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EAN : 9782246771517
480 pages
Grasset (03/09/2012)
3.74/5   35 notes
Résumé :
Rétrospective est un roman sur la création artistique prenant comme fil conducteur la réalisation d'un fi lm. Il y a quatre personnages - un réalisateur, un scénariste, une actrice et un directeur de la photographie. Leur interaction est caractéristique des confl its qui naissent de cette collaboration et l'illustration des tensions internes auxquelles se heurtent tous les créateurs.
L'auteur d'un roman est le scénariste, il a des idées et donne les grandes l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Une de mes meilleures découvertes étrangères de cette rentrée littéraire.
Comment reconnaît-on un grand artiste en général et un grand romancier en particulier ?
Sans faire de la théorie de bas étage, c'est notamment la capacité en représentant des situations et des destins singuliers et individuels à leur donner une universalité qui touche au plus profond l'être du lecteur.
Par l'intermédiaire de Retrospective, Yehoshua fait partie des grands romanciers.
Il est difficile de faire le tour de ce roman en une critique et la frustation gagne vite le rédacteur ; tour à tour, l'auteur mène une réflexion sublime sur la vieillesse, la création, l'oubli, l'histoire d'Israël au travers de films d'auteur et bien d'autres thématiques.
La maîtrise de la narration est manifeste et les premières parties de Retrospective mélangent l'histoire du réalisateur Y. Mozes, venus recevoir un prix à St Jacques de Compostelle et assister à la rétrospective de certaines de ces oeuvres (qui vont se révèler celles de sa jeunesse et de son travail en commun avec son scénarise et élève aujourd'hui parti et brouillé) et celles des films. Les références esthétiques sont multiples et j'en laisse le plaisir au lecteur.
Un grand moment de lecture avec des temps et images vraiment forts et troublants : la Charité romaine en est bien sûr la représentation parfaite.
On notera que Yehoshua rend un discret mais profond hommage à deux grands "romanciers" disparus (filiation, clin d'oeil, héritage, inspiration ?) : Kafka et Cervantes.
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Ce roman, Rétrospective, est le tout dernier livre d'Avraham B. Yehoshua,l'un des plus grands écrivains israéliens dont j'ai chroniqué déjà Shiva, mais surtout le responsable des ressources humaines et L'année des cinq saisons.Le sujet m'a plu immédiatement,que je n'ai jamais lu dans aucun ouvrage.Yaïr Mozes, réalisateur israélien,plus très jeune,est invité à Saint Jacques de Compostelle,pour un hommage à son oeuvre.Il est accompagné de son actrice fétiche et entre eux le fantôme de son scénariste des premières années,avec qui il est fâché depuis si longtemps.Plusieurs surprises l'attendent à Compostelle.D'abord un tableau dans sa chambre d'hôtel le trouble profondément,une Charité romaine où une femme allaite un vieillard.Bouleversé,Yaïr Mozes y voit un symbole qui colle avec le côté enterrement de première classe de ces trois jours d'hommage.C'est parfois le cas dans ces cérémonies un peu officielles,déjà un peu posthumes.Et d'autant plus que,autre surprise,les organisateurs n'ont programmé que des films très anciens,dont le metteur en scène lui-même peine à se souvenir.A l'évidence Avraham B. Yehoshua et Yaïr Mozes ont bien des traits en commun.


Ruth,cette actrice à peine moins âgée,partage sa chambre et son lit en toute fraternité mais leur complicité ancestrale est un peu mise à mal pendant ces trois jours dans la cité des pélerins.Malgré tout Yaïr s'inquiète pour la santé de Ruth,et l'on comprend la complexité de leur relation.La rétrospective en elle-même couvre une bonne moitié du livre.Pour en avoir un peu participé à ce genre de manifestations j'ai trouvé excellente cette description de ces séances où quelques cinéphiles chevronnés tentent de décrypter des films très anciens devant des jeunes passionnés et parfois devant des spectateurs rameutés pour faire un peu nombre.L'organisateur des débats est par ailleurs un prêtre,ce qui entraîne parfois les discussions sur un tout autre terrain.Et comme il peut parfois être ardu de répondre avce cohérence et clarté sur des oeuvres vieilles de quarante ans.Il y a les souvenirs,les pièges de la mémoire,les émotions qui resurgissent,les erreurs du passé qu'on reprend en pleine face.Et,en ce cas précis,il y a surtout l'ombre de Trigano,ce scénariste des premières années,rival amoureux auprès de Ruth,ça,on s'en serait douté.

