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EAN : 9782226451934
448 pages
Albin Michel (02/09/2020)
3.67/5   241 notes
Résumé :
Recueillie par sa grand-mère après la mort de ses parents, la jeune Kaori vit dans les monts d'Automne où elle se destine à être conteuse. Sur Tasai, comme partout dans les mondes du Flux, l'écriture est interdite. Seule la tradition du « Dit » fait vivre la mémoire de l'humanité. Mais le Dit se refuse à Kaori et la jeune fille se voit dirigée vers une carrière de danseuse.
Lorsque sa grand-mère meurt, Kaori hérite d'un rouleau de calligraphie, objet tabou pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (91) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 241 notes
Dès sa sortie, j'ai eu très envie de lire ce livre et de découvrir une nouvelle auteure par la même occasion. Malheureusement, je suis un peu passée à côté de ce roman.

Le début était très prometteur et j'ai pensé que Kaori serait une héroïne aussi charismatique que la célèbre Mara de Raymond E. Feist & Janny Wurts. Mais je l'ai trouvé plutôt en retrait tout au long du roman dans le sens qu'elle

L'univers créé par Emilie Querbalec sur la planète Tasai m'a énormément plu avec cette société d'inspiration japonaise où l'écrit est tabou, avec ses conteuses et ses danseuses. J'étais intriguée par l'objet que Kaori hérite de sa grand-mère, Lasana, et par la mystérieuse Dame en Mauve...

Je me suis sentie embarquée dans un beau voyage jusqu'à ce que je tombe du train en marche avec

Ensuite, l'histoire a pris un tournant qui ne m'a pas plu et j'ai eu beaucoup de mal à me passionner pour la partie space opera (malgré quelques passages intéressants). Emilie Querablec fait traîner les non-dits trop longtemps et je n'ai pas trop compris ce qui reliait les tenants des aboutissants de l'histoire.

Cela étant dit, l'écriture en elle-même ne m'a pas déplu et j'ai son autre roman « Les oubliés d'Ushtâr » à lire. Je ne lui ferme donc pas la porte…




Challenge SFFF 2021
Challenge mauvais genres 2021
Challenge multi-auteures SFFF 2021
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En cette rentrée 2020, en plus de la Marche du Levant, le label Albin Michel Imaginaire propose un autre roman de SF francophone avec Quitter les monts d'automne, d'Émilie Querbalec !

Roman initiatique
Kaori est une jeune disciple vivant au sein de son clan des Monts d'Automne. Sur cette planète, la vie est assez traditionnelle et Kaori fait partie d'un clan résolument tourné vers l'art du spectacle. Pour cela, leurs plus éminents membres sont touchés par le Dit et deviennent conteurs, métier particulièrement recherché par la population. Toutefois, Kaori n'a pas l'occasion d'hériter du don de ses ancêtres et, contrairement à sa grand-mère qui fait figure de matriarche, elle doit se résoudre à devenir danseuse. Tourmentée par cette contrariété que sa vie lui rappelle sans cesse, Kaori tente de se faire malgré tout une place dans son clan. Pour ne rien arranger, sa grand-mère meurt en laissant à ses seuls soins un rouleau calligraphié qui pourrait aussi bien répondre à toutes ses questions sur ses origines que lui valoir la peine capitale pour avoir possédé un tel bien. le voyage de Kaori débute véritablement quand elle ose franchir le pas et envisager une autre vie que celle guidée par son clan.

Space opera teinté de japonisme
Même si ce n'est pas évident au départ, Quitter les monts d'automne est un space opera : or, c'est un roman qui débute comme un planet opera, mais sa première phase pourrait tout autant être le début d'un roman de fantasy médiévale. Clairement, l'autrice a misé sur une progression radicale de l'intrigue. Un peu comme dans L'Enfant de poussière, de Patrick Dewdney, la protagoniste passe des caps grâce à différents mentors (et à des événements dramatiques voire traumatiques) et, à chaque fois, c'est un nouveau pan de son histoire et de sa géographie mentale qui s'ouvrent. de la même façon, à l'image du Chant des cavalières, de Jeanne Mariem Corrèze, on peut voir en Kaori une anti-héroïne bringuebalée par les événements et les autres protagonistes rencontrés ; pourtant, elle incarne une jeune femme tout à fait sensée qui recherche un autre but à sa vie. Même si cela peut être noté dans la présentation du roman, nous ne sommes pas dans un roman très influencé par le Japon. Elle-même née au Japon, on comprend qu'Émilie Querbalec ait pu être fortement influencée par la culture japonaise et cela modifie légèrement l'approche classiquement occidentale du space opera. Toutefois, ce ne sont ici que quelques allusions, peu de références explicites, davantage une ambiance en arrière-plan qui fait penser à un Japon vu de loin. Au contraire, les « Dits » japonais qu'on peut connaître de loin renvoient d'habitude à des luttes de pouvoir entre clans de samouraïs (pour les écrits du Japon médiéval) ; ici, c'est la lutte toute individuelle d'une Kaori qui découvre le monde que nous suivons.

