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EAN : 9782930607412
80 pages
Editions Les Carnets du dessert de lune (01/05/2016)
4/5   1 notes
Résumé :
Quand bien même – Isabelle Bonat-Luciani
Genre : Poésie. Couverture couleur d’Éric Pessan. Collection Pleine Lune.
Format 14 cm x 20 cm. 80 pages imprimées sur papier bouffant 90 gr et Gmund Kaschmir coton blanc 250 gr. ISBN 978-2-930607-41-2. 12 €.
Le livre : (extrait)
C’est peut-être dans ce parfum d’immuable que la pierre tenait ma poitrine au chaud. C’est peut-être le tien qui me gardait le plus au bord des intimes à la juste frontièr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Isabelle Bonat-Luciani – Quand bien même. Couverture Eric Pessan.
Editions Les Carnet du Dessert de Lune. 2016. ISBN 9782930607412. 12 €

D’Isabelle Bonat-Luciani, je ne connaissais rien. Tout juste un nom que je suivais sur les réseaux sociaux et une écriture découverte sur Terre à Ciel, le site de référence en matière de poésies de Cécile Guivarch, ma grande prêtresse, celle qui me met des pépites dans les mains. Terre à ciel, une vraie banque à haute valeurs bénéfique où la poésie se multiplie comme des petits pains, où l’art se développe, s’annonce sans bruit ni trompette mais avec une vraie richesse humaine. En quelque sorte, ma librairie poétique préférée, ma bouée de sauvetage lorsque je ne trouve plus de pépites à savourer.
Donc d’Isabelle Bonat-Luciani, je ne connaissais rien. Juste des cartes postales envoyées comme des bouées de sauvetage et des statuts d’une femme toujours en retard, en retard sur la vie, sur la rapidité de la lenteur, ce moment surnaturel où tout se joue, cet instant où on se croit en retard, où on est en retard. Beau concept. Etre en retard dans un monde où tout va trop vite. Ce retard qui peut paraitre discourtois, en devient rebelle, sincère, insoumis à nos cadres bien cadrés.
Et puis est arrivé dans ma boite aux lettres «Quand bien même». Il faut dire que je le cherchais. Je désirais découvrir cette auteure, aller à sa rencontre, être en retard d’un train mais qu’importe, je le voulais.
J’avais repéré une écriture, un style proche de l’humour assez corrosif, une liberté de ton et une forme d’insoumission à la hiérarchie des normes. Une âme rebelle en somme. Une vraie, une tatouée, une qui n’a pas froid aux yeux et qui d’une phrase, d’une rime réussit à vous mettre les larmes aux yeux ou vous faire grimacer par une vérité que l’on refuse de voir, de croire, d’admettre. Pas dans mes habitudes de lectures pour tout vous dire. Mais il faut savoir justement les casser, accepter d’aller aux delà de nos us et coutumes. Oser.
Isabelle m’avait devancée !
Le comble pour une retardataire !
Je me suis donc attelée à sa lecture, à la couverture mise en illustration par Eric Pessan, qui comme chacun le sait n’est jamais en retard pour illustrer la vie, « nouvelliser » ce quelque chose qui nous bouscule, peindre des comètes, interroger nos criantes vérités.
Et j’ai entamé ma lecture. J’ai ouvert ce « Quand bien même ». Je l’ai ouvert et je l’ai lu.
J’ai lu la première page, découvert le carnet, ce fameux carnet qui ne sert à rien mais qui est tellement nous qu’il en devient notre odeur, notre peau, notre vie. J’ai lu ce que je n’osais pas toucher, l’intime, l’impalpable, le manque, l’absence, le besoin de redécouvrir ce qu’on nous a légué, de ressentir ce qu’on ne sentira plus jamais. J’ai lu la pudeur des sentiments, des lignes de sang, des besoins affectifs qui ne seront jamais comblés. J’ai lu les marées, la douceur d’une joue caressée, les yeux qui ne parlent pas, les bouches qui ne murmurent que les silences, les mains qui se résistent et s’enlacent.
J’ai lu le redoutable, le besoin, les promesses qui ne sont que peaux de chagrin. J’ai lu l’enfance, le cœur d’une fillette qui devient femme, qui n’en peut plus de cette enfance et qui continue pourtant de marcher dans ses pas. J’ai lu les vies parallèles, les perpendiculaires, les croisées des chemins sinueux qui font avancer. Inexorablement.
J’ai lu l’inconsolable, qui fait que les yeux deviennent aussi lourds qu’un orage d’été. Foudroyant et irrigant. Beau à en mourir seule sous un arbre isolé. J’ai lu cette « putain de solitude », celle qui dévaste, laisse en ruine, les photos et mots cachés dans une boite jamais ouverte. J’ai lu la mort. La mort du père. Le repère.
Celui qui est l’auteur de ces marées.
Avec une extrême pudeur, des mots à la fois d’une douceur et tendresse, d’une tristesse mélancoliquede n’avoir pas pu, réussi à redevenir l’enfant, Isabelle Bonat-Luciani nous dresse un portrait d’une femme qui « Quand bien même » les cicatrices, les silences, les regards qui fuient, a tenté de donner un sens à sa vie, à nous entrainer dans son écriture et nous prendre à contre pied, à contre chaussure.
Et c’est beau.
C’est pudiquement beau, tendrement beau.
Loin des clichés et cartes postales adressées, loin des retards et des impossibilités d’aller plus vite que la vie.
C’est beau comme l’enfant qui nait et grandit, devient adulte et s’embellit, devient beau par ce qu’il est, ce qu’il transpire. C’est beau comme cette envie de toucher la peau, toucher sa peau. Tatouage éternel de ce qu’il est, de ce qu’on nait.
© http://lecarrejaune.canalblog.com/archives/2017/06/25/35415777.html

