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EAN : 9782290137925
288 pages
J'ai lu (08/03/2017)
4.02/5   388 notes
Résumé :
1596. Deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi. À La Roue de Fortune se croisent des passés que l'on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (134) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 388 notes
Les guerres de religion vont bientôt s'achever dans le royaume de France par la victoire du roi Henri IV, ce huguenot converti au catholicisme par nécessité politique. La ligue catholique qui refuse de reconnaître ce roi parjure, recule sur tous les fronts. Mais elle tient encore Marseille. le Henri IV de « Royaume de vent et de colères » ne ressemble pas à celui décrit dans nos livres d'histoire : le roi du panache blanc et de la poule au pot, le roi égrillard, le vert galant. C'est un roi olympien, un conquérant brutal et sans pitié. En bon stratège, il sait qu'une cité fortifiée a plus de chances de se prendre de l'intérieur par la trahison que par un assaut frontal. Approchée, la puissante guilde des assassins de la ville est grassement payée pour permettre à l'armée royale de pénétrer dans Marseille.
Voilà ! Tout est mis en place ; l'histoire peut commencer. Celle de toute une petite bande de spadassins, de politiques ondoyants et fourbes, d'amoureux transis, de mystiques acharnés, de magiciens consumés par leurs pouvoirs, d'hommes du commun pris dans cet engrenage infernal, qui vont tourner autour de ce complot jusqu'à ce qu'il s'accomplisse dans un bain de sang.
Ce livre, c'est une danse macabre ! Une sarabande funèbre qui réunit notre petite bande où chacun part à la rencontre de son destin, où la fin ne peut pas être heureuse.
Je ne suis pas prêt d'oublier le gosse des rues, Gabin sans « aime » qui protège des reitres Axelle, sa seconde mère, avec un espadon trop lourd pour lui ; ni Armand qui se consume d'amour pour Gille ; ni victoire la démone qui a des yeux de Chimène pour Gabriel, le vieux, meurtri et probe Chevalier si plein d'allure…
Le style simple et dépouillé, parfois crépusculaire, est chargé d'émotions. Je suis entré dans la danse, moi aussi, avec cette espérance, mais sans trop y croire quand même, que quelque-chose ou quelqu'un allait pouvoir modifier la partie jouée d'avance de « Royaume de vent et de colères ».


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Jean-Laurent del Socorro nous offre, pour son premier roman, une plongée dans un Royaume de Vent et de Colères, un opus plein de punch au coeur des guerres de religion du XVIe siècle marseillais.

Dans Royaume de Vent et de Colères, le lecteur se rend vite compte des deux plus grandes forces du récit : d'abord son contexte accrocheur, ensuite ses personnages réalistes. le contexte du roman nous emmène en 1596 au milieu de la cité phocéenne alors qu'elle est soumise depuis cinq ans au consulat ligueur de Charles de Casaulx. Celui-ci est en proie à l'isolement, tiraillé entre l'avancée inexorable du nouveau roi de France, Henri IV qui a renié le protestantisme, et la fuite plus ou moins volontaire de ses alliés catholiques ; toutefois, le consul de Marseille est loin d'être le personnage principal ici, voire même un personnage secondaire, bien au contraire. Dans ce pan d'histoire de France finalement peu connu, nous avons le plaisir de suivre avant tout deux femmes et deux hommes qui constituent les narrateurs en alternance : Victoire, l'archétype de la mafiosa assassine ; Axelle, l'ancienne mercenaire devenue tenancière ; Armand, prêtre et maître de l'Art-bon (seule composante magique du roman) accessoirement en fuite avec son compagnon Roland ; enfin, Gabriel, chevalier sans terres torturé par les remords qui sent que son heure est venue pour briller une dernière fois au combat, dont la prégnance physique est magnifiée par la couverture de Milek Jakubiec (je salue bien bas le réalisme de son graphisme). Ils constituent une galerie de personnages touchants auxquels le lecteur peut s'attacher facilement, galerie à laquelle s'ajoute Silas dont le rôle est primordial dans l'histoire en lui-même comme dans la façon de nous le narrer. C'est d'ailleurs clairement mon personnage préféré, puisqu'il compose finalement le personnage passe-partout, mais intrigant, dans l'histoire qui finit par persister le plus durablement dans mon esprit.

