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Louise Bartlett (Traducteur)D` de Kabal (Traducteur)
EAN : 9782381980447
160 pages
L'Arche Editions (18/11/2022)
4.18/5   31 notes
Résumé :
4h18 du matin. Sept visages dressés sous le ciel grondant de Londres. Sept âmes brisées, en plein cauchemar éveillé...
Dans ce poème urbain, qui rappelle le souffle épique des Nouveaux Anciens, Kae Tempest célèbre la pulsation de vie d’une génération désenchantée, en quête d’une échappatoire à la solitude humaine et la combustion du monde, pour nous reconnecter à la force des éléments. Nous sentir vivant.es.
Une déflagration de beauté, un flow puissant... >Voir plus
Que lire après Qu'on leur donne le chaosVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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La présentation de ce recueil de poésie par les éditions l'Arche est pour le moins atypique. D'un côté, on trouve la version traduite en français, de l'autre, celle en version originale. Il suffit donc, pour les amoureux de la langue de Shakespeare, de retourner l'opus.

« Imagine un vide
Une infinie et immobile noirceur
La Paix
Ou l'absence au moins
de terreur. »

Voilà, c'est ainsi que ça débute. Et c'est fort, violent même, et ce sera ainsi tout du long. Pas de filtre pour une parole percutante où la rage se fait entendre à travers les mots.
On va entendre sept monologues de sept personnages différents, à la dérive. Dans un monde pollué ou le lien social s'est détérioré, la jeunesse a recours à la drogue, l'alcool ou les médocs pour tenter d'oublier son désespoir, sa difficulté de vivre.
Que leur propose la vie ?

« Je sais que j'existe
Mais je ne ressens rien,

Je suis éclipsé
Je suis ailleurs. »

Avec des vers asymétriques, le rythme est haché. On ressent le vide et la pesanteur de la vie. N'y a-t-il aucun recours pour une vie meilleure ? Peut-être plus d'amour, en tout cas c'est ainsi que ce termine ce recueil

« Je suis dehors sous la pluie
C'est une nuit froide à Londres
Hurlant à mes proches
De se réveiller et d'aimer plus
Suppliant mes proches de
Se réveiller
Et d'aimer plus. »

« Ce poème a été écrit pour être lu à voix haute » est-il précisé sur la page du titre. Peut-être est-ce pour cela que j'ai eu du mal à entrer vraiment dans le texte. L'entendre déclamer à voix haute, voire crié, m'aurait sans doute aidée.

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Lecture-expérience en trois temps

Temps 1, le Français.
Qu'on leur donne le chaos, traduit par Louise Bartlett et D' de Kabal.

Un puissant cri collectif, un long témoignage qui réunit à 4h18 dans la nuit londonienne sept voix qui disent leur colère, hurlent leurs attentes, dévoilent leurs espoirs. Un cri poétique, un cri politique, le cri vital de ceux qui étouffent.

« L'Europe est perdue
L'Amérique est perdue
Londres est perdue
Et on crie encore victoire »

En verbalisant ces désillusions, en diagnostiquant le monde, Kae nous entraine vers le rebond.

« Hurlant à mes proches
de se réveiller et d'aimer plus
Suppliant mes proches de
se réveiller
et d'aimer plus »

C'est cash et destroy ; interpellant et bouleversant ; dérangeant et salutaire.


Temps 2, l'Anglais.
Let them eat chaos

Pouvoir quasi immédiatement se plonger dans la version originale de ce texte est un plus indéniable (même si les deux textes gagneraient à figurer en vis-à-vis). La puissance de certaines phrases se révèle davantage, comme la musicalité d'autres passages. Et le va-et-vient entre les deux textes devient alors enrichissement.