Quand bien même est le premier recueil que publie Isabelle Bonat-Luciani. Il s’agit d’un ensemble de poèmes narratifs et incarnés dont la particularité est de combiner vers libres et prose poétique. Tout commence par la découverte d’un carnet, qu’on peut imaginer comme étant l’élément déclencheur de cette écriture frénétique :
« Ce carnet est là.
Il ne sert à rien je n’ose pas le toucher
Il est là
Il est là à ne servir à rien
Il est là au cas où ».
Contrairement à ce que pense la narratrice, ce carnet va lui servir à mettre noir sur blanc ce qu’elle n’est jamais parvenue à dire jusqu’à maintenant. Elle choisit la poésie comme mode d’expression. Cela lui permet de jouer avec ses sens, les mots, les images, les souvenirs et les désirs sans aucune retenue :
« J’ai l’absence un peu plus
ou un peu moins
selon une odeur qui passe dans la rue
et qui vient frotter un coin
encore présent ».
Il s’agit bien là d’évocations excentriques où tout se mélange, comme si la mémoire n’avait plus la force de distinguer le vrai du faux. La ténacité des effluves permet à l’écriture d’aller plus loin, de chercher encore et encore des preuves d’existence, dans le présent mais aussi dans le passé.
« On pouvait s’y promener
longuement dans son jardin
pas de là à se perdre
mais suffisamment pour s’égarer
au fond de soi
entre les allées parmi les arbres »
L’imparfait – temps de l’affectif –, le présent mais aussi le futur se côtoient et s’interpénètrent à l’instar d’un rêve ou un cauchemar, parfois. Les limites et les êtres y sont flous :
« Les contours
me tiennent
pour consolée »
mais obsédants, tels des ludions que la narratrice secouerait de ses mots :
« Je sors.
Je vais faire l’amour avec Nick Cave.
Je sais bien qu’on est le matin
et qu’il fait plein jour.
mais il sait faire tomber mes nuits
sans que j’ai besoin de lui demander.
Avec lui je mets
du rouge à lèvres rouge
et rien d’autre ».
Le sentiment d’imprécision qu’on peut éprouver à la lecture de ces poèmes est accentué par l’abondance des pronoms personnels sujets. Qui est ce « Il », « Elle », « Tu » parsemant les textes, tels des cailloux semés sur le chemin (de la vérité) ? Certainement autant d’indices offerts à l’imaginaire du lecteur afin qu’il rassemble lui-même les pièces du puzzle. Mais de toute évidence, l’ombre du père absent, de la mère et ses secrets, de l’amant disparu est toujours là, à narguer, page après page, l’hypersensibilité de la narratrice.
« Mon père avait un coffre chez lui
pour mes petits cadeaux
qu’il fermait à double tour ».
« La mère sans ombrage
Lui avait raconté
Que les deux fusionnelles
Portaient en elles
Les tourments
Identiques aux leurs
Dans l’ombre
De ce cher disparu ».
Entre le complexe d’abandon et les histoires de fusion, les poèmes racontent le manque sous toutes ses formes et avec une grande sensualité.
La mort :
« Un jour mon est mort.
J’ai voulu le voir.
J’ai voulu le voir mort »
l’incompréhension :
« Il va où exactement
L’amour quand il s’en va.
J’aimerais bien savoir
sa planque »,
les regrets et l’attente :
« Peut-être
qu’il aurait fallu
le prendre
l’instant
le saisir
à pleine bouche »
« Parfois, j’aimerais qu’il soit près.
Parfois, je sais que ça n’arrivera jamais
et j’attends »
sont autant de variations imagées sur l’amour – thématique centrale du recueil.
La narratrice est à la fois témoin et actrice de sa vie réelle ou fantasmée. Ce carnet lui permet aussi – en dépit des faits qu’elle y note – d’y inscrire sa mémoire (poétique), son amour pour les mots, son désir d’inviter le lecteur à la suivre dans ses tribulations intérieures. Elle s’adresse ouvertement à lui à la fin, en énumérant tout ce qu’il retrouvera d’elle le jour où il ouvrira son portefeuille, quand elle aura disparu. Les dernières pages sont d’une justesse émouvante :
« Tu sauras que je n’ai jamais encaissé ce chèque de ma mère.
Tu sauras que j’achète mes CD chez un disquaire du coin.
Peut-être tu verras des deux jetons, un rouge, un vert, du caddie ».
Quand bien même est un recueil mélancolique, universel – en raison aussi de sa polysémie –, intimiste, et qui malgré les apparences, obéit du début à la fin à une structure singulière : le lecteur est constamment interpellé. C’est là que réside sa force et sa pertinence.
Avec ce premier texte, Isabelle Bonat-Luciani s’impose d’emblée comme une auteure dont la voix comptera parmi les plus singulières de ce début du vingt-et-unième siècle. Elle n’a pas fini de faire parler d’elle.
© Thierry Radière in La Cause Littéraire
Un carnet – posé là, sur la couverture du recueil ou serait-ce plutôt celui qu'on tient entre les mains, un carnet pour déposer là tout ce qu'on saura lire entre les lignes, dans la sensibilité d'Isabelle Bonat-Luciani, parce que, quand bien même, il faut bien une surface pour dénouer la complexité des marées d'émotions, celles qui vous submergent longtemps après, la vie durant, « peut-être parce que je n'ai jamais touché ta peau »...
Le recueil est un récit poétique qui rassemble entre prose poétique et poèmes verticaux, des formes variées dans les jeux pronominaux, un je et un elle indifférencié, on glisse du tu au elle, puis à nouveau au je, du elle au « on », comme pour démultiplier la présence de l'absent et la sienne du même coup, remplir l'espace du seul vide creusé dans la violence subie.

« elle disait « on »
on a bien mangé
« on » est entré dans ma vie ».

Quand bien même dit l'absence, le manque, le creux au ventre fécond, la mort dans la vie, la vie dans la mort, les failles de la vie, la vie dans sa disparition :

« Derrière tes mots
j'ai cherché
tous tes gestes
en fermant les yeux
comme les gosses
qui comptent
ça-sera-toi »

Chercher un visage, remplir un vide, fouiller les méandres du cœur et de la mémoire, retrouver une ressemblance, s'attacher une identité, une part de soi manque, une part secrète, impossible à combler. « Demain, on te dira qu'il n'y aura rien à dire de plus ».
Et la porte se referme sans cesse sur le vide, la fillette demeure, seule, face à elle-même, personne dans le miroir, même quand elle aura grandi.

« La fillette rose fée de juin retardait son souffle guettant du coin de l'oeil l'absent qui lui creuserait ses années une fois de plus ».

Il faudra avancer, suivre un chemin pavé d'ombres, de remparts, se forger une armure, se fabriquer des racines, parler un langage, discours qu'on n'aura jamais prononcé.
Attendre ne suffira plus, parfois l'exil des mots et du temps se creusera un nid, une « tanière »,

« après les ruines
le plus loin possible
que la terre vienne en moi
comme une aurore
dans ma mémoire. »

C'est une absence inconsolable qui a laissé l'enfant loin d'elle-même, dans ce temps où le père encore se tenait là tout près d'elle.

« J'ai pensé n'être nulle part,
ni vivante ni morte.
J'ai pensé l'ombre des montagnes
et le vol des oiseaux.
J'irai creuser la terre. »

Mais les disparitions se font parfois longtemps avant que d'être définitives, muets présages, empreintes douloureuses, creusement dans la chair. L'autre parti sans rien dire pour une autre un jour, réapparaît pour justifier ses silences dans une disparition tangible qui dira enfin son vrai nom.

« Il est devenu mon père ce jour-là
le jour où désormais
il y aurait une excuse à son silence
et je n'aurai plus rien à attendre
Ce jour-là j'ai reposé en paix. »

Créer, recréer, à l'infini cet autre qui a été, qui aurait pu si... , qui aurait dû même ! quand bien même... « Parfois je crois avoir la mer en moi, et je déborde ».
Cet autre qui, si elle avait pu... mais non, il faudra bien qu'elle-même un jour devienne qui elle est.

