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EAN : 9782844853738
188 pages
Allia (01/08/2011)
3.4/5   25 notes
Résumé :
Dans un univers onirique et mystérieux, père, mère, et grands-parents reviennent d’entre les morts, au gré des souvenirs du narrateur.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Le rythme de ce texte fait qu'on le lit dans un état quasi hypnotique. Il y a du chamane chez cet auteur qui rappelle à lui tous les esprits des morts (sa mère, Babania sa grand-mère dont il sera séparé, son grand-père qui songe devant le feu aux neiges de Finlande où il s'est battu....), qui évoque des épisodes cruels de sa vie, des souvenirs plus ou moins lointains entre rêve et réalité, des animaux (Ami le chien, les chats, un renard, un faucon...) Surgissent par jets, par saccades des scènes qui l'ont marqué, qu'il éructe, vomit et d'autres qu'il murmure, empreintes d'une grande douceur et de tendresse. Il souffle le chaud et le froid. Brûlure à chaque fois, brûlure du chaud, brûlure du froid.

Je l'imagine se balançant tout en scandant son texte dans une sorte de transe. Captée par ce chant heurté, j'ai poursuivi cette lecture violente, envahie d'une infinie tristesse et d'une grande poésie, dans un mélange d'angoisse et de fascination. On en ressort étourdi, sonné, vidé.
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Après deux géants des lettres russes, Pouchkine et Soljenitsyne, je voulais faire un billet sur un auteur russe contemporain.
J'ai hésité entre deux auteurs Vladimir Sorokine qui m'avait estomaqué avec Roman et qui m'a énormément plu avec Tourmente son dernier roman chez Verdier mais je prends le risque de vous parler d'un auteur inconnu, ahurissant, russe mais écrivant en français et auteur d'un petit livre tout à fait stupéfiant.
Tout au long de ma lecture j'ai hésité, j'ai été tentée de fermer ce livre : illisible mais toujours je l'ai rouvert pour rattraper cet auteur sur sa route vers les steppes et le passé.

Premier avertissement les premières pages peuvent rebuter, mais allez y continuez cela vaut la peine
Un retour vers le passé et la famille :
la mère rongée par la culpabilité liée à son métier, elle a avorté des femmes et voit dans ses cauchemars les âmes des enfants jamais nés « Elle était faite pour soigner les morts. Son chef c'était la mort (...) et elle attendait que la mort vienne la soigner. »

L'auteur nous invite à un bal des revenants : le grand-père alcoolique qui a fait deux guerres « dans les forêts de Finlande » la grand-mère babouchka bienveillante « toi Babania ...Toi ma vieille vielle grand-mère. Tant de gens ne savent pas que tu as vécu. »
Le père violent et autour d'eux la steppe « dans la steppe en hiver - l'agonie. Dans ce blanc - l'agonie. »
Tout vient s'entrechoquer : les saisons, l'Arctique, les amis, la prison, la guerre et par là-dessus la poésie plane « Et puis l'odeur du coucher de soleil. L'odeur du soleil endormi. Et l'herbe presque bleue. »
On perçoit dans les phrases haletantes les cris de douleur jusqu'à l'intolérable, la rage absolue, les mots vidés de leur sens, et l'on se sent tanguer à la lecture de ce texte qui interpelle chacun

« Toute la vie on cherche... Quelqu'un. Qui nous vivra après. Qui après notre mort recueillera notre âme. Quelqu'un devant qui t'as pas honte de crever. Quelqu'un à qui tu feras confiance quand il te murmurera - t'es mort. »

A ce repas de funérailles nous sommes convié comme à une descente en enfer. C'est comme s'inviter à l'intérieur d'un tableau de Jérôme Bosch.
Un écrivain qui crache, qui vomit les mots, un récit autobiographique aux antipodes des textes nombrilistes, Dimitri Bortnikov torture notre langue, il invente avec lyrisme, il nous choque au point de ne pas pouvoir oublier sa prose fascinante.
A lui plus qu'à tout autre on peut appliquer les mots de Kafka :
« Un livre doit être la hache qui fend la mer gelée en nous » à cela je laisse répondre Bortnikov « Deux ans de pôle Nord. Deux ans sur les rives du Styx glacé. Blanc à perdre la vue. Glaces…Je transe. »

Lisez ce livre difficile d'accès certes mais dont la libre écriture explose ligne après ligne, Bortnikov l'insoumis qui nous emporte de la Steppe glaciale à un Paris de solitude dans un long monologue.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Les premières phrases en rebuteront certainement plus d'un (« Je me masturbai quand mon père a appelé. J'avais pas la force e me lever pour baisser le son du porno. Il y avait même un chien joyeux comme un jeune ours et une femme qui avidement gobait son sperme »). Pourtant, derrière cette entrée trash se cache un long monologue où les morts se mettent à table et bousculent les paysages : de la steppe aux faubourgs parisiens, le narrateur convoque les fantômes de son univers familial, leurs pourritures, leurs blessures à vif.

Les tableaux s'enchaînent sur un rythme saccadé, syntaxe violée, vocabulaire craché, créant, à grand renfort d'ombres, un univers étrange où réel et cauchemars se culbutent joyeusement. Au lecteur de se le laisser guider, non par le fil du récit (il n'y en a pas), mais bel et bien par la langue qui l'entraîne, syncopée, haletante au plus loin de la folie et de l'enfance du narrateur. Une lecture difficile, donc, pour le plus grand nombre, mais qui propose une expérience stylistique intéressante qui ne pourra que saisir viscéralement ceux qui parviendront à s'y abandonner.
Lien : http://www.delitteris.com/in..
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C'est un roman long à lire malgré si peu de pages. Il faut dire que l'auteur a réinventé la ponctuation (vraiment.) Si au début on y entre comme un train dans un tunnel, à force, ça fatigue, on perd le fil, faut s'habituer à ce rythme haché. Essoufflé.
C'est vulgaire et tumultueux. On est perdu dans les pensées de l'auteur (ou du narrateur ? Est-ce biographique ? Disons autofiction ?) et ses idées ne sont pas très nettes. Est-il totalement défoncé ? Est-ce l'effet voulu, cette insaisissable impression ?