Plus tard,de retour en Israel,Mozes et Trigano,proscrits l'un à l'autre,se retrouvent en un moment fort peu chaleureux.Est-ce l'heure de la réconciliation ou sera-ce un ultime rendez-vous manqué?Rétrospective est un livre infiniment riche de ces confrontations d'un homme avec son passé, riche de ces amours d'une vie qui durent cinquante ans sous différentes appellations, riche de ces scénarios pour une plénitude,souvent avortés,scénario s'entendant ici au sens large et englobant nos propres existences, riche aussi d'une belle interrogation sur le temps et la maladie.J'ai peur de m'engluer dans un jargon malaisé mais le plus simple est encore de s'embarquer dans cette Rétrospective d'un écrivain maintenant célèbre,qui n'oublie jamais que son pays n'est pas tout à fait comme les autres,ni dans sa brutalité, ni dans sa douleur.Médicis Etranger 2012,ce formidable roman est ma première pierre au sympathique challenge A tous prix initié par Laure.Et s'il fallait une seconde raison,Avraham B. Yehoshua fut lauréat dès 1995 du Grand Prix de Littérature d'Israel pour l'ensemble de son oeuvre.

Israel est à mon avis le pays le plus talentueusement littéraire au km2. Songez:Yehoshua, Appelfeld, Oz, Grossmann et quelques autres.Et s'il y avait à cela quelques raisons...que je vous engage à découvrir.

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Rétrospective est un livre d'un romantisme absolu. Plus qu'une histoire, c'est une atmosphère avant tout. le rythme est lent bien sûr mais chargé de souvenirs, de regrets, de forces et de fragilité, d'amour, d'amitié, d'espoir, de rancunes et de vie. Mozes, metteur en scène israélien, a beau avoir 70 ans, on en tombe amoureuse inévitablement. Et puis... ce tableau dont il est question: "la charité romaine", magnifique et dérangeant, je suis tombée dessus pour de vrai et part hasard à Florence! J'en aurais pleurée!
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Rétrospective, par Avraham B. Yehoshua. J'ai eu du mal à entamer le commentaire de ce livre – le premier, pour moi, signé de cet auteur israélien –, peut-être parce qu'il y manque la dimension politique, celle qui caractérise ce citoyen engagé dans la paix israélo-palestinienne et la justice sociale dans son pays. Or, sans l'avoir lu, j'aimais Yehoshua pour cela.
Rétrospective est un ouvrage puissant qui raconte une histoire où les diverses facettes, les évènements, les personnages, le fil narratif s'épousent harmonieusement, avec justesse et consistance. Un cinéaste israélien en fin de carrière, Yaïr Moses, est invité à Saint-Jacques de Compostelle, à l'extrême ouest de l'Espagne, pour une rétrospective de son oeuvre. Il s'y rend avec Ruth, son actrice fétiche, qui l'a suivi dans une grande partie de ses films. Leur relation, un vieux compagnonnage un peu cabossé, est ambivalente, fondée sur l'admiration, l'affection, un peu de sexe, mais aucun engagement de l'un par rapport à l'autre. Ruth a aimé dans le passé le scénariste des films de Moses, Trigano. Ruth était lumineuse et Tolédano, le directeur de la photographie, en pinçait pour elle et souffrait silencieusement. Après quelques films, Trigano s'est fâché avec Moses avec véhémence, car ce dernier n'a pas respecté un de ses scénarios. Il a alors quitté Ruth, sans savoir qu'elle était à l'origine de la modification du scénario et du clash.
