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Eloi Recoing (Traducteur)
EAN : 9782742787401
98 pages
Actes Sud (07/11/2009)
4/5   12 notes
Résumé :
Drame en quatre actes.
Rosmer, veuf depuis un an, a cessé ses fonctions de pasteur et s'est retiré dans le domaine familial : Rosmersholm. Rebekka, l'amie fidèle de son épouse disparue, vit toujours sous son toit, sans statut précis. Eprise d'idées progressistes, elle cherche à redonner confiance à Rosmer afin qu'il sorte de ce cadre conservateur. En quête d'affirmation de soi, il aspire à une vie nouvelle, mais ce lieu mortifère et des révélations sur le sui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ecrite en 1886 et créée en 1887 à Bergen, la pièce est jouée assez rapidement en France, en 1893, mais elle ne figure pas parmi les oeuvres de son auteurs les plus connues et les plus représentées.

Nous sommes à Rosmerholm, une belle propriété, qui donne son nom à la pièce. Son propriétaire, Johannes Rosmer, un ancien pasteur, a abandonné la carrière ecclésiastique après la mort tragique de sa femme, Beate. Il vit avec l'ancienne dame de compagnie de celle-ci, Rebekka West. Son grand ami et frère de Beate, Kroll, survient. Il demande à Rosmer de participer à un journal conservateur qu'il veut lancer, pour défendre des points de vue à l'opposé du progrès. Rosmer lui avoue qu'il ne partage plus ses convictions, qu'il a perdu la foi, et qu'il veut au contraire appuyer les progrès sociaux du pays. Kroll en est très fâché. Rosmer veut aller plus loin : affirmer ses nouvelles convictions, voire participer à les défendre. Kroll se montre menaçant, et tente de déstabiliser la relation de Rosmer et Rebekka, qu'il pense responsable de la situation. Nous apprenons peu à peu des choses sur la mort de Beate, qui s'est suicidée, la responsabilité de Rebekka dans ce suicide, apparaît progressivement. Mais Rebekka refuse l'offre de mariage de Rosmer, qui lui aurait pourtant permis de réaliser ce qu'elle semble s'être donné comme objectif : devenir la respectable et riche nouvelle Madame Rosmer. Kroll lui fait par ailleurs des révélations sur ses origines, qui l'affectent énormément. Rebekka tente de s'enfuir, mais au final, elle va se suicider avec Rosmer, dans le même torrent où est morte Beate.

Il est en réalité impossible de résumer cette pièce, tant elle est complexe et tant tout résumé ne peut être qu'une interprétation. Il y a un aspect social et politique : une opposition entre une sorte de conservatisme étroit et rétrograde et une possibilité de transformer la société. Kroll a un aspect très inquiétant, prêt à tout pour promouvoir sa vision du monde, y compris à démolir quelqu'un qui est censé être son ami, en mentant, exagérant, voulant anéantir quasiment l'opposition. Mais le camp adverse n'est pas plus glorieux : Peder Mortensgard qui le représente est une crapule opportuniste, prêt à déformer la vérité pour en retenir ce qui va lui servir. Il s'agit juste d'une lutte pour le pouvoir, dans laquelle tous les moyens sont bons.

