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EAN : 9782714311917
400 pages
José Corti (09/11/2017)
4/5   8 notes
Résumé :
Sauver, guérir ou du moins faire du bien, tels sont les mots d’ordre, souvent explicites, placés au coeur des projets littéraires contemporains.
Refusant de devenir un jeu postmoderne ou une simple dilection d’arrière-garde, la littérature française d’aujourd’hui a l’ambition de prendre soin du moi, mais aussi des individus fragiles, des oubliés de la grande histoire, des communautés ravagées et de nos démocraties inquiètes.
En s’intéressant de manièr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Faisant le constat que se multiplient la diffusion de commentaires contemporains sur les romans qui "font du bien", ont un effet "thérapeutique", jusqu'à mentionner des cas de prescriptions médicales à lire des romans (chap.6), l'auteur décline les thèmes de la littérature qui, elle, aurait pour objet de produire un effet de guérison chez les lecteurs : retrouver une individualité, un sens à son existence, soigner des traumas, apaiser le deuil, les tortures de la maladie, se réinsérer dans la société, appréhender le monde, refermer les blessures du passé.

Le nombre de romans abordés est impressionnant et constitue une bonne liste de lecture. J'ai cependant regretté l'emploi fréquent de termes et expressions métaphoriques (réparer, guérir, soigner, etc.) qui finissent par rendre confus l'axe de la recherche par une tendance à reprendre seulement les "mots du présent" qui, s'ils étaient interrogés pourraient permettre, peut-être, de dégager un sens à la tendance contemporaine à donner à la littérature une fonction de soin.
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Thèse d'état publiée chez Corti. Un livre aux tournures complexes mais foisonnant de références littéraires contemporaines. L'auteur s'est donné pour mission de référencer les oeuvres "thérapeutiques" du début 21eme. La part grandissante de l'autobiographie dans la littérature montre combien et comment la présence du "moi" envahit nos bibliothèques depuis un siècle. Raconter l'expérience vécue c'est donner l'occasion au lecteur de se reconnaître et se guérir. Ce que fait d'ailleurs souvent l'auteur au moment d'écrire à la première personne.
Gefen aborde avec mysticisme la littérature. On sent la place sacrée qu'il lui accorde, et sur cet aspect je suis tout à fait d'accord avec lui. Il ne fera certainement pas l'unanimité, mais était-ce le but de Gefen?

Un ouvrage qui m'a marquée et que je recommande.

