangéliste pour en faire son saint patron, pris son indépendance vis-à-vis de Rome tout en assouvissant son ambition au point de vue politique, culturel, religieux pour les siècles à venir.

Le présent titre est une excellente approche, même si elle est « romancée » d'un pan de la longue histoire de Venise afin qu'elle soit à la portée du plus grand nombre. Cela se lit facilement, voire même se dévore littéralement. En effet, cet épisode qui peut sembler « rocambolesque » pour certains se situe à la limite entre la légende et l'histoire avec un grand H.

Par contre pour ceux qui découvriraient et/ou ne connaitraient pas vraiment la vie de Marc l'évangéliste et l'histoire de Venise, et, que cela intéressent de se diriger vers un ouvrage plus complet sur le sujet afin d'obtenir des informations complémentaires.

En ce qui me concerne, je recommande vivement la lecture de ce titre.
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critiques presse (1)
LeFigaro
26 janvier 2018
Dans Quand Dieu apprenait le dessin, l'auteur raconte comment Venise a volé la dépouille de saint Marc à Alexandrie.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Quand Dieu apprenait le dessin nommait la sixième nouvelle de la sixième journée du Décaméron. Boccace y mettait en scène une discussion entre des jeunes Florentins qui cherchaient à dénicher la plus ancienne famille de leur ville. L’un d’eux proposa les Baronci et s’en expliqua ainsi : « Sachez donc que Dieu a créé les Baronci au moment où il faisait son apprentissage de peintre. Les autres hommes, il les a faits quand il savait déjà peindre. Pour vous convaincre que je dis vrai, comparez les Baronci à qui vous voudrez. Les autres ont des visages réguliers, aux proportions exactes.
Mais les Baronci ! Ici le visage est étroit et n’en finit plus, là il est d’une largeur indécente. Voyez ce nez qui s’allonge, et ce nez en pied de marmite. Voyez ce menton en  galoche ; voyez ces mâchoires : on dirait celles d’un âne ; ici l’œil droit est plus gros que le gauche ; ailleurs il est plus bas. C’est ainsi que les enfants dessinent d’abord les visages, quand ils reçoivent leurs premières leçons. Je le répète comme une évidence : Dieu a fait les Baronci quand il apprenait à peindre. Ils sont donc plus anciens que les autres. »
Au début du IXe siècle, il en était de même pour la Venise naissante, quand se déroule l’aventure que je retrace. Dieu était encore malhabile pour dessiner cette période brute, violente, mal sortie des brumes. Il ne pouvait pas avoir la délicatesse tremblée d’un Guardi ni la précision maniaque d’un Canaletto. Nous étions à l’âge des ténèbres, alors il barbouillait des personnages élémentaires et grossiers. Le palais des doges n’avait pas remplacé la lourde forteresse où s’enfermaient les ducs.
Les Vénitiens étaient ce peuple de marchands réfugiés dans les lagunes, entre les Alpes et l’Adriatique, pour se garantir des barbares qui désolaient le continent européen.

(INCIPIT)
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Au mois de janvier 828, le doge du Rialto reçut deux de ses tribuns, Bon et Rustico. Il ne leur cacha pas son exaspération :
« Il n’est plus question d’être inféodés à Rome ! Qu’ont-ils de mieux que nous, les papes ? La relique de Saint-Pierre ? Ils s’en prévalent pour nous écraser ! À nous de trouver la meilleure façon de leur clouer le bec ! »
Le duc se radoucit et s’éclaira soudain :
« Vous savez mon idée là-dessus... Avant de partir en Égypte, l’évangéliste Marc a séjourné dans nos lagunes. Donc il nous appartient. Nous devons opposer sa relique à celle que possède Rome.
— Où est la relique de Marc, seigneur duc ? 

— À Alexandrie. 

— Chez les musulmans ? 

— Oui, et c’est là que vous intervenez. 

— Comment donc ? 

— Armez vos bateaux et filez à Alexandrie sous des prétextes commerciaux dont vous 
avez l’habitude, mais ramenez-moi la relique de Marc. Il deviendra le protecteur de Venise.
— Oui, seigneur duc, mais il a aussi été l’évêque d’Alexandrie. Ses restes doivent être très surveillés...
— Je vous sais rusés, débrouillez-vous mais rapportez ici la relique de l’évangeliste par tous les moyens ! Sous la protection de saint Marc nous pourrons traiter à égalité avec Rome. Et nous fondrons une République de mille ans ! »
Le duc avait raison. Mon livre détaille l’histoire de cette expédition branquignole et fondatrice. Suivez-moi, on embarque...
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Justinien veut imiter Rome.
Il veut reprendre l’héritage des Césars, malgré Byzance, malgré les Francs grossiers et malgré les papes du Latran qui se détrônent l’un l’autre sans dignité et s’égorgent au nom de saint Pierre pour régner au sommet d’une Église omniprésente.
Dans toute l’Europe l’Église tient les écoles. L’Église tient les cités dont elle a élevé les remparts contre des vagues d’envahisseurs. Partout elle s’est substituée à une Rome décadente, à ses fonctionnaires pléthoriques et ineptes, à ses soldats sans cervelle finalement recrutés chez les pires des barbares.
Pendant plusieurs siècles des tribus ont saccagé un continent cultivé et clément. Pires que les Huns, les Lombards ont rançonné et tué pour s’emparer du sol et y prendre racine. Autour des lagunes : l’anarchie, la violence, le meurtre, l’incendie, le massacre. L’invraisemblable duché de Venise que protège Byzance a été épargné : un barbare miséreux ne vient pas au sud pour cultiver la boue.
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"Les croyances, toutes les espèces de croyances génèrent le désordre. Si tu crois, tu veux persuader ceux qui ne croient pas aux même choses que toi, tu t'imposes, tu légifères, tu ordonnes. Tous nos malheurs viennent de ces conflits lamentables et diaboliques. Ouvre les yeux, regarde autour, souviens-toi de ton périple vers Mayence, souviens-toi de Théodore, des amusements de Soulaymâne que seule retient sa sagesse mais jusqu'à quand? Les religions sont les manufactures où se fabriquent des monstres. Elles provoquent acharnement, délation, haine, meurtre, mépris, interdictions, rigidité, extermination, hécatombes, perversité, illusion, enfantillages...Quelle confusion !
- Arrête de parler, Marino, tu te fatigues en vain."
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En face, c’est Torcello. Dans cette étendue d’eau verte et mouvante, de l’émeraude au tendre, on note les taches mauves des bruyères, le chaume des toits, la masse blanche des églises en pierre d’Istrie. C’est une poussière d’îlots que relient des ponts souvent sommaires, un vaste marécage où les hommes et les bêtes paraissent flotter à l’aise.
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Patrick Rambaud est l?auteur d?une ?uvre romanesque importante. On lui doit entre autres, une célèbre série sur Napoléon. Derniers livres publiés : Quand Dieu apprenait le dessin (2018) et Chronique d?une fin de règne (2017).
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