La puissance de l'Écrit
Il est toujours particulier de suivre un roman sur une société qui a abandonné (de gré ou de force) l'usage de l'écrit. Ici, le Dit rythme la vie de cette petite communauté itinérante ; pourtant, en arrière-plan, est toujours placé un pouvoir central plus ou moins installé qui, on se doute, doit bien avoir besoin de l'écrit pour fonctionner. Alors que le Dit se refuse à Kaori, c'est cette pulsion de l'Écrit qui bouleverse sa vie et ses projets. On sent bien qu'on peut y voir un parallèle avec la force que peut comporter un roman, mais la dimension philosophique apportée au gré du récit par la rencontre d'une IA de vaisseau ou celle d'un gardien millénaire laisse le lecteur assez libre de trouver un peu ce qu'il souhaite dans la gestion que fait Kaori de son « temps ». Ajoutons à cela de nombreux passages où le style est particulièrement bon, notamment pour exprimer sentiments et sensations lors de moments cruciaux. La fin pourra être vue par certains lecteurs comme longuette par rapport à la montée en puissance du récit, voire classique par d'autres. Pourtant, le voyage est beau, et c'est ce qu'il faut conserver au bout du compte.

Quitter les monts d'automne est donc une bien belle aventure, lue d'une traite pour ma part, dont il faut garder la légèreté du personnage et la belle plume qui l'accompagne.

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C'est grâce aux conseils avisés de mon libraire que je me suis lancée dans la lecture de ce livre, encore merci à lui ! Il faut dire que c'est un spécialiste de la littérature de l'imaginaire et qu'il connait bien mes gouts….
Rien que le titre de ce livre fait rêver : Quitter les Monts d'Automne…Avouez qu'il stimule l'imagination et la jolie illustration de couverture en rajoute une couche, il faut le dire…

Pour commencer, je ne peux que saluer le talent d'Emile Querbalec : son écriture est d'une limpidité et d'une poésie… On se laisse vraiment transporter par son récit qui nous fait suivre les aventures de la jeune Kaori. Et il est vrai que Kaori va nous emmener loin, très loin des Monts d'Automne qui ont été son seul horizon pendant son enfance et sa jeunesse.

Cette jeune orpheline, est élevée par sa grand-mère dans un monde rural sur la planète Tasai. Si elle descend d'une lignée de célèbres conteuses, ( les écrits sont interdits dans cette culture ), elle n'est cependant pas dotée du même talent…. A la mort de sa grand-mère, la jeune fille va quitter son petit monde et se lancer dans un voyage qui va l'emmener bien plus loin que prévu….
Si l'histoire débute dans une sorte de Japon médiéval, on va par la suite réaliser que nous sommes bien dans un roman de science-fiction et partir dans l'espace avec Kaori…
La place qu'occupe l'écriture dans cette histoire est originale et est aussi le fil conducteur de ce livre….
Le seul petit bémol, pour ma part, c'est qu'autant j'ai lu avec beaucoup d'enthousiasme les deux premiers tiers du livre, autant la dernière partie souffre selon mes critères très personnels de quelques longueurs, j'avais envie que les choses bougent un peu plus vite…Mais en même temps, au vu du contexte et de la durée des voyages dans l'espace, cela peut se comprendre, je pense…
Une jolie découverte…

