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EAN : 9782246758310
256 pages
Grasset (25/08/2010)
3.37/5   243 notes
Résumé :
En Allemagne de nos jours. Juliana Kant, première fortune allemande, femme froide, retenue, secrète, mariée, a une aventure amoureuse avec un homme qui a tout du prédateur sexuel, Herb Braun.

Au bout de quelques mois, d'un hôtel l'autre, d'un rendez-vous clandestin l'autre, l’homme menace de révéler à la presse leur liaison : tous leurs ébats ont été filmés. La milliardaire dénonce le gigolo.

On l'emprisonne, la morale est presque sau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (58) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 243 notes
« Quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende » cette fameuse phrase de John Ford (L'homme qui tua Liberty Valance) a probablement inspiré Karine Tuil pour cette intrigue bâtie sur le chantage exercé par un gigolo Suisse Helg Sgarbi sur Susanne Klatten, petite fille de Günther et fille de Herbert Quandt, la famille qui possède la griffe de prêt à porter Hugo Boss, les piles VARTA et le constructeur automobile BMW.

Scandale concomitant avec la sortie du film « Le silence des Quandt » (2007) qui montre des milliers de prisonniers asservis dans l'usine d'accumulateurs des Quandt à Hanovre-Stöcken et logés dans une annexe du camp de concentration de Neuengamme.

« Au camp de Stöcken, on meurt en six mois » plaisantaient les SS. La toquade de Susanne alias « Juliana » dure « Six mois, six jours » dans ces pages où la romancière prend la liberté d'imaginer que le séducteur serait en réalité Arno Heilbronn, fils d'un déporté juif supplicié à Stöcken, voulant se venger ?

Le grand-père Günther est connu des historiens pour son mariage avec Magda (dont il eu un fils Harald) qui épousa par la suite Joseph Goebbels. Mariage qui contribua largement à la fortune familliale …

Magda fut élevée par un marchand juif Richard Friedländer, qui lui donna son nom. Tache terrible sous le régime nazi que Joseph et Magda Goebels s'employèrent à faire disparaître … au camp de Buchenwald. « le Führer le veut ainsi et Joseph doit obéir». Tragédie monstrueuse rappelée par Sébastien Spitzer dans « Ces rêves qu'on piétine ».

En conclusion, que le lecteur n'espère pas croiser un seul personnage sympathique dans cette confession haletante, sinueuse, compliquée parfois, de Karl Fritz, l'ex homme de confiance de la famille la plus fortunée d'Allemagne.

Il y découvrira l'émouvante contribution au devoir de mémoire d'une romancière sincère et talentueuse.
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Original! Un mélange étrange mais fascinant. Un vieil homme , porté flingue d'une famille très puissante se confie après son licenciement . Mais où sont les monstres, les secrets. Entre un petit gigolo et la biographie de Magda goebbels, le lecteur traverse plusieurs décennies allemandes . Surprenant petit livre a lire absolument .
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« L'histoire des Kant est celle d'un monde condamné, le monde de l'abstinence et du mensonge, du capitalisme meurtrier et de la connivence, asseyez-vous, et écoutez. »

Oui, écoutons Karl se confier à cette journaliste qui écrit sur les Kant, des industriels allemands riches et influents depuis plus d'un siècle.
Karl a longtemps été à leur service, homme à tout faire, homme de confiance. Il vient de se faire remercier, suite à un scandale qui a éclaboussé la famille.
Antipathique, agressif, imbu de lui-même, le vieillard se présente longuement, en préambule, interpellant et rudoyant la journaliste. Puis il en vient aux faits, à ce qui a défrayé la chronique : les déboires de l'héritière Juliana Kant, sa chute de 'six mois et six jours'.

« L'argent, les femmes, le pouvoir, la renommée. »
Ces thèmes sont au coeur des trois romans de Karine Tuil que je viens de découvrir. De même que ceux des relations homme-femme, de la famille & de la religion, de la responsabilité/culpabilité et de la justice.
Ce récit est plus court que les deux autres*, mais tout aussi intense, pertinent et percutant. L'écriture ciselée et le décor du point de bascule rappellent le talentueux Stefan Zweig.
L'auteur s'est visiblement inspirée d'une célèbre famille allemande au nom proche. Je ne sais pas si leur parcours est le même. Je n'ai aucun mal à croire, en revanche, à la funeste histoire...
___

* 'Les Choses humaines' (2019)
'L'Invention de nos vies' (2013)
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En rencontrant Karine Tuil lors d'un salon, j'étais impatient de découvrir son dernier roman, d'autant que celui-ci revêtait une place particulière dans sa bibliographie dixit l'auteur. Je sais, vous allez me dire, mais quel grand naïf tu fais!!!
Et bien même si je n'ai pas adhéré à son histoire, je crois en sa sincérité.
A vrai dire, si le livre est pour moi une déception, je crois qu'il l'est avant tout dans sa construction même qui m'a empêché d'être en empathie avec le personnage, Julianna Kant est une femme riche, froide, manipulatrice. Mais aussi par le nombre de thèmes abordés (l'adultère, les secrets du passé, la vengeance, le chantage, la manipulation etc.) Karine Tuil survole plus qu'elle n'approfondit, son style m‘a gêné, rendant la lecture peu amène. Au final, un livre qui m'a laissé de marbre, vite lu et malheureusement vite oublié. Me reste un agréable échange avec une auteur dont j'apprécie d'autres romans (notamment « Douce France » ).