Temps 3, la vidéo.
Let them eat chaos – Live

Écouter et regarder enfin la performance de Kae, livre en main en version GB, et prendre le choc de ce flow incroyable, passant de la douceur fluide et langoureuse à la rage extrême de celle qui donne tout. Mais ça, ça ne se raconte pas…
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Imagine qu'il est 4h18
Heure un peu pourrie
Pour être réveillé.e
Mais aussi pour constater que tu es endormi.e
En état de veille, dissocié.e de la vie et du vivant
Imagine sept coeurs meurtris
Qui raconte la mélodie de leurs angoisses
Dans la ténèbre
Comme ça fait mal de se regarder
Vide
Qu'est-ce qu'on leur donne
A ces corps affamés
A ces esprits neutralisés
A ces coeurs surmenés
Le chaos est partout
On voit
Mais on ne bouge pas
Elle est quand l'heure du réveil
4h18
Heure pour suffoquer
Cette fois je vais me réveiller
Sept fois je vais constater que c'est plus dur
À faire à dire à porter
Cette jeunesse est brisée
Et tous les dérivatifs sont bons à prendre
Mais ils continuent de plus les endormir encore
Sept fois de repos impossible
Cette fois j'entends le cri collectif
Imagine un désespoir
Tellement immense qu'il est perceptible
Dans toute la ville
Au point exact de toutes ces questions
Absurdes et entêtantes
Somme toutes éternelles et fugitives
Qui nous assaillent avant le lever du jour
Imagine que tu ressens le chaos intérieur
De ces septs jeunes
Imagine que tu ressentes leurs intimes
Et que tu puisses voir toi aussi
Par ces fenêtres que leurs monologues
Sont le propre reflet de tes pensées
De tes propres observations de ce monde
Absurde qui va droit dans le mur
À quel moment tu te réveilles
À quel moment tu prends conscience
À quelle heure tu aimes
Et à quelle heure on se réveille
Pour réparer les dégâts des tempêtes
De l'hyper-consommation de l'hyper-avidité
De l'hyper-non-sens de nos vies
4h18
Heure de la solitude
Mais si on y est tous réveillé.e
A écouter ce poème urbain
Qui hurle toutes sortes de vérités
Est-ce qu'on ne rapprocherait pas nos coeurs
Est-ce qu'on ne pourrait pas en faire
L'heure de l'Amour
Imagine l'infinie possibilité de ce nouveau jour
A la lumière de nos éveils du coeur
Dans une mission interstellaire de partage
Et du chaos naîtra, un Soleil…
Je me réveille avec Kae Tempest, et vous?
Coup de 🖤
Lien : https://fairystelphique.word..
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Kae Tempest revient avec un ouvrage qui nous embarque telle une bourrasque dans le plus beau des chaos. Celui de notre société qui en demande toujours plus, jusqu'à ignorer le vrai sens de la vie.
L'humain, être magnifique dont l'ego et le train-train quotidien à dissimuler sa lumière. C'est dans une rue de Londres que nous rencontrons plusieurs personnalités aux bourses et chemins différents. Leur point commun ? Trouver un sens à leur existence.
En ces temps où le monde s'est retourné pour bouleverser ce que nous avons laissé installé – par habitude, par soumission – Kae Tempest demande aux coeurs de chacun de se réconcilier avec l'amour, avec eux-mêmes, avec chacun de nos atomes et de prendre conscience de qui nous sommes.
C'est à travers une poésie cinglante que l'autrice soulève les dessous de l'illusion parfaite dans laquelle nous vivons. L'immersion dans le récit est intense, il n'y a pas d'adaptation ; le coeur est attrapé au vol et transporté.

Cette lecture m'a chamboulé plus que de raison. Et pour cause ; Kae Tempest a su poser des mots brutes et à la fois touchant sur le renversement de cette époque.
Merci à l'équipe de Gleeph de m'avoir permis de pouvoir participer à la chronique de cette belle aventure au coeur de la source des émotions humaines.

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Ce livre m'a été envoyé par l'éditeur et sincèrement, merci à L Arche pour la découverte.