Challenge Mauvais Genres 2020
Challenge ABC 2020/2021
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Un roman surprenant car l'on commence dans une ambiance de japon médiéval pour évoluer finalement dans un space opéra, avec une technologie très évoluée. J'ai adoré l'ambiance du début : cette jeune Kaori qui grandit auprès de sa grand mère dans un endroit reculé des monts d'automne et qui rêve à un destin glorieux. Puis sa vie à Kulunsk , alors qu'elle découvre la vie en ville et détient ce mystérieux rouleaux hérité de sa grand mère, un écrit , ce qui est totalement interdit dans ce monde où tout passe par l'oral, le Dit.
Ensuite, alors qu'elle rejoint la ville principale, les évènements se précipitent pour elle et la voilà protégée, bringuebalée et une nouvelle aventure commence dans l'espace. Elle apprend en même temps que nous , découvre, grandit, passe des caps , tout en poésie et flirts.
Clairement c'est un roman de SF immersif, surprenant (encore une fois ^^), bien construit, dont la lecture est fluide . Il ne laisse pas indifférent, c'est clair ! Quelques petites longueurs au milieu du roman mais qui seront balayées par des révélations . Une belle découverte.
Challenge Mauvais genres 2020
Challenge auteure SFFF
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Ancrant le début de son récit dans une société proche du Japon médiéval, Émilie Querbalec nous convie ensuite à un voyage fascinant à travers les étoiles et nos origines. Dans un texte d'une grande sensibilité et d'une remarquable richesse, elle nous entraine à la suite de Kaori, une jeune fille dont le destin semblait tout tracé. Mais rien ne va se dérouler comme prévu. Et les surprises vont aller croissant.

Kaori est une jeune fille espiègle dont le destin est de devenir conteuse comme sa grand-mère. Elle attend, espère, le moment où elle obtiendra son Don : le Ravissement marque le passage d'une aspirante conteuse à une conteuse. Quand le Flux, cette entité qui régit l'ordre du monde, passe par ces femmes capables, alors, de raconter des histoires fascinantes, tirées non de leur esprit, mais d'une sorte de mémoire commune. le phénomène est peu compris, mais il est reconnu pour sa valeur. Les conteuses sont très recherchées et les nobles et riches marchands se les arrachent pour animer leurs soirées et s'attirer ainsi l'admiration. Mais pour Kaori, dont la mère est morte voilà des années dans des circonstances mystérieuses, pas de Ravissement. Elle ne sera pas touchée par le Don. Elle se trouve donc obligée de changer de carrière. Dans la troupe avec laquelle elle vit, pas vraiment le choix. Elle sera danseuse. Elle a un certain talent pour cela. Mais pas assez de rigueur, selon sa professeure.

Ce démarrage, aussi plaisant soit-il, et malgré certaines finesses et l'apparition de certains éléments de SF (le Flux et ses gardiens, les moines, aidés de machines inquiétantes et modernes, bien plus que le monde dans lequel vit Kaori), m'a semblé classique. Un peu trop pour m'accrocher aussitôt. Mais rapidement, les évènements s'accélèrent. Nous sommes en 13111 du calendrier A.S. Dans le futur donc, ce que nous découvrirons progressivement. Comme l'intégralité de l'univers créé par Émilie Querbalec. Un univers qui m'a surpris, après le départ situé dans un monde japonisant, donc. Mais qui m'a ravi. Car l'autrice n'hésite pas à secouer son fil chronologique (et son lecteur par la même occasion), sans que cela nuise à la narration. Les sauts dans le temps sont justifiés et passent très bien. le Flux et les autres inventions sont réussies, car bien associées et forment un tout cohérent, qui explique pas mal de choses aperçues au début et justifient la conduite de Kaori.