La rétrospective, organisée par un curé cinéphile dans cette ville pieuse, ne présente que les premiers films de Moses, tous écrits par Trigano avant leur séparation. Une machination se dévoile progressivement, dont Trigano semble être l'instigateur. de retour en Israël, Moses n'a de cesse que de réparer l'erreur, celle d'avoir dévié par rapport au scénario de Trigano. Yehoshua fait de Moses un personnage touchant, donnant le sentiment qu'il n'a de prise sur rien, ni sur sa rétrospective, ni sur personne, sa compagne Ruth, son ex-femme, sa fille, et moins encore sur son ex-scénariste.
Finalement, le livre tourne autour de deux axes, Trigano, sa rancune et sa haine à l'encontre de Moses, qu'il dénigre avec le plus grand mépris dans un passage d'une grande violence. Trigano a incontestablement de l'épaisseur, une autorité mâtinée de cynisme. Il apparaît comme un intellectuel imbu de sa supériorité, de sa facilité à élaborer des concepts, de son sens du cinéma. Moses est devant lui comme effacé, en demande. Son ex-scénariste le rejette quand le metteur en scène exprime son souhait de retravailler avec lui. Il s'adoucira par la suite, quand il comprendra que Ruth fut à l'origine de la modification du scénario, et non le réalisateur.
Le deuxième axe, la clé du roman, est un tableau, La charité romaine, qui montre une vieil homme enchaîné tétant le sein d'une jeune femme. La femme nourrit ainsi secrètement son père emprisonné et condamné à mourir de faim, et qui sera libéré quand le subterfuge sera découvert. Ce tableau issu de la mythologie gréco-romaine, cette scène de piété filiale, mais peut-être aussi cette évocation de ce qui peut alimenter l'inspiration créatrice, poursuit Moses tout au long du livre. C'est sa transposition au cinéma qui sauta, au grand dam de Trigano. Exigence de ce dernier, c'est cette scène que Moses doit à la fois interpréter et filmer, en gage de rédemption à l'égard de sa faute et de réconciliation. Don Quichotte s'introduit alors dans les dernières pages, Deus ex-machina improbable, flanqué d'une Dulcinée au sein nourricier dont Moses se repaît avec délices, identifiant alors ses chimères. le symbole est sauf, son sens n'est pas donné sur un plateau, le lecteur, intrigué, reste seul avec sa réflexion…
Il apparaît clairement dans ce roman qu'Avraham B. Yehoshua s'interroge sur les dispositions artistiques de l'écrivain qu'il est, et aborde le sujet des spécificités culturelles des Juifs d'origine ashkénaze et sépharade, véritable blessure en Israël, et exprime notamment sa sympathie pour ces derniers. Néanmoins la question palestinienne est éludée. Yehoshua s'en explique dans un entretien, en évoquant sa lassitude devant une situation bloquée. Tant pis, on lira d'autres ouvrages de cet auteur phare.
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Yaïr Mozes, âgé de soixante-dix ans, est un réalisateur israélien célèbre. Son oeuvre doit faire l'objet d'une rétrospective à Saint Jacques de Compostelle, en Espagne. Il est invité dans cette ville accompagné de son actrice-fétiche, Ruth, âgée, elle, de cinquante ans. Elle fut sa muse, son amante, son amour et elle va partager son lit durant ces trois jours de remémoration de souvenirs anciens. le roman va tourner autour de ce personnage qui, progressivement, va devenir une “ figure ”, un symbole, la concrétisation du rêve du metteur en scène. Mais pas seulement. le scénariste, le trouble Trigano, et aussi le directeur de la photographie, le délicat Toledano, seront pris par le charme magnétique de Ruth.
