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EAN : 9782702434581
260 pages
Le Masque (16/11/2011)
3.55/5   42 notes
Résumé :
Un soir, Bill se rend sur les lieux d’un accident de voiture. Au volant, une superbe jeune femme, Alice est blessée. Bill l’emmène à l’hôpital, et rapidement en tombe amoureux. Alice est costumière pour le cinéma. D’ailleurs, six mois plus tard, Bill et Alice se marient. Lora, qui est institutrice, va réussir à faire embaucher Alice dans son école.

Sauf que, avec ce mariage, Lora y perd beaucoup. Malgré la gentillesse de Alice, malgré sa volonté de se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Vénéneux, capiteux , noir et élégant…

1954, Los Angeles.
Lora King vit avec son frère depuis le décès de leurs parents. Elle est enseignante dans une école de filles, il connait une ascension fulgurante dans son métier de policier. Elle prend soin de lui, il la protège et tout va pour le mieux , jusqu'au jour où , un accident de voiture impliquant une belle et sombre inconnue se finit par un mariage.
Alice devient alors, la belle- soeur de Lora qui part s'installer seule, dans un appartement… La jeune mariée s'investit corps et âme dans sa nouvelle vie, débordant d'énergie, et devient une parfaite maitresse de maison, cuisinant mieux que ses voisines, faisant les plus belles fêtes y invitant souvent ses anciens amis . Alice fascine, Alice séduit .
"[ Les collègues de Bill ] observent sa façon de marcher, de se déhancher, sans aucun désir de provoquer, mais en dégageant l'impression qu'elle en sait plus que toutes les autres. Une femme comme ça , semblent-ils penser, une femme comme ça a vécu".
" Bill, ils ont l'impression que, d'une certaine façon, derrière son visage à tomber par terre, elle ressemble plus aux femmes qu'ils croisent dans leur boulot, en patrouille(…)"
Et Lora aussi, observe Alice, qui ne ressemble pas aux autres gentilles épouses de policiers, Alice qui n'a pas de passé , pas de famille , juste de vieux "amis" .
Et Lora va faire plus qu'observer, elle va poser des questions et devenir l'Alice de la bibliothéque verte et passer ainsi, de l'autre côté du miroir ......
Fascination, jalousie, manipulation, dissimulation, répulsion s' entremêlent dans un ballet gentiment pervers .
Megan Abbott excelle dans le roman noir , elle excelle à distiller une ambiance mystérieuse, envoutante ( et poétique aussi parfois ). Cette auteur écrit divinement bien, ses descriptions installent des atmosphères cinématographiques.
Son Los Angeles de 1954 me parle, j'imagine des vêtements, des coiffures, des motels miteux , une bande son ; Red room lounge devient un film , ou un tableau de Hopper…
Megan Abbott doit beaucoup aimer le cinéma , c'est dommage que le cinéma ne se soit pas encore intéressé à son oeuvre… Etonnant …
Le titre original " colle " beaucoup mieux à ce roman, "Die a little " (tiré d'un morceau de Gershwin ).
On meurt toujours un peu, on laisse toujours un peu de soi lorsqu'on s'approche un peu trop prés des ténèbres...
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Voici un court et agréable roman noir situé dans les coulisses de l'usine à rêves d'Hollywood dans les années cinquante (bande son jazzy, ambiance enfumée garanties).
On sort du cadre classique du triangle amoureux constitué habituellement autour d'une femme fatale, pour une confrontation féminine entre belles-soeurs, d'abord amicale puis tendue et finalement fatale, qui ne manque ni piment ni d'originalité.
La lecture est agréable et se révèle déroutante, puis captivante. La tension monte, on ne voit pas où on va arriver mais on se doute que ça va mal finir. le personnage principal, la narratrice, qu'on prendrait facilement pour une oie blanche, dont les yeux s'ouvrent au fil de l'enquête qu'elle mène sur le passé de sa belle-soeur, nous conduit dans les arrière-cuisines de la cité des anges où la cuisine est toujours aussi peu ragoutante. Les stars et les starlettes passent, les pratiques perdurent.
On pourrait regretter quelques invraisemblances, et certains personnages un peu faibles ; ainsi l'inspecteur Cudahy, s'il semble plus athlétique que son collègue Columbo, s'il dispose, contrairement à l'homme à l'imperméable fripé, d'un carnet de notes, d'un stylo et d'un véhicule en état de fonctionner, ne semble pas doté de la même capacité à résoudre les affaires qui lui sont confiées. Bill, le frère et mari paraît bien effacé, totalement sous l'emprise de sa si charmante épouse, alors même que sa profession d'enquêteur et la réflexion d'un de ses collègues pourraient tout de même lui mettre la puce à l'oreille…
« Charlie Beauvais l'a dit un jour. Il l'a dit à Bill alors que j'étais à proximité. Il a dit : "Ne t'en fais pas, mon pote, ne t'en fais pas. Ce n'est pas qu'ils la désirent (ta femme). C'est juste qu'ils ont l'impression, mais ils se gourent, ils se gourent complètement, Bill, ils ont l'impression que, d'une certaine façon, derrière son visage à tomber par terre, elle ressemble plus aux femmes qu'ils croisent dans leur boulot, en patrouille, sur une affaire ou au poste. Des femmes avec un passé aussi long que leur casier judiciaire et leurs jambes qui se balancent..."
La chute, tortueuse à souhait, est suffisamment surprenante pour faire de ce premier roman une réussite, en dépit des quelques petites faiblesses évoquées qu'on mettra sur le compte d'un premier roman.
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Die A Little
Traduction : Jean Esch