En parlant de Kaori, Émilie Querbalec n'y va pas avec le dos de la cuillère. Elle fait subir à son héroïne un nombre de retournements de situation, un nombre de bouleversements et même un nombre de mauvais traitements assez impressionnant. Même si, dans le cours de l'histoire, ils sont justifiés, la liste est grande et ce qu'elle subit sur sa planète (attention, pour ceux qui n'ont rien lu à propos de ce roman – ce qui m'étonnerait, car il a été maintes fois lu et chroniqué – la suite est un spoil : elle va être violée dans la grande ville qu'elle découvre) est extrêmement rude et traumatisant. Elle est touchée dans sa chair et dans son esprit, et bien plus, dans son intégrité. le parcours qui est le sien est un parcours total où elle se met en jeu entièrement, par choix ou non, selon les étapes, afin d'être reconstruite et prête pour la découverte finale. Elle est souvent manipulée, souvent l'objet de convoitises et de craintes, d'attentes et d'espoirs. Elle est souvent passive devant ce que lui réserve le destin (ou ceux qui savent, ceux qui possèdent, ceux qui dirigent). Mais aux moments clefs, aux moments où on lui en laisse l'occasion, aux moments où elle a un peu de pouvoir, elle sait affirmer son point de vue et ses décisions. Même si cela a des conséquences énormes sur elle et sur bien d'autres. Kaori devient ainsi un personnage fort et central, qui m'a agréablement changé de certaines héroïnes de littérature de SF young adult (ou non) stéréotypées, aux états d'âme bourrés de clichés et aux préoccupations trop prévisibles. Non, rien de cela ici. Rien qu'une jeune femme perdue souvent, mais lucide et pleine de courage et d'énergie, battante, utilisant ce qu'elle peut comme arme, pour comprendre et survivre.

Autre point qui m'a paru intéressant dans ce roman : la place de l'oral et de l'écrit. En effet, dans la société dont est originaire Kaori, l'écrit est totalement interdit. Posséder un texte et, pire encore, en produire un est passible de la peine de mort. Offerte par les moines et leurs affreuses machines. Après de nombreux interrogatoires douloureux. Tout passe donc par la mémoire. D'où l'importance des conteuses. Cela rappelle de nombreuses sociétés passées. Comme l'Egypte des pharaons, qui fait rêver, mais qui faisait de l'écrit une chasse gardée des puissants, protégé par la caste des scribes. Ou comme la Gaule antique (vous savez bien, nos ancêtres les Gaulois, chevelus et barbus) où l'écrit était d'une grande rareté, car le savoir était transmis de druide en druide, à l'oral, pour éviter que le peuple ne se l'approprie par erreur.
Ici, la raison de ce tabou va être expliquée dans la suite du roman. Et cela se tient parfaitement. Et cela fournit un point de départ mystérieux et, donc, stimulant. D'autant plus stimulant que la langue choisie est le japonais. Et que, pour moi en tout cas, cette langue est entourée d'une aura, sans doute liée à la civilisation qui l'a vue naître et qui me touche (dans ses périodes anciennes comme dans son présent, dans sa société comme dans son imaginaire).

