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EAN : 9782021104455
141 pages
Seuil (29/08/2013)
3.41/5   22 notes
Résumé :
Ce livre est le fruit d’une expérience historiographique, mené par l’un des plus grands historiens de la Première Guerre mondiale : après avoir tant travaillé sur les combattants des tranchées et leur expérience de la guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau a choisi de se tourner vers les siens. Même si elles s’y apparentent parfois, les pages que l’on va lire ne constituent pas un récit de famille. Et quoique l’on puisse sans doute s’y tromper, ces mêmes pages ne sont pas ... >Voir plus
Que lire après Quelle histoire. Un récit de filiation (1914-2014)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Au milieu de l'abondante production bibliographique que suscite le Centenaire de la Grande Guerre, ce court essai retient l'attention à double titre.
D'une part il est l'oeuvre d'un des spécialistes français les plus réputés de la Première guerre mondiale. Stéphane Audoin-Rouzeau en a profondément renouvelé l'historiographie. En plaçant au coeur de ses recherches le soldat, ses peurs, ses convictions, son libre arbitre aussi, il a combattu l'idéologie pacifiste qui faisait des Poilus les victimes d'une boucherie inéluctable.
D'autre part, cet essai ne traite pas à proprement parler de la Guerre, mais de ses traces dans une famille, la propre famille de l'auteur. Stéphane Audoin-Rouzeau tente d'identifier la marque laissée par la Grande guerre dans sa généalogie. le témoignage est intime, sans céder à l'exhibitionnisme. Il est subjectif, sans rien renier des pratiques scientifiques de l'historien.

Ses deux grands-pères, nés en 1891 et en 1896, combattirent au front. le premier livre dans ses carnets l'image, lisse, d'un soldat patriote, combattant par devoir, vouant aux « Boches » une haine atavique. le second, lui, n'a laissé qu'une seule lettre : une longue description hallucinée des violences qu'ils traversent en août 1916. Ils moururent trop jeunes pour que l'auteur, né en 1955, en discute avec eux. En revanche, le grand-père de son épouse, est mort presque centenaire en 1989 et c'est lui que le jeune historien a longuement interrogé lors de la préparation de sa thèse consacrée aux « Soldats des tranchées ».
Pour autant, c'est au destin de Robert Audoin, son grand-père paternel, que l'auteur s'attache. Il ne se remettra jamais des violences de la guerre. La suite de sa vie est une succession d'échecs. Il ne connaît aucune stabilité professionnelle. Il divorce et se remarie en 1939 avec une jeune femme de vingt ans sa cadette. Il est à nouveau mobilisé en 1939 et passera un an en captivité. Il finit sa vie en 1957, dans la demeure de son père, dans un climat de haine rance.
Aussi, il n'est guère étonnant que son fils, Philippe, né en 1924, ait nourri une profonde aversion pour la Guerre. Elle a influencé son adhésion au surréalisme dont il est devenu, après l'extinction du mouvement, l'historiographe reconnu.
Stéphane, le petit-fils, ne s'interroge pas sur les motifs qui l'ont poussé à choisir l'histoire contemporaine, et plus particulièrement celle du premier conflit mondial. Mais il ne fait guère de doute qu'il y a là un choix, conscient ou inconscient, de rétablir « une filiation interrompue » (p. 61), par-dessus le pacifisme radical que prônait son père.

L'incapacité de son grand-père à « combler la faille ouverte en lui à partir de l'été 1916 » (p. 136), l'alcoolisme dans lequel son propre père a sombré à la fin de sa vie forment une seule et même « fracture » que Stéphane Audoin-Rouzeau a « placée sous surveillance » (p. 137). Confection émouvante d'un homme qui a consacré trente années de sa vie à la question de la violence de la guerre, une violence qui a broyé tant de combattants, mais une violence aussi, plus insidieuse, qui distille son venin aujourd'hui encore chez leurs descendants.
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Une guerre traumatise une génération.
« J'ai perdu les plus belles années de ma vie, moi, hein ? » : c'est ainsi que le grand-père de l'épouse de l'auteur, combattant de 14 – 18, résumera ses années de guerre.
Mais le traumatisme peut se transmettre sous des formes diverses aux générations suivantes. le grand-père de l'auteur fut marqué à vie et échoua dans toutes ses entreprises, son père, militant du surréalisme, fut un pacifiste acharné, et l'auteur devint lui-même un historien spécialiste de la Grande guerre.
Voilà un livre sensible et intelligent sur l'impact de l'Histoire sur la filiation.
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L'historien de la Grande guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau, s'est lancé dans l'aventure du témoignage en relatant les expériences de guerre de ses deux grands-pères et d'un arrière-grand-père maternel. Ce livre contient une grande partie de récit mais aussi des lettres.

C'est un récit très factuel avec peu d'analyse et une chronologie qui m'a un peu déroutée.
Certes, lorsqu'il parle de son arrière-grand-père, l'auteur aborde plusieurs faits intéressants, mais trop souvent j'ai trouvé que ceux-ci étaient "balancés" avec peu d'analyse et sans qu'on sache toujours s'il y a un lien explicite entre l'expérience de la guerre et les échecs personnels ou professionnels des individus.

