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EAN : 9782363080967
160 pages
Arléa (24/09/2015)
3.64/5   7 notes
Résumé :
Une photographie se détache de l'humiliation et du désastre, une photographie de deux survivants du camp de Sachsenhausen : deux jeunes hommes sourient et descendent une rue détruite de Berlin, un couple amoureux survivant au milieu du chaos. Quelques roses sauvages est une enquête personnelle autour d'une photographie, photographie de deux survivants de la Shoah trouvée à Berlin. Enquête d'un écrivain sur les restes d'une mémoire surexploitée, surexposée à la lumiè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Au point de départ du livre, il y a les figures de A.B, ancien déporté dans un camp de concentration lors de la seconde guerre mondiale, et de son ami ou compagnon – on ne saura pas – T.Mast, tous deux apparus sur une photographie en noir et blanc prise dans une rue de Berlin au cours de l'été 45. le narrateur de Quelques roses sauvages part sur les traces de ces deux survivants.
Trois parties structurent la narration : les séjours à Berlin en 2011 et 2012, puis quelques jours à Amsterdam. Consultation des archives, interrogations de descendants des protagonistes, visite des camps de concentration, à la recherche des personnages de la photographie. Sachsenhausen, à trente kilomètres de Berlin, et Westenbork, dans le nord des Pays-Bas sont l'un et l'autre sont des « camps modèles », le premier destiné à la détention d'opposants politiques, intellectuels, homosexuels, juifs, le second, lieu de transit des prisonniers à destination de Auschwitz, qui vit passer notamment Anne Franck et Etty Hillesum. Chaque chapitre est une étape, l'occasion de collecter des indices et des preuves, mais aussi de s'interroger et de revenir à soi.
Ce récit discontinu, fragmentaire est une réflexion sur l'histoire des camps, mise en lien avec notre société contemporaine et ses fonctionnements. Alexandre Bergamini s'interroge ainsi sur ces lieux de mort reconstruits, devenus pédagogiques, fictifs, sur la traduction des témoignages en langue allemande (parce que payée par les impôts allemands, lui dit-on…) sans qu'il ne soit plus possible d'accéder au témoignage source, questionnements qui rappellent ceux de Georges Didi-Huberman sur l'image et l'archive, sur la mémoire, notamment lors de sa visite à Birkenau (Ecorce). L'auteur piste les restes du système nazi dans nos démocraties : destruction de documents, falsifications d'archives, volonté de faire table rase du passé, de ne penser qu'à l'avenir, de dénigrer la culture, de détruire la langue, mise à l'écart de certaines minorités, internement des indésirables. le tout justifié par des nécessités administratives, matérielles, ou de sécurité. « C'est avec son matricule de déporté que l'on retrouve le témoignage de A.B., pas avec son nom. Effrayante continuité de l'administration ». Mots qui résonnent particulièrement dans l'actualité de nos pays occidentaux.
Parallèlement à cette matière politique, Alexandre Bergamini explore quelques-unes de ses obsessions : Désir de vérité, nécessaire vigilance et esprit critique, mort, traumatismes familiaux. Il y un désir d'éclaircissement de soi, une volonté de mise au jour. Une recherche au plus profond. Alexandre Bergamini fait de constants va-et-vient entre l'individuel et le collectif. Il confronte l'intime à l'histoire, partage avec le lecteur ses questionnements, ouvrant la voie à de multiples réflexions.
« Quoi que je fasse, ne voulant trahir aucune réalité, je les trahis toutes. Lorsque je tente d'introduire des éléments de fiction, la réalité me rattrape, nette, implacable et m'oblige à revenir au réel, à ce qui manque, à l'indicible, ce pourquoi j'écris ». Débarrassé des artifices de la fiction, le livre d'Alexandre Bergamini est bien un travail littéraire, porté par un récit, une langue dépouillée et précise. Un livre sensible et intelligent.
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Tout est dit dans la présentation de l'éditeur, ensuite c'est la façon dont le texte résonne dans l'esprit du lecteur qui fera de la lecture, une expérience personnelle. C'est vrai pour chaque livre, encore plus pour celui-ci.
Ce n'est pas un roman mais le récit d'un homme qui met ses pas d'abord dans celui-d'un autre à cause d'une photographie et de points communs qu'il pense avoir avec lui...Et qui met ses pas dans ceux de tous ces hommes et femmes qui ont connu Oranienburg-Sachsenhausen et le camp de Westerbork, en Hollande.
Récit très bien documenté , faisant référence aux écrits de Raoul Hilberg, d'Etty Hillesum, citant nombre de philosophes , écrivains, décrivant comme si on le visionnait le film de propagande tourné à Westerbork sur la formation des convois.

Tout est dans la langue, poétique, précise, directe.

Tout est décrit, décortiqué, et vous donne à analyser ce que l'on fait aujourd'hui de ce que l'on sait.


Cet écrivain m'a beaucoup touchée, au point de sortir Sachso des étagères, mais je ne le lirai peut-être pas en entier, à la suite, au point de relire les lettres d'Etty Hillesum, au point de regarder à nouveau le film tourné par Rudolf Breslauer.
Parce que savoir, c'est d'abord connaître et réfléchir seul ...



J'ai hâte de retrouver cette écriture.
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C'est un ouvrage très intéressant, bien documenté.
Tout au long de son voyage à Berlin, puis à Sachsenhausen, en Allemagne, puis à Westerbork en Hollande, l'auteur s'interroge avec profondeur sur la disparition, la survivance, et le devoir de mémoire. Le récit entre en résonnance avec la propre histoire de l'auteur, qui a perdu deux êtres chers, ce qui lui donne une dimension supplémentaire.
A ma connaissance, la question du nazisme et des camps de concentration en Hollande, est peu traitée dans la littérature.
Un livre à lire.
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En tombant sur une photo qui montre deux hommes libérés du camp de Sachsenhausen, l'auteur commence à imaginer qui ils étaient, comment ils s'étaient connus et la vie qu'ils ont pu avoir après. Pour mettre un peu de réalité derrière tout ça, il décide de les rechercher et essaie de les rencontrer. A partir de ces éléments, Alexandre Bergamini réfléchit sur les camps, le travail de mémoire, le tourisme de masse autour de ces lieux sans égard parfois pour ce qui s'y est passé. Une réflexion intéressante.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Liens entre le nazisme et les démocraties modernes : faire table rase du passé, de la mémoire et de la culture ancienne, faire de la place à une économie "nouvelle".

" Toute la société, l'organisation de cette société nous pousse à l'oubli ; elle nous pousse à l'avenir. Regarder le passé, c'est être contre-productif.
S'intéresser à la mémoire est une subversion, un refus de se soumettre".

W.G. Sebald
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Que visitons-nous lorsque nous venons dans un camp de concentration et d'extermination, peut-on visiter de tels lieux sans les profaner ?

N'y a-t-il que la littérature des camps, les témoignages, la documentation concentrationnaire qui puissent rendre compte de la vie des camps ?
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Des roses sauvages ont poussé hors du chemin. Rouges comme des souvenirs dans le vert immense et profond de la disparition. Sauvages comme des cœurs accrochés palpitants.
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Vidéo de Alexandre Bergamini
Gay-Marseille a réalisé l'interview de Alexandre Bergamini écrivain de plusieurs romans : Cargo mélancolie, Retourner l'infâme, et le dernier livre Sang Damné. Alexandre Bergamini a voulu partager sa vie Avant et après avoir eu le Sida.
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