Dans Sao Kéo, la leçon est quelque peu désabusée : le bonheur de l’aventure ne fait qu’un temps, il n’est qu’illusion, puisqu’il ne saurait durer. [...] À découvrir impérativement si vous ne le connaissez pas.
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"(...) il est si facile de vivre heureux!"
(...)
Les paroles du vieux bonze, et plus encore peut-être, la souveraine sérénité de son accent, agirent sur moi d'une manière subite, miraculeuse. Une seconde avant de les entendre, je me sentais démoralisé, las, et pourtant furibond. Mais à peine le vieillard eut-il achevé, qu'à mon tour je lui pressai les mains, et lui souris sans nul effort.
En silence, et côte à côte, nous regagnâmes le village. J'éprouvais une joie intérieure inexprimable, un sentiment de délivrance, comme lorsqu'on retrouve son chemin après s'être fourvoyé. Je me moquais de moi-même,et me demandais par quelle aberration j'avais pu me jeter, avec un âpre sérieux, dans cette entreprise démesurée. logique et légitime pour tout autre, elle représentait une inconcevable folie pour moi, qui n'eus jamais les goûts ni les dons d'une homme d'action, et qui finirai, ainsi que j'ai toujours vécu, dans la peau d'un pêcheur.
Au fond, je venais d'être victime d'une espérance inattendue, et qui devait me décevoir. Je faisais semblant de chercher la Fortune. Elle me paya de retour, en faisant semblant de m'apparaître. Et moi, je m'étais piqué au jeu...