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EAN : 9782070343324
480 pages
Gallimard (30/08/2007)
3.54/5   12 notes
Résumé :
A l'instant où la guerre de Suez avait pris fin, ce ne fut plus la guerre mais la paix qui devint terrible. Tout de suite après l'expulsion des ressortissants français et anglais, les juifs se virent, à leur tour, suspectés d'impérialisme, de sionisme, de communisme, ou des trois à la fois. Avec pour résultat, et dans tous les cas de figure. l'arrestation, la prison, la spoliation des biens et, en dernier ressort, le bannissement. Pour sa part, Salomon Cohen caressa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Janvier 1957, au Caire.
Une nuit, Fouad Barkouk, un jeune officier de l'armée égyptienne, se présente avec un mandat d'amener au domicile de Salomon Cohen, un prospère commerçant juif. Rachel-Rose, la fille de Salomon, lui ouvre en nuisette légère.
La prestance de l'officier, l'étrange façon dont il l'aborde, jettent l'adolescente totalement naïve dans un trouble de grande sensualité. D'autant que l'officier semble conscient et même satisfait de l'effet produit sur la fille du commerçant juif qu'il vient arrêter. Au point de renoncer, cette nuit-là, à la mesure d'arrestation.
Mais en réalité la jeune fille importe peu à Fouad. Il n'a qu'une seule idée en tête, venger sa mère morte dans la solitude et l'indifférence de ses anciens patrons, les commerçants Salomon et Margot Cohen…
Fouad a tous les atouts pour réussir un plan subtil : un sentiment aigu d'humiliation sociale et une profonde conviction nationaliste.
Tout cela à l'heure où l'Egypte de Nasser expulse, en les spoliant de leurs biens, tous les habitants non-arabes et non-musulmans. « A l'instant où la guerre de Suez avait pris fin, ce ne fut plus la guerre, mais la paix qui devint terrible. »
Fouad va donc profiter de la situation précaire des Juifs en Egypte pour ourdir un jeu machiavélique.
Sous prétexte de le soustraire à la prison, il séquestre Salomon dans une chambre en tous points semblables à celle où sa mère a vécu sa misérable existence.
Il séduit également Rachel-Rose, la déflore et la maintient de longues semaines sous son emprise amoureuse, tandis que les parents de la petite, feignant l'ignorance, laissent faire.
Malgré la cruauté de la situation, Rachel-Rose connait pourtant dans les bras du bel officier les émois du premier amour, sans remords, ni péché.
Elle est si fraîche, si éperdument offerte, que le coeur de Fouad parfois vacille, allant même jusqu'à songer à renoncer à l'exécution de son plan. Mais le souvenir des anciennes souffrances est trop fort et l'aveuglement volontaire des Cohen ne fait que raviver son désir de vengeance.
Le drame se nouera trois mois plus tard, mais l'accomplissement de la vengeance n'aura-telle pas un goût amer ?..

Productrice, animatrice de radio et écrivaine d'origine égyptienne, Paula Jacques, offre avec « Rachel-Rose et l'officier arabe » un beau roman ambigu et sensuel, plein d'équivoque et d'une savoureuse suavité, qui emporte le lecteur dans l'Egypte des années 1950, époque de prédilection de l'auteur où roman après roman, elle saisit la fin du monde cosmopolite qui fut le sien et poursuit sa propre version de la comédie humaine qu'elle épingle avec une subtilité fine et incisive, utilisant souvent les ressorts tragi-comiques pour dépeindre la réalité de ce pays qui lui tient à coeur.
Membre du jury du Prix Fémina depuis 1996 et couronnée par ce même prix en 1991 pour le roman « Déborah et les anges dissipés », Paula Jacques, au fil de nombreux livres, a toujours fait grand cas de la psychologie de ses personnages, les analysant avec une férocité du regard et une tendresse du coeur assorties d'une grande lucidité.
Dans « Rachel-Rose et l'officier arabe », elle montre de la sorte que tout n'est pas « blanc ou noir » et que chacun porte en soi une face cachée et trouble.
Ainsi Salomon, qui sous des dehors résolus, laisse sa propre fille aux mains d'un être vil et complexe. Il ne jouit en définitive d'aucune qualité morale pour faire face à l'adversité, cache une grande lâcheté le rendant incapable de tenir tête à Fouad. On se rend compte alors que c'est la peur la première ennemie de Salomon et non pas l'officier arabe. La peur qui l'incite à fermer les yeux sur le déshonneur de sa fille, la peur qui l'entraînera dans la chute.
A l'inverse, Fouad, très antipathique au début, être amer à l'orgueil démesuré, va finalement montrer des sentiments et de l'humanité. Il va surtout prendre conscience que la vengeance n'apporte pas toujours l'apaisement escompté.
Rachel-Rose, sous ses airs candides et puérils, cache aussi une personnalité bien complexe. La relation amoureuse et perverse qu'elle entretient avec Fouad va révéler son penchant pour les relations « dominant-dominé » bien loin de la jeune fille discrète et réservée qu'elle affiche en famille…

