L'autorité littéraire de l'entre-deux-guerres est celle des grands romans symphoniques. (…) … ces fresques sociales réunissent dans des intrigues compliquées des centaines de personnages qui portent le destin d'une époque. Le prix Nobel récompense les grands romanciers réalistes, Ivan Bounine et Sinclair Lewis, et, dans le même esprit, les auteurs de sagas : Thomas Mann pour « Les Buddenbrook », Galsworthy pour « Les Forsyte », Romain Rolland pour « Jean-Christophe », Roger Martin du Gard pour « Les Thibault ». En France, où la mode est née avec « Les Rougon-Macquart », auxquels répondent d'une manière différente les sept tomes d’ « À la recherche du temps perdu », Georges Duhamel suit la même voie en publiant le cycle « Vie et aventures de Salavin ». De moindres dimensions,, mais tout aussi ambitieux et touffus, quelques autres romans viennent renforcer cette image d'une littérature complexe qui surprend les mouvements profonds de l'Histoire par l'intermédiaire d'une narration. Aragon publie « Les Cloches de Bâle » et « Les Beaux quartiers », Malraux « La Condition humaine », Mauriac « Le Nœud de vipères », Bernanos, le « Journal d'un curé de campagne ».
2188 - [Folio biographies n° 100, p. 202]
J'aime les gens que le besoin de manger, de nourrir leurs enfants et d'atteindre le mois suivant sont lié de plus près avec la vie. Ils en savent plus long. Hier j'ai coudoyé sur la plate-forme de l'autobus une femme en cheveux flanquée de cinq gosses. Elle leur enseignait beaucoup de choses et à moi aussi. Les gens du monde ne m'ont rien enseigné. (Lettre à Rinette)
2057 - [Folio/biographies n° 100, p. 80]
Il a le sentiment de se dissiper, de se perdre, de s'égarer dans une vie qui n'est pas la sienne : « Je me sens si loin de moi. » Certes, cela ne l'empêche pas de s'amuser, de fréquenter les cinémas et les bars, d'aller à la fête foraine avec les Guillaumet et de se faire photographier avec eux dans la carlingue d'un avion en carton, de faire la bringue avec des « amis délicieux » et avec ses camarades pilotes dont certains se laissent abuser : « C'est en Argentine que Saint-Exupéry a été le plus heureux » affirme, sûr de lui, le commandant Jean Dabry.
2121 - [Folio biographies n° 100, p. 127]
Au retour d'Argentine, il lui a suffi de quelques semaines pour comprendre à quel point la vie parisienne est décevante : « Morand fait du Morand, ce qui est odieux. Giraudoux fait du Giraudoux (ce qui a d'ailleurs plus d'arrière-plan). Et on est certain, absolument certain, désespérément certain en ouvrant un Henry Bordeaux de lire quelque chose d'idiot. Cela fait l'effet d'une pharmacie dont on connaît déjà les étiquettes. On connaît déjà ce que l'on va boire. On n'a plus soif. Et on est injuste. Cela n'eût pas choqué si l'on était resté sur place. Ainsi, pour s'en être une fois évadé, on ne peut plus encaisser le vieil opéra traditionnel à cause du « Marchons ! Marchons ! Des figurants qui piétinent sans avancé ».
2132 - [Folio/biographies n° 100, p. 156]
Curieusement, vu le succès de Vol de de nuit et ce que les ventes lui ont tout de même rapporté, Saint-Exupéry n'envisage pas d’arrondir ses fins de mois en publiant un nouveau livre, que les éditions Gallimard attendent. Les écrivains « professionnels » ne finissent un livre que pour en commencer un autre. Saint-Exupéry ne le fait pas, et ce n'est certainement pas parce que les avances de l'éditeur sont modiques par rapport à ses besoins – et à ceux de Consuelo aussi. Par ailleurs, il n'est pas homme à se laisser décourager par l'hostilité que lui a value Vol de nuit, au contraire. Il faut chercher ailleurs les raisons de cet abandon, qui est définitif : Terre des hommes naît d'une initiative qui n'est pas celle de son auteur et Pilote de guerre est sans doute, dans l'esprit de celui-ci, un livre de circonstance – pour ne pas dire « de propagande » -, exigé par les événements.
2171 - [Folio biographies n° 100, p. 201]
Dumitru Tsepeneag Un Roumain à Paris - éditions P.O.L : où Dumitru Tsepeneag tente de dire de quoi et comment est composé son nouveau livre, "Un Roumain à Paris", traduit du roumain par Virgil Tanase, son journal des années 1970 à Paris, et où l'on croise notamment Roland Barthes, Eugène Ionesco, Emil Cioran, Paul Goma, Nicolae Breban, Michel Deguy, Gabriel Marcel, Leonid Dimov, Paul Otchakovsky-Laurens, Alain Robbe-Grillet, Robert Pinget, où il est aussi question de la parution de ses premiers livres dans la collection Textes chez Flammarion, de sa déchéance de nationalité roumaine, de la revue "Les Cahiers de l'est", de Chine et de Roumanie, de jeux d'échecs et de courses de chevaux, de l'onirisme et du surréalisme, à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L, à Paris le 4 février 2021.
Dumitru Tspeneag - Dumitru Tepeneag - Ed Pastenague "un român la Paris"
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