Rip It Up and Start Again est un essai de 682 pages sur le post-punk, un terme fourre-tout qui englobe des courants musicaux comme le new wave, le no-wave et l'électrop-pop. L'auteur y inclut aussi l'industriel, le ska, le gothique et même des groupes inclassables comme les Residents. Si le terme post-punk s'impose par son aspect fourre-tout, il est sémantiquement imparfait puisque beaucoup de ces groupes ont commencé à faire de la musique avant ou pendant l'ère punk. C'est le cas des Residents, Talkingheads, Devo, Throbbing Gristle, Suicide et de nombreux autres.
Le premier livre de référence à avoir été écrit sur ces courants musicaux s'intitule International Discography of the New Wave. À l'époque, c'est le terme new wave qui servait de catégorie fourre-tout. Ce livre de 736 pages fait autorité en la matière depuis sa publication en 1983. Les auteurs ont répertorié 16 000 disques et plus de 7500 groupes. Avec une production de cette ampleur, on peut comprendre qu'écrire un essai sur une période aussi prolifique était un défi. Selon l'auteur de Rip It Up and Start Again : « L'ère post-punk tient indiscutablement la dragée haute aux années soixante en terme d'audace, d'idéalisme et de rapport quantité/qualité ». [p.12]
L'auteur analyse les groupes en tentant d'abord d'établir leur filiation avec le punk et décrit ensuite leur processus créatif et les thèmes abordés. Rarement a-t-on pu lire les motivations philosophiques amenant des musiciens marginaux à refuser de faire de la musique mainstream et comment ils s'y sont pris. le fonctionnement de la scène indépendante britannique est remarquablement bien expliqué avec l'apparition de labels tel que Rough Trade qui a développé un réseau de distribution indépendant et a ainsi permis aux groupes de se faire connaître dans tout le Royaume-Uni. L'importance de journaux comme le NME est aussi bien expliquée de même que la consécration qu'apportait
John Peel lorsqu'il faisait venir un groupe dans son studio de la BBC, lui donnant du même coup une couverture nationale. le succès de la scène indépendante britannique est unique dans les annales post-punk.
Rip It Up and Start Again est bien documenté, les liens entre les groupes sont clairs et l'auteur possède une profondeur de réflexion peu commune pour ce genre de bouquins. En plus d'aborder l'aspect esthétique des groupes, son analyse emprunte aussi des voies politiques et même anthropologiques. À mon avis, l'auteur aurait eu avantage à nourrir son essai avec plus de groupes issus hors de la scène anglo-saxonne. Ça aurait eu l'avantage de nous faire découvrir d'autres excellentes formations et de ventiler ce récit qui étouffe un tantinet en raison de sa vision un peu trop insulaire (britannique) et d'une langue parfois hermétique.
Note : l'éditeur semble avoir omis l'étape de la correction d'épreuves, d'où la grande quantité de fautes d'orthographe, coquilles et autres erreurs qui nuisent à la lecture.
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