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EAN : 9782906067882
136 pages
Editions Dapper (10/02/2003)
4.41/5   23 notes
Résumé :

Saint-Domingue, 1750 : de nombreux cas d'empoisonnement déclenchent la terreur parmi les propriétaires de plantations. La menace vient surtout de Makandal, le meneur des " marrons ", esclaves en fuite pour qui le rêve de liberté est plus fort que tout. Lisette, née en esclavage, découvre à travers les récits de sa grand-mère Charlotte et de sa marraine, Man Augustine, la douleur de la liberté perdue, la m&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce très court roman incarne pour moi l'essence du devoir de mémoire que nous devons à tout prix conserver de l'esclavage. Situé à Saint-Domingue au XVIIIème siècle, les colons y tremblent d'être empoisonnés car l'esprit de révolte gronde. Les esclaves se font "marrons" et fuient vers une liberté à conquérir au péril de leur vie. En moins de 150 pages l'autrice parvient à nous offrir tout un pan d'Histoire. de la capture sur les terres Africaines, aux cales du navire négrier "La Rosalie", des bossales nés libres, aux créoles nés sur place et qui n'ont connus que l'esclavage, noirs ébène ou métissés, domestiques de maison ou soumis à de laborieux travaux agricoles, elle nous présente un panaché de corps et de coeurs maintes fois meurtris mais pourtant toujours debout. Aux côtés de Lisette, nous découvrirons, sans juger, comment chacun se débrouille pour survivre en enfer. Nous marcherons également dans ses pas à la rencontre de son histoire familiale, et notamment de ces aïeules solides qui l'ont précédée. Peu à peu, au fil des mots, une jeune fille devient femme, des secrets émergent, des relations se créent et une personnalité se révèle. Il est l'heure des grands choix. Pour ne jamais oublier "Rosalie l'infâme".
Il s'agissait de ma troisième incursion dans la littérature haïtienne et comme les deux précédentes j'en ressors chamboulée et conquise.
Merci à Babelio de m'avoir offert une si enrichissante lecture dans le cadre d'une masse critique. Merci également aux éditions le temps des cerises à la fois pour l'envoi et pour ce choix de rééditer un roman si vibrant et important.
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Ce très court roman incarne pour moi l'essence du devoir de mémoire que nous devons à tout prix conserver de l'esclavage. Situé à Saint-Domingue au XVIIIème siècle, les colons y tremblent d'être empoisonnés car l'esprit de révolte gronde. Les esclaves se font "marrons" et fuient vers une liberté à conquérir au péril de leur vie. En moins de 150 pages l'autrice parvient à nous offrir tout un pan d'Histoire. de la capture sur les terres Africaines, aux cales du navire négrier "La Rosalie", des bossales nés libres, aux créoles nés sur place et qui n'ont connus que l'esclavage, noirs ébène ou métissés, domestiques de maison ou soumis à de laborieux travaux agricoles, elle nous présente un panaché de corps et de coeurs maintes fois meurtris mais pourtant toujours debout. Aux côtés de Lisette, nous découvrirons, sans juger, comment chacun se débrouille pour survivre en enfer. Nous marcherons également dans ses pas à la rencontre de son histoire familiale, et notamment de ces aïeules solides qui l'ont précédée. Peu à peu, au fil des mots, une jeune fille devient femme, des secrets émergent, des relations se créent et une personnalité se révèle. Il est l'heure des grands choix. Pour ne jamais oublier "Rosalie l'infâme".
Il s'agissait de ma troisième incursion dans la littérature haïtienne et comme les deux précédentes j'en ressors chamboulée et conquise.
Merci à Babelio de m'avoir offert une si enrichissante lecture dans le cadre d'une masse critique. Merci également aux éditions le temps des cerises à la fois pour l'envoi et pour ce choix de rééditer un roman si vibrant et important.
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Rosalie L'Infâme : un roman sur le marronnage avant l'Indépendance d'Haiti

jeudi 22 mai 2003
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P-au-P., 22 mai. 2003 (AlterPresse)--- Premier récit romanesque d'Evelyne Trouillot, Rosalie l'Infâme [1]jette un regard limpide et poignant sur le marronnage des esclaves au XVIII e siècle, environ un demi-siècle avant la déclaration de l'Indépendance d'Haïti le 1 er janvier 1804, relève l'agence en ligne AlterPresse à laquelle un exemplaire a été transmis.

L'auteure dresse un portrait d'une jeune esclave, Lisette, dont la vie retrace les stratégies de lutte des esclaves face à leurs maîtres et leurs maîtresses sur la grande île, Saint-Domingue à l'époque. Tout un réseau d'informations est construit par les nègres marrrons à la recherche de leur liberté et de leur libération du joug colonial.