En tout cas, voilà, je tente de décrire un OVNI total. C'est assez gore, il ne recul pas pour nous montrer du sang, ou des choses baissements humaines. le narrateur nous trâce sa vie de manière très crue, si bien qu'on s'y perd en chronologie : il joue avec les associations d'idées, bien que le récit semble garder une cohérence temporelle. Parfois, on se demande s'il ne raconte pas des faits qui se sont produits avant lui, l'Histoire de son père ? Une histoire familiale ? On ne sait que trop, on saisi des premiers amours, la guerre, l'hôpital, sa grand mère… Une certaine peur de mourir, ou serait-ce l'inverse ? La peur de ne pas rejoindre assez vite ceux partis trop tôt ?
Dans toute cette vie qui semble pauvre et sale, on a du mal à comprendre comment il a réussi à sortir de son gourbi pour aller à Paris. On ne suit pas vraiment ce qu'il se passe, on suit le parcours brumeux, sans ce questionner, pas le temps, le rythme haché du roman nous presse.
Lorsqu'on le termine, on n'est pas sûr de l'avoir compris, c'est moins que sortir d'un rêve, plutôt ressortir d'un instant sous acide. Et ce narrateur, personnage principal dont on vient d'accompagner la vie, reste une ombre noire. Comme toutes les ombres qui l'entourent, ses morts, ses fantômes, ses souvenirs, et avec lesquels on a voyagé et à qui il semble rendre un certain hommage, seulement en écrivant ce livre, et racontant leurs histoires communes.
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Lecture compliquée, je devais être mal luné car dès que je touchais à ce livre j'étais pris d'une envie de le reposer.
Aucune structure, un langage parfois obscur, pas de chronologie précise, il est dur de s'y retrouver, et je ne sais même pas si l'auteur l'a pris en compte.
Le style est saccadé, la ponctuation surchargée de points de suspension, il ne s'agit pas d'un récit mais d'un assemblage de phrases jetées au visage du lecteur ou du monde de façon plus indéfinie.
Mais,
des émotions grandioses, un glauque dérangeant, une tristesse déchirante, des personnages écorchés vifs, des pensées désespérées et qui nous offrent un questionnement continuel sur la déchéance, le temps qui passe inéluctablement, notre perte de prise avec le réel progressivement pour idéaliser le malheur, l'universaliser.
En cela c'est une lecture réussie. Mais que ce fut dur, le lecteur finit aussi torturé que son auteur.
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critiques presse (3)
Lexpress
28 novembre 2011
Qu'importe le récit : seule compte ici la puissance de l'écriture, revêche et d'une vénéneuse poésie.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
22 septembre 2011
Dimitri Bortnikov signe un objet littéraire proprement déconcertant, porté par une langue âpre, syncopée, une langue qui dévore tout sur son passage. Et si la radicalité du style et du propos pourra en rebuter certains, nul doute que les plus hardis sauront apprécier ce texte iconoclaste et amer, sur lequel planent l'ange de la Mort et le démon de la guerre.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
18 août 2011
Voici un livre de chevet à compulser à toute heure, un guide de survie poétique et viscéral dont chaque phrase, chaque mot, chaque point même ajoute une étoile à la voûte céleste que chacun porte en soi.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Quand l'homme en peut plus -- il se cache. Pas être. Pas être mais vivre... Tout s'arrête. Il se recroqueville. Il se met en boule, l'homme. En chien qui peut plus courir qui s'allonge dans la neige... Se met en boule et ferme les yeux tout doucement ferme ses yeux. Hurle le blizzard hurle ! Que tout s'écroule... Quand l'homme ne peut plus ça devient lumière... Quand ça devient lumière, l'homme meurt, et lumière ne parle pas.
(...) Quand on en peut plus on s'effondre. Tout doucement on s'allonge. On se pelotonne. On cache le reste de vie qui n'est qu'un peloton de tristesse. Tout bas en murmure les choses partent et nous entraînent avec. p110 111
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La neige Babania... Il neige. Elle tombe comme avant. Là à Paris. Il neige chez vous. Dans vos terres... Elle couvre ta tombe la neige. La tombe de ton homme silencieux. La tombe de ma mère.
Je dis -- patience... La neige couvrira tout. Nos forces, nos chagrins... Nos traces. Nos pas. Les miens -- lourds. Les tiens -- si légers Babania dans cette vieille neige fraîche... Doucement elle couvrira mes morts. Mes années à venir. Elle couvrira notre vieillesse. Notre misère. Patience... p 29
«Derrière le dos d’extase -- mélancolie. La grâce Babania. Quand on est fatigué on devient soi-même. On regarde loin...
(...) La vie. Nous ne sommes que ses empreintes. On sait pas la prier de nous toucher à nouveau. p 29
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La vie m’a laissé en paix. J’ai glissé de ses mains. Du coup elle a eu pitié de moi.
La vie… Elle nous chante des berceuses et. S’endort elle-même. Tu vois le cœur de la tristesse. Je dis – maintenant, c’est fini. Elle est enterrée. Elle est dans la terre froide. C’est froid là-bas, froid. Je vais prendre l’avion. J’ai de l’argent, oui. J’le mettais de côté exprès. Pour les jours noirs. L’avion alors. C’est ça. L’air est si ouvert si humble et les ailes… c’est bien d’avoir les ailes. Planer… planer. Ce sera long mon voyage. Long. Lent à tout oublier.
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Comme tout ce qui est grand -- elle est dangereuse la steppe. Elle t’écrase. On se perd. Elle est cruelle la steppe. Elle te laisse à toi. Et l’homme est un danger pour lui-même. p 34
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Je dis - patience... La neige couvrira tout. Nos forces, nos chagrins... Nos traces. Nos pas. Les miens - lourds. Les tiens - si légers (...) Doucement elle couvrira mes morts. Mes années à venir. Elle couvrira notre vieillesse. Notre misère. Patience...
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Videos de Dmitri Bortnikov (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dmitri Bortnikov
Traverser le Styx avec Dmitri Bortnikov et Julie Bouvard. Modération par Camille Thomine - samedi 1er octobre 2022, 16h30-17h30 - Château du Val Fleury, Gif-sur-Yvette. Festival Vo-Vf, traduire le monde (les traducteurs à l'honneur)
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