Ré-ensauvageons la France : Plaidoyer pour une nature sauvage et libre

Un livre qui fait du bien, écolo optimiste, à l'encontre de tous les signaux qui encouragent l'éco-anxiété. Un plaidoyer pour continuer les rares bonnes actions environnementales du XXème siècle qui se sont révélées efficaces, parfois plus vite que prévu, et parfois même au-delà de toute espérance. Comme tout le monde j'avais bien remarqué le retour du loup et du lynx, mais oublié, parce qu'il est un peu plus ancien, le retour de bien des rapaces. Et bien sûr il y a des animaux bien plus petits et bien plus discrets auxquels je n'aurais pas pensé et que surtout on ne remarque guère, comme les castors par exemple. Bref, la faune sauvage se porte plutôt de mieux en mieux. Ce qui est le plus positif, c'est la rapidité de retour d'espèces en danger à partir du moment où les bonnes mesures sont prises ! Depuis l'écriture de ce livre il y a eu le Covid et le premier confinement mondial qui a confirmé que l'animal se réadapte très vite à l'absence de l'homme !
Ce livre est très pointu, j'ai eu du mal avec les chapitres concernant les régions de France que je connaissais le moins, mais pour les régions que je connaissais le mieux (Franche-Comté, région PACA et Bretagne), ce n'était pas difficile du tout à suivre. Donc, pas tant que ça un livre de spécialistes : à chacun de commencer par les régions et types de paysages qu'il connaît le mieux, avant de passer aux autres !
Je suis par contre beaucoup plus sceptique sur le plaidoyer utopique sur la faisabilité et la viabilité économique, ou plutôt sur la possibilité de convaincre les décideurs. Cet aspect-là me paraît relever tout de même de l'utopie, malgré la démonstration. Sans compter qu'il y a urgence pour les insectes, les batraciens et les petits oiseaux, et que pour ces espèces-là, très dépendantes de l'activité humaine, des pesticides et de la qualité de l'eau, c'est une autre histoire !
Un livre à offrir à tout éco-anxieux, histoire de lui remonter à juste titre le moral !

Un petit ouvrage instructif avec une revue précise et accessible des différentes composantes, animales et végétales, des grands milieux naturels de notre pays.
Qui enrichit notre regard, ou plus exactement nous donne des éléments de conscience dans le regard généralement hâtif que nous posons sur ce qui nous entoure.
Je ne suis pas un spécialiste capable d'apporter une quelconque contradiction sur la thèse de ce livre (il n'y en aura pas que cela m'étonnerait) et les solutions énoncées remarquables par leur simplicité pour le développement harmonieux de la nature.
Mais cela sonne « juste ».

Et l'optimisme qui se dégage d'une lecture aisée, rigoureuse et accessible, avec des cartes nous met un peu de baume au coeur !
Il n'y a plus… qu'à agir et à espérer que le« petit bréviaire à l'usage des décideurs » à la fin de l'ouvrage leur parvient !
A lire et à glisser entre deux ouvrages littéraires.

Ré-ensauvageons la France ne raconte pas le cauchemar de Gérald Darmanin. Ce n'est pas un plaidoyer pour l'ouverture de toutes les prisons. Non, c'est un plaidoyer pour le retour de véritables zones de non-interventions humaines sur notre territoire.
Je schématise, mais en gros, c'est ça. Les deux auteurs, tous deux scientifiques et très documentés, à la pointe du sujet, commencent par dresser le constat suivant: la France a tout pour être un pays d'une immense diversité et beauté naturelle, et pourtant... pas tant !
On a ensuite droit à un tour de France des situations selon le milieu ou la région, avant de voir les pistes proposées.
C'est donc très instructif, comme je l'ai dit on peut vraiment pousser un sujet en particulier en se référant à la bibliographie, mais rien que ce qui est présenté ici, dans ce pourtant court opuscule, est passionnant.
Les chiffres amenés sont éloquents, tant sur le danger qui plane sur de nombreuses espèces, que sur la capacité de la nature à la surabondance dès qu'elle est laissé un tout petit peu tranquille.
De nombreuses pistes proposées semblent n'être que des broutilles dont on se demande pourquoi elle ne sont pas déjà appliqués (ou comment on a pu en arriver là, à devoir se battre pour annuler certaines pratiques aberrantes !), d'autres au contraire relève un peu plus de l'utopie politique.
Car si du point de vue du naturaliste, tout est très facilement justifiable, du côté politico-sociétal (soyons gentil et ne jetons pas la pierre au seul politique), les choses sont plus compliquées, et les réticences importantes..
Surtout que - et c'est le reproche principal que je ferai à ce livre, et que j'ai déjà fait à sa version étendue à l'Europe (L'Europe Réensauvagée)- ce livre fait assez peu de place à l'homme. On ne sait pas comment l'être humain cohabite avec les animaux, les insectes, les rivières et les forêts dans la vision de Gilbert Cochet et Stéphane Durand. Car s'ils défendent la soutenabilité économique de leurs idées, on se doute qu'elles vont changer notre façon de vivre, en mieux on l'espère, on le pense, mais tout de même bouleverser nos habitudes. Alors comment nous voient-ils au milieu de cela ? Et bien on ne le sait pas... Dommage, il faudra essayer pour le voir !

