En fouinant pour l'anniversaire d'une amie, passionnée de poésie...
je me suis régalée, comme chaque fois , à fouiner à la Librairie
Tschann, bd. du Montparnasse...qui possède un fonds "Littérature
et Poésie" exceptionnels...avec une sélection des plus affinées !
J'ai découvert ainsi une revue et une librairie spécialisée... que je ne
connaissais pas. Je veux parler de "Desmos" qui signifie "Lien"...
Desmos est à la fois le nom d'une revue mais aussi celui d'une librairie
qui propose dans le 14e parisien, une sélection de livres autour de la
Grèce, mais aussi des traductions d'auteurs grecs et de la poésie...
Ce lieu n'était à l'origine qu'une petite librairie. A partir de 1996, elle
s'est adjointe une activité d'éditeur. A son catalogue général, est
venue aussi se greffer depuis 1999, cette revue francophone
(éditée avec lesoutien du CNL)
Je retiens dans mes envies d'acquisitions un numéro antérieur de
Desmos, exclusivement consacré à un écrivain grec, que j'estime
énormément, Alexandre Papadiamantis.
Je souhaitais au départ trouver un texte très intense de lui pour
l'anniversaire de cette amie.: "Les Petites filles et la mort"; mais
comme ils ne l'avaient pas en rayon, j'en ai profité pour fureter
dans le secteur "Poésie" très fourni; je suis ravie d'avoir trouvé
cette anthologie de poètes contemporains ainsi que la découverte
de cette librairie spécialisée dont j'ignorais l'existence....que je vais
m'empresser d'aller voir dans le 14e parisien...
Cette sélection de poésies est précédée par trois textes critiques
liée à la création poétique grecque toute récente...
- "La Poésie grecque contemporaine : un acte testimonial désespéré"
par Konstantinos BOURAS
- "Les jeunes poètes grecs: un phénomène poétique particulier"
par Titika DIMITROULIA
-"Quelques mots sur la poésie contemporaine grecque" par Kostas
PAPAGEORGIOU
Ce recueil accompagné de quelques illustrations, est prolongé à
chaque poème, d'une brève notice biographique sur son auteur et
en fin d'ouvrage de nouvelles littéraires présentant des résumés de
textes grecs récemment traduits en français.
N.B - voir le lien suivant :http://www.desmos-grece.com/
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Midi (oeillets rouges)
Nous nous mettons d'accord et tu ne partiras pas.
Ou si tu pars finalement
Que ce soit à l'aube ou au crépuscule
-tant ils se ressemblent
-que ce soit le voyage silencieux du postier avant
que tu te réveilles
ou t'endormes profondément
sur la route du printemps
et dans ce
sourire sourd
après -avoir tressé des fleurs dans mes cheveux
des oeillets rouges
Un instant exactement avant
que je te laisse ta main
celle que tu m'avais promise dans une autre vie
et que sans marcher,
m'inclinant sur elle,
j'emprisonne ta chair
dans la couleur de l'après-midi
Pour te couvrir toi aussi de fleurs,
d'oeillets rouges (p.86)
5/7/2010, l'oncle Pétros Yeoryadis, "Le Postier de Libération nationale"
Hélène TZATZIMAKI, née à Athènes en 1986
Elle se produit sur d'importantes scènes musicales grecques et a édite,
en 2012, son premier album, "Circé", qui a reçu des critiques très favorables
Le Dîner
De quoi une nuit peut-elle s 'emplir ?
Du parfum d'un jasmin suspendu
au balcon voisin
d'une lune perchée sur octobre
d'une boisson qui attend ses glaçons
de deux chats et une pelote.
qui roule derrière eux
de l'enfant qui dort l'innocence
de la mère qui garde l'espérance
de l'horloge du monde qui sonne les douze.
De quoi une nuit peut-elle s'emplir ?
Des oiseaux qui apprennent le sommeil rapide
du grillon qui gratte les paupières de la nuit
des ombres qui nous révèlent notre autre apparence
de la promesse qu'il fera jour à nouveau
d'une nappe qu'on tire et tant pis si elle a mal.
De quoi une nuit peut-elle s'emplir ?
D'un poème que l'on dresse pour dîner.
[p.70]
Dimitris PERODASKALAKIS
(né en Crète en 1965 .Il est l'auteur de livres et d'articles sur la tragédie
antique et la poésie néo-hellénique)
CONDITIONS DE FIANÇAILLES
Je veux une bague d’herbe
Quand elle se fanera tu m’en feras une nouvelle
L’été brûle les sucs verts
Tu m’en apporteras une chaque jour.
Je veux un oreiller de papier
Où s’impriment tes larmes
Où les traces de ton souffle
Ecrivent, la nuit, des histoires.
Je veux un arbre pour maison
Sans salon ni cuisine
Où nous poser un peu dans ses branches incommodes
Avant et après nos envols.
Je veux aussi une robe de chemin
Pour m’habiller de poussière de voyages
Tourner dans ses courbes en dansant
Et quand je cesserai, nue, te trouver.
LENA KALLERGI
Traduit du grec par Marie-Cécile Fauvin
Le cordon ombilical
de Dimitris PERODASKALATIS (né en Grèce
en 1965)
Minuit passé
Le médecin m'invite
A couper le cordon ombilical
De l'enfant qui me fait père
J'entre dans la petite salle
j'inaugure la vie
Mais ne trouve pas la veine de mort
Pour la couper net à la racine
Et à jamais changer la mortalité
La mortalité le sait bien
On ne coupe jamais le cordon ombilical
Il lie ceux qui sont nés à ceux qui naîtront
Avec le noir écheveau du temps.
(p.69)
Neige et eau
Au col de la nuit s'accrochent
des flocons éblouis, blancs
sous le burin d'un sculpteur inconnu ciselés
Si tu tentes de les enfermer
dans tes mains, ils fondront aussitôt.
A leur place une goutte étincelle
d'eau fraîche,
qui n'est que la poussière
de ta poignée de main
avec le sculpteur inconnu,
avec Celui qui a souri et scellé fermement
Son art entier en une oeuvre
prête à disparaître
dès qu'un mortel l'effleure
(p.78)
-Haris PSARRAS [né à Athènes en 1982. Il a fait des études de droit à Athènes et Oxford. (...) Il est également l'auteur d'essais et de traductions]