Tous ces éléments font de Quitter les monts d'Automne un roman d'une force et d'une portée qui m'ont surpris, agréablement. Sa lecture a été plaisante et pleine de surprises, dépaysante et vertigineuse. Un très bon moment, sans hésitation !
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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critiques presse (2)
Syfantasy
19 juillet 2021
Quitter les monts d’automne est la surprise la plus heureuse en SF qu’il m’ait été donnée de lire depuis des années. Hybride entre space opera et science fantasy, à la croisée d’un Patrick Rothfuss et d’un Jack Vance, ce livre est une aventure riche et profonde. Roman d’apprentissage et réflexion sur la place de la culture dans les sociétés humaines, Quitter les monts d’automne réussit un tour de force : nous offrir un univers complexe et envoûtant et nous apporter de quoi rêver après la dernière page. Que vous soyez lecteurs de SF ou de Fantasy, vous y trouverez votre compte et bien plus encore !
Lire la critique sur le site : Syfantasy
SciFiUniverse
09 février 2021
Découverte grâce à son premier roman, Les Oubliés d'Ushtâr, Emilie Querbalec avait été finaliste au prix Rosny Aîné. Quitter les Monts d'Automne, son nouveau roman est sorti chez Albin Michel imaginaire et offre un one-shot poétique et original matinée de culture japonaise et de technologie dérangeante.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Mes mères adoptives furent d'abord surprises, puis ravies, de me voir soudain si déterminée dans mes apprentissages. Elles s'inquiétèrent aussi, parfois. Mais danser représentait désormais pour moi le seul moyen de gagner ma liberté, et personne n'allait me l'ôter. Je m'astreignais à des heures d'un entraînement solitaire et rébarbatif, à un âge où le corps se transforme et où l'esprit n'aspire qu'à vagabonder. Mille fois, je répétai tel ou tel geste, plantée devant le miroir de ma coiffeuse, ne m'interrompant que quand mes muscles endoloris refusaient de m'obéir. Une simple inclinaison de la tête, selon la manière dont elle était exécutée, pouvait exprimer toute une palette de sentiments dont je devais maîtriser chaque nuance. Je devins experte dans l'art de manier l'éventail, j'appris par cœur chaque posture, j'écumai tout le répertoire traditionnel et lorsque cela ne suffit plus, j'en inventai d'autres. Pour me détendre, j'improvisais des jeux d'ombres avec mes doigts, créant des fantasmagories plus bizarres les unes que les autres.Tout ceci à l'abri des regards, naturellement. Les journées passaient vite.
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Au fond de moi, j’étais persuadée que jamais je n’atteindrais les sommets où évoluait Misaé. Dans cette société où aucune expression écrite n’était autorisée, on vénérait les conteurs comme des demi-dieux – et en vérité, ne l’étaient-ils pas un peu ? Tels des oracles sacrés, ils donnaient vie et forme à des histoires assoupies dans les méandres invisibles du Flux, gardiens d’une mémoire aussi vieille que l’humanité.
Parallèlement, ma conception du monde évoluait. En effet, les puissants de Kulunsk semblaient familiers d’une technologie mille fois supérieure à tout ce que j’avais connu jusqu’à présent. Dans les monts d’Automne, j’avais vu des glisseurs, ces embarcations fuselées qui naviguaient dans le ciel comme des poissons dans le courant des rivières. J’avais vu des dirigeables et des bâtons de lumière, des roues à énergie et des miroirs parlants. Les villageois achetaient certains matériaux ou ustensiles auprès de négociants venus de la ville, et les Seigneurs qui rendaient visite à Lasana possédaient de menus objets aux fonctionnalités étranges. malgré tout, la technologie demeurait mystérieuse, car distillée à petites gouttes dans un environnement assez fruste. À Kulunsk, elle s’imposait. Des navires à voiles solaires en provenance de ports lointains accostaient chaque jour, des turbines immergées dans l’océan produisaient une énergie qui était ensuite transformée, stockée, conditionnée pour être réutilisée plus tard. De manière générale, nombre d’infrastructures, invisibles ailleurs, devenaient ici des éléments banals du décor. Sans parler des Tours Célestes et de leurs cerbères de métal.
Petit à petit, j’en vins à penser que ce que je prenais autrefois pour de la magie relevait en réalité de la connaissance précise de la matière et des forces qui l’animaient. Tout comme il s’emparait de l’esprit d’un conteur, le Flux devait insuffler aux hommes qui le servaient le génie nécessaire pour construire ces machines et ces temples.
Sans lui, nous ne serions que des bêtes livrées à leurs instincts dans une nature laissée à l’état vierge. Son savoir nous élevait au rang d’êtres vivants supérieurs, organisés en société, avec une culture et des arts florissants.
Le Flux était le garant de notre civilisation.
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Kaori, avec l’aide de deux aventuriers Dame Aymelin et Ekisei, est entrée dans le système qui permet d’accéder à la station spatiale qui flotte au-dessus de sa planète.