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Ca commençait pourtant bien : Karl Fritz, ex-homme à tout faire de la puissante famille Kant, fait des révélations fracassantes sur ses ex-employeurs, et notamment sur l'héritière, Juliana. Celle-ci, 45 ans, mariée, trois enfants, l'une des plus riches femmes d'Allemagne, protestante jusqu'aux bouts arrondis de ses escarpins, a entretenu une liaison fiévreuse avec un photographe de guerre fou amoureux d'elle. Enfin, c'est ce qu'elle croyait.
Et c'est ce que croyait aussi le lecteur, en "écoutant" Karl Fritz raconter cette histoire à une jeune thésarde qui va rédiger ses mémoires. J'ai adoré la façon acerbe dont il s'exprime, et donc le talent de Karine Tuil pour retranscrire toute l'amertume teintée de cynisme qu'il ressent à l'égard de cette famille qui l'a brutalement congédié.
Mais j'ai été un peu déroutée par l'orientation que prend le livre à mi-chemin. D'un récit d'adultère, très juste dans sa description du désir féminin, il bifurque tout à coup vers le roman historique, où l'on retrouve soudainement Magda Goebbels. La transition m'a semblé un peu trop abrupte pour que j'y adhère totalement.
J'ai découvert par la suite que ce livre s'inspire de faits réels, survenus en Allemagne il y a une quinzaine d'années, mettant en scène Susanne Klatten Quandt, héritière de BMW. Je comprends l'attrait qu'une telle histoire a pu exercer sur l'auteur, mais je conserve une impression mitigée de ce mélange des genres.
Cela reste néanmoins un roman délicieusement tordu et instructif, et drôlement bien écrit, assez bizarre pour qu'on s'y arrête.
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critiques presse (1)
LeFigaro
08 septembre 2011
Il y a [...] le style de la romancière qui amène les lecteurs dans les profondeurs de l'histoire contemporaine avec maestria.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Vous avez peur d'écrire, vous avez peur de vous méprendre, vous demandez si les écrivains ont le droit d'offrir un linceul de mots aux morts, vous dites : « L'obscénité de la fiction, la transgression de la vérité, de la mémoire sacralisée» — vos obsessions. Vous échouerez à dire l'indicible, la littérature est un aveu d'échec, vous écrivez pour dire ce qui vous échappe, ce qui est irreprésentable, ce qui est perdu. Ecrivez ! Et soyez infidèle aux faits ~ les reconstitutions sont l’affaire de la police, pas des écrivains.
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On avait peur de moi, je le sentais, ça m'excitait, un regard et ils tremblaient, je tenais des fiches sur tout le monde, ça m'occupait la tête, on m'insultait, on me critiquait, on pariait sur ma mort, ils me détestaient, Goldberg surtout dont le regard semblait exiger de moi un certificat d'exonération de tout passé nazi, et c'était très bien ainsi, aucun d'entre eux n'osait s'adresser à moi, le bras droit de la patronne, un trublion sadique et hostile - c'est plus fort que moi, quand je suis bien, j'emmerde tout le monde.
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Au camp de Stöcken, on meurt en six mois ! ironisent les SS qui gardent le camp. Affamés, maltraités frappés à coups de gourdins et de fouets en fer, les hommes travaillent sans relâche. Dès qu'un homme meurt, il est aussitôt remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra à son tour et sera remplacé par un autre déporté qui mourra.
( p14)
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Une gueule d'ange, ça voile le reste. La perversion, le vice, l'intention de nuire, on ne voyait rien... rien que ce visage parfait, rieur, avec des éclats d'enfance qui vous sautaient aux yeux comme des fragments d'obus.
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Dans l'anonymat d'une chambre d'hôtel, l'une des femmes les plus puissantes d'Allemagne se donna à un homme dont elle ne savait rien, qu'elle n'avait vu que deux fois dans sa vie, et qu'elle avait pourtant suivi sans lui poser aucune question, sans avoir obtenu le moindre renseignement, ignorante, inconsciente, sans résistance, violant nos impératifs sécuritaires, sa morale personnelle, ses convictions, elle l'avait suivi parce qu'elle ne pouvait pas lui dire "'non", mot abscons, imprononçable, qui limite et restreint, elle avait perdu tout contrôle, toute capacité de jugement, elle était une proie, une poupée de chiffon, une chose molle et sans volonté entièrement commandée par sa matrice, elle était cette femme qui capitulait sans avoir été torturée, violentée, elle se rendait, se soumettait avec une jubilation nouvelle, une excitation guerrière, elle était une machine à aimer, qui hurlait, haletait, et sa voix était un gémissement, un soupir qui gonflait, elle était cette femme résignée, égrotante, à genoux devant lui comme devant un prie-dieu, cherchant la protection, réclamant la servitude, inféodée au pouvoir d'un dieu étranger, cette femme qui se traînait à terre, nue, hirsute, échevelée - voilà pourquoi je déteste l'amour : les papillons redeviennent des larves.
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Vidéo de Karine Tuil
Augustin Trapenard propose de partager un moment en compagnie d'auteurs qui raconte comment les livres ont changé leur vie et continuent de les guider. Quels pouvoirs peuvent-ils bien avoir ? 
Après les grands romans qu'étaient "Les choses humaines" et "La décision", Karine Tuil a décidé de faire un pas de côté. L'autrice présente "Kaddish pour un amour", un recueil de poésie publié chez Gallimard. Réflexion sur le pouvoir des mots, qui peuvent tout ressusciter. 
Prière juive récité à la mort d'une personne, le kaddish est aussi une glorification du divin. Ce n'est pas seulement Dieu que glorifie Karine Tuil, mais d'abord l'être aimé qui nous a quitté.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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