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Sex criminals tome 5 sur 6
EAN : 9781534306837
128 pages
Image Comics (14/08/2018)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Suzie and Jon have that special something -- when they have sex, they freeze time and do crimes. Well -- they HAD that special something. In the aftermath of what would appear to be a breakup, where do our two love-crazy time-freezing sex-having bank robbers go? REBOUND AHOY! Also everything gets more dangerous and complicated? But it's okay. Collecting issues #21-25 of the Eisner Award-winning series.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Sex Criminals Volume 4: Fourgy! (épisodes 16 à 20) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 21 à 25, initialement parus en 2018, écrits par Matt Fraction, dessinés et encrés par Chip Zdarsky, avec une mise en couleurs également réalisée par Zdarsky. Il est à craindre que ce tome soit le dernier de la série… au moins pour quelques mois, voire années.

Ça y est : Jon Johnson s'est rangé des voitures et a trouvé un emploi stable. Il travaille comme caissier dans le sexshop qu'il avait l'habitude de visiter quand il était dans un état de fugue, après avoir joui. Il vit en colocation avec Polly, une jeune femme avec qui il entretient également une relation sexuelle. Une petite vie pépère. Dewey (Douglas D. Douglas) travaille comme guichetier dans une banque, une forme d'infiltration pour essayer de découvrir des informations sur Kuber Badal. Ce jour-là, Myrtle Spurge se présente au guichet pour déposer de l'argent en liquide. le soir, dans le diner Foodgazi, il transmet cette information à ses 2 co-conspirateurs Jon Johnson et Alix Ambrose. Pendant ce temps-là, Myrtle Spurge fait ses courses au supermarché et, comme elle l'avait prédit, son caddie heurte celui de Dave Glass. La conversation est malhabile et rapide. le lendemain soir, Polly appelle Jon pour lui rappeler qu'ils sortent à une soirée, alors qu'elle dit au revoir à son amante d'une après-midi. Jon Johnson passe prendre Polly, déguisé en Freddie Mercury avec short blanc moulant et blouson jaune. Pol lui ouvre, habillée d'une robe de soirée noire, et lui explique qu'il a fait la confusion entre bien habillé et déguisé.

Polly et Jon Johnson se rendent à la soirée, et Jon s'aperçoit qu'il n'y a qu'une seule autre personne à avoir fait une telle confusion, déguisée de la même manière que lui : Suzie Dickson. de son côté, Suzie Dickson entretient une relation avec Geoff Queen, un homme avec un métier, une situation stable, une maison. Après sa rupture avec Jon, elle dut réemménager chez sa mère qui donne toujours des conférences sur le sexe, et des leçons particulières chez elle. Sa mère a acheté une nouvelle maison qu'elle a réaménagée comme la précédente, y compris le bureau de travail de son défunt mari, y compris la chambre de sa fille quand elle était adolescente. Un soir, elle accepte de garder la maison d'Ana Kincaid, ainsi que son chat, car elle sort avec Dave Glass. Comme Jon, Suzie ressent la monotonie de sa vie, son manque d'entrain, de joie de vivre, sans réussir à définir ce qui pourrait changer la situation.

Suite à une divergence d'opinion caractérisée, Jon Johnson et Suzie Dickson ont choisi de se séparer, faisant le constat que leur seul point commun était le sexe, et que ça ne suffit pas pour construire une relation pérenne. Ce tome est donc teinté d'un fort sentiment de manque et de déception quant à ce que la vie a à leur offrir. le lecteur est amené à suivre les 2 personnages principaux, menant leur vie, chacun de leur côté, avec des moments d'insatisfaction qui en disent long sur leur état d'esprit. Jon Johnson est pourtant dans la position qu'il souhaite : une relation sexuelle avec une femme dotée d'un bon appétit pour la chose, une situation stable, et un emploi dans le secteur d'activité qu'il apprécie. Il continue de pouvoir faire espionner Kuber Badal sans avoir à se mettre en danger. Pourtant le lecteur peut constater son manque d'entrain sur le canapé, le manque d'envie. Chip Zdarsky est toujours un aussi bon directeur d'acteur, la position de Jon étant des plus parlante, ainsi que le mouvement lent qu'il effectue pour s'extirper du canapé. L'épisode 23 commence par une séquence dans un club échangiste, et le manque de plaisir est tout aussi palpable dans ces 2 pages dépourvues de texte. À nouveau, le manque d'envie de Jon est flagrant, criant de vérité, plus encore que s'il était exprimé par des mots, une belle leçon de jeu d'acteur, dans une situation scabreuse. Pourtant l'attitude de Jon neutralise toute dimension érotique, malgré les jeux adultes pratiqués dans l'établissement.