Je l'ai lu dès réception, en pleine nuit, et je me suis sentie bien moins seule, accompagnée par ces sept inconnus qui à travers leurs maux, m'ont poussée à me confronter aux miens. Ça n'a pas été tendre ou facile, tout le contraire même, une véritable tempête qui m'a secouée de l'intérieur, faisant ressortir parfois jusqu'à des questions et peurs enfouies profondément. Mais comme aucun jugement n'est porté sur ces âmes, incapables de trouver le repos, je ne me suis pas non plus sentie jugée ou pointée du doigt.

J'ai vraiment été bouleversée par certaines pages. Il y a des moments que je préfère, certains qui m'ont moins "convaincue", mais je suis ressortie de ma lecture ébranlée, bousculée et les joues mouillées. J'ai souvent dû m'interrompre en pleine lecture, la respiration coupée, comme si je venais de recevoir un coup en pleine poitrine.
"La vie c'est juste un truc à faire." Cette phrase si simple mais si insoutenable au final, m'a fait penser à tant de choses en si peu de secondes... Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, mais ça souligne assez bien pourquoi j'ai apprécié cette oeuvre. Au-delà du message, de l'intensité des émotions, il y a la plume. J'aime énormément lorsque les mots sont "simples", le style "épuré" et que pourtant, on ne ressort indemne d'aucunes des déflagrations. Lorsqu'une oeuvre nous rappelle la force, le pouvoir et la portée des mots.

J'apprécie d'ailleurs qu'on ait le droit également au texte en VO. L'idée est géniale et c'est une super expérience de pouvoir profiter de la version originale.
Je dois du coup saluer la traduction de Louise Bartlett et D' de Kabal qui ont fait un boulot magistral.

C'est une expérience que je conseille à tou(te)s et que je ne regrette absolument pas.
Le mot sur la carte accompagnant mon livre espérait que la nouvelle tempête de Kae saurait m'emporter, je peux assurer qu'elle n'a eu aucun mal à le faire. Merci encore pour ce bout de chaos.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les eaux montent !
Les animaux-
les ours polaires
les éléphants meurent.

ARRÊTE DE PLEURER CONSOMME !!

Mais la marée noire ?

Chuut.

Personne n'aime les trouble-fêtes rabat-joie.
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On ne s’arrêtera pas tant qu’on n’aura pas réduit /

la planète en miettes /

avant la mission interstellaire pour infliger encore plus de terreur.
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La maladie de la culture / et la maladie dans nos coeurs / est une maladie infligée 
/ par la distance 
/ que nous partageons.
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Imagine un vide / Une infinie et immobile noirceur / La paix / Ou l’absence au moins / de terreur.
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La vie c’est juste un truc à faire
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Videos de Kae Tempest (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kae Tempest
Lecture par l'autrice & Julia Kerninon Rencontre animée par Jennifer Padjemi Années 80 dans le nord de l'Angleterre. Yrsa grandit avec son frère Roo et sa mère infirmière. Démunie, leur mère les confie à leurs grands-parents, membres de l'Église Adventiste du 7e jour. Au fil des ans, Yrsa subit, de façon insidieuse puis frontale et traumatique, l'emprise des hommes sur son corps transformé.
Le récit d'Yrsa est le contrepied poétique et touchant au male gaze, par la voix mutante d'une enfant, d'une soeur, d'une ado, d'une escort, d'une poétesse dans l'âme, d'une femme en plein empowerment. La Vie précieuse est un ultra-moderne récit de formation, qui rappelle les effets de composition cinglants de la réalisatrice Michaela Coel (série I May Destroy You) et les envolées pleines de vie et de rage de Kae Tempest. Libre, déterminée, militante féministe et intersectionnelle, Yrsa Daley-Ward a imposé sa voix dans le monde entier, saluée par le Pen Prize du meilleur roman autobiographique. Elle a par ailleurs collaboré avec Beyoncé en 2020 pour le film et l'album Black is King.
+ Lire la suite
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