Les autres tous ceux qui ne viennent pas de là d’où je viens, tous ceux qui ignorent tout de cette absorption omniprésente de la nourriture peuvent manger librement, apprécier « le goût sans goût » des couscous des traiteurs.
Pas moi !
Pourtant je joue le jeu…Je suis une femme prisonnière des gratins de couscous cuits au micro-onde, surnageant dans un bouillon de légumes anémiés par la grisaille parisienne. Et je me « shoote » à la harissa made in Monoprix.
Juive tunisienne, je me sens obligée de terminer mes conversations, chaque fois que j’ai envie de me lier d’amitié par un « Et je vous inviterais pour un couscous ! ».
En fait, le couscous, je ne sais pas le faire.
Ma famille a importé tous ses souvenirs qu’elle a déballés dans mes armoires et dans les tiroirs de ma commode sans me demander mon avis, sans savoir s’il y avait de la place. Si bien que je n’ai pas encore pu ranger mes propres affaires !