Si nous essayons d'analyser la structure de ce roman dans l' « ordre d'apparition », il faut reconnaître dès le départ que Jean-Laurent del Socorro happe son lecteur avec ses chapitres véritablement brefs. le fait d'utiliser constamment la 1ère personne du singulier y est pour beaucoup, évidemment, tout comme l'impression d'entrer directement dans une pièce de théâtre classique avec une unité de temps, de lieu et d'intrigue. Nous sommes dans un terrain potentiellement connu (même si vous n'êtes pas familier du contexte) et sur un terreau fertile pour l'organisation de l'imagination du lecteur. le rythme est pressé d'entrée de jeu et l'impression de laisser pas mal de choses sur le côté est forte. Malgré tout, cela invite indubitablement à s'immerger complètement dans le récit. de sérieux doutes peuvent apparaître quand la deuxième partie débute. En effet, après avoir planté le décor avec quatre-cinq personnages forts et attirants, l'auteur fait non pas un bond en arrière pour, comme c'est traditionnellement souvent le cas, « raconter comment nous en sommes arrivés là », mais bien plusieurs en alternant la longueur des flash-backs et là l'alternance des personnages se fait drôlement sentir puisque nous naviguons à travers une cinquante d'années d'histoire (la deuxième moitié du XVIe siècle en somme). Or, pour le lecteur lancé gaiement dans l'évolution des personnages dans un décor bien planté avec une intrigue attendue car tendue dès le départ, ce rétropédalage fait mal. Somme toute, il est donc facile de cibler pour ce roman les défauts de ses qualités. Malgré cela, notez que, même si on trouvera les textes bien souvent trop courts et prétextes à une avancée du récit par étapes bien jalonnées, les chapitres qui dépassent les trois pages recèlent de très bonnes idées scénaristiques : sans y trouver un style flamboyant à chaque fois, le fond fait vraiment plaisir à lire. Et d'ailleurs, ce sont sur ces entrefaites que l'intrigue se remet en route avec la troisième partie et l'aboutissement de ces bonnes ficelles scénaristiques : les wagons se raccrochent dans une mécanique bien huilée dans une conclusion bien maîtrisée avec juste ce qu'il faut de mystérieux.

Toutefois, on ne peut décemment pas s'appesantir sur la structure de ce roman sans signaler qu'en deuxième niveau de lecture, les signes fourmillent pour multiplier les allusions à la chance, au sort et aux choix de chacun. L'intention de l'auteur semble, en effet, se porter de manière conséquente sur les signes qui bordent les destins des différents personnages. Ainsi, les allusions au jeu d'échecs sont légion, ce qui correspond bien à l'ambiance des dernières heures du consulat de Charles Casaulx à la tête de Marseille tenue par la Ligue : des sacrifices plus ou moins volontaires, des échanges de bons procédés, et même des prises parfois inattendues. Mais c'est le fameux tarot de Marseille qui recèle sûrement le plus d'anecdotes ici ; les noms des atouts de ce jeu de cartes, par exemple, sont parfois repris pour symboliser des objets cruciaux dans l'histoire, le Chariot et la Roue de Fortune en tête ; de même, dans la deuxième partie, les chapitres sont numérotées selon une formule de « 12 fois 4 » (12 chapitres par personnage principal), ce qui pourrait (le conditionnel ici est de rigueur) signifier quelque chose autour des « couleurs » dans un jeu de cartes, mais là cela révèlerait surtout de ma propre imagination à voir des signes partout. Enfin, cette intention de focaliser même la structure sur le destin des personnages me renvoie à ma propre vision de l'Histoire : l'Histoire est, pour moi, une façon d'étudier les choix, le sort et les tactiques de personnes ayant eu leur part dans des événements de plus ou moins grande importance (importance qui importe en fait peu, puisqu'il est souvent plus utile de se consacrer sur les réactions des personnages). La nouvelle qui clôt ce volume, « Gabin sans ‘‘aime'' », ne fait que renforcer cette agréable impression, même si cela se sent un peu que le personnage aurait pu, et dû au départ, constituer une voix alternative supplémentaire et qu'elle a fini par ne pas aboutir.

En définitive, je suis sûrement un peu trop dur parfois dans cette critique, mais comme précisé plus haut, ce roman a les défauts de ses qualités (expression très bateau, mais qui correspond à mon état d'esprit sur ce sympathique premier roman) ; il constitue malgré cela un bon moment de lecture, et ce d'autant plus qu'une telle utilisation d'un fait historique ne pouvait que me convenir. Royaume de Vent et de Colères est un roman de chez ActuSF qui, encore une fois, nous sort de l'ordinaire, et c'est ce qui compte : nous avons là quelque chose de frais, de neuf et d'encourageant.