Un livre très optimiste qui relève le moral. Tout n'est pas perdu ! Beaucoup d'espèces pourraient revenir et la nature très vite retrouver ses fonctions écologiques si on enlève les barrages, si on arrête la chasse et la pêche, si la PAC ( Politique agricole commune) n'était plus qu'un mauvais souvenir… Donc une belle utopie, mais qui fait du bien, surtout si on s'appuie sur quelques succès épars dans notre pays, et les reconquêtes sauvages de nos voisins, Allemands en particulier. La richesse de notre géographie alliée à la croissance de la conscience environnementale et à la présence de plus en plus de naturalistes sur le terrain sont de bons atouts pour y croire. Un plaidoyer court et précis pour un sujet qui me tient à coeur : la non-intervention sur la nature, laisser les forêts et les mers se reconstituer librement. Leur thèse, c'est que l'homme doit se retirer avec humilité et adopter une position plus contemplative, sans pour autant faire chuter l'économie qui se baserait sur un tourisme plus éclairé. Pour valider cette thèse de la liberté, les auteurs n'ont eu d'autre choix que de démontrer la validité économique générée par une nature sauvage reconstituée. En somme, sauvons les bêtes pour jouir de les filmer et en faire du fric : normal pour ces deux conseillers scientifiques du cinéaste Jacques Perrin, par ailleurs authentiques naturalistes.
Ca reste un livre de spécialistes, alors que je crois que seule la proximité avec la nature permet de l'aimer et de la protéger, et que cette proximité ou cette immersion amoureuse ne doit pas être réservée à des experts, même doués des meilleures intentions.

L'excellente collection Mondes sauvages chez Actes sud arrive en Babel, comment résister?



Les auteurs sont conscients des potentialités offertes par la France, en paysages, en terroirs, en animaux qui pourraient revenir, en cours d'eaux, etc. Travailler à aider plantes et animaux à revenir sur notre territoire serait parfaitement viable ... et attractif pour le tourisme. Ils rêvent déjà d'ours attrapant les saumons dans les Pyrénées.

En attendant, il y a du travail, mais ce qui m'a plu dans ce livre c'est que l'on n'en ressort pas désespéré mais plutôt admiratif. La bataille sera dure mais elle n'est pas perdue. Ce qui marche très bien chez nos voisins, pourquoi pas en France? (oui, je sais, certains lobbies)

Je retrouve des idées déjà abordées dans Chaudun : les populations d'ongulés se régulent très bien toutes seules, en présence de leurs prédateurs (je parle du loup, pas des chasseurs). "Il est désormais prouvé scientifiquement que des populations importantes d'ongulés sauvages détournent les loups des troupeaux de moutons." "L'Allemagne héberge 45 meutes de loups essentiellement en plaine et dans des régions beaucoup plus peuplées que chez nous." Les loups imposent un qui-vive aux ongulés qui les empêchent de trop rester tranquilles à boulotter la végétation.

Ce livre parle aussi de plein de bestioles, le castor (il revient!), le pygargue (il revient!). Tous les écosystèmes sont étudiés (sans longueurs) et franchement ça donne envie de les voir redevenir un peu plus sauvages et peuplés.

Rêvons, ça fait du bien!
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