Ce talent de metteur en scène et de directeur d'acteur franchit encore un nouveau pallier avec la scène de rupture de Jon. Sa compagne lui indique qu'il s'agit de la rupture la plus difficile qu'il lui ait été donné de vivre, avec les propos les plus gentils, et le comportement le plus mature qui soit. À nouveau la mise en scène reste dans le registre du naturalisme, sans dramatisation mélodramatique, pour un effet émotionnel maximal. Il en va de même pour les séquences dévolues à Suzie Dickson. le lecteur sourit forcément quand elle constyate qu'elle se retrouve à la même soirée que Jon, et qu'elle s'est déguisée de la même manière, mais en même temps il éprouve une forte empathie pour sa gêne, et sa déception, sans songer à se moquer d'elle. Dans la scène suivante, Zdarsky doit montrer Suzie face à sa mère en train de se masturber avec d'autres femmes dans le salon de leur maison. Là encore, c'est l'état d'esprit de Suzie qui l'emporte sur tout autre forme de considération, que ce soit l'incongruité de ces femmes en train d'apprendre à connaître leur vagin, ou la fille face à la sexualité de sa mère. le dessinateur est à ce point doué, qu'il arrive à rendre intéressante une page consacrée à Suzie en train d'attendre qu'un vieil ordinateur fonctionnant sous DOS se mette en route, et qu'elle puisse entrer une ligne de commande.

Tout au long de ces 5 épisodes, Suzie et Jon (et d'autres personnages) se retrouvent confrontés à la banalité de leur vie, comme il arrive à tout à chacun. Pouvant s'appuyer sur la compétence de Chip Zdarsky, Matt Fraction peut tout se permettre : la rencontre gênante au supermarché, la lassitude d'une femme dont le chat d'une amie lui pète au nez, le type qui cherche un livre à la bibliothèque dont il ne connait ni le titre ni l'auteur, la visite au musée, le copain d'avant qui découvre que son pote est employé au sexshop, le couple dont les envies ne sont plus en phase et qui ne sait plus comment se comporter autrement que par une indifférence polie. Cette énumération peut sembler d'une banalité affligeante, et d'une tristesse sourde. Mais le lecteur s'est pris d'amitié (et plus si affinité) pour ces personnages, et il ressent également cette tristesse sourde, ce mal-être diffus généré par une frustration banale. Ces personnages ne sont pas malheureux, mais ils sont tellement peu heureux que la différence est mince. Ce mal-être est d'autant plus terrible que tous ont de quoi se nourrir, se vêtir, se loger, que leurs besoins basiques sont satisfaits. le lecteur n'est pas loin de penser qu'ils ont des problèmes sinon de riches, au moins d'occidentaux vivant dans des conditions meilleures que celles de la majeure partie de l'humanité.

Néanmoins, Chip Zdarsky & Matt Fraction ne se limitent pas à transcrire le sentiment de déprime qui habite les personnages. Ils n'ont pas tout à fait oublié leur intrigue, et ils ont conservé un goût très sûr pour les situations comiques du fait de leur décalage ou de leur absurdité. le costume de scène de Freddie Mercury fait toujours son effet, au point que le lecteur en vient à se dire que seul cet artiste d'exception pouvait le porter sans crainte du ridicule. Indépendamment de ses propres pratiques, le lecteur ne peut qu'être admiratif de la mère de Suzie, de son assurance à pouvoir ainsi donner des leçons de pratiques sexuelles et de connaissance du corps féminin, indépendamment de son âge, sans avoir honte de son corps et de le montrer en public, à des fins éducatives. Zdarsky & Fraction mettent également en scène un critique de l'art moderne, en plusieurs phases, avec un doigté extraordinaire. Ils n'hésitent pas à se moquer d'oeuvres d'art qui n'en ont le nom que parce qu'on leur a donné. Ces séquences ne fonctionnent que parce que Zdarsky a imaginé et représenté des oeuvres inattendues et plausibles, et parce que Fraction intègre dans son discours la défense de ces mêmes oeuvres en des termes valides, évitant la moquerie béotienne facile. Les auteurs n'oublient pas non plus leur intrigue de fond : la lutte contre Kuber Badal. Douglas D. Douglas se trouve donc dans une position d'infiltré. Suzie Dickson découvre des indices au dernier endroit où elle aurait pensé à chercher. Myrtle Spurge remet en cause ses convictions et donc son allégeance, suite à des événements de sa vie personnelle. le cube rouge dans la pièce rouge refait une apparition, ainsi que l'arrêt de l'écoulement du temps à une ou deux occasions. Pour autant, la situation n'est pas résolue à la fin de ce tome.

Pour ce cinquième tome, une impression aigre douce s'est emparée des personnages, car ils se heurtent à la force du quotidien, à la diminution de la passion jusqu'à sa disparition pour certains, au retour à une vie quotidienne insipide. le moral du lecteur se retrouve également en berne, car il s'est fortement investi émotionnellement dans les personnages et leur déprime le contamine. Il se raccroche aux quelques passages qui font avancer l'intrigue, tout en savourant la justesse des dessins de Zdarsky. Il se rend compte que Matt Fraction et lui se montrent d'une incroyable finesse et d'une extraordinaire sensibilité pour réussir ainsi à mêler déprime, situations énormes et décalées, tout en évoquant Albert Einstein, Niels Bohr, ou encore l'actrice Auerbach. 5 étoiles, en croisant très fort les doigts pour ces 2 auteurs reviennent un jour à cette série sans pareille.
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