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EAN : 9782888920205
144 pages
Xenia Editions (20/01/2007)
3/5   1 notes
Résumé :
144pages. in12. Broché.

Réflexions d’un inhumaniste
Avec son invention verbale, ses grandioses visions uchroniques, son sens swiftien de la satire, Jean-Claude Albert-Weil est peut-être le dernier auteur maudit de la littérature française. Dans cette confession déroutante, il est question de style romanesque aussi bien que de nos origines extraterrestres, d’écologie et d’éducation, de souffrance animale et d’aveuglement humain, de sexe et de po... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Qui suis-je ?


 Sans grande présomption, je me considère
aujourd'hui comme le seul écrivain inhumaniste.
L'homme raconte ses salades, il ne faut pas qu'il
s'imagine être autre chose qu'une petite mécanique,
prise dans son horreur journalière. J'ai toute une
théorie de « l'habillage » chez l'homme, j'en parlerai.
Les écoles yogiques préconisent le déshabillage, on
enlève une épluchure, puis une autre, jusqu'à arri-
ver au noyau du moi, c'est-à-dire probablement le
vide. En attendant, l'homme passe sa vie à habiller
sa propre vie et à habiller le monde. Il ne peut pas
vivre de sa nullité essentielle. C'est chose impossible.
Le décorum est indispensable. C'est pourquoi il se
construit une image de lui qui vient faire écran à son
image réelle qu'il ne connaît pas. C'est pour cela qu'il
interroge sans cesse les autres sur lui, se déguise, se
maquille. On veut un réel autre que le réel effectif, un
irréel illusoire, chérubinique.

p.15
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Qui suis-je ?


Je ne peux admettre que nous, humains, soyons
soi-disant supérieurs. Il suffit d'aller dans la rue. Je
suis un véritaire. Je vois bien que les gens sont laids,
globalement lâches, serviles et acrimonieux. Le seul
homme que l'on peut admirer, c'est l'homme blessé,
le mourant, le malade. Le destin du souffrant, oui, me
touche.
Ma position centrale, c'est de me recommander et
de m'inspirer de la philosophie de Swift, c'est-à-dire
la négation de la prétention humaniste qui voile la vérité
humanienne aux quelques hommes de clairvoyance.
Cette prétention est une erreur, même si c'est une
erreur positive qui ouvre des horizons à notre destin.
L'inhumanisme n'est partagé que par très peu
de gens, c'est mon originalité d'écrivain : ma vision
archi-haineuse de l'adorable race humaine. Il paraît
que Swift a sombré, étant vieux, dans une espèce de
folie scatologique, merdophile. Je comprends il n'y
a pas chez moi un goût forcené pour la propreté. La
saleté est une transgression, la merde une provoca-
tion. L'homme se croit beau, intelligent, sublime, lui
signifier le contraire, voilà en quoi consiste mon inhu-
manisme, qui est une réaction antihumanisme, mais il
fallait l'étiqueter, le labelliser philosophiquement….
p.16
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Sont les oiseaux


Extrait 3

C'est la même chose en natation. L'homme cherche
des sensations de transhominisation. C'est un besoin
de nourriture absoluïde. Se rapprocher de l'absolu,
qui nous appâte constamment. Toujours vers la déité
libertaire, libertudinaire, celle du langage, celle des
oiseaux. " Sont les oiseaux ", tels sont les derniers
mots d'Europia. Il y a une corrélation entre un désir
de liberté et mon dégoût des pesanteurs corporelles,
des grammaires. Les Oiseaux d'Aristophane recoupent
exactement mon propos : ce sont des individus qui ne
veulent plus vivre en ville, dans la ville athénienne, où
il y a des procès et des conflits à répétition. Ils veulent
vivre ailleurs. Un homme s'est transformé en oiseau,
ses congénères veulent le rejoindre.

p.56
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Sont les oiseaux


Extrait 1

On fait tout ce qu'on peut pour sortir de la condi-
tion humaine, mais on relève de cette condi-
tion. On peut tirer sur les mailles du vocabulaire, on
ne sortira pas des mots. On peut faire de la musique
atonale, mais elle doit rester musicale. On est pris
dans l'anthropomorphisme. C'est la fonction de l'at-
tiste : il sait très bien qu'il travaille dans l'inabsolu,
mais il le cherche malgré tout, cet absolu. On cherche
à agrandir le champ de la conscience artistique. Mais
même en se livrant aux plus grandes gymnastiques de
mots, on ne parviendrait pas à créer une langue qui
serait incompréhensible pour les hommes et compré-
hensible pour les anges. Si j'avais trouvé la langue des
anges, j'aurais franchi un palier.

p.55
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Sont les oiseaux


Extrait 2

   Le langage, c'est une combinatoire absolument
infinie, ça donne plus exactement une idée de l'infini.
C'est la raison pour laquelle écrire est bon. Pour se
soigner, pour survivre. Quand je me réveille le matin
et que les objets tombent autour de moi, j'éprouve
une lassitude totale devant la pesanteur. En tant que
diabétique, j'ai des troubles de l'équilibre. J'aimerais
échapper à la lourdeur du corps, c'est un vœu impos-
sible. Chacun d'entre nous a un désir d'exhominisa-
tion. Sortir de l'homme. Quand on fait du ski, surtout
au commencement, en cherchant un nouvel équilibre,
on est comme un oiseau, on vole, on voltige. C'est
un sentiment de sortir enfin de la corporéité lourde.

p.55-56
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