Nous sommes à cheval sur les années 1962, 1963.
Marc Bernard, historien de formation, est envoyé par sa maison d'édition dans la ville nouvelle de Sarcelles, dans la banlieue nord de Paris. Il y vivra, pendant trois mois, avec sa femme et ses deux oiseaux, dans un appartement témoin.
Dans cet essai sociologique, qui prend un aspect historique quand on le lit au XXIème siècle, Bernard rapporte la vie de cette cité du futur.
Ville sans Histoire, Sarcelles la nouvelle, émerge des champs de betteraves pour offrir à des familles aux revenus modestes des appartement décents appelés logéco.
Dans le contexte des Trente glorieuses, la politique est à l'urbanisme, favorisant la construction de nouveaux logements. le besoin est prégnant, dix ans après que l'
Abbé Pierre a secoué le pays sur le besoin de donner à tous un logement digne.
Outre la lutte contre l'insalubrité des foyers des plus pauvres, en les envoyant dans la périphérie des grandes villes, il faut aussi loger les chassés des colonies, la Guerre d'Algérie vient de s'achever, et les anciens colonisés qui viennent en France chercher du travail ou se réfugier pour échapper aux nouveaux pouvoirs qui ont remplacé la France dans leur pays.
Alors, évidemment, Sarcelles se présente comme le résultat du progrès. L'auteur s'en félicite mais il sent également poindre en Sarcelles le symbole d'un individualisme et d'un matérialisme montant. La vie associative est faible et chacun veut profiter de ce qu'il a acquis en s'enfermant dans son appartement. Les relations dans la cité peuvent être violentes, que cela soit dans les familles ou bien parmi les jeunes qui restent désoeuvrés, occupant déjà à l'époque les caves pour peaufiner leurs actions.
Dans son dernier chapitre,
Marc Bernard se demande si ces villes nouvelles sont la bonne voie du progrès. Au-delà de l'architecture moderne, sa conviction est que ces cités du futur seront le reflet de ses habitants : « En définitive, elle [Sarcelles] sera ce que ses habitants la feront. » [p.217]