ISBN : 9782253151516

Il s'agit du premier roman publié par l'auteur. Et l'on y retrouve la "patte" qui fait de cette femme un écrivain de romans noirs d'une rare intensité. du coup, je vais me relire "Vilaines Filles" et même "La Fin de l'Innocence" : vous connaissez mon refrain, peut-être, la première fois que je les ai parcourus, n'était-ce pas la bonne heure pour eux.

Pour "Die A Little" - j'adore le titre original ;o) - c'était le moment, c'est sûr. Au départ, un frère et une soeur, Bill et Lora King. Ils ont toujours été très proches, tant dans leur enfance que durant leur adolescence et même quand a sonné pour eux l'heure de l'entrée dans l'âge adulte. Lui, en pleine préparation de son concours d'entrée dans la police et elle étudiant pour devenir enseignante, tous deux ont trouvé tout naturel d'emménager à L. A. dans le même appartement. Sans l'être vraiment, ils agissent un peu l'un envers l'autre comme le feraient de parfaits jumeaux.

Un jour, lors d'une aventure un peu rocambolesque, débarque dans leur vie Alice Steele, une jeune femme qui ne semble pas avoir de passé - en tous cas, son enfance fut certainement très différente de celle des King - qui est belle sans l'être et qui se trouve à l'aise dans n'importe quelle situation. Si l'on prend un par un les détails de sa personne, elle est maigrichonne et banale, voire laide. L'ensemble réuni, quand elle le fait bouger, rire, parler, chanter, fait d'elle une vraie beauté dotée de ce glamour que portent aux nues les films hollywoodiens. Bill est vite conquis. Sa soeur, moins facilement même si Alice la fascine, comme elle fascine tant de gens. Mais Bill est heureux et Alice, nullement hostile : n'est-ce pas ce qui compte ?

Ainsi s'écoulent les premiers temps d'un mariage-modèle. Et puis, peu à peu, Lora se met à enregistre les petits détails qui ne vont pas, ces petits plis qui marquent une robe parfaite là où ils ne devraient pas, ces taches infimes qui parsemaient si souvent les robes des vedettes de l'écran que retouchait Alice quand elle était costumière et que le studio finissait par céder gratis à ses employées parce qu'elles étaient trop usées, ou trop rêches, ou pas assez ceci, ou trop cela pour les stars ...

Alice a un passé. Comme tout le monde . Dans la jungle hollywoodienne, dans la jungle urbaine en général, ce n'est pas une tare : c'est pratiquement une nécessité . La première idée qu'on se fait, c'est que, en épousant Bill, Alice, comme toute jeune femme ayant un passé, cherchait à échapper à celui-ci. Là non plus, il n'y a pas grand mal à cela : c'est humain. Mais tout s'effondre lorsque, à la fin, le lecteur se rend compte, par les yeux et la voix de Lora, que la jeune femme rêvait en fait d'avoir les deux : la vie exemplaire d'une maîtresse de maison incomparable et celle, plus douteuse et s'effaçant dans les brumes de l'alcool et des drogues, d'une prostituée hau-de-gamme qui avait pour point de chute le "Red Room Lounge."

