Une lecture passionnante, surprenante, dérangeante.
Passionnante parce que les "micro-fictions", une appellation pour ne pas dire nouvelles ? ou ne pas reconnaitre simplement qu'un roman peut compter juste une centaine de pages...
Moi, cela me convient, les romans fleuves qui parlent pour dire tout et n'importe quoi, ici, nous sommes dans du bref, du coupé ras, de l'essentiel, et ce sera au lecteur d'imaginer plein de choses.
Passionnant, et dérangeant, car l'auteure met le centre de ses récits sur le lien familial, la parentalité, l'éducation (ou son absence), et surprenante car il est évident ici que les sujets sus-nommés tournent autour de la féminité, de la place de la femme dans une société marquée par la domination masculine.
Je pense qu'on ne peut pas comprendre ce recueil sans avoir à l'esprit la place de la femme dans la société coréenne et dans la structure familiale en Asie.
Il me semble que ce livre est une tentative d'ouvrir une fenêtre sur ce sujet.
Ainsi, les histoires racontées par
EUN Hee-Kyung sont d'une sensibilité féminine incroyable. La petite fille cadrée par une éducation, un véritable carcan, auquel elle répondra quitte à en souffrir et à se perdre ; l'épouse, on imagine que c'est la petite fille devenue adulte, car on a bien une similitude des prénoms, l'épouse modèle qui est modèle sur quel modèle ? la tradition, l'attente de son époux, mais lui ? et puis enfin la dernière histoire, l'ultime récit, celui du père qui se meurt, entre le fils aimé et la fille rejetée, qui enfin comprend l'inéluctabilité de la mort, a tant souffert de l'absence de son père tant qu'il était vivant et va tellement souffrir de son départ. Tandis que le frère qui a été aimé par ce père veut abréger le deuil.
Eun Hee-Kyung a une plume assez fine pour exprimer subtilement les sentiments de ses personnages.
Je me suis laissée bercer par les émotions qu'elle sait exprimer légèrement, même dans le tragique, le doigté reste délicat.