Les colons français et leurs femmes, qui y ont installé un régime de terreur, prennent peur devant l'empoisonnement systématique des plats qu'ils consomment. Ils se servent de délateurs pour arriver à identifier les meneurs qu'ils châtieront vifs sur des bûchers érigés sur des places publiques. Ils contraignent les esclaves à assister aux exécutions, par le feu, des nègres marrons responsables de l'épouvante créée dans toutes les cases des plantations.

A travers le quotidien de Lisette, c'est l'histoire du combat de nombreuses femmes esclaves, abusées sexuellement et physiquement par les colons, qui est mise en relief.

Lisette apprend, de sa grand-mère et de sa marraine, les rigueurs de la traversée sur l'embarcation Rosalie, les itinéraires douloureux des femmes esclaves qui ont refusé de mettre au monde les enfants conçus dans leurs entrailles par les maîtres, pour éviter que ces enfants deviennent eux aussi des esclaves. Mais surtout, Lisette met ses oreilles « en pente » pour capter les projets des colons contre la lutte de libération et servir la cause des nègres marrons.

Lisette connaît également les joies de l'amour avec un esclave marron, qui lui communique progressivement des stratégies de résistance et des messages à transmettre aux camarades n'ayant pas encore gagné les mornes. Devenue enceinte, Lisette décide malgré tout de garder l'enfant qu'elle porte, contrairement à d'autres femmes esclaves, dont sa grande tante Brigitte, qui, révoltées et voulant soustraire les enfants à l'esclavage, ne pouvaient pas supporter les douleurs de la souillure quotidienne des maîtres à l'encontre de leur personne.

Sa décision de garder l'enfant de son amoureux, le nègre marron Vincent, repose sur un secret désir et un bonheur à la fois désespéré et attendu de voir son enfant devenir aussi téméraire et fier que son père.

Lisette vit surtout des moments de violence, non seulement par les coups de fouets commandés contre sa personne, mais encore par les brutalités des maîtres et maîtresses sur l'ensemble des esclaves des plantations. Au fur et à mesure qu'elle grandit, elle s'est retrouvée « prisonnière d'un passé (le marché humain d'esclaves ramenés d'Afrique vers une terre appelée Nouveau Monde) qu'elle n'a pas vécu et désemparée face aux jours qui attendent son empreinte ».

Finalement, pour sauver sa peau, Lisette choisit de rejoindre les marrons dans les mornes après avoir étranglé l'esclave Clarisse, qu'elle a surprise (sans être vue), au moment où elle révélait à ses maîtres les noms des esclaves en train de préparer le soulèvement.. Clarisse n'a pas hésité à dénoncer les siens, sous prétexte de rechercher l'affranchissement de sa personne et d'autres membres de sa famille.

Les faits décrits par Rosalie l'Infâme viennent confirmer la vérité historique, selon laquelle les esclaves domestiques et ceux des plantations avaient développé une stratégie commune pour lutter contre le colonialisme d'avant 1804. Aujourd'hui, en 2003, personne n'arrive à comprendre comment des contemporains haïtiens osent prétendre que les esclaves domestiques et ceux des plantations ne s'étaient pas ligués pour combattre le système esclavagiste à Saint-Domingue.

Même si l'auteure Evelyne Trouillot se défend d'avoir écrit un roman historique, Rosalie l'Infâme, par l'écriture empreinte de réalisme d'époque, rappelle beaucoup les romans d'autres écrivains haïtiens, comme Frédéric Marcelin et Fernand Hibbert, qui au XIX e siècle, ont essayé de traduire des faits de la vie quotidienne dans leurs écrits.

Pour Evelyne Trouillot, il conviendrait d'évoquer avec son roman un pan de l'atmosphère d'exploitation et de violence des colons sur les esclaves embarqués de force en direction de l'Amérique. le roman Rosalie l'Infâme devrait être aussi être disponible dans les bibliothèques pour permettre aux jeunes de mieux comprendre une époque de l'histoire d'Haïti riche en enseignements, à quelques mois du bicentenaire de l'Indépendance nationale en 2004.

Et, pourquoi pas, les chorégraphes ne pourraient -ils pas s'inspirer de Rosalie l'Infâme pour mettre en scène cette tranche d'histoire de la vie nationale ? Les débats sont ouverts. [rc apr 22/05/03 16:30]