Le beurre et l'argent du beurre, dirait-on en français ... Mais nous savons bien que c'est impossible. Enfin, disons que, si l'on y parvient un temps, ça finit toujours mal. Et comme nous sommes dans un roman noir, ça finira forcément mal.

Dans son genre, Megan Abbott sait poser une ambiance : résolument américaine, résolument glauque, fourmillante de questions et de silhouettes qu'on aperçoit ou qu'on entr'aperçoit, avec une bonne dose de violence mais décrite du point de vue de la femme (on n'est pas obligé d'écrire comme un homme pour évoquer la violence dans un roman noir : au contraire, le point de vue féminin constitue un changement intéressant et incite le lecteur - y compris le lecteur mâle - à cogiter pas mal ) et toujours le rappel que, en chacun de nous, peut (et doit) se dissimuler un "ange noir." A nous de le faire vivre ou de réprimer ses pulsions mensongères et extrémistes.

Mais justement, après la disparition de sa belle-soeur, disparition qui la met en principe à l'abri du monde interlope qu'elle continuait à fréquenter en cachette et où avaient fini par l'entraîner ses mensonges et ses manigances, Lora King pourra-t-elle réprimer encore longtemps l'essor de son propre "ange noir" ? ...

A lire. Surtout que les vacances seront bientôt là. Mais n'oubliez pas que Megan Abbott fait dans la subtilité et que chaque mot compte. ;o)
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Après deux romans publiés en France, Megan ABBOTT n'est déjà plus à présenter. Ses livres « Absente » et « Adieu Gloria » ont rencontré immédiatement leur public et su séduire les critiques.

Petit brin de femme très enthousiaste dans la vie, elle n'en cache pas moins derrière cette apparence frêle, décontractée et débonnaire, un auteur à l'écriture et à l'imagination redoutables. Capable de faire naître par petites touches, une atmosphère, d'infuser en quelques mots une tension qui n'aura de cesse d'aller crescendo, elle a cette capacité extraordinaire à captiver son lecteur, pour le conduire où bon lui semble.

Mais ne nous méprenons pas, Megan ABBOTT n'est pas un auteur de l'action, elle n'écrit pas au marteau et au burin, ne manipule pas la dynamite, ne joue pas sa partition au bruit des balles et des explosions. C'est une ciseleuse de mots, une polisseuse d'idées, un écrivain qui travaille le détail. Son style est sobre et économe. Et c'est cette sobriété, le choix de ces mots choisis avec soin pour intégrer l'écrin de son histoire qui donnent à celle-ci toute sa puissance.

Car nul besoin de spectaculaire pour être efficace. Avec son art maîtrisé de l'écriture, Megan ABBOTT préfère mettre en avant la psychologie de ses personnages. Pas d'artifice, la nature humaine dans sa force et ses faiblesses, dans sa réalité et son paraitre. Il en ressort au final un roman entier, plein, chargé d'émotions et percutant.

Avec « Red room lounge » il encore question de femmes. Et quelles femmes ! Fatales,hq 001 déterminées, douces parfois, dures aussi. Et la plume de Megan ABBOTT de nous rappeler que la femme n'abandonne pas, que c'est un félin qui ne rentre jamais les griffes. Elle affute sa patience quand d'autres aiguisent des lames ou chargent des barillets. le temps est son allié, la vérité sa détermination, la psychologie son arme de prédilection.

Lora King vit seule avec son frère Bill, dans la maison de leurs parents décédés. Lui est policier, elle enseignante. Une vie bien réglée dans laquelle l'un est l'univers de l'autre tant la complicité qui unit frère et soeur et quasi fusionnelle, au point que le lecteur peut se demander jusqu'où celle-ci pourrait aller.

Pourtant un jour Bill rencontre une femme, Alice, habilleuse dans un studio hollywoodien. C'est le coup de foudre et les noces qui suivent à peine quelques mois plus tard. Pour Lora c'est un chambardement qui s'opère dans sa vie. La voilà obligée de cohabiter avec Alice, même si elle a pris soin de se trouver un appartement.

Bill est comblé. Les deux femmes de sa vie se comportent comme deux soeurs. Souvent ensemble, partageant tout, préparant les fêtes qu'Alice organise en son honneur. Lora n'ira-t-elle pas jusqu'à faire embaucher sa belle soeur comme enseignante dans l'établissement où elle exerce ?

