Si je devais recommander un livre à lire pour critiquer l'économie de marché capitaliste et présenter une conception plus englobante et plus humaine de l'économie, pour moi Small is Beautiful vient en tête de liste.
L'économie de surconsommation actuelle, qui s'impose de plus en plus en tant que principe d'État, comme véritable culture du pouvoir, inhumaine et destructrice de la nature commence à montrer de manière de plus en plus évidente ses failles et les périls qu'elle fait peser sur notre avenir.
Pour Schumacher, l'économie est un phénomène humain qui doit avoir pour visée l'humain et non pas la croissance, la productivité ou encore l'innovation technologique. À quoi bon tout cela si nous n'avons plus de planète où nous pouvons vivre? La nature ne doit donc pas être comprise comme un revenu dont on ne calcule pas le coût, qu'on considère comme « donné », « gratuit », refoulée dans notre inconscient collectif, mais plutôt comme un capital dont il faut tenir compte comme facteur de calcul. Il s'agit en fait tout simplement de sortir de notre inconscience complète envers la nature pour agir d'une manière responsable. Il faut commencer à regarder ce que l'on fait en économie et cesser de s'aveugler en laissant des données de côté. L'approche partielle à court terme doit être remplacée par une approche qui tient compte de l'origine des manières premières et qui vise toujours le long terme.
Aujourd'hui, il semble que ce principe devrait être trivial pour n'importe quel économiste, mais il est frappant de constater que ce n'est pas le cas du tout. Nous continuons à agir au jour le jour, sans instaurer de véritables mesures responsables pour assurer notre pérennité.
C'est comme si l'humanité actuelle se lançait sans précaution dans les sports extrêmes, le sexe, les drogues, etc. sans jamais penser à demain. C'était encore acceptable lorsque nous n'avions que de petits jouets avec lesquels on ne pouvait que se faire mal par endroits, mais nous avons actuellement de multiples moyens de nous détruire et de gaspiller toutes les ressources à notre disposition.
L'humanité s'éveillera-t-elle à temps? Impossible à dire. Elle ne s'éveille jamais qu'un individu à la fois...
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Un livre à lire absolument, car il reprend de l'actualité. Je me demande pourquoi il n'est pas réédité en français.
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En résumé, nous pouvons dire aujourd'hui que l'homme est bien trop adroit pour arriver à survivre sans sagesse. Personne ne travaille vraiment pour la paix, à moins de travailler d'abord pour un retour à la sagesse. Affirmer que "ce qui est laid est utile et ce qui est beau ne l'est point" (Keynes) est l'antithèse de la sagesse. Espérer pouvoir retarder la recherche de la bonté et de la vertu jusqu'à l'accession à la prospérité universelle et, par la seule poursuite de la richesse, sans se soucier des questions spirituelles et morales, vouloir instaurer la paix sur la terre, n'est ni réaliste, ni scientifique, ni rationnel.
"D'un point de vue économique, le noyau central de la sagesse est la pérennité. Nous devons étudier l'économie durable... La pérennité est incompatible avec une attitud de rapace, qui juge favorablement le fait que "ce qui était luxe pour nos pères est devenu nécessité pour nous.""
Les combustibles fossiles ne constituent qu'une partie du « capital naturel » que nous tenons absolument à dépenser, comme s'il s'agissait d'un revenu, et nullement la partie la plus importante. En gaspillant nos ressources fossiles, nous faisons peser une menace sur la civilisation; mais en gaspillant le capital que représente la nature vivante autour de nous, c'est pour la vie elle-même que nous sommes une menace.
La « logique de la production » n’est ni la logique de la vie ni celle de la société. C’est une petite partie subordonnée aux deux. Les forces destructrices qu’elle libère ne peuvent être maîtrisées, à moins que l’on ne soit maître de la « logique de la production » elle- même — les forces destructrices cessant ainsi d’être libérées. Il est peu utile d’essayer de faire disparaître le terrorisme, si l’on continue de juger la production d’engins de mort comme un usage légitime du pouvoir créateur de l’homme. La lutte contre la pollution ne peut pas davantage être couronnée de succès si les modes de production et de consommation continuent à être d’une échelle, d’une complexité et d’un degré de violence tels que ceux-ci, c’est de plus en plus évident, ne cadrent pas avec les lois de l’univers.
La prédiction ou la prévision — les deux termes semblant interchangeables — est-elle tant soit peu possible ? Le futur n’existe pas. Comment pourrait-on connaître quelque chose qui n’existe pas ? Cette question n’est que trop justifiée. Au sens strict du mot, il ne peut y avoir connaissance que du passé. Le futur est toujours en train de se faire, mais il se compose en grande partie de matériaux déjà existants, dont on peut avoir une grande connaissance. Le futur est, par conséquent, en grande partie prévisible, si l’on possède une solide et vaste connaissance du passé ; en grande partie mais en aucun cas totalement car, dans l’élaboration du futur, intervient ce facteur mystérieux et irrésistible qu’on appelle la liberté humaine. C’est la liberté d’un être dont on a dit qu’il était fait à l’image du Dieu Créateur : la liberté de la créativité.