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A lire absolument si vous êtes étonné-e par la prolifération actuelle des écrits centrés sur le "je" qui ne vous paraissent pas toujours réunir les qualités d'une "vraie" littérature.
Comme l'humeur chagrine et les "c'était mieux avant" ne suffisent pas à endiguer la progression du mal, autant se plonger dans cet ouvrage clair et fouillé qui a le mérite, s'il ne fait pas changer d'opinion, au moins de savoir pourquoi. La réflexion intelligente d'Alexandre Gefen permet de mettre de l'ordre dans ses idées, d'élargir son panorama sur un sujet en constante évolution et sans doute d'augmenter notre tolérance à l'expression d'autrui.
Après cette lecture le terme "exofiction" me hérissera moins.
Une transposition réussie au 21 ème siècle de la querelle des anciens et des modernes...
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Une thèse exploratoire passionnante, servie par un riche parcours littéraire.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2017/11/23/note-de-lecture-reparer-le-monde-la-litterature-francaise-face-au-xxie-siecle-alexandre-gefen/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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critiques presse (3)
Actualitte
16 mai 2019
Dans un essai aussi pointu que stimulant, [...] Alexandre Gefen, [...] dresse un premier état des lieux de la littérature française contemporaine en identifiant comment se dessine son projet et se redéfinit sa fonction.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaViedesIdees
14 juin 2018
La littérature a-t-elle vocation à nous guérir du monde ? Alexandre Gefen examine la passion des romans du XXIe siècle pour la sollicitude, et en interroge les motifs.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
LeMonde
10 janvier 2018
Dans Réparer le monde, le critique Alexandre ­Gefen, directeur de recherche au CNRS, tente de trouver une caractéristique commune à la production littéraire en France depuis les années 1980.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Qu’on y prenne garde : décrire ces discours salvateurs, thérapeutiques ou régulateurs dans toutes leurs modulations, ces interventions, ne constitue en rien pour moi une manière de les justifier ou même d’y adhérer, et ce d’autant moins que ces métadiscours se placent souvent sur un mode autocritique, qu’ils ne se départissent que rarement d’un soupçon et d’une conscience des limites du langage nourrie par la crise de l’humanisme littéraire au XXe siècle, qu’ils font débat entre les écrivains eux-mêmes. Je ne sais pas si les élans lyriques de Pierre Michon dans les Vies minuscules pourront, comme l’auteur le rêve, rendre par la parole la vie à des enfants morts trop jeunes ; je ne sais pas si le projet d’Emmanuel Carrère de témoigner pour les victimes de la maladie ou du tsunami est autre chose qu’une pose pour sortir de l’isolement esthétique ; j’ignore si Annie Ernaux ou ses lecteurs se sont sentis mieux par la mémoire qu’elle a offert à un monde en train de disparaître ; je ne sais pas si la volonté de François Bon de rendre visibles les oubliés, les infâmes de l’ordre social, fait sens. Je ne sais pas même s’il prépare et constitue la possibilité d’une action d’ordre politique ultérieure, ou même d’une attention empathique pouvant présider à des formes ordinaires de soin.
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La littérature d’avant la littérature cherchait à représenter le bien, la littérature d’après la littérature cherche à faire le bien. Autrefois voleur de feu, l’écrivain est désormais une sentinelle du présent ou un témoin de la mémoire, un psychiatre ou un juge, un couturier, un travailleur social, un prêtre ou un enquêteur, un psychologue, un avocat ou encore un garagiste de l’âme : recoudre, aller mieux, aider, guérir, sauver par les lettres, tels sont les mots d’ordre de la littérature du XXIe siècle à l’heure des reading cures ou des peines de lecture. On a vu mon intérêt comme ma perplexité vis-à-vis de telles doctrines où « l’on appelle la littérature à l’aide » : que l’on discerne dans cette transitivité nouvelle un retour fécond et efficace à l’optimisme littéraire humaniste ou une réponse improvisée et utilitariste à la détresse existentielle et sociale du sujet contemporain reste largement une question d’appréciation.
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De la manière que la littérature monde avait accompagné le premier individualisme en offrant des formules d'introspection et de représentation biographiques, la littérature contemporaine intervient pour accompagner le "second individualisme" des années1970, en offrant des modèles adéquats de souveraineté aux identités "situatives", "combinables" et "révisables" et des réponses à la culture du trauma dans des logiques de résultats. Elle est alors supposée protéger par des cadres narratifs l'individu d'instabilités externes tout en lui promettant de devenir à la fois mobile, pluriel et unique. Les oeuvres contemporaines entremêlent ainsi des opérations complexes où il peut s'agir concurremment de supporter l'autonomie expressive et de guérir l'individu de l'illusion de la singularité, de faire deuil et de refuser toute possibilité d'oubli, de mettre en récit le génocides et de les proclamer indicibles, la littéature se définissant alors peut-être comme la capacité même du langage à faire cohabiter ces contradictions discursives. Pour ce faire, la littérature thérapeutique met à service d'une écriture de la réconciliation et du lien les expérimentations formelles et stylistiques propres aux littératures de rupture et de contestation qui définissaient le XXème siècle. Sans qu'il soit forcément facile d'en démêler toujours les sources et les linéaments, plusieurs traits, on l'a vu, caractérisent en définitive ce paradigme qui se donne à interpréter en termes d'anthropologie culturelle : la littérature serait supposée aider tant les communautés que les individus, son action s'exercerait autant par l'appropriation sociale ou individuelle de l'écriture que par la lecture, dont l'effet serait symétrique à celui de la production textuelle. Le récit à la première personne en est la forme privilégié, mais non exclusive, l'action des récits de témoignage ou d'enquête n'étant pas distinguée de celle des récits de fiction : elle est jugée parallèle ou complémentaire. Fortement marquée par son "destinateur", comme on dit en linguistique, cette littérature a des interlocuteurs explicites et des objets définies. L'aide littéraire est invoquée dans des situations où celle-ci est "non substituable", pour employer un vocabulaire médical (fin de vie, non-lieux de la géographie ou de l'histoire), mais aussi dans des cas infiniment plus ordinaires, justifiant une réappropriation original de l'existence sociale ou privée.
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""Quand je suis dans la merde, je chante", a écrit Samuel Beckett. Si son exemple se généralisait, on vivrait en musique", ironise Chantal Thomas en réfléchissant sur les formes modernes de la plainte.
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je défendrai ici l'idée que le début du XXIème siècle a vu l'émergence d'une conception que je qualifierai de "thérapeutique" de l'écriture et de la lecture , celle d'une littérature qui guérit, qui soigne, qui aide, ou, du moins, qui "fait du bien".
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Vidéo de Alexandre Gefen
La littérature n'échappe pas aux dynamiques de la mondialisation : l'accès à des oeuvres de toutes les époques et pays dans toutes les langues interroge sur son évolution vers une "littérature mondiale". Pour évoquer cette notion, Jean-Marc Moura et Alexandre Gefen sont les invités du Book Club de Nicolas Herbeaux.
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