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EAN : 9782070135905
640 pages
Gallimard (15/05/2013)
4/5   9 notes
Résumé :
Pendant toute la guerre, les Britanniques ont procédé à des écoutes systématiques de milliers de prisonniers allemands et ont transcrit les passages de ces conversations qui leur paraissaient présenter un intérêt spécifique (stratégie, organisation de la chaîne de commandement, moral des troupes évoluant au fil de la guerre selon que les soldats étaient sous-mariniers ou marins, dans l’armée de l’air ou l’armée de terre, etc.). Ces procès-verbaux reposaient dans les... >Voir plus
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critiques presse (5)
NonFiction
21 janvier 2014
Le livre Soldats frappe d'abord "par la franchise avec laquelle [les soldats] parlaient du combat, de la mort donnée et de la mort reçue". Cette étude s'appuie sur une source brute, des conversations retranscrites, touchant à l'intime des combattants, et prétend restituer une image à la fois violente et tragique de la guerre nazie vue du côté des combattants allemands.
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Lexpress
25 juin 2013
Les Alliés ont enregistré à leur insu des prisonniers de guerre allemands. Accablant.
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LaLibreBelgique
18 juin 2013
Nous ne pouvons évidemment pas rapporter ici la finesse de leurs analyses, la richesse des extraits des procès-verbaux reproduits, la diversité des situations et des motivations qui ont fait que des hommes ont tué, torturé ...
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Bibliobs
10 juin 2013
Le livre passionnant de Sönke Neitzel et Harald Welzer prolonge l'entreprise de dévoilement en s'appuyant sur les milliers de pages de transcription des bavardages entre soldats allemands faits prisonniers par les Britanniques, que ceux-ci enregistraient secrètement.
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Liberation
13 mai 2013
Fondé sur le récit de prisonniers allemands, «Soldats» minimise le rôle de l’idéologie nazie dans les atrocités de l’armée
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Exercer la violence est une action sociale constructive – l'acteur ou l'actrice atteignent ainsi des objectifs et créent des états de fait : ils imposent leur volonté à d'autres, font le tri entre les admis et les exclus, s'approprient les biens de celui qui a eu le dessous. La violence est sans aucun doute destructrice pour les victimes, mais pas uniquement pour elles. Tout cela ne signifie pas, pour prévenir un possible malentendu, qu'il y aurait une anthropologie immuable de la violence qui, comme on l'affirme souvent et sans l'avoir vérifié, sommeille en attendant son heure sous le mince vernis de la civilisation ; cela montre seulement que les communautés de survie humaines n'ont jusqu'à ce jour choisi l'option de la violence que lorsqu'elles y voyaient un sens. En réalité, le vernis de la civilisation n'a rien de mince : depuis que les États-nations modernes ont introduit le principe du monopole de la violence, l'usage de celle-ci au sein de l’État a connu une baisse considérable et tout acte violent privé est passible de sanction. Ce progrès de la civilisation a permis cette dose de liberté affirmée dont jouissent les habitants des sociétés démocratiques, mais il ne signifie pas que la violence ait été abolie pour autant : elle a juste changé de format. Cela n'empêche pas que le monopole de la violence soit occasionnellement brisé sur le plan privé ou collectif ; et cela ne signifie pas non plus que les États démocratiques pratiquent en soi une abstinence à l'égard de la violence. Cela veut juste dire que le cadre de référence de la violence, dans les Temps modernes, est différent de celui des cultures non modernes. Il ne s'agit donc pas de l'alternative entre la violence et la non-violence, mais de la mesure et du mode de sa régulation.
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Les gens n'ont pas une pensée abstraite, mais concrète. Et ce qui apparaît comme une vérité de plus en plus manifeste avec le recul de l'histoire reste passablement indifférent à celui qui le vit tant qu'il n'est pas personnellement et directement touché par les effets du malheur qui se prépare. Il existe bien sûr des exceptions notables.
Mais la plupart découvrent seulement l'inondation au moment où l'eau envahit le rez-de-chaussée, et à cet instant précis l'espoir que l'eau cesse de monter est encore puissant. Même la perte des espoirs peut se négocier dans les esprits : si l'on n'a pas la victoire finale, alors que ce soit au moins une paix négociée. Abandonner un espoir de ce type aurait ruiné d'un seul coup toute la valeur de l'engagement précédent et de tout l'investissement émotionnel. C'est la raison pour laquelle les gens s'accrochaient à des espoirs et des vœux qui nous paraissent aujourd'hui irrationnels, à nous qui avons accumulé de plus en plus de connaissances. Pourquoi les travailleurs luttent-ils pour sauver leur entreprise bien qu'elle n'ait objectivement aucune chance de prospérer sur le marché ? Parce qu'ils ont investi énergies, souhaits et espoirs, temps de vie et perspectives, au point de ne plus en avoir d'autres. Ce n'est nullement une attitude des « petites » gens. Au contraire, la capacité d'assumer l'échec diminue au fur et à mesure que l'on monte dans la hiérarchie. Le général Ludwig Crüwell l'exprime en ces termes au mois de novembre 1942, alors qu'il vient de recevoir le message l'informant que l'encerclement de la 6e armée se dessine à Stalingrad : « Des centaines de milliers de morts supplémentaire auraient été vaines ? Voyons, c'est inconcevable. »
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Les cades de références sont extrêmement variables sur le plan historique et culturel : les musulmans orthodoxes intègrent le comportement sexuel moral ou réprouvable à d'autres cadres de référence que les Occidentaux laïcs. Mais aucun membre de l'un de ces deux groupes n'interprète ce qu'il voit à l'écart de ces références qu'il n'a ni choisies ni sélectionnