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EAN : 9782370490841
160 pages
La Volte (10/10/2019)
3.68/5   25 notes
Résumé :
L’Adelphie est une communauté affranchie du continent, un îlot indépendant du reste du monde sis à Langlade et construit selon les principes et valeurs d’un seul être humain: Wen. Ce qui fut au commencement un simple blog où la jeune femme exprimait ses pensées ou désirs, Le Monde selon Wen, est devenu la pierre d’angle d’une utopie exceptionnelle sur laquelle veille une Intelligence Artificielle au comportement solaire: Sun. Et parce que Wen –solitaire, militante, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Résolution raconte l'histoire de Wen, personnage neurodivergent, queer et aux tendances anarchistes. Wen tient un blog sur ses idéaux et lorsque la civilisation s'effondre, c'est iel que les scientifiques choisissent pour mener un test sur une île, avec des gens de son choix, pour refonder la société.

Une bonne partie de la novella vise à répondre à une question rarement bien abordée dans les autres expériences de pensée du genre (Ursula le Guin, Becky Chambers ou Margaret Killjoy par exemple) : Dans une telle communauté, que fait-on des gens difficiles, qui refusent de faire leur part simplement parce qu'ils sont des procrastinateurs chevronnés? (Ici, c'est une île, l'exil n'est pas une option.)

Le problème est que je ne crois pas que la réponse à la question soit satisfaisante. Et qu'au fil de la lecture, on réalise que Wen est un personnage infaillible, qui pense à tout mais qui doute de lui-même (sans raison évidemment puisque la narration nous rappelle sans cesse que c'est une personne extraordinaire). Bref, on a un peu l'impression qu'il s'agit d'un self-insert, et que l'autrice réalise sur le papier un fantasme de voir son génie reconnu et qu'on lui remette enfin entre les mains les rênes de la société. Ce qui mine, à mon avis, l'idée qu'une utopie de ce genre devrait être une construction collective, et non pas celle d'un messie.

(Mais bon , la plupart des autres critiques semblent vanter la complexité des personnages alors, ne vous fiez pas que sur moi là dessus.)
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Je ne sais même pas quoi dire...

Tout d'abord, un GRAND merci aux Éditions La Volte et à Masse Critique organisée par Babelio, de m'avoir envoyé Résolution d'un auteur que je ne connaissais pas : Li-Cam. Merci merci merci ! :-)) C'était ma première fois.

Bon, maintenant, le livre.
Voici mon résumé car je ne suis en fait pas sur d'avoir tout compris...

Ce roman parle de Wen, une femme qui ne se pense ni femme, ni homme. Déjà, j'ai eu du mal à comprendre son sexe tellement l'auteur a écrit de façon à ce que nous pensions cette chose. Vers la page 30 , j'ai compris que Wen était une femme (et qu'elle s'appelait Wen aussi).

J'ai quand même réussi à m'attacher à Wen qui est une très bonne héroïne pour ce livre.

Cette Wen a eu une enfance perturbée par des évènements (je ne saurais pas dire quoi, mais il y a un rapport avec du LSD). Wen a décidé alors d'écrire un livre décrivant un monde avec des idéologies idéales. Elle est admirée de tous et devient même une genre de chef pour une communauté de gens un peu "illuminés" comme elle. Parmi cette communauté, seulement une personne nommée Kay est un peu lucide.

Je ne sais pas très bien si cette communauté est le monde, si Wen n'est en quand fait un personnage un peu important de l'histoire, ce que l'auteur a voulu dire à travers elle,... bref, beaucoup de choses sont restées incomprises dans ma tête. Pour un premier livre Masse Critique, faut dire que j'ai été déçu. :-)

Par contre, je tiens vraiment à dire que ce livre est très bien écrit, mais difficile à comprendre je trouve, il possède de magnifiques citations et de jolis mots : ce n'est pas un livre mal écrit comme on pourrait le penser avec ma critique.

Forcément, ce livre n'est donc pas pour un public d'ados comme moi, mais plus pour un public plus âgé. C'est donc pour cela que je vous encourage de le lire si les livres comme celui-là sont dans votre style de lecture.

