Ca commençait pourtant bien : Karl Fritz, ex-homme à tout faire de la puissante famille
Kant, fait des révélations fracassantes sur ses ex-employeurs, et notamment sur l'héritière, Juliana. Celle-ci, 45 ans, mariée, trois enfants, l'une des plus riches femmes d'Allemagne, protestante jusqu'aux bouts arrondis de ses escarpins, a entretenu une liaison fiévreuse avec un photographe de guerre fou amoureux d'elle. Enfin, c'est ce qu'elle croyait.
Et c'est ce que croyait aussi le lecteur, en "écoutant" Karl Fritz raconter cette histoire à une jeune thésarde qui va rédiger ses mémoires. J'ai adoré la façon acerbe dont il s'exprime, et donc le talent de
Karine Tuil pour retranscrire toute l'amertume teintée de cynisme qu'il ressent à l'égard de cette famille qui l'a brutalement congédié.
Mais j'ai été un peu déroutée par l'orientation que prend le livre à mi-chemin. D'un récit d'adultère, très juste dans sa description du désir féminin, il bifurque tout à coup vers le roman historique, où l'on retrouve soudainement Magda Goebbels. La transition m'a semblé un peu trop abrupte pour que j'y adhère totalement.
J'ai découvert par la suite que ce livre s'inspire de faits réels, survenus en Allemagne il y a une quinzaine d'années, mettant en scène Susanne Klatten Quandt, héritière de BMW. Je comprends l'attrait qu'une telle histoire a pu exercer sur l'auteur, mais je conserve une impression mitigée de ce mélange des genres.
Cela reste néanmoins un roman délicieusement tordu et instructif, et drôlement bien écrit, assez bizarre pour qu'on s'y arrête.