Mais la pièce aborde aussi des aspects plus psychologiques, d'une façon très approfondie. Ils y a ce que disent les personnages, ce qu'ils veulent faire croire, ce qu'ils croient eux-mêmes, et la réalité, qui se dérobe et qui semble toujours insaisissable, aussi bien sur les faits que sur les motivations et les ressentis. Beate, présentée d'abord comme une femme malade, semble avoir été au final une femme manipulée : son incapacité à avoir des enfants, que Rebekka exacerbe, les mensonges éventuels de Rebekka (a-t-elle fait croire à Beate qu'elle attendait un enfant de son mari? ), ses rapports avec son mari pour le moins ambigus. Rosmer, qui se présente comme un homme idéaliste, souhaitant sublimer la passion dans une volonté de dépassement spirituel, apparaît au final comme un être faible, sans doute impuissant, et qui a probablement contribué à la mort de son épouse.
Mais le personnage le plus complexe et le plus ambigu est sans conteste Rebekka. Une sorte de sirène séductrice, capable de se battre par tous les moyens pour ce qu'elle veut, immorale, sensuelle, manipulatrice, mais en même temps très libre, intelligente, faisant éclater les cadres étouffants d'une morale étriquée et hypocrite. Elle rayonne comme un soleil noir sur toute la pièce. Mais elle a ses zones d'ombre et fragilités, et les révélations involontaires de Kroll vont l'anéantir lui dévoilant des choses sur elle-même qu'elle ne voulait pas connaître.

Et il y a aussi dans la pièce une dimension symbolique, entre les chevaux blancs qui annoncent la mort, et la propriété qui donne son titre à l'oeuvre, décorée de portraits d'ancêtres, un lieu mortifère, où le passé pèse et attire vers le néant ceux qui y vivent. La tragédie semble inévitable dans ce cadre, où les maléfices suintent des murs, et noient les vivants, quelle que soit leur vitalité.

Une très grande oeuvre.
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Voilà un texte qui utilise toutes les possibilités du théâtre et en particulier du jeu des acteurs, pas tant physique que psychologique. C'est à dire que le temps d'un spectacle, l'auteur nous raconte à la fois une histoire tout en nous entraînant dans différentes directions pour évoquer en l'occurrence des thèmes tels que l'affrontement du conservatisme et du progressisme, le renoncement à la religion, la prégnance des valeurs et de la morale et bien sûr l'amour.
On croit d'abord que c'est le sujet politique qui va être privilégié mais bientôt les révélations sur l'histoire des personnages, dont la psychologie apparaît peu à peu, montre que le thème de la pièce est avant tout l'amour, et plus largement les rapports d'une femme et d'une homme (nous sommes dans la Norvège de la fin du XIXe siécle), confrontés à la morale, ici la morale chrétienne protestante. Un des messages est qu'il ne suffit pas de renoncer à une religion pour être, pour autant, débarrassé de ses valeurs, dont les racines sont profondes.
Hormis le pauvre Rosmer, qui ne sera finalement libre qu'à la toute fin, les personnages participent à rendre la situation inextricable et sans solution, en tout cas pour donner du sens à la pièce. Celle, définitive, que Rosmer et Rebecca choisissent dans le dernier acte, complètement tragique, sublime finalement les malentendus et les secrets mis au jour plus tôt.
Le personnage de Beate, l'épouse défunte de Rosmer, est étonnant par sa présence sous forme de fantôme, de conscience ou par les actes qu'elles a accomplis ou les paroles qu'elles a prononcées avant son suicide.
Cette pièce est un régal pour les amoureux de théâtre intimiste, pas très gai mais profond. La maison de poupée sera ma prochaine étape au pays d'Ibsen.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
KROLL : Rosmer !... Rosmer ! Je ne m'en remettrai jamais. (Le regardant douloureusement.) Te voilà donc parmi ceux qui travaillent à l'œuvre de corruption et de ruine qui ronge notre malheureux pays.
ROSMER : C'est à sa liberté que je veux prendre part.
KROLL : Oui, je sais bien, c'est là ce que disent les corrupteurs et les égarés. Mais crois-tu vraiment qu'on puisse attendre une quelconque libération de ces idées qui empoisonnent notre société ?
ROSMER : Je ne cède pas aux idées à la mode, ni à ceux qui combattent. Je veux lancer un appel à tous, pour unir le plus possible d'hommes et aussi étroitement que possible. Je veux consacrer toutes les forces de mon être à ce but unique : l'avènement, dans ce pays, d'une vraie souveraineté populaire.

Acte I.
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Yes, like that. Rushing at me out of the dark—out of the silence
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