Tous ces personnages démontrent de façon comique et dramatique à la fois que rien n'est figé dans le temps et que les périodes difficiles et troubles peuvent changer le caractère des hommes ou montrer qui ils sont réellement.
L'auteur le fait sans parti pris, décrivant simplement les bons côtés mais aussi les travers des gens qu'ils soient juifs ou égyptiens.
Avec ce séduisant roman, elle saisit la fin d'un monde, celui du cosmopolisme et de la diversité, au profit du nationalisme et du racisme de l'époque de Nasser, monde d'arbitraire où l'on emprisonne, spolie, exile sans raison tous les non-musulmans, ce qui fait dire à l'officier arabe « le monde change, les grands deviennent petits et il se pourrait bientôt que les petits deviennent très grands. »
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Comme un caillou au fond de ma godasse, ce bouquin m'a décidément fait tiquer. Dire que je ne l'ai pas apprécié serait mentir ; Paula Jacques a un vrai talent de conteuse, elle nous apprête les bouleversements socioéconomiques d'une Égypte post-coloniale telle une ganache au chocolat sur une tarte au poire. C'est du velours.

Dans la rue, j'ai mordu la volupté des parfums, celles des fleurs de rose, des pelures d'oranges sur le talus brûlant, du petit cireur près du tram, la mine agacée par les aboiements de ces chiens errants, pantins faméliques au reflet pisse, inquiets de se prendre une volée, oui, le Caire m'a fait des oeillades charmeuses où je mâchonne agréablement quelques pistaches dans un jardin silencieux.

À peine la Première Guerre Mondiale bouclée et toute sa bouillie d'entrailles planquée, les régimes fascistes émergent fort tels des chiards dans une pouponnière aryenne.

Y'a des idées fixes comme ça qui ne veulent pas passer, avec des petits discours bien orientés, quelques affichettes au lyrisme douteux, pouf, sans trop chercher, le bordel fait son chemin : les juifs, tout est de leur faute. Ils ont le vice. Ouais voilà. Dehors ! Ces tyrans enveloppés dans leur envie de tout bouffer, les doigts s'agitant dans leurs idées de merde, s'emparent fermement de cette question.

Et voilà pas que Nasser nationalise le Canal de Suez, il a cette envie pressante de s'affirmer face aux britanniques. À peine exalte-t-il le mépris insultant des occidentaux pour chauffer les foules. Il instrumentalise un peu, comme-ci comme-ça, justifiant par les juifs la misère désespérée du peuple.
Ça part vite fait bien fait, les flammèches ont pris, l'antisémitisme se décomplexe prodigieusement en Égypte, la juiverie est traînée dans la bouillasse. Ils siphonnent tout, une classe de bourgeois intellectuels nichés dans leurs appartements à l'apparat pompeux, une condescendance solennelle qui n'en finit pas d'agacer les arabes, eux, les vrais égyptiens.

L'héroïne Rachel-Rose Cohen a justement grandi dans cette aisance, dans le faste naturel d'un train de vie facile. du jour au lendemain, le spectre du déclassement fait passer à elle et sa famille le goût de jouer aux riches. Ils sont dans la panade. Ah cet amour propre qu'ils doivent ravaler quand la police vient taper à leur porte ! Ils peuvent tout perdre. Son père est anéanti dans son reste de dignité, tourné en dérision par son empressement à collaborer avec les services de renseignement.

Je coupe là sinon j'y suis encore demain. Je me serais laisser glisser gentiment dans ce récit si ça n'était la relation amoureuse entre Rachel Rose et l'officier arabe Fouad Barbouk. Précisons : elle a 15 ans et lui 28 ans. Loin d'être triomphante, j'ai trouvé cette relation extrêmement malsaine.

Certes ce Fouad est un individu torturé par une enfance passablement destroy, le genre qu'on ne souhaite à personne, mais ça ne pardonne pas la complaisance dérangeante qu'a collé l'écrivaine dans leur relation. Elle fétichise la toxicité de l'homme, ce type infernal aux accès de méchanceté insoutenables. On se farcit tour à tour des colères instables dressées dans un orgueil démesuré puis purgées par des redescentes consistant à être trop gentil-sympa.
Je ris qu'une relation "romantique" puisse se tisser entre lui, sombre alcoolique qui veut récupérer son orgueil bafoué par l'humiliation et l'acte pénétratif, et Rachel Rose, vierge aux "rondeurs presque enfantines" et au "sourire de petite fille qui ignore le péché" (sic).

Lire ces séances de domination sexuelle où une gamine de 15 ans se fait sodomiser et prendre de toutes les manières m'a fait machouiller l'intérieur de mes joues. Dominée jusqu'à l'étourdissement, Rachel Rose incarne la figure imaginaire de la jeune fille débauchée dans son tempérament, aux "dispositions incroyables chez une fille de 15-16 ans" qui aime la perversion (on notera le 16 ans pour arrondir les angles et passer pour moins pédo). Frappée, étranglée - et j'en passe - par son Grand Amour, ce livre donne crédit à une sexualité brutale où le consentement n'existe pas. La violence y est affreusement esthétisée avec cette idée que les femmes jouissent dans la soumission.