Pourtant la réalité est tout autre. Un malaise diffus habite Lora au contact d'Alice. Il faut être une femme sans doute, pour saisir sur l'instant, ce que les autres ne voient pas : une absence fugace, une posture qui trouble la réalité et alerte vos sens. Lora devine que quelque chose cloche chez Alice, sent une menace sourde s'approcher de son frère.

Alors elle va creuser le passé d'Alice, ce passé qui se dérobe chaque fois qu'il est évoqué, et va s'enfoncer dans une noirceur sulfureuse qu'elle n'avait pu imaginer.

Il ne manque rien dans ce roman qui voit l'action se situer dans les années 50. Tous les stéréotypes sont réunis : les femmes fatales, les voitures rutilantes, les volutes de fumées, l'alcool, les machos. Ce roman est un film couché sur page.

Et c'est une vraie réussite à plus d'un titre. D'abord parce que c'est un roman féminin. Pour une fois l'homme n'occupe pas le devant de la scène.

Ensuite parce que Megann ABBOTT à l'intelligence de ne pas faire de cette confrontation entre ces deux femmes un duel. Bien que sa vie soit chambardée par l'arrivée d'Alice, Lora lui laisse la place d'entrer dans celle de Bill, essaye de s'entendre avec elle. A aucun moment elle n'essaie de reprendre ce qu'elle a perdu par amour.

Ce n'est que lorsqu'elle sentira qu'une menace peut mettre à brève échéance l'équilibre et la vie de son frère en danger qu'elle changera progressivement d'attitude et cherchera à le protéger de ce qu'il ne voit pas, et qu'elle finira par refermer la parenthèse.

A mon sens, tout l'intérêt de ce roman réside dans ce jeu d'attirance et de répulsion entre ces deux femmes qui représentent deux mondes qui se côtoient sans jamais pouvoir se confondre. Partant d'un gros plan sur la vie de ses personnages, Megan Abbott opère un travelling plus large sur cette Amérique des années 50, partagée entre d'un côté celle puritaine, à la vie bien rangée, et celle sulfureuse, de l'industrie du cinéma, du sexe de la drogue et de l'alcool.

Ce roman est en fait antérieur à ceux déjà publiés en France. Il laisse augurer tout le talent de cette nouvelle plume venu d'outre atlantique et qui allait faire le succès d « Absente » et « Adieu Gloria ». Et on attend déjà le suivant avec impatience !
Lien : http://passion-polar.over-bl..
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Bill et Lora coule une vie paisbile dans une petite maison de la banlieue de Los Angeles. Lui est flic au bureau du procureur et elle enseignante dans un lycée pour filles. Leur vie bascule le jour où Bill rencontre Alice, une jeune costumière pour un studio. Alice est une beauté incendiaire. Bill perd la tête pour cette femme et décide de l'épouser. La fin du rêve pour Lora qui doit quitter son frère. Car Bill et Lora sont frère et soeur.
Si les deux femmes deviennent amies, et même soeurs, c'est avant tout pour faire plaisir à Bill. Mais très vite, Lora soupçonne sa belle-soeur de ne pas être la femme irréprochable qu'elle donne à voir.

