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Ryan Kelly (Illustrateur)
EAN : 9781684051274
144 pages
IDW Publishing (27/02/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
The story of Arcadia Alvarado, former alien abductee (possibly) and current President of the United States, continues, and now that she commands the highest office in the country, she is going to use her power to find out what really happened.

But, even with the power of the Presidency at her fingertips, will she be able to get to the truth? Either way, she will have to act fast as the biggest event in world history begins to unfold around her. All of... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Saucer Country Vol. 2: The Reticulan Candidate des mêmes auteurs, qu'il faut avoir lu avant car il s'agit de la deuxième partie de l'histoire. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2017, écrits par Paul Cornell, dessinés et encrés par Ryan Kelly, et mis en couleurs par Adam Guzowski. Ryan Kelly a également réalisé les couvertures.

Il y a 2 ans sur une route du Nouveau Mexique, Arcadia Alvarado conduisait sa voiture de nuit, Michael (son mari à l'époque) étant sur le siège passager, et ils étaient en pleine dispute quand la voiture a été baignée dans une lumière verte émanant d'une soucoupe volante et que des petits gris sont apparus. Au temps présent, la présidente Arcadia Alvarado est en train de prononcer un discours public au cours duquel elle fait part de son expérience d'enlèvement par des extraterrestres à la peau grise. Quand elle regarde la foule, elle est entièrement composée de petits gris. Elle se réveille de ce cauchemar à 03h30 et décide de commencer sa journée. En milieu de matinée, elle demande à son conseiller de lui faire un point sur ce qu'il a pu trouver comme informations sur les extraterrestres dans les différents services de l'état. Il lui explique qu'au fur et à mesure de ses autorisations de secret défense, le professeur Joshua Kidd a fini par trouver un projecteur à micro-ondes capable d'induire des visions dans l'esprit des gens. Il en a fait lui-même l'expérience. le professeur arrive sur ces entrefaites et montre à la présidente un bout de carton avec un motif complexe, une sorte de protection contre les manipulations mentales, fourni par Michael, l'ex-mari de la présidente.

De son côté, Chloe Saunders (la conseillère en communication de la présidente) rencontre monsieur Dunfries, un industriel de premier plan, républicain et ouvertement raciste, en particulier vis-à-vis de la présidente qu'il a surnommée Chihuahua du fait de ses origines hispaniques. La présidente Alvarado rencontre le directeur Deinster, responsable du schéma d'organisation des agences de renseignements du gouvernement américain pour lui poser des questions sur l'existence d'éventuels projets top secrets qui n'auraient pas été portés à sa connaissance. Chez lui, Michael essaye de préparer un repas pour le soir car il a invité Chloe Saunders à manger. Une dizaine de fées se manifeste devant lui, mesurant une quinzaine de centimètres, virevoltant devant lui avec leur peau bleue, leurs cheveux violets, vêtues d'une combinaison d'astronaute.

C'est avec un grand plaisir que le lecteur découvre la suite de la série Saucer Country, arrêtée en juin 2013 faute de lecteurs, et connaissant une suite en 2017 grâce à l'éditeur IDW. Il a également le plaisir de constater que l'équipe créatrice est restée inchangée. le lecteur retrouve la thématique centrale de la série : l'existence d'extraterrestres à la peau grise, voyageant en soucoupe volante, et prenant un malin plaisir à examiner des humains après les avoir enlevés, avec usage de sonde anale. le scénariste utilise donc l'imagerie des soucoupes volantes, à laquelle il adjoint aussi une dame argentée en combinaison spatiale et des petites fées apparaissant à un individu connu pour avoir abusé de substances psychoactives. Il met également en scène les agences de renseignements tellement secrètes que même le président des États-Unis en ignore l'existence, les entreprises privées qui ont travaillé pour ces agences par le biais de contrats préférentiels, l'association Bluebird (fondée par Joe Bermigen) ayant pour but de prouver l'existence des petits gris, l'objet extraterrestre qui prouve indubitablement leur existence (= la preuve matérielle), éléments dont la majeure partie était déjà présente dans le tome précédent. Pour faire bonne mesure, l'approche d'une flottille de soucoupe est détectée à une distance d'un an de voyage de la Terre.

Le lecteur retrouve également les pages de Ryan Kelly qui a cette fois-ci dessiné l'intégralité des 6 épisodes. Il dessine dans une veine descriptive avec un bon niveau de détails. Même s'il a lu le tome précédent il y a 4 ans, le lecteur reconnaît aisément les personnages, d'Arcadia Alvarado au professeur Joshua Kidd, en passant par la toujours très belle Choe Saunders. Il découvre la militaire Jaine Klaus (USAF), affectée à Michael pour lui servir de chauffeur, immédiatement sympathique, avec une morphologie normale, éloignée des canons habituels des femmes qui peuplent les comics. L'artiste prête attention aux tenues vestimentaires des personnages, que ce soit les tenues toujours chics de Chloe Saunders (en particulier sa jupe serrée et son chemiser moulant pour affrioler sciemment Dunfries) ou les vêtements lâches et informes du professeur Joshua Kidd qui ne consacre que le temps minimum pour ses habits.