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Enfin.
J'ai enfin pris le temps de lire le premier roman de Jean-Laurent del Socorro, après des années de tergiversations, à voir passer des critiques a minima élogieuses. Il aura fallu l'occasion d'un challenge et d'une lecture commune avec Nadou38 pour franchir le pas. Je la remercie de m'avoir accompagné.

Foin de suspense : ce livre est objectivement impressionnant de qualité.
Le fond historique est incroyablement maîtrisé et très instructif. J'ai un peu parcouru le 16ème siècle français au cours de mes lectures, mais je n'avais jamais ne serait-ce qu'entraperçu tout se qui s'était passé autour de Marseille. La domination de la Ligue catholique, les interventions intéressées du duc de Savoie, le pouvoir personnel dictatorial de Charles de Casaulx, la reprise en main par Henri IV. Tout cela est d'une grande richesse.
La forme est épatante. Roman choral, composé de chapitres courts donnant chacun la voix à un personnage qui parle à la première personne. Cela induit un rythme, une chanson particulière à cette histoire, comme des voix de ténor, soprano, alto et basse. Les intervenants sont peu nombreux, et la répétition de leurs interventions permet d'approfondir leur caractérisation en permanence. L'auteur joue beaucoup avec le point de vue, n'hésitant pas à nous faire revoir la même scène sous plusieurs angles, imprégnée d'émotions différentes.
Ces personnages m'ont eu l'air tous sortis d'une tragédie grecque. Un point commun qui ressort chez quasiment chacun d'entre eux est le regret. le regret d'avoir eu la vie qu'ils ont vécue, le regret d'avoir fait tel choix, ou de ne pas l'avoir fait, ou de ne pas avoir eu le choix. Ce ne sont pas des dieux qui les manipulent, qui les obligent à l'héroïsme ou au crime, c'est simplement le rouleau compresseur des événements. Les personnages n'en paraissent pas plus libres pour autant. C'est e regret de devoir être emporté par la vie qui ressort le plus vivement.
Silas le Turc échappe à cette définition, et peut-être Gabin aussi. Ce dernier est trop jeune pour regretter ; sa vie est devant lui. Gabriel est le seul dont je n'ai pas vraiment compris le comportement (attention SPOIL)
La pincée de fantasy qu'apporte l'Artbon est juste ce qu'il faut. J'aime beaucoup cette façon de considérer la magie ; quelque chose d'exigeant qui détruit petit à petit celui qui ose l'utiliser. On n'est pas éloigné de l'utilisation d'un certain anneau. Orson Scott Card est un autre auteur qui apprécie ce donnant-donnant.

Pourtant, malgré toutes les fleurs que je dépose aux pieds de ce roman, j'ai eu du mal à l'apprécier à sa juste valeur. Oh j'appréciais chaque fois où je me plongeais dedans, mais aucune folle envie de poursuivre ne s'emparait de moi. Chaque fois que je refermais le livre, la sensation de plaisir disparaissait vite. Et aujourd'hui il ne me reste guère d'émotion rémanente associée à sa lecture.
Et je ne comprends pas pourquoi.
Je soupçonne que la raison est ailleurs, en dehors du livre lui-même. Peut-être une saturation de lecture. C'est étrange mais réel.
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Un attentat se fomente dans les rues de la ville. Au nom de Dieu, des hommes vont mourir et la cité va être mise à sac. Paris au XXIe siècle ? Non. Marseille au XVIe. 1596 : La cité phocéenne conteste la légitimité du Roi de France et s'auto-proclame République indépendante. Marseille, la catholique face à Henri IV, le huguenot : le décor est posé, mais les cartes ne sont pas encore tirées.
Elles sont toutes là, dans une même main dès le prologue, et ne demandent qu'à être abattues :

- Gabriel : Chevalier de sang et de misère, j'ai choisi la vie en donnant la mort. Tant et tant. Que je n'aspire à plus rien d'autre. Ce sera la dernière. Victoire. J'ai beau regarder le ciel, droit devant, debout, la tête haute, j'ai un genou à terre...
« Je vis en ermite depuis si longtemps que les mots m'ont déserté. »