« C'est peut-être dans ce parfum d'immuable que la pierre tenait ma poitrine au chaud. C'est peut-être le tien qui me gardait le plus au bord des intimes à la juste frontière des pudeurs où chaque don, chaque réserve s'accrochaient péniblement dans un présent inquiet. C'est peut-être nos ombres qui se parlaient entre elles obstinément, nos présences tenues en échec de toute tentative. Parce qu'elle est restée en moi si forte qu'une fois l'éternité à ta porte c'est bien droite que je suis venue poser la mienne sur ton lit, ma présence pour certitudes. »
© Recours au poème, M-J Desvignes, 2017

Isabelle Bonat-Luciani signe son premier livre avec Quand bien même et entre directement dans la cour des grandes. Sans doute cette voix devait-elle s’arracher au silence – un des mots qui revient le plus souvent dans ce livre. Sans doute cette voix était-elle prête à dire l’intime avec la juste distance, en faisant la part de « l’ombre » - mot répété 17 fois.
Ce livre s’inscrit dans une lignée, celui des livres de femmes poètes qui écrivent sur le père disparu, et ce faisant écrivent sur l’origine de leur voix. Parmi ceux-ci citons Pas revoir de Valérie Rouzeau, Où que j’aille d’ Albane Gellé et Lame de fond de Marlène Tissot. Avec cette particularité chez Isabelle Bonat-Luciani du père entré dans le silence avant sa disparition : « Il est devenu mon père ce jour-là,/ le jour où désormais / il y aurait une excuse à son silence / et je n’aurai plus rien à attendre. » Autour de lui tournent les mots « absence », « attente », « manque », « regret », accompagnés par l’irréel du passé : « on aurait pu se dire / on aurait pu s’inventer / un peu plus (…) On aurait pu aussi ne rien se dire / juste tenir debout / juste fouler la terre/ sans se soucier de nos racines. » Le nom, les mots, les livres sont liés au père, presque malgré lui : « Puis j’ai repris les livres / ceux qu’il m’avait offert / j’y ai cherché des signes / des traces, des ratures, des rouilles. Je n’ai rien trouvé de plus / que ce que l’auteur n’a dit. » Les silences lui ont appris à lire : « j’ai cherché à lire / partout où les silences / taisaient nos vies ». Le silence définitif lui aura appris à écrire : « Quand tu mourras / il me faudra devenir / quand bien même. » Ce dernier vers, repris par le titre, laisse entendre un « quand bien m’aime ». » Cet amour « quand bien même » évoque avec force la chanson de Barbara, « Nantes », comme si ce livre en était l’écho prolongé. L’auteure fait œuvre d’alchimiste en transformant le plomb de l’enfance en or, notamment dans ces vers : « quand peu à peu je te laisserai naître / autant de fois / que tu auras pu m’éteindre. »
Si Isabelle Bonat-Luciani affronte ici les ombres les plus terribles, on retrouve aussi l’humour et la verve dont elle fait preuve dans ses autres projets. Clin d’œil à ses cartes postales avec Nick Cave ou « Gabrielle Garcia Marquez et cette putain de solitude ». Clin d’œil à ses retards : « parfois j’anticipe des retards et je finis par en avoir de vrais. » Clin d’œil aussi à Eric Pessan, qui illustre le livre d’un dessin extrait de Parfois, je dessine dans mon carnet : « Parfois j’écris, et j’ai l’impression de piquer une phrase à Eric Pessan. »
Ce livre très touchant a trouvé la maison qui lui convenait le mieux, celle d’un papapoète, Jean-Louis Massot.
© Mélanie Leblanc in Terre à ciel