Le scénario ne rend pas la tâche du dessinateur facile, car plus d'un tiers des séquences est constitué de discussions entre des personnages. Pour autant le lecteur se rend compte qu'il n'y a pas de phénomène d'ennui visuel. Ryan Kelly s'investit pour composer des plans de prise de vue qui ne se limitent pas à une enfilade de cases avec uniquement des têtes en train de parler. Il prend soin de montrer les gestes des personnages, les changements dans leur posture, leur déplacement s'ils parlent en se rendant quelque part, ainsi que les décors en arrière-plan. Cela correspond à une vision naturaliste, dans laquelle les individus ne transmettent pas des informations uniquement par la parole, et dans laquelle le regard de l'interlocuteur ne s'intéresse pas exclusivement à la tête de celui en train de parler. le lecteur a une belle démonstration de la capacité de l'artiste à rendre un personnage expressif, dès la page 3. Celle-ci comprend 9 cases de taille identique en plan fixe sur Arcadia Alvarado cadrée en plan poitrine. Malgré le caractère statique de cette prise de vue, le lecteur peut voir l'état d'esprit de l'oratrice évoluer au fur et à mesure de ce qu'elle énonce. Il en a à nouveau une belle démonstration dans le face à face entre Chloe Saunders et Dunfries, celle-ci testant la maîtrise de soi de son interlocuteur, et ce dernier restant de marbre avec une moue condescendante. Dans cette scène, Cornell et Kelly s'amusent bien avec ce qui apparaît être une variation sur Donald Trump.

Dans ce tome, Paul Cornell s'amuse également avec ses lecteurs en continuant à faire cohabiter la possibilité de l'existence des extraterrestres, et la possibilité que tout cela ne soit que le fruit d'une machination d'un service officieux du gouvernement des États-Unis. En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut trouver ce dispositif habile ou au contraire agaçant. Il peut prendre le parti de plutôt croire à l'une des possibilités ou à l'autre. S'il a l'esprit ouvert, il peut même s'amuser à faire coexister les 2 dans son esprit, estimant que les 2 restent possibles tant que les auteurs n'en ont pas invalidé une, dans une démarche évoquant le chat de Schrödinger. Il savoure alors autant les représentations de la réalité normale, à commencer par les entretiens successifs de la présidente avec des membres du gouvernement dont elle sait pertinemment qu'aucun ne joue franc jeu, que les représentations des extraterrestres et des petites fées. Cette fibre ludique est également entretenue par les auteurs, que ce soit l'énormité des soucoupes en approche, ou le comique de situation quand Chloe mange par inadvertance un petit bout de gâteau, alors que Michael venait d'expliquer qu'il lui avait été remis par les fées, ou encore les membres du groupe Bluebird qui ne savent plus quelle contenance adopter maintenant que l'existence des extraterrestres semble avérée. Contrairement à de nombreux comics, l'humour de Cornell reste assez léger, à commencer par la mise en scène d'un pseudo Trump qui ne joue pas sur la caricature, et qui reste même très en deçà des énormités qu'il peut proférer ou twitter.

Paul Cornell poursuit donc son récit au premier degré, avec une présidente qui doit faire face à un racisme latent. Il sait mettre en scène les difficultés du pouvoir, sans recourir à l'exagération, en particulier le temps nécessaire pour se plonger dans des dossiers, pour découvrir tous les projets existants dans les multiples branches de l'administration. le lecteur est donc accroché par ce mélange d'exercice du pouvoir et de thriller pour découvrir ce qu'il en est vraiment des extraterrestres. Dans le même temps, il recherche un deuxième niveau de lecture, tel qu'il apparaissait dans les tomes précédents, l'existence d'extraterrestres servant de support à un examen des fantasmes des États-Unis, un regard socioculturel au travers d'une obsession déconcertante. Dans un premier temps, il ne décèle pas de tel thème. Il est même plutôt agréablement surpris de voir l'auteur dépeint les services militaires comme étant plutôt rationnels dans leur approche, plus pragmatiques que les associations de civils. Il découvre dans une scène inattendue, la soif de reconnaissance de certains travailleurs de l'ombre. Au fil de quelques remarques éparses, un thème finit par émerger : celui d'une réalité post-vérité. C'est Chloe Saunders, la doreuse d'image (spin doctor), qui fait observer qu'elle ne sait plus comment exercer son métier, quand tout n'est que déclarations fallacieuses, et que les représentants du peuple n'ont plus aucune conviction, plus aucune valeur, qu'ils disent ce qui leur semble satisfaire le plus de personnes au moment précis où ils s'expriment.

Le lecteur patient est aux anges de voir arriver une suite à une série ambitieuse prenant le phénomène de l'Ufologie comme un outil pour sonder les croyances de l'inconscient collectif et ce qu'elles révèlent de la civilisation qui les a engendrées. Il reprend facilement pied dans une intrigue engendrant une forte curiosité de connaître la suite, et une narration tant visuelle que scénaristique qui évite les effets de manche pour rester focalisée sur son sujet. Petit à petit, il apparaît qu'ils continuent bien de parler de la représentation du monde telle qu'exprimée au travers de croyances, avec un discours encore plus pénétrant basé sur le comportement des individus de pouvoir.
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