« Je regardai autour de moi avec circonspection. Les voyageurs discutaient à voix basse en tera, ou dans des idiomes inconnus. Raclements, sifflements ou claquements de langue se mêlaient aux rondeurs et aux roulements de voyelles que j’aurais été bien en peine de reproduire. Physiquement, certains présentaient des traits caractéristiques de notre peuple : cheveux de jais, paupières en amande et ossature fine du visage. Les autres venaient incontestablement d’ailleurs. Parmi eux, je remarquai un homme – à moins que ce ne fût une femme ? - à la peau mauve pailletée de minuscules incrustations argentées, d’une beauté saisissante.
- Un Sylphe, me glissa Aymelin, que mon étonnement semblait réjouir.
Je l’interrogeai d’un haussement de sourcils.
- Ils forment une race à part, expliqua-t-elle. Leur corps a été transformé afin de les rendre quasiment immortels. Celui-ci s’est fait couper les ailes, c’est un excentrique.
D’autres voyageurs nous rejoignirent, interrompant notre échange. Aymelin se tut, regardant droit devant elle.
Je songeai à Ekisei, censé se présenter aux contrôles « plus tard ». Je n’osai imaginer ce qui se passerait si la présence de mon rouleau venait à être détectée dans l’un de ces caissons. A moins qu’il ne le transporte directement su lui ? A leur nez et à leur barbe ? Je me demandai comment, par le Flux, il allait se débrouiller.
Dans la cabine, personne ne semblait faire attention à nous. Des appels retentirent dans le hall, et le sas par lequel nous étions entrées se referma. L’éclairage prit une tonalité plus feutrée, plus chaude. Les sièges aussi devinrent tièdes. Une vibration s’éleva du sol et gagna les parois. Pendant encore un moment, il y eut une fluctuation de lumière, et je sentis mon corps se soulever comme si la cabine se remplissait peu à peu d’eau. Mes cheveux, détachés, se mirent à flotter autour de moi. »
(Quitter les Monts d’automne, pp 202-203)
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Lors d’une rencontre entre la grand-mère de Kaori, Lasana, et un mystérieux visiteur, la jeune fille les écoute derrière les murs fins de la maison, et nous apprenons qu’une menace plane sur sa famille.
« - Pourquoi tant de précautions ? Tu ne pouvais pas prendre un glisseur comme tout le monde, au lieu d’user tes pieds dans la poussière ?
A cette époque de l’année nous avions coutume de séjourner au village de Yoshiné dans la Vallée des Trois Fleurs. Les pluies de la mousson rendaient difficiles les déplacements en montagne, où les sentiers les mieux aménagés se résumaient bien souvent à des tronçons de route dallés de pierres mal rabotées. Il aurait été bien plus simple pour notre visiteur d’emprunter un glisseur auprès des moines Talanké - c’était typiquement le privilège que les personnages de haut rang pouvaient s’octroyer.
Maître Toishi pouffa come un jeune homme, puis je le vis qui piochait un morceau dans un bol. Mon ventre se mit à gargouiller, et un bref instant, je craignis que l’on ne s’aperçoive de ma présence.
- Varané est morte, déclara-t-il à brûle-pourpoint.
- Cette simulatrice ? s’étonna Lasana. J’ai toujours su qu’elle finirait mal.
- Ne sois pas si dure. Varané avait tendance à l’exagération, mais ses transes étaient authentiques.
- Si tu le dis.
- Pour en revenir à ta première question, j’ai préféré voyager à pied, oui. Le Flux ne doit pas se douter que je suis ici avec toi.
- Ah ! s’exclama ma grand-mère.
Elle demeura silencieuse un bon moment. Comme s’ils n’avaient attendu que cet entracte pour s’exprimer, les insectes reprirent leu chant de plus belle.
- Alors, de quoi est-elle morte ? reprit Lasana.
- Son décès n’a rien de naturel.
- Varané, assassinée ? Cette outre pleine de vent ?
- Ce n’est pas un cas isolé. Plusieurs victimes ont été recensées, ici, sur Tasai, mais aussi ailleurs, sur d’autres mondes. Toutes disparues dans des circonstances similaires.
- Tu penses que nos lignées sont menacées.
- J’en suis persuadé.
- Le Flux n’autoriserait pas cela.
- Le Flux se dérègle, Lasana. Tous les témoignages concordent.
- Tu divagues, mon ami.
Maître Toishi trempa ses lèvres dans la coupelle qui attendait devant lui, avant de reprendre :
- Peux-tu affirmer que tu n’as observé aucun comportement, aucune attitude inhabituels chez les moies ces dernières années ?
La méfiance de ma grand-mère à l’égard des Talanké était telle qu’elle évitait toutes les occasions possibles de les croiser. Ce n’était guère difficile dans ces montagnes reculées, où les paysans vénéraient secrètement les dieux anciens, à égalité avec le Flux. Il en allait autrement en ville et particulièrement à Pavané. » (Quitter les Monts d’Automne – pp 22-23)
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Mais sache que la mémoire est une compagne infidèle, qui ment comme une poissonnière. Il n'est pas jusqu'aux dates, qu'elle soit capable d'altérer! Garde donc bien à l'esprit que les événements que je m'apprête à te relater ne sont qu'un reflet de la vérité, et que d'autres, probablement, t'auraient livré un récit différent.
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Videos de Émilie Querbalec (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Émilie Querbalec
Lecture de Emilie Querbalec : une création originale inspirée par les collections de la BIS.
Ce cycle est proposé depuis 2017 par la BIS en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature (MéL). Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne".
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