- Victoire : Je suis née au combat, brandie comme un étendard par une Patience à la volonté de fer. le couteau à la ceinture et la Rapière à la main, je sais comment tailler les chairs. Tu ne bronches déjà plus devant la faible femme que je ne suis pas. Ça aide, le sang sur les mains pour attirer le respect. Je ne suis pas dupe, va ! Je sais. La Guilde attend toujours mon heure...
«Nous ferions pourtant un si beau couple d'assassins tous les deux. »

- Silas : Approche ! Et montre-moi de quoi tu es capable, Bourreau. Je te le rendrais au centuple. Tu crois mener la danse. Tu crois être passé maître dans l'art de manier la souffrance. Tes yeux jubilent. Profites-en bien. Tant qu'ils sont encore deux.
« Fouette-moi autant que tu veux, aucune explication ne sortira de ma bouche. Les plaies se referment et les os se ressoudent, mais enlève-moi l'honneur et je ne vaudrais guère plus qu'un chien. »

- Armand : Il nous faut fuir, Roland, et abandonner l'Artbon. Seras-tu assez fort pour résister à son appel ? Nous prendrons le chemin de Marseille. Puis nous embarquerons. Ils ne nous penseront pas assez fous pour faire ce choix-là. Et peu importe ce que nous ferons. Puisqu'il y aura toujours la mort au bout...
« Il n'est jamais trop tard pour se tromper. »

- Axelle : Je ne suis pas mère. Je règle mon pas sur le pas de mon père. L'espadon dans mes deux mains, à faire voler les têtes, j'apprends. J'apprends à maîtriser la colère. Gilles, penses-tu avoir fait taire en moi, la révolte et la haine ? La fortune et sa roue, le chariot dans les mains, je regarde l'Aube qui se réveille. Je ne suis pas ma mère...
« La peur je l'ai avalée. Dans ma bouche, dans ma gorge, elle me tombe tout au fond du ventre, jamais digérée.»

- Gabin : C'est la chanson du gamin qui a perdu son « aime », c'est la chanson que me fredonnait ma mère, du temps où j'en étais encore un. Je croque à pleines dents dans la pomme offerte par un mort et m'accroche à la roue de la fortune. Je sers les habitués, essuie les tables et disperse les poussières des routes. Je fais le pari de la vie et regarde l'espadon accroché au mur...
« Une moitié d'homme en guenille ».

Jean-Laurent del Socorro nous offre là un Royaume de vent et de colères qu'on peine à lâcher. La structure du livre atypique désarçonne au départ mais très vite, elle donne un tel rythme à la lecture, qu'on y adhère totalement. J'ai aussi beaucoup aimé le choix de la narration à la première personne, chaque personnage se succédant pour nous livrer « sa » vérité, son histoire. L'auteur est un roliste. Aucun doute à avoir sur cette affirmation, quand on voit avec quel soin il a travaillé ses perso : ils trimbalent tous leurs univers et ont une « vraie » présence et pourraient faire l'objet chacun d'un autre roman sans aucun problème. Et pas de demie mesure pour les personnages féminins : Chez del Socorro, point de gourdasses effarouchées, mais de vrais portraits de femmes, qui ne sont pas là pour distraire, faire joli ou tapisserie !

Bon, vous l'aurez compris, j'ai complètement accroché à ce Royaume de vent et de colères, premier roman aux éditions Actusf, suivi d'une nouvelle et d'une interview de l'auteur qui permettent de prolonger la découverte.

Et dans le ciel de mes coups de coeur, elles scintillent encore :
Cinq étoiles. Une par doigt.
Lien : http://page39.eklablog.com/r..
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C'est l'auteur rencontré aux Imaginales qui m'a lui-même incité à tenter l'aventure (un personnage dont la générosité n'a d'égale que la modestie, ce qui ne gâche rien)… Mais bon avec les Guerres de Religion, Marseille et la Fantasy, il n'avait pas besoin de beaucoup d'arguments pour me convaincre… L'oeuvre avait donc au départ tout pour me plaire, mais patatras le panégyrique d'Ugo Bellagamba sur la vraie littérature en préface m'a complètement douché…
Il a fallu repartir à l'assaut, et avec les phrases de quelques mots, les paragraphes de quelques lignes et les chapitres de quelques pages difficile de retrouver l'oeuvre de ouf tant vantée en préambule. Un prologue en forme d'huis-clos, où on glisse d'un personnage à l'autre avec des travellings de film d'auteur… Ah ce moment là j'ai eu peur, très peur… Et puis ouf, la magie de l'auteur fait son oeuvre et la musique de son écriture permettent d'accéder à l'essentiel !