J'ai été au bout de cette lecture malgré ces défauts, au final je suis tout de même déçue, sans doute parce que j'avais trop d'attentes sur cet ouvrage.
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Quelle histoire : Un récit de filiation (1914-2014) de Stéphane Audoin-Rouzeau
Un livre étrange par son ambivalence... un (vrai) historien (Audoin-Rouzeau) s'expose dans ce livre sans tout à fait s'exposer. Un chef d'oeuvre de dévoilement. le grand grand intérêt de ce livre est le passage de témoin, dans tous les sens de la formule, entre 3 générations d'hommes, celui qui a connu 14, celui qui a connu le surréalisme, et l'auteur, respectivement le grand-père, le père, le fils.... 3 générations d'homme et surtout 3 hommes. Une belle pudeur d'où saillissent souvent des échardes de colère à l'égard du père, on sent leurs relations difficiles, et ce fils, l'auteur et l'historien, dont la vocation a été largement commandée sans doute par ça, le premier à être capable de décrypter non la grande histoire mais l'histoire de sa famille, de l'incompréhension de son père à l'égard de son grand-père, de lui-même à l'égard de son père. Dieu que ce travail des générations est vaste. C'est un livre qui laisse trois traces lumineuses derrière lui, les traces de ces trois personnages, celui qui m'a le plus touché personnellement et celui du milieu, à la fois fils et père, vu par son fils. C'est aussi un regard original sur le surréalisme. Dans la foulée, j'ai lu "14-18, retrouver la guerre" écrit avec Annette Becker, très bon livre abordant la guerre de 14 sous l'angle de la violence et non sous les angles habituels du témoignage ou de l'histoire. "Quelle histoire, un récit de filiation" est vraiment un beau livre, sensible.
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Quelle histoire un récit de filiation (1914-2014) Stéphane Audoin-Rouzeau

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en empruntant ce livre. Serait ce un livre racontant l'histoire d'un grand-père héros et poilu de 14, des souvenirs de famille... ?
Eh bien c'est un peu tout cela et beaucoup plus encore.
Stéphane Audoin-Rouzeau essaie de comprendre comment les séquelles psychologiques de la guerre de 14-18 sur ses grand-pères on fait qu'il est devenu consciemment ou pas un spécialiste de la Grande Guerre.
Il ne parle pas trop de la guerre, mais plutôt des rapports entre père et fils, entre lui et son père et son père et son grand-père. Il y est beaucoup question du surréalisme qui a beaucoup compté pour le père de l'auteur. Les dernières pages en grande partie consacré au père de l'auteur sont très touchantes et émouvantes.
C'est un très bon livre sur la filiation et l'histoire.
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critiques presse (4)
Lexpress
20 janvier 2014
Les survivants de 1914-1918 furent les contemporains de Pessoa et de Fitzgerald. Faut-il s'étonner que, comme eux, ils aient été broyés par cette fêlure dont l'auteur, en ce texte superbe, se demande si elle est héréditaire? Ce beau petit livre étonne par sa puissance. Il nous concerne tous.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
10 octobre 2013
Dans ce beau texte, qui sinue entre l'émotion, le regard froid et la volonté de comprendre, Stéphane Audoin-Rouzeau retourne dans les sous-bois de cette mémoire familiale, en extrait ces souvenirs que l'on croit banals et qui ne prennent leur signification que plusieurs décennies plus tard.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
18 septembre 2013
Stéphane Audoin-Rouzeau retrace la façon dont la Grande Guerre a marqué de son empreinte trois générations de sa famille.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Liberation
03 septembre 2013
Tout lecteur baby-boomer, né entre 1943 et 1960, ne manquera pas de méditer sur l’onde de choc que met en lumière Audoin-Rouzeau, afin d’en faire bénéficier son arbre généalogique personnel.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il [Pierre Bazin, grand-père de l'épouse de l'auteur] n'est démobilisé que le 7 août 1919 : il est de ces hommes de la « génération 14 » qui, les années de guerre s'ajoutant à celle du service militaire, passèrent sept ou huit années sous l'uniforme.
Ce qu'il résumera en ces termes : « J'ai perdu les plus belles années de ma vie, moi, hein ? »
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À l'arrière-plan d'un réel déni, chez mon père comme chez les surréalistes de la toute première heure, se love une haine profonde de la guerre. Haine de cette guerre-là, certes, qui pour Philippe fut « infâme », « boue et sottise », « absurde abomination » » ; mais au-delà c'est la guerre en tant que telle qui est en cause. Évoquant la mobilisation d''André Breton en 1939, il écrit : « Breton, mobilisé, éprouve de façon aiguë, dans « l'air rare et faux », le triomphe de l’insanité, la débâcle de l'esprit, la défaite humaine absolue qu'implique l'état de guerre. »
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Le devoir, pour les combattants, ne se discutait pas. On les aurait beaucoup surpris en leur disant qu'ils étaient des victimes : eux-mêmes se voyaient comme des acteurs et en effet ils ne cessaient d'agir, ne serait-ce que pour tenter de s'exposer un peu moins. De la guerre, ils souhaitaient que la fin arrive au plus vite, mais pas au prix d'une défaite de leur propre pays : tous ou presque on souhaité la victoire.
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Videos de Stéphane Audoin-Rouzeau (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stéphane Audoin-Rouzeau
Alors que l'Ukraine est entrée dans sa troisième année de guerre et que le conflit Israël-Hamas s'intensifie, le sentiment d'une guerre aux portes de l'Europe est vif. La guerre qui semblait irréelle, lointaine, occupe désormais le débat public.
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit : Stéphane Audoin-Rouzeau, historien, directeur d'études à l'EHESS et spécialiste de la Grande Guerre. Emmanuel Droit, professeur d'histoire contemporaine à Sciences Po Strasbourg, et spécialiste de l'Histoire de l'Allemagne, notamment de la RDA. Céline Spector, philosophe et professeure de philosophie politique à Sorbonne Université.
Visuel de la vignette : TOBIAS SCHWARZ / AFP
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