Nouvelle déception après J. R. Ellory : le dernier
Peter May… Je n'ai rien lu de cet auteur qui m'ait enchantée autant que sa trilogie écossaise, mais je suis loin de connaître tous ses romans. le prologue de
Rendez-vous à Gibraltar nous plonge dans le vif du sujet. Malaga, une luxueuse villa en bord de plage. Un vieux monsieur constate qu'il y a de la lumière et aperçoit des silhouettes dans la maison d'à côté. Or son voisin l'a averti qu'il partait pour quelques jours. Que faire sinon prévenir la police ? Un drame se jouera quand deux policiers investiront la maison. le propriétaire, Ian Templeton, qui a différé son départ, panique et tire sur une ombre qu'il prend pour un cambrioleur. Il vient de tuer la femme qu'il aime et qui porte son enfant. Ivre de colère, il rejette toute la faute sur Christina, jeune policière espagnole, et jure de se venger. On apprend très vite que Ian Templeton s'appelle en réalité Jack
Cleland et qu'il est recherché par la police. Il s'agit d'un dangereux trafiquant de drogue. John Mackenzie, atypique policier écossais en délicatesse avec sa hiérarchie, est sollicité pour le rapatrier à Londres parce qu'il parle l'espagnol.
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Si la personnalité de
Cleland est peu convaincante dès la fin du prologue, celle de John Mackenzie est intéressante, même si on a déjà rencontré ce genre de personnage sous d'autres plumes : surdoué, mal à l'aise en société, voire asocial, incapable d'arrondir les angles, agressif et coléreux, il arrive pourtant à être sympathique, sans doute parce qu'il est aussi conscient de ses manques que de ses atouts, et qu'il est doté d'un solide sens de la dérision.
Peter May nous fait visiter l'Andalousie d'après la crise et du marasme financier qui s'en est suivi : immeubles inachevés sur le bord de mer, hôtels de luxe vides, fermés, abandonnés même, et trafics de toutes sortes qui prospèrent, qu'il s'agisse de drogue ou d'êtres humains (sujet à peine effleuré). L'auteur nous fait aussi côtoyer la famille que forment Christina, son mari et son fils, en posant sur le couple le regard de l'étranger. En fait, il sera surtout question de la tante de Christina, Ana, sourde et aveugle à cause du syndrome d'Usher, une maladie génétique. Mais comment croire à ce qui arrive à cette femme après tant d'années ? Comment ne pas se lasser de cette enquête hachée et basée sur de bien peu probables hasards successifs ? Comment accorder le moindre crédit à la plupart des agissements de
Cleland ? Comment ne pas voir arriver le final cousu de fil blanc ? Bref, malgré le talent de l'auteur perceptible ici et là, grosse déception !