[1] Rosalie l'Infâme, 140 pages, premier roman d'Evelyne Trouillot, femme écrivain haïtienne, paru aux Editions Dapper, Paris, février 2003.
Lien : http://www.alterpresse.org/s..
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Un grand merci à Evelyne Trouillot pour avoir écrit ce livre, et merci aux éditions le temps des Cerises et à Babelio pour me l'avoir offert. Rosalie l'Infâme est un vrai bonheur de lecture. A travers les yeux de Lisette, on y suit le quotidien des esclaves dans une plantation de Saint-Domingue en 1750. On découvre avec elle le passé des femmes de sa famille, on subit avec elle les maltraitances des maîtres, les tortures faites aux proches dissidents. Evelyne Trouillot ne se contente pas de relater les faits malheureusement véridiques. Elle invite le lecteur à se glisser dans la peau de Lisette et à ressentir avec elle les douleurs, la peur, mais aussi les sursauts de vie, l'amour, le désir qui subsiste malgré tout. Elle redonne une humanité à ses femmes qui n'ont été pour certains que des paquets de chair usés par le travail, la torture ou le viol. L'écriture d'Evelyne Trouillot est desespérément sensuelle et sensible. Rosalie l'Infâme est un bijou littéraire à lire, à partager, offrir et faire connaître autour de soi autant que possible. J'ai adoré et je recommande mille fois !
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Un grand merci à Evelyne Trouillot pour avoir écrit ce livre, et merci aux éditions le temps des Cerises et à Babelio pour me l'avoir offert. Rosalie l'Infâme est un vrai bonheur de lecture. A travers les yeux de Lisette, on y suit le quotidien des esclaves dans une plantation de Saint-Domingue en 1750. On découvre avec elle le passé des femmes de sa famille, on subit avec elle les maltraitances des maîtres, les tortures faites aux proches dissidents. Evelyne Trouillot ne se contente pas de relater les faits malheureusement véridiques. Elle invite le lecteur à se glisser dans la peau de Lisette et à ressentir avec elle les douleurs, la peur, mais aussi les sursauts de vie, l'amour, le désir qui subsiste malgré tout. Elle redonne une humanité à ses femmes qui n'ont été pour certains que des paquets de chair usés par le travail, la torture ou le viol. L'écriture d'Evelyne Trouillot est desespérément sensuelle et sensible. Rosalie l'Infâme est un bijou littéraire à lire, à partager, offrir et faire connaître autour de soi autant que possible. J'ai adoré et je recommande mille fois !
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Vincent est là soudain, solide et sûr, pétri de terre brune et rocailleuse où j’enfouis mes larmes. Tout est dit : les flammes, les cris, la peur, l’angoisse, la honte, l’outrage, la colère et la rage. Je laisse mes doigts refaire connaissance avec ses bras, lianes mystérieuses t puissantes, avec chaque marque, chaque étampe sur sa poitrine
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C'était une femme de trente ans environ, tranquille et résolue, jamais à se plaindre. Elle portait son rêve dans ses yeux. Un rêve à deux branches étroitement enlacées : avoir un enfant et être libre. Sa dernière tentative de fuite lui avait coûté non seulement une oreille mais aussi son bébé. Elle portait les marques des dogues sur ses mollets. Le père de son enfant s'était sauvé et sans doute voulait-elle le rejoindre. Mais je crois que son besoin de liberté n'était lié à aucun homme, elle ne pouvait tout simplement pas respirer dans l'esclavage.
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Entends le temps des barracons ! Peut-être qu'un jour on ne parlera plus de tout ceci. Peut-être oubliera-t-on même ce mot, il s'en ira avec nous qui portons ses marques, mais la honte demeurera tant qu'on ne l'aura pas extirpée. Nos silhouettes demeureront flétries si nous n'apprenons pas à chevaucher nos ombres pour leur donner vie. Je sais que tu as entendu et vu déjà pas mal d'horreurs, toi, si jeune, toi, créole, née sur cette île si loin du pays d'où je viens.
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OuganDaga a été rebaptisée comme nous tous, m'a dit un jour Man Augustine, mais je n'arrive pas à l'appeler Dada comme le fait tout le monde. Pour moi, elle restera OuganDaga, comme une ouanga nègess, un oiseau trop libre pour accepter qu'on lui taille les ailes. C'est comme pour ta mère, on l'a rebaptisée Rose, mais pour nous elle a toujours été Ayouba, avec la fragilité de la vie dans son regard et la douceur du vent dans ses pas.
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Imagine une nuit dont tu ne peux pas compter les lunes car au-dessus de toi, il n’y a qu’un plafond de bois. Pour fenêtre, tu as les panneaux. Pour univers, les entreponts.La nuit, nos corps et nos esprits ne se reposent pas, les ténèbres renforcent cette impression de tumulte de chairs pressées les unes contre les autres.
Tu passes quelques jours à accorder ton souffle à celui de ta compagne de chaîne, puis tu te rends compte que son souffle à elle s’est arrêté et que tu es collée à un cadavre presque raide.
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Videos de Evelyne Trouillot (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Evelyne Trouillot
"Des Livres et Vous" Evelyne Trouillot (07 Juillet 2017)
Des livres et vous avec la voix la plus modeste des lettres haïtiennes. Écrivaine à la plume somptueuse à l'imagerie renversante. Evelyne Trouillot fait poèmes et romans dans un souffle fin et généreux. Mirador aux étoiles, La mémoire aux abois, Par la fissure de mes mots, Rosalie l'infâme, Je m'appelle Fridhomme. Evelyne Trouillot travaille dans la retenue, la presque timidité mais son œuvre est pétrie d'une importante sûreté esthétique. Cette semaine, DLV, vous propose son univers. Tout est dans le concept RTVC.
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