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Jean-Marie Saint-Lu (Traducteur)
EAN : 9782909906911
228 pages
Joëlle Losfeld (07/05/1999)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Camilo Canegato, restaurateur de tableaux et peintre à ses heures, vit depuis douze ans, à Buenos Aires, dans une pension de famille tenue par une veuve et ses trois filles. Vieux garçon timide et complexé, Camilo subit les sarcasmes des autres pensionnaires jusqu'au jour où sa liaison avec une belle jeune fille, Rosa, est découverte par le biais d'une correspondance assidue. Très vite, on les marie, on organise un week-end de noces et c'est le drame : Rosa est retr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le commissaire Montalbano "n'avait pas sommeil et se coucha donc avec un livre, un roman de Denevi, écrivain argentin qui lui plaisait beaucoup". Curieusement, c'est grâce aux insomnies du personnage créé par le romancier Andrea Camilleri que j'ai eu le plaisir de découvrir Marco Denevi à travers le délicieux et inclassable Rosa, ce soir.
Cette petite mécanique délicate et drôle est un génial croisement entre la Chronique d'une mort annoncée de Gabriel Garcia Marquez et un roman à énigme de Wilkie Collins. Sans déflorer l'intrigue, sous peine d'excommunication pour cause de crime contre la littérature, on pourrait écrire que Rosa, ce soir est l'histoire d'une passion tragique entre un quadragénaire solitaire, Camilo Canegato, peintre et restaurateur de tableaux, et l'évanescente Rosa.
Le récit basé sur les témoignages directs et indirects des différents témoins tous subjectifs bien entendu, est une oeuvre ouverte, riche en rebondissements et en fausses pistes, destinée à reconstituer les faits. Mais Marco Denevi transcende le genre. Rosa, le soir, est bien plus qu'une simple quête de la vérité. le roman est une variation poétique sur le pouvoir des rêves, la manipulation de la réalité, la matérialisation des songes qui phagocytent leur créateur et finissent par s'introduire dans les existences vides et mornes de son entourage . L'atmosphère onirique, empreinte de mélancolie nous rappelle l'image de Dana Andrews contemplant le portrait de Laura. Car l'essence du roman pourrait tenir en une simple phrase, "Moi, j'ai rêvé qu'une femme m'aimait".
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Un très chouette petit bouquin, qui, s'il vous séduit comme moi dès les premières lignes, vous tiendra en haleine de bout en bout. Denevi adore raconter des histoires, c'est une évidence. Et il le fait vraiment très très bien. Ce court roman argentin se présente sous la forme de trois récits, au travers desquels trois personnages (la gérante d'une maison de famille de Buenos Aires et deux de ses pensionnaires), donnent leur vision d'un autre locataire, Camillo Canegato, restaurateur de tableau, doux, timide et introverti, et leur version des événements rocambolesques survenus étrangement les six derniers mois. Evidemment, la vérité est encore ailleurs, surprenante, et ces trois récits, plus qu'un miroir à multiples facettes, fonctionnent comme un puzzle. Intrigant roman policier, fine étude de moeurs, romanesque histoire d'amour, drôle, vivant, alternant les voix des personnages avec un art confondant, ce Rosa, ce soir est un vrai bijou.
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Roman à plusieurs voix d'une histoire d'amour qui se finira tragiquement. Tout au long du roman, les différentes versions de cette histoire, les témoignages forcément subjectifs des divers protagonistes nous éclairent sur le timide Camilo Canegato, restaurateur de tableaux sans histoire, et sur la mystérieuse Rosa. Mais une des grandes réussites du roman est aussi de révéler la personnalité de chaque narrateur, chaque récit laisse éclater la méchanceté, la jalousie de chacun, les fausses certitudes, l'importance que chacun se donne, l'étrange manie de se croire au-dessus de l'histoire. Ce procédé m'a bien sûr rappelé Rashomon de Kurosawa, a ceci près que Marco Denevi utilise aussi lettre, conversation, rapport administratif ce qui lui permet quelques touches d'humour et d'ironie.
Ce patchwork mis bout à bout, le tableau d'ensemble que l'on a est encore plus édifiant. On voit à quel point des personnes peuvent être étrangères les unes des autres même si elles habitent sous le même toit. Au fond personne ne connaît réellement Camilo même si chacun prétend le contraire.
Roman admirable, c'est avant tout une étude psychologique approfondie sur un personnage avec un soupçon de mystère (et une infime touche de fantastique), ce fut me concernant une bonne surprise et une excellente porte d'entrée dans la littérature argentine.
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Hors le texte bien écrit, l'intrigue bien construite, 2 points de vue m'ont choquée : celui sur la femme, que je trouve quelque peu malmenée dans ce roman, et celui sur l'art, qui s'en prend à la peinture abstraite, et il semble que ce soit l'auteur (né en 1922) qui donne son propre point de vue.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je vivais ma chair et mon sang. Mais c'est par la forme que nous nous appréhendons les uns les autres, et nous croyons stupidement que la forme est toujours le signal fidèle de la substance. Et quand elle ne l'est pas? Quand la forme exprime le contraire de ce qu'est la substance? Quand la forme trahit la substance? Qui modère cette erreur? Le bossu et le nain que les gens voient passer près d'eux sont peut-être plus malheureux que ces gens ne le croient, parce que les gens croient que l'être du nain et du bossu est bossu et nain lui aussi. Et peut-être que non, peut-être que non. Peut-être que l'être d'une personne contrefaite est le même que celui d'une personne belle, mais nous prétendons que la personne contrefaite vit selon sa forme, et c'est là qu'est la tragédie, parce que la forme ne se vit pas, elle se perçoit, et elle se perçoit de l'extérieur. Ce que chacun vit, c'est sa substance.
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La première: quand un art est muet, parce qu'il n'a rien à dire, voilà que se présente le premier venu, peut-être celui qui connaît le moins cet art, peut-être celui qui l'aime le moins, car l'ignorance et l'indifférence le rendront plus audacieux, et il lui tord le cou, il lui arrache des cris d'agonie, et sur le moment tout le monde croit que cet art vient de resssusciter et que ces cris sont sa nouvelle voix. Et quand on s'aperçoit de son erreur, des fleuves d'encre ont coulé, les tableaux se sont vendus, et chaque musée a sa salle consacrée au farceur en question. Qui anéantira toute cette gloire?
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Video de Marco Denevi (1) Voir plusAjouter une vidéo

Marco Denevi : Musique d'amour perdu
Olivier BARROT dans le décor du "Bar Sur" à Buenos Aires présente le livre de Marco DENEVI "Musique d'amour perdu" (Joëlle LOSFELD).
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
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