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EAN : 9782912667502
70 pages
Finitude (06/02/2008)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Schtilibem 41, drôle de titre.
Schtilibem, ça veut dire prison, en argot. Et 41, pour 1941. C’est l’année où le futur auteur du Salaire de la peur découvre la prison, accusé d’un triple meurtre. Il sera innocenté, mais dix-neuf mois de captivité, en pleine guerre, cela laisse des traces.
Schtilibem 41 est le cri d’un homme meurtri, cassé. Et Georges Arnaud sait crier fort. Il se révolte en argot, la langue des irréguliers, des irréductibles, pour nous ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Georges Arnaud, de son vrai nom Henri Girard (1917-1987) fut donc accusé en 1941 d'avoir tué son père, sa tante et une domestique. Il fut acquitté à son procès en 1943, reçut même un triomphe du public du palais de justice mais les dix-neuf mois passés en prison dans des conditions terribles où le froid et la faim ont entraîné des dizaines de morts, le marqueront à vie. Dix ans plus tard, il écrit ce drôle de petit livre, drôle dans le sens de bizarre par son titre mais aussi par la langue employée.

J'ai découvert ce titre suite à une visite dans ma librairie ; je regardais le dernier roman de Philippe Jaenada, La serpe et l'histoire qu'il y raconte est celle du triple meurtre dont fut accusé Henri Girard. Mais devant l'épaisseur du bouquin, j'ai regimbé et évité l'obstacle. En cherchant quelques renseignements sur le livre, je suis tombé sur une note concernant Schtilibem 41. Et hop, retour à la librairie et commande. Dans sa préface intitulée Présence sentimentale des langues d'argot, Pierre Mac Orlan écrit : "A mon avis, il n'est pas possible de le critiquer parce qu'il n'existe pas de mesures officielles, légales afin de vérifier et comparer ses dimensions sentimentales." (p.9). Je le rejoins sur la difficulté de critiquer un tel texte qui est à la fois déroutant, puissant, hermétique, poétique, beau, noir, violent, prenant, émouvant, dur, ...

Mon ressenti sera assez bref : j'ai rarement lu un texte aussi étonnant, différent. Je n'ai pu m'en détacher même si je n'ai pas tout compris, l'argot y est omniprésent et même si certains mots sont désormais populaires, d'autres le sont beaucoup moins. J'avoue avoir souvent consulté au début le lexique final, puis au fil des pages, je me suis laissé porter par les mots, même ceux que je ne connaissais pas ni ne comprenais vraiment, je les ai plus devinés que compris. Un récit très court, d'à peine 70 pages duquel je ressors un peu groggy, mais que jamais je n'aurais pensé quitter brutalement. Franchement, je ne regrette pas mon choix, entre ce court livre et le pavé de P. Jaenada, dont je respecte le travail mais les pavés, très peu pour moi.

Pour finir, deux extraits, vous m'excuserez la longueur, mais ils m'ont touché :

"Il arrive aussi qu'on meure. Des fois c'est la faim, des fois la misère et des fois la peur de très exactement tout. Mais toujours c'est de la taule qu'on meurt et tout le monde s'en fout. Alors les autres sentent monter le coup de sang, de pétaga, de rébecca, et gambergent qu'ils vont pas laisser ça là, mais personne bouge, on y croit pas mais alors ce qui s'appelle pas. Wallou." (p.17)

"Maintenant quand on dit "misère" devant moi, baissant la voix, je sais tout ce qu'il y a sous ce mot, ce qu'il y tient de peine, inclus peine à croire et pas la peine. Il ne me reste qu'envie de ne plus avoir faim et envie de ne plus avoir trop froid ; on me ferait pleurer seulement à me dire à l'oreille, une voix douce, une voix de femme : un lit chaud pour ton sommeil d'enfant perdu." (p.35)
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Il est écrit en quatrième de couverture "Schtilibem 41 est le cri d'un homme meurtri, cassé. Et Georges Arnaud sait crier fort. Il se révolte en argot, la langue des irréguliers, des irréductibles, pour nous offrir un brûlot qui prend aux tripes".
Les mots "meurtri" et "cassé" ne me vont pas. Arnaud, n'est pas diminué au contraire, il investi sa vitalité dans un soin furieux à faire mal à ceux qui auront le malheur de le lire. Pas d'apitoiement, c'est un coup bas méchant, un retour à l'envoyeur , un refus de plier.
Mais Arnaud y est tellement furieux que parfois j'ai perdu le fil. Il m'a manqué des indices pour savoir dans quel sens ça partait.
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Bouleversant...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ils sont fiers dans leur misère, mes frangins, et ils te chient dessus à toi, à tes diplômes, à ta petite famille, à la croix des braves de ton père et au clitoris de ta mère, elle est morte? tant mieux. Ils sont fiers.

Ils sont fiers d'être encore vivants, ce n'est pas à la portée de tout le monde ; fiers d'avoir aussi, parfois, aidé un ami à ne pas crever en le soutenant sur son propre fade. Ici on est son propre fils et ce qu'on donne à son frangin pour pas qu'il crève c'est ce qu'on a su se retenir de manger ; c'est ce qu'on a sauvé de sa faim.
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Videos de Georges Arnaud (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Arnaud
Paysage sonore : Akosh S. - Texte : Georges Arnaud
L'écrivain Georges Arnaud est connu du grand public à travers son roman à succès paru en 1950 et adapté au cinéma le salaire de la peur. Neuf ans plus tôt, il fait la une des journaux. Un triple meurtre familial, pour lequel il sera incarcéré en 1941 avant d'être innocenté. Georges Arnaud sera enfermé dix-neuf mois en maison d'arrêt, d'où il ne cessera jamais de clamer son innocence. Une captivité qui entaillera profondément l'âme impétueuse de l'auteur. Douze ans plus tard, il fera rejaillir dans Schtilibem 41 cette morsure pathogène. Un hurlement de révolte en argot, la langue des irréguliers, des irréductibles dont font partie le rappeur Vîrus et le multi-instrumentiste Akosh S., architecte du paysage sonore à cette lecture inédite.
À lire – Georges Arnaud, Schtilibem 41, Finitude, 2008. À écouter – Vîrus, « Les Soliloques du pauvre », Rayon du fond, 2017 – Akosh S., « Nakama Terek / Nakama Spaces », 2020 – Vîrus & Akosh S. « Schtilibem » (teasers), Rayon du Fond, 2020


Technique : Lumière : Patrick Clitus Son : William Lopez Vidéo : Camille Gateau & Bertille Chevallier
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