Avec ce roman, au doux accent Hollywoodiens, Megan Abbott dépeint brillamment les relations humaines et tout les enjeux qui en découlent. L'atmosphère est en parfaite harmonie avec les thèmes abordés et la montée crescendo de l'intrigue.
Un roman très bien mené qui se lit d'une traite et qu'on ne veut pas lâcher avant de connaître l'issue du duel entre les deux femmes. Un vrai régal.
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critiques presse (1)
LesEchos
13 décembre 2011
Obsédé par la résolution du « mystère Alice », le lecteur ne voit pas tout de suite le piège tendu par Megan Abbott : il est dans la peau de Lora -c'est elle la narratrice, la « détective », la justicière -forcément innocente ? Au fil des pages la romancière nous fait appréhender la personnalité ambiguë de la jeune enseignante.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Cette nuit là, dans mon appartement, et d'autres nuits également, blottie sous les couvertures, je regarde les ombres sur le mur et j'imagine des rencontres avec des hommes, je rencontre des hommes comme dans les films, comme Alice et ses mystérieuses amies en rencontrent - dans les histoires qu'elle raconte, du moins - , des hommes croisés dans le bus entre deux arrêts, dans le rayon des surgelés, au Woolworth, alors que j'achète une bobine de fil, au kiosque à journaux alors que je feuillette Look, dans des halls d'hôtels, dans des restaurants-boites de nuit, au moment où je fais signe à un taxi, où je regarde les vitrines. des hommes avec des feutres mous et de fines moustaches, des hommes avec des chemises Arrow et des cheveux brillants, des hommes qui se précipitent pour vous ouvrir la porte et vous donne le bras pour enjamber une flaque dans la rue, des hommes avec des parapluies, au cas où vous en auriez besoin, des hommes qui vous retiennent fermement lorsque le bus fait une embardée avant que vous ayez pu vous asseoir, des hommes aux yeux scintillants qui semblent savoir quel manteau vous essayez de décrocher des patères de la cafétaria, des hommes aux joues lisses qui sentent l'après-rasage aux effluves de citron vert et vous commandent un gin tonic avant même que vous sachiez que vous en voulez un.
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Cette résidence est délabrée, mais il ne s'agit pas de ça. C'est autre chose. Une chose que je ne peux pas nommer. Les portes fines comme du papier, les épais rideaux aux fenêtres, le bruit étouffé d'une personne qui pile de la glace, avec acharnement, le bourdonnement sinueux d'une radio qui diffuse une musique monocorde, juste un martèlement sporadique, et le murmure vague d'un chat délaissé. Derrière toutes ces portes , quelque chose s'achève. Des impasses.
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Pour leur lune de miel, juste avant la Saint-Sylvestre de 1954, mon frère et sa nouvelle épouse se rendirent à Cuba pendant six jours. (…)
Ils revinrent en flottant sur le nuage de leur beauté, de leur magnifique passion commune. Il y avait quelque chose de vaguement obscène dans le fait de les regarder. On aurait dit qu'ils n'étaient que deux corps. Ils semblaient porter leurs organes internes trop près de la peau.
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[...] ... Comme pour m'arracher à ce spectacle, Alice me prend par le bras et m'oblige à m'asseoir à côté d'elle sur l'impitoyable canapé.

- "Comment te sens-tu ?" demande-t-elle à Lois qui fait les cent pas devant nous, nerveusement, vêtue d'un kimono à l'aspect coûteux, cousu en appliqué.

-"Comment vous me trouvez ?"

Elle se tourne vers nous, avec ses yeux de raton-laveur, la sueur marbre son visage et son cou. J'entends à nouveau le bruit de glace que l'on pile. Et un robinet qui goutte lentement dans la salle de bains.

Lois regarde Alice.

- "Pourquoi tu l'as amenée ?"

Gênée, je me tourne vers Alice.

- "Tu m'as appelée pour me dire que tu avais quarante de fièvre. J'ai pensé qu'elle pourrait être utile."

Alice est d'un calme étrange, inquiétant. Elle ouvre son sac pour prendre une cigarette.

Lois plisse les yeux.

- "Je sais pourquoi tu l'as amenée."

Alice allume sa cigarette, secoue l'allumette et la lance sur la table basse.

Dressée sur les orteils de ses pieds blancs et brillants, Lois attend.

Alice se contente de sourire et de souffler une longue volute de fumée.

Le silence devient insoutenable, alors je hasarde :

- "Alice se faisait du souci."

Lois me regarde un court instant, puis reporte son attention sur Alice, la froide et implacable Alice.

- "C'est pas pour ça qu'elle t'a amenée, ma jolie," dit Lois comme si elle ruminait une idée. "Elle veut me mettre au pied du mur, voilà tout."

Elle frotte le côté de son visage avec sa main, puis ajoute :

- "Tu pourrais nous laisser une minute ?" ... [...]
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Nous écouterions de la musique et il me parlerait de l'enquête qui le tracassait, ou bien je lui parlerais de l'élève qui me posait des problèmes, et la nuit se replierait sur elle-même agréablement .
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Videos de Megan E. Abbott (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Megan E. Abbott
Megan Abbott explique la génèse de « Première ». Elle nous livre quelques indices sur l'histoire ce nouveau roman, dans lequel l'univers de la danse est omniprésent. Un incendie embrase la prestigieuse école de danse des soeurs Durant. L'arrivée d'un homme, Derek, en charge du chantier, va faire voler en éclat l'équilibre précaire de ce monde de violence et de compétition.
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