Que viennent-ils faire à Compostelle, ces drôles de pèlerins, revenus sur leurs pas d'artistes, à revoir de vieux films qu'ils ont eux-mêmes oubliés? Ils ressuscitent les cadrages, les dialogues, la lumière, le son mais toujours des détails leur échappent et ils découvrent que leurs souvenirs ne sont pas les mêmes. Curieuse frustration de la mémoire...Ce qui était important pour l'un a été totalement occulté par l'autre. Comme ces scènes avec une petite fille disparues au montage, Mozes ayant finalement choisi d'y renoncer, créant ainsi une immense déception chez la petite Ruth dont l'actrice gardera le nom, comme un dédommagement.
La scène finale aussi sera annulée, celle qui devait mettre en scène la jeune femme donnant le sein à un vieillard. Quelque chose de fellinien dans cette vision (Armarcord) mais il s'agit en fait d'un épisode de la mythologie romaine, dite “ la charité romaine ”, où l'on voit une toute jeune mère nourrir de son lait un vieillard enchaîné et destiné à mourir de faim. L'érotisme disparaît quand on sait qu'il s'agit d'une fille venue au secours de son père. Selon les peintres, Vernet, Deshays ou d'autres, l'indécence et le malaise sont plus ou moins perceptibles, compte tenu de la posture des personnages et de l'importance accordée à leur regard.
Ce tableau, judicieusement accroché au mur de la chambre de Mozes, nourrit le roman et suscite de multiples questions sur le rôle qu'il a joué, des dizaines d'années auparavant, dans la réalisation du film et sur les conséquences psychologiques qui en ont découlé. Ruptures, rancoeurs, amputation d'une oeuvre artistique: le voyage à saint Jacques de Compostelle devra essayer de cicatriser de multiples blessures.
C'est à ce travail douloureux d'introspection, de retour sur le passé et de quête de pardon que nous assistons, sur fond de conflit israëlo - palestinien, dans un aller-retour pénible et nécessaire entre les temps anciens et la date d'aujourd'hui, entre l'Espagne et Israël. Un roman comme une quête de soi, comme une douloureuse et, peut-être, apaisante réflexion sur la création artistique, un foisonnement intellectuel doublé d'une sensibilité déchirante ou délicate, un long et délicieux moment de lecture qui,il me semble, nécessitera une relecture afin d'en approfondir la richesse.
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critiques presse (3)
LeFigaro
26 novembre 2012
Rétrospective est une histoire forte, émouvante, qui parle de la fuite du temps, de nostalgie, de la perte des amis et des amours, de la création artistique tantôt consolatrice, tantôt destructrice.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
15 novembre 2012
[Un] roman envoûtant et complexe, réflexion sur la création artistique et le sens de la vie, balançant sans cesse entre cérébralité et surréalisme baroque à la Buñuel.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
03 octobre 2012
Rétrospective est un roman superbe, polyphonique, une tapisserie dont les multiples noeuds se délient peu à peu pour dévoiler la complexité des âmes.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"Votre film m'a émue et m'a donné matière à réflexion, mais pourquoi la fin est-elle si obscure et si dénuée de sens ?
- La fin ? sourit Mozes.
- Oui, la fin.
- La fin représente toujours un compromis entre ce qui a existé et ce qui n'existera plus jamais."
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Entourant des portraits d'anciens commandants, qui se sont entretués pendant la guerre civile, quelques pistolets de cette époque sont accrochés.
"Ils peuvent encore tirer ? demande Ruth.
- S'ils peuvent tirer ? ricane le prêtre. Sans doute, mais sur qui ? Les morts sont bien morts et enterrés. Et les vivants, eux, souhaitent continuer à vivre."
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Parfois il vaut mieux qu'un artiste ne comprenne pas les commentaires sur son oeuvre.
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Belle histoire nostalgique et pleine de rebondissements, sans morts violentes, juste la vie qui passe. Et puis, le sens de la vie.
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C'est précisément quand l'avenir est compté (...) qu'il devient le plus chargé et le plus intéressant.
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Vidéo de Avraham B. Yehoshua
15 juin 2022 Claude Sitbon, évoque le souvenir de son ami A.B. Yehoshua, décédé avant-hier : “Il était pleinement francophone. Ses parents parlaient français et son épouse aussi.”
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