Je peux comprendre l'évocation d'une relation perverse, asymétrique et oppressive pour servir un récit mais je n'ai perçu aucune nuance de la part de Paula Jacques. Fallait-il à ce point débaucher une gamine de 15 ans ? Je n'en suis pas sûre. Dommage car le reste est magnifique.
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Rachel-Rose et l'officier arabe est un délicieux mixte entre thriller psychologique et romance. Cette fois-ci je vous parle de littérature française et pour tout vous dire cela m'avait manqué. J'ai été attiré par ce livre, dans un premier temps, car j'ai entendu beaucoup de bien de l'auteure, Paula Jacques ; et dans un second temps par le synopsis de ce roman qui nous emmène dans un contexte assez particulier. C'est donc le premier roman de Paula Jacques que je lis, et je dois dire que je n'ai pas été déçue , bien au contraire.

Ce récit nous plonge dans l'Egypte des années 50 nous faisant découvrir le personnage de Rachel-Rose Cohen, jeune fille de bonne famille qui voit sa vie bouleversée par un officier de police arabe, un certain Fouad Barkouk, qui un beau jour frappe à sa porte. Rachel Rose se retrouve troublée par la prestance que dégage cet homme, devant qui elle se présente en petite nuisette laissant entrevoir les courbes de son corps. Ce mystérieux officier se présente avec un mandat d'amener contre le père de Rachel Rose, un commerçant juif. Pris d'une, sois disant, soudaine compassion pour cette famille, l'officier va finalement renoncer à la procédure l'arrestation du père de famille pour ainsi assouvir son besoin de vengeance. La famille Salomon est, à ce moment, loin de s'imaginer que leur cauchemar ne fait que commencer. L'officier souhaite, en réalité, venger sa mère morte des années plus tôt, de la négligence de ses patrons, la famille Cohenn, profitant ainsi de la situation précaire dans laquelle se trouvent les juifs à cette époque. Pour cela, il va séduire la petite et douce Rachel-Rose qui aveuglée par son amour naissant pour l'officier va se laisser entraîner dans un jeu dangereux dont seul Fouad en fixe les règles.

J'ai été conquise par cette lecture qui nous tient en haleine du début à la dernière page. le personnage de Rachel-Rose est tout simplement divin, je me suis vraiment attachée à cette jeune fille naïve, touchante dans l'amour dévorant qu'elle porte à l'officier. Ce récit d'une très grande sensualité allie un désire irrépressible de vengeance à un amour brûlant rarement aussi bien décrit dans la littérature en général. Les autres protagonistes de ce roman sont très bien exploités ce qui nous permet d'avoir un contexte assez complet. Je ne me laisse que très rarement attendrir par mes lectures, mais là je dois avouer que la fin m'a brisé le coeur. Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus… Je vous laisse aller découvrir par vous-même ! Je n'ai pas de points négatifs à aborder pour ce roman tout simplement parce que, selon moi, il n'y en a pas. J'ai été très émus par cette ouvrage d'une grande délicatesse, subjugué par la plume de Paula Jacques qui aborde, dans ce récit, des sujets difficiles tels que l'exil, la guerre, le racisme, chose qu'elle fait de manière très subtile et avec une extrême sensibilité.

En résumé, Rachel-Rose et l'officier arabe est pour moi un immense coup de coeur, un roman touchant comme l'on en voit rarement et que je recommande 1 000 fois !
Lien : https://wordpress.com/post/u..
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C'est le deuxième roman de Paula Jacques que je lis pour mon plus grand plaisir.
Je ressens la même mélancolie dans cet opus que dans "Au moins il ne pleut pas". Même si l'intrigue se déroule dans un passé assez récent et dans un pays pas si lointain (l'Egypte, pays de naissance de l'auteur), le dépaysement est total. C'est un autre monde, une autre société, une forme de cohabitation dans ce pays et dans cette région du monde qu'on ne pourrait pas imaginer aujourd'hui. En fond, un peu lointain, s'invite la création de l'Etat d'Israël dont on pressent de façon assez claire qu'elle va profondément et durablement bouleverser les équilibres sociaux, politiques, religieux...
En fermant ce livre, on ressent fortement cette mélancolie d'un monde perdu. Pour du mieux ? Pas sûr...
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Le Caire, 1956, fin d'une époque pour la communauté juive égyptienne. La famille Cohen, de nationalité égyptienne, exploitant un prospère magasin de meuble, ne peut se résoudre à l'exil, inévitable, mais sans cesse différé.

L'officier arabe, venu notifier l'ordre du commissariat au père de Rachel-Rose qui n'est pas venu à la précédente convocation, connaît très bien la maison.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Paula Jacques vous présente son ouvrage "Mon oncle de Brooklyn" aux éditions Flammarion.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2626162/paula-jacques-mon-oncle-de-brooklyn
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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