Mon avis est à 2,5 étoiles.
Pourquoi 2,5 et non pas 0 étoiles alors que je n'ai pas bien apprécié ce livre ?
Elles sont ici simplement car aucun livre ne mérite 0 étoile. Forcément, si un auteur publie un livre, c'est qu'il y a travaillé, qu'il en est fier, et qu'il l'aime plus ou moins.
Ensuite, on sent bien à la lecture malgré le manque de chapitrage, que l'auteur s'est énormément appliqué à la rédaction de son livre, qu'il y a donné du coeur et qu'il y a passé du temps en vu d'un bon résultat. de plus, les citations introduites rajoutent un côté philosophique sur l'histoire.

Bref, je suis déçu de ma lecture, mais lisez ce livre après avoir lu plusieurs avis.

Pour conclure, je redis merci à Babelio et aux Éditions La Volte pour cet envoi ! Et j'espère être sélectionné pour l'opération "Masse Critique Jeunesse et Jeunes Adultes" de demain !

Bonnes lectures, bonne journée et 147 critiques !
Lien : https://www.babelio.com/aute..
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J'ai entendu parler de l'oeuvre de Li-Cam ! J'avais décidé de prendre Résolution car le principe d'utopie m'intéressait. Ensuite, Wen est également le nom d'un de mes personnages de Role Play, du coup c'était une raison, certes étranges, mais supplémentaire de tenter l'aventure. Ici, La Volte nous propose un roman court et étonnant.

Li-cam décrit un futur qui ressemble étrangement à notre présent, du moins qui s'en rapproche dangereusement. Dans un monde qui arrive au bout de ses ressources, les humains s'enfoncent dans des mondes cyber. Là-bas, plus de lois ou de règles ! Une guerre de l'information règne. L'humanité est profondément déboussolée. C'est notamment montré à travers une course éternelle à la possession, au superficiel. Les fake news finissent par former le gros de l'information, partagée par des bots. L'usage de la technologie permet d'insister sur les mauvais penchants de l'humanité au lieu d'apporter le meilleur.

Wen, socialement inadapté, prend le contre-pied. Elle propose une communauté où les individus vivent de manière autonome. Chacun a sa place et fait les tâches qui lui conviennent. Là où à l'extérieur les liens sont devenus technologiques, la communauté repose sur le tissu humain. D'où son nom, l'Adelphie, qui vient du grec pour fraternité. L'art permet de relier les individus de manière quasi mystique. Mais l'Adelphie n'est pas dénuée de technologie. Une Intelligence Artificielle nommée Lune en russe a grandement participé à automatisé les Fake News. L'Intelligence Artificielle de l'Adelphie se nomme Sun et est une énergie profondément positive qui prend soin de la santé mentale des résidents.

L'histoire est écrite du point de vue de Wen. Cette jeune femme asociale a un point de vue unique sur les choses. Traitée au LSD à sa naissance, elle a des difficultés à nouer des relations et est souvent hantée par des visions déstabilisantes. Beaucoup de son comportement semble pointer vers le spectre autistique, avec une hypersensibilité du toucher et aux sons. Ses éléments sont portés par la très belle et poétique écriture de Li-Cam, qui parvient à créer une ambiance vraiment spécifique. La plume nous permet de prendre très vite conscience de la façon dont ce personnage se positionne par rapport au monde, ce qui renforcé par le fait que nous voyons l'ensemble des événements du point de vue de Wen.

Mais ce point de vue très spécifique m'a parfois tenue trop éloignée du roman. J'ai eu un peu de mal à m'attacher au personnage. Wen s'abîme dans des réflexions philosophiques opaques qui rendent son fil de pensée complexe à suivre. J'avais notamment un peu de mal sur ce positionnement selon lequel elle avait réussi à trouver un remède aux maux du monde et était la personne parfaite pour construire un nouvel éden. Les résidents la traitent avec une certaine révérence. Mais je pense que ça fait partie du paradoxe du personnage, qui s'occupe de son entourage tout en gardant une certaine distance.

Li-Cam nous propose un texte intrigant. Elle met en place un futur proche qui se rapproche beaucoup de notre réalité. Elle nous entraîne dans l'Adelphie, une petite communauté basée sur l'entraide, secondée par une intelligence artificielle. Cette communauté est construite en miroir de la société, notamment grâce à un usage modéré de la technologie. Résolution met en en scène un personnage unique en son genre, Wen. Personne asociale mais douée pour décrypter les relations humaines, son point unique est fascinant, mais parfois opaque à déceler et trop azimuté pour pleinement s'attacher aux personnages.

Lien : https://lageekosophe.com/202..
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D'emblée, l'ouvrage instille de la poésie et le souffle de la liberté. L'histoire est écrite du point de vue de Wen. Nous la suivons en Adelphie, un îlot indépendant du reste du monde situé à Langlade, dans une communauté auto-suffisante de trois cents habitants affranchie du continent d'Amérique du nord. Ses souvenirs de l'avant, de son arrivée en Adelphie et son vécu actuel s'entremêlent, c'est assez troublant. Car Wen est spéciale : elle donne l'impression de fonctionner comme un ordinateur, elle « processe la vie sans la vivre ». "Ainsi, elle déteste l'humanité pour ce qu'elle fait subir à son monde et à sa propre espèce, mais dans le même temps, elle semble l'aimer d'un amour fou et voudrait pouvoir la changer pour faire évoluer la société.*" La connexion à ses émotions ou plus prosaïquement à la réalité immédiate lui demande un effort épuisant, et rarement du plaisir. Née grande prématurée, elle a été victime d'un traitement expérimental à base de LSD qui a profondément altéré son psychisme ; elle ne deviendra jamais adulte, a des difficultés à nouer des relations et elle est souvent hantée par des visions déstabilisantes. Son comportement suggère fortement des caractéristiques du spectre autistique, et une hypersensibilité tant au toucher qu'aux stimuli sonores. Inadaptée à la relation aux Autres, Wen est aussi une créatrice d'univers, à la personnalité complexe, exprimant ses émotions différemment, comprenant le monde à une autre échelle.

Dans un monde submergé par la haine en ligne, les rares personnes au courant de ses dispositions particulières et de ses activités tout aussi particulières la surnommaient World Wide Wen, un qualificatif un peu méprisant, un peu inquiétant aussi. Que faisait World Wide Wen ? Posée sur sa toile, elle veillait sur le monde, à prédire les prochaines cyber-attaques, à poser ses filets anti-trolls, mais sans se faire d'illusions sur ses capacités à lutter contre des États…

Et parce que Wen - solitaire, engagée, inspirée - était la candidate idéale par sa manière de percevoir et d'appréhender le monde et ses interactions sociales, elle a été désignée par le jeune docteur Yao Kouamé pour participer à la conception de son double électronique (l'IA bienveillante dénommée Sun), pour l'éduquer et donner l'humanité qu'il manquait à ce nouveau grand modèle de vivre-ensemble.

Wen réussira si bien que Sun, IA, prétendue sans conscience, apparaît paradoxalement plus vivante et empathique aux adelphes que Wen. A la fois thérapeute et confidente, Sun possède une énergie profondément positive et prend soin de la santé mentale des habitants d'Adelphie. Sa compréhension de la psychologie humaine apparaît sans faille. A la lecture de ses "entretiens de suivi" qui parsèment la novella, on comprend que Sun est un ciment pour les adelphes, le liant qui maintient la cohésion du groupe en prodiguant les règles de vie sociétale et en évitant les conflits relationnels.

Toutefois, cet équilibre est loin d'être partagé par Wen, car le bien-être psychologique de la collectivité repose en partie sur son propre mal-être existentiel, ainsi que sur ses responsabilités considérables envers celle-ci. L'Adelphie est guidée par un conseil de trois co-pilotes, y compris Wen, choisis par une assemblée constituante. Et sa charge de co-pilote devient encore plus pesante lorsque les biopiles de Sun tombent en panne. Double démiurgique de Sun, Wen intervient pour réunir les adelphes après l'épisode décourageant de la mise en sommeil de Sun, privée d'énergie.

Créative et un brin hallucinée, Wen invente une pièce de théâtre, jouée au forum, à laquelle participe l'ensemble des adelphes lors d'une communion qui sera cathartique pour le groupe. Ainsi, Wen s'attache à donner un socle culturel à cette communauté, "une Histoire et des choses en lesquelles croire. Elle construit des récits et des spectacles qui visent à instruire, divertir et unir les adelphes, ce qu'on observe avec le récit des « aventures du vieillard de la mer », qui les amène à danser joyeusement ensemble. Souvent d'ailleurs, les descriptions de la vie de cette communauté sont porteuses de beaucoup d'optimisme pour l'avenir.*"

Alors qu'au-dehors des milliards d'êtres humains se sont enlisés dans un système rationaliste destructeur, les adelphes réinventent une harmonie que d'autres avaient jugé illusoire. de cette résolution est né un lieu où le libre-arbitre et la libre-existence sont roi et reine : c'est une société neuve, fragile, appuyée par des innovations technologiques audacieuses qui se bâtit. Elle constitue une capsule civilisationnelle qui, par son organisation et sa vie communautaire, permet l'espoir qu'une société évoluée techniquement puisse perdurer, en lien avec son milieu naturel, détachée de la folie ambiante et de l'effondrement généralisé en cours sur Terre.

La rudesse de l'environnement de cet îlot, situé dans l'archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, fait penser à l'univers austère des Dépossédés, sur la lune d'Anarres, qui est aussi une utopie concrète fondée sur la liberté absolue et la coopération. Li-Cam cite plusieurs autres classiques de la littérature, tels Rabelais et son Abbaye de Thélème, qui relate la mise en place d'une utopie ; mais aussi Victor Hugo, Shakespeare, Salinger et Philip K. Dick. Dans Glissement de temps sur Mars, la planète Mars est colonisée, mais les conditions de vie y sont rudes et l'adaptation délicate dans cet environnement inhabitable. Des cas de schizophrénie se multiplient dans la génération naissante, et les jeunes malades sont groupés et isolés dans un centre spécialisé, le camp B-G. Parmi eux, un jeune garçon autiste prénommé Manfred Steiner. Manfred est un des personnages imaginaires avec lesquels Wen "dialogue", une voix intérieure ou un murmure intrapsychique. Manfred Steiner partage de nombreux points communs avec Wen, le fait de prévoir l'avenir, ou de ne pas avoir l'impression de vivre réellement. Mais loin du destin tragique de Manfred dans le roman de P.K. Dick, Wen apparaît comme la figure tutélaire qui pourrait sauver l'humanité, ou au moins une partie d'entre elle, en imaginant le futur et en dressant de nouvelles formes sociales qui ne discriminent personne...

En partant d'une perspective extrêmement pessimiste sur notre avenir, cette novella construit un récit de science-fiction un peu plus optimiste que ce que nous pouvons lire habituellement. Avec Résolution, nous tenons un projet d'établissement rationnel d'une société idéale. Illuminé de passages poétiques d'une grande sensibilité, le récit est aussi porteur d'un grand espoir.

La suite sur le blog.
Lien : https://inventer-lavenir.gho..
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Bienvenue en Adelphie. Communauté indépendante et autosuffisante créée sur un ilot proche de Saint-Pierre-et-Miquelon lors de l'Effondrement. Société utopique, l'Adelphie s'est fondée sur les principes développés sur un blog : le monde selon Wen. Dans un monde devenu absurde, les Adelphiens tentent de créer une nouvelle société basée sur un modèle de vivre-ensemble redéfini et des innovations osées notamment en création d'énergie, le tout chapeauté par un IA bienveillante, le coeur de cette utopie. Comme un nouvel espace à vivre, cette bulle de civilisation dans un monde en dissolution est un nouvel espace de liberté : un nouveau départ fragile mais audacieux où chacun espère laisser derrière lui une vie devenue inepte.Résolution est une novella entre utopie et récit post-apocalypse. Li-Cam nous présente Wen, génie socialement inadapté mais capable de comprendre et de modéliser les interactions humaines. Wen est un personnage étrange, brillant et quelque part assez irréel. Pouvoir comprendre dans son ensemble les interactions qui régissent les sociétés humaines mais être incapable d'interagir soi-même avec d'autres personnes c'est au final assez ironique.Mais Wen est à sa façon une visionnaire, capable de créer une multitude de monde, elle sera à l'origine de l'Utopie adelphienne : aussi bien humaine qu'informatique. L'autrice nous présente son personnage et son propos à travers un texte à plusieurs dimensions comme l'esprit de Wen. J'ai été un peu déroutée par les tours et les retours du récit mais au fur et à mesure que se dessine l'Adelphie, Sun et les dernier jours de notre monde avant l'Effondrement, on passe outre la forme du texte pour en tirer le maximum d'informations. C'est un texte fort dans lequel transparait la futilité de la société actuelle et la lueur d'espoir qu'il peut encore rester aujourd'hui en créant soi-même un monde basé sur d'autres principes, d'autres rapports aux autres. Encore une fois, Li-Cam nous propose un texte profondément humaniste. Elle passe au crible d'une plume lucide la société actuelle et ses défauts. C'est à la fois dérangeant et captivant. Un texte pour nous parler de nous, souligner nos dérives et montrer qu'un autre chemin est possible. Un beau texte, qui comme Cyberland avant lui nous parle de nous !
Lien : https://chutmamanlit.blogspo..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Avant l’effondrement, le monde était gouverné par des hommes, riches à milliards, qu’on disait parfaitement sains d’esprit, auxquels tous voulaient ressembler et qui saccageaient la nature impunément, écrasaient et affamaient leurs semblables en toute inconscience. Une trentaine d’hommes et leurs familles détenaient à eux seuls près de 80 % des richesses mondiales. Le monde leur appartenait. Grâce à la douleur que me causait leur simple existence, j’ai toujours su ce qu’ils étaient : des super-prédateurs, promoteurs d’une doctrine cannibale. Ils pensaient défendre la liberté mais n’envisageaient que la leur, la liberté d’accumuler les richesses, d’affamer les peuples, de détruire la planète. L’argent était leur finalité, il donnait du sens à leur vie. C’était leur dieu… Oh dieux ! Odieux !
Je les observais, tapie derrière mon écran, à l’affût de leurs moindres caractéristiques. Depuis toujours, les similitudes me sautent aux yeux, on appelle cette compétence particulière pattern recognition en anglais, « reconnaissance des formes » en français. Des termes compliqués pour désigner la capacité à modéliser, à systémiser. Des termes froids pour une compétence qui vise à réchauffer, à rassurer, à comprendre, à mettre un peu d’ordre dans un chaos de sensations et d’informations.
Ils étaient charismatiques, énergiques, prompts à juger. À leurs yeux, la réalité était malléable à souhait. Ils ne tenaient pour vrai que ce qui allait dans leur sens. Ils étaient disposés à tout détruire sur un coup de tête, un coup de sang. Dynamiques, intransigeants, ils maniaient les idées comme d’autres avant eux avaient manié la hache, le fléau ou le gourdin, sans finesse, avec hargne. Ils voulaient que le monde se plie à leur volonté et voyaient la planète tout entière comme un immense terrain de jeu. Or, la nature dont ils pensaient être les propriétaires légitimes avait commencé à changer, à se rebeller, ils étaient les plus mal placés pour prendre la mesure du désastre qui les guettait, qui nous guettait tous.
Ils étaient des murs, des casernes, des forteresses, de gigantesques tours, de lourds blocs de pierre, des montagnes de granit, les forces d’inertie du système, les poids morts qui pesaient sur notre dos.
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- Je ne me suis jamais sentie quoi que ce soit.
- J'ai beaucoup de mal à me le figurer.
- J'ai toujours eu l'impression que les gens jouaient un rôle, un personnage qu'ils s'étaient inventé. Un jour, j'ai même pensé qu'ils collectionnaient des étiquettes à se coller sur le front, des trucs comme la nationalité, le sexe, la profession des parents, leur couleur préférée, le ombre de dollars sur leur compte en banque, leur star favorite, la marque de leurs vêtements, Apple ou PC, des idées plutôt que d'autres... J'ai essayé de faire comme eux, mais toutes ces étiquettes me démangeaient, elle m’empêchaient de voir et de comprendre. Elles m'empêchaient d'être.
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Croyez-vous dans la réalité ? Vous pensez que cette question n’a pas lieu d’être, que c’est une mauvaise blague. Détrompez-vous. Quelques années avant l’effondrement, la réalité s’est estompée, elle s’est faite floue, trouble. Les bonnes gens ont commencé à douter. Les faits ne parlaient plus d’eux-mêmes, on les faisait parler. On leur faisait dire n’importe quoi. À côté des informations, des milliers de fake news et autres deepfakes ont vu le jour, comme autant d’irruptions brutales d’une réalité alternative dans la nôtre. Cultivés hors sol, les mots ont perdu leur sens, ils sont devenus des éléments de langage prêt-à-parler, des incantations ou des mantras répétés inlassablement par des perroquets grassement payés pour surtout ne pas penser. #novlangue #neothinking Grâce aux réseaux sociaux, la propagande s’est déversée avec la force d’un tsunami, emportant avec elle les démocraties. Des personnalités qui jusque-là ne trouvaient pas de tribunes se sont mises à prospérer, raflant les likes, les points d’audimat, les dollars et enfin les votes. Le politiquement correct, synonyme de civilité, garant du vivre-ensemble, est devenu une insulte. #Tamèreestpolitiquementcorrecte! On s’est vu reprocher de bien penser. Et penser mal, ou à mal, est apparu comme un gage de sincérité, d’authenticité. L’Europe partait en lambeaux et le monde sombrait dans une crise financière sans précédent dont il ne ressortirait pas, on attisait la haine et flattait les bas instincts des masses laborieuses en proie à un désespoir des plus légitimes. La parole se libérait, et avec elle le racisme, le sexisme, l’homophobie, la haine de l’autre. C’était la faute des réfugiés, des pauvres, des personnes handicapées, des LGBT, des femmes, des vieux. Et des enfants. La faute des faibles. Jamais celle des forts, des puissants qui avaient pourtant mené le monde à sa perte, bradant l’avenir de la planète contre une poignée de dollars. C’étaient les oppresseurs qui, au lieu d’être la cible de la vindicte populaire, désignaient du doigt, avec un sourire en coin, les boucs émissaires. La dictature de l’émotion assise sur de froides équations. Parfaite machine à broyer les âmes. Implacable. Un mécanisme de régulation présent chez tous les primates reprenait du poil de la bête, signe que le monde des hommes allait très mal…
La nuance et la tolérance sont devenues suspectes.
En conséquence, mon allergie aux humains s’est encore aggravée.
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J'ai vu le monde s'embraser pour des raisons farfelues. La haine des femmes, des Noirs, des juifs, des Arabes, des homosexuels. Pour avoir eu le temps de la modéliser, - des années à la scruter, à tenter de la comprendre -, je suis en mesure d'avancer que la haine est le dernier rempart des faibles. La haine n'est qu'un mécanisme de défense contre une sensation d'invasion, elle traduit l'impossibilité de s'adapter, d'intégrer la différence dans un système de valeurs trop étroit, trop rigide, infiniment fragile.
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Avant l'effondrement, le monde était gouverné par des hommes, riches à milliards, qu'on disait parfaitement sains d'esprit, auxquels tous voulaient ressembler et qui saccageaient la nature impunément, écrasaient et affamaient leurs semblables en toute inconscience. Une trentaine d'hommes et leurs familles détenaient à eux seuls près de 80% des richesses mondiales. Le monde leur appartenait. (p.18)
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