Un petit noir, un paquet de clopes avec son inséparable briquet, un CD de Nick Cave, apparemment, un livret de famille et l’indispensable téléphone cellulaire, tout est là bien disposé par Eric Pessan, lui-même, sur la couverture de ce recueil de poésie d’Isabelle Bonat-Luciani. Je pouvais donc partir pour un voyage sensuel à travers la musique des vers et de la prose de cette poétesse que je découvrais à l’occasion de cette lecture.
Isabelle écrit de la poésie en vers contemporains, libres de toutes contraintes formelles, pas de rimes, pas longueurs définie, pas de pieds à compter, seulement des vers, et même parfois simplement de la poésie en prose, qu’on peut lire en suivant la musique du texte sans se préoccuper d’une diction académique. Des textes et des vers qui racontent des histoires intimes, sensuelles, des histoires pleines de sensibilité, de délicatesse, de nostalgie, de souffrance…, des histoires d’amours passionnées, d’amours perdues, d’amours oubliées, d’amours regrettées…
« La chaleur n’a rien rompu dans son corps
C’est ma voix qui a cassé sa mémoire
Et de ses yeux hagards
Et de ses gestes confus
Il venait de m’oublier,
On venait de se perdre. »
La séparation, la perte de l’être aimé, amant, ami, père, mère,… , hantent ces textes, la mort rode, la nostalgie se niche au creux des poèmes, la frustration, l’absence, le manque peuplent ces vers.
C’est beau, c’est de la musique, des textes à lire à haute voix.
« Il va où exactement
L’amour quand il s’en va.
J’aimerais bien savoir
sa planque »
« C’est peut-être dans ce parfum d’immuable que la pierre tenait ma poitrine au chaud. C’est peut-être le tien qui me gardait le plus au bord des intimes à juste frontière des pudeurs où chaque don, chaque réserve s’accrochaient péniblement dans un présent inquiet ».
© Denis Billamboz in http://mesimpressionsdelecture.unblog.fr/

Quand bien même est un assemblage de textes forts, de formes diverses, qui ont pour fil conducteur, l'Absence, dire l'Absence.
Des bouts de phrases ricochent et se répètent, le corps, le toucher sont partout, l'émotion intense et la retenue totale.
Aucune absence n'est dévoilée, l'auteur ne fera pas de nous des voyeurs. Mieux, elle nous apprendra la dignité qu'est d'accepter avec elle, de ne pas l'être. Nous apprendra ce que l'on a à y gagner en somme.
C'est une voix de velours qui accepte ses casseroles et rend les nôtres le temps de la lecture, acceptables. Une voix de velours qui cache ou retient un volcan. Une voix de velours qui dit des peaux qui retiennent des sécrétions.
C'est une expérience totale, une plume que l'on découvre et que l'on attend désormais.
© Blog du Triangle masqué


Le livre d’Isabelle Bonat-Luciani (suite et fin)
Le livre est beau en vrai.
Je l’ai lu hier soir puis relu quelques textes ce matin et je le relirai encore parfois car le lire c’est se donner envie de le lire.
Il parle d’elle, de lui, de celles et ceux que l’on ne connait pas mais que ses mots nous offrent,
il parle d'amours qui grandissent dans l’absence et d’absences si fortes qu’elles en deviennent présence,
il parle de la mer, des peurs, des bouches, des robes, des silences, de la vie éternelle et de la mort éphémère, des tissus, des averses d’été, de galettes des rois, de rouge à lèvres rouge
il parle des corps en attente.
Un petit extrait pour vos beaux yeux :
« Et si j’effeuille silence après silence, et si je dénoue ta peau grain après grain, et si j’ouvre bouche après bouche et que je mêle tes mots sur ma langue, que pas après pas je grandis ton ombre pour me cacher, et si je retiens tout ce qui pourrait me confondre, et si j’écris ton nom loin d’ici, et si je tente de ne rien tenter, est-ce que demain, même s’il est déjà trop tard, tu me voudras près de tes habitudes » .
© Marcella

« Qand bien même » : où l’absence est relancée contre elle-même, coupée au pied de son autorité. En verts brefs : des étreintes, en prose : des tensions. Parfois le point ne clôt pas mais tombe. On entend le son noir, un coup de l’inquiétude. De promesse, de moment heureux, de cœur, de vies parallèles et d’herbes floues on sait qu’ « elle courait vite vers d’autres paysages » (la mère). Et aussi qu’ « on reste là à attendre qu
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A son réveil
elle sort le nuage de ses yeux
et fait fondre
le petit matin
dans la sècheresse de son palais.
A chaque gorgée
elle retient une nuit
de corps contraints
quand le coeur cogne
ses abandons.
A chaque gorgée
elle garde en elle intact
le foudroyant égaré.
Elle tend la main
reprend le nuage
qu'elle glisse dans le noeud de son mouchoir.
Demain peut-être
qu'au croissant de lune
une brise
s'échappera de sa bouche
et chantera
le chant des oiseaux.
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Je ne sais pas ce qu'il s'est passé.
Tout était tellement beau peut-être.
Elle était là,
assise face à l'horizon,
le coeur dans le bruit des vagues,
le regard au-delà du temps.
Je l'ai prise dans mes bras,
son dos collé à ma poitrine,
mon coeur sur son dos,
la douceur de sa joue pour caresse.
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