Le Vent :
Nous sommes le 17 février 1596 et Henri IV est sur le point d'achever la reconquête du royaume de France par la prise de Marseille qui s'est érigée en République indépendante. le Consul Charles de Casaulx (successeur de Jules César ou annonciateur de Napoléon Bonaparte ? ^^), fait face seul à l'armée royale après le ralliement de la Ligue au roi nouvellement converti à la religion catholique, la défection de Charles-Emmanuel de Savoie et le retrait de Philippe II d'Espagne.
Le côté historique est impeccable car bien documenté, et la manière dont les personnages historiques et les personnages fictifs s'entremêlent est joliment maîtrisée. Ceux que l'auteur a choisi de mettre en avant veulent tous entamer une nouvelle vie permettant d'oublier celles qui furent les leurs, mais ils subissent les événements avant d'être rattrapés par l'amère fin dans un récit découpés en 3 actes avec unité de lieu, de temps et d'action… Jean-Laurent del Socorro n'échappe ainsi pas à sa formation d'homme de théâtre ^^

Les Colères :
- Axelle, guerrière reconvertie en tenancière, est en colère contre ce que sa mère a fait d'elle…
- Gabriel, le huguenot converti de force, est en colère pour avoir survécu alors que toute sa famille a péri…
- Armand, le maître artbonnier en fuite, est en colère contre son ordre qui a transformé des guérisseurs en guerriers…
- Victoire, la maîtresse assassine, est en colère contre la société qui ne laisse aucune place aux femmes, et qui l'a obligé à effectuer des choix qu'elle regrette fortement
- Ce bon Silas garde pour lui ses secrets, et ce n'est pas ses courtes interactions avec Victoire et ses longs monologues avec son tortionnaire qui vont nous en apprendre davantage. Je ne sais pourquoi, je n'ai pas arrête de penser à l'auteur déguisé en Rochefort avec une pomme à la main… mdr
L'auteur a certes fait le choix de la tragédie plutôt que de la comédie, mais force est de constater qu'il a réalisé ce qui à ma connaissance est de plus proche de Joe Abercormbie, la comète de la fantasy britannique. Ses personnages auraient parfaitement leur place dans l'un de ces livres, et parfois la frontière est très mine entre untel / unetelle et untel / untelle… C'est sans doute ici l'humanisme à la Sergio Leone qui fait le pont entre les deux auteurs.
J'ai retrouvé en l'auteur un peu des intentions d'écriture de Fabrice Colin, de Mathieu Gaborit, de Laurent Gidéon ou d'Estelle Faye : l'auteur très empathique a de la tendresse pour ses personnages et nous la fait partager (mais comme j'ai fortement senti le trope du cape et épée, sa place est peut-être entre Pierre Pevel et Jean-Philippe Jaworski ^^) : oui on s'attarde sur la romance gay entre un éraste et un éromène, sur le beguin d'une strong independant women qui pense être passé à côté de sa vie, sur les fantômes qui hantent un chevalier qui cherche à oublier à défaut de se racheter, et sur les doutes d'une femme qui n'a trouvé sa place ni en tant que guerrière ni en tant que mère… Oui, on fait la part belle à l'introspection, et pourtant il faut souligner que l'auteur développe un talent de dialoguiste d'une redoutable efficacité, et ses tirades sont remplies de bons mots et de punchlines !


L'auteur a composé 4 voire 5 personnages très forts, suffisamment forts même pour que chacun d'entre eux puisse être l'objet d'un roman tout entier. Mais en les associant on parvient à un goût de trop peu, voire d'inabouti. J'ai eu un peu les mêmes sensations qu'un film de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui : des personnages en plein doute qui se croisent et qui s'entrecroisent, et quand on pense qu'ils vont relever la tête et construire quelque chose et ben c'est déjà fini…
La moitié de l'ouvrage c'est des bouts de flashbacks nous permettant de reconstituer l'Histoire des Guerres de Religion de du 24 août 1572 au 17 février 1596 à travers les POVs des personnages principaux (dont on reconstitue également les histoires individuelles), découpés en 12 parties chacun et repartis selon une chronologie quelques peu déstructurée… Originalité n'est pas synonyme de qualité, et ce n'est cette « témérité stylistique folle » qui apporte de la qualité à ce premier roman qui pourtant n'en manque pas du tout… Car le projet est un peu bâtard : roman ? novella ? nouvelles? Ah ça on sent que l'auteur est plus à l'aise comme nouvelliste que comme romancier, mais s'il continue dans sa voie il pourrait bien tout déchirer… Bref, c'est frais, c'est neuf et surtout c'est prometteur car à l'heure du tirage à la ligne sa concision e son efficacité sont des atouts maîtres ! ^^
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
02 mars 2015
Une claque.
Voilà le mot que qualifie le mieux ce premier roman de Jean-Laurent Del Socorro. Pour un coup d’essai, il s’agit véritablement d’un coup de maître !
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (95) Voir plus Ajouter une citation
Son épaule gauche lui fait visiblement mal, mais dans son orgueil, il n'en laisse rien paraître. Vous êtes touchant chevalier. Je passe mon bras sous le sien, nonchalante. Il se raidit un instant mais ne se dégage pas. Serait-ce un début de sourire que je devine dans votre barbe ? A vos côtés, je deviens la femme que j'aurais pu être, l'instant de quelques pas. Nous avançons sous les regards intrigués des passants. Leurs visages affichent la curiosité, l'étonnement, la réprobation ou l'envie. Nous les ignorons et poursuivons notre chemin. Gabriel ralentit le pas et le temps avec lui. La vieille dame et son chevalier. Le démon au bras de son ange gardien.
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J'apprends à contrôler ma colère. Je la muselle comme la bête enragée qu'elle est, je la tiens en laisse à chaque bataille, je l'attache en moi jusqu'à ce qu'elle soit immobile. Je la sens parfois qui essaye de bouger dans mon ventre, alors j'abats plus fort ma cognée contre les bûches qui se fendent d'un seul coup. L'esclave et le maître échangent lentement leurs rôles. Je domine enfin ma rage, monstre qui rode de ma gorge à mes entrailles et qui menace toujours de prendre le contrôle. Alors je compte jusqu'à cinq, un par doigt, et je redeviens moi.
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Règle numéro 2: laisse rire les cons. Un con qui rit, même de toi, n'est pas un ennemi. Juste un con.

Règle numéro 3: reste en vue des cons. Ils ne te verront pas et toi tu pourras les avoir à l'oeil.

Règle numéro 4: un con, c'est toujours pressé, souvent sans raison, mais c'est comme ça. Toi, t'as pas d'argent, t'as pas de titre mais t'as le temps, alors, tu le prends.

Règle numéro 5: les cons, ça n'a aucun goût. Toi, tu dois en avoir. Salée, sucrée, sèche ou pluvieuse, la ville est un plat qui change tous les jours. T'as pas le choix du menu alors tu fais avec.

Règle numéro 6: un con, ça veut une belle rapière. Un couteau, ça coupe les miches de pain aussi bien que des gorges, ça tient dans la poche, c'est facile à aiguiser et en cas de besoin on peut toujours le lancer. Pas une rapière. Alors laisse les belles épées aux cons, et garde précieusement tes couteaux.

Règle numéro 7: les cons, ça ferme leur porte d'entrée à double tour mais ça laisse grande ouverte la fenêtre de leur chambre.
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Les portes-cierges sont remplis. Autant de flammes, autant d’espoirs allumés pour sauver son âme ou celles de ses proches – et autant d’écus qui viennent remplir les poches de l’Eglise. Elle n’est pas si différente de la Guilde : elle bâtît sa fortune sur la peur des gens. Nous éliminons les doutes, elle les cultive. Elle rappelle chaque jour à ses fidèles le poids de leur misère et s’offre à eux comme l’unique réponse à leur terreur. J’aurais dû me faire abbesse et revêtir le scapulaire et la cornette. J’aurais été aussi riche, si ce n’est plus, en prenant moins de risque.
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- Il ne faut pas laisser ce monstre te frapper.
- C’est pas un monstre. C’est mon père. Il a peur du monde alors il boit trop, c’est tout. Et pis, y a pas de chevalier comme dans les contes pour me protéger, Silas. Y a juste la porte de ma chambre derrière laquelle me réfugier.

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Videos de Jean-Laurent Del Socorro (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Laurent Del Socorro
Une longue discussion de la Garde de Nuit autour du roman Peines de mots perdus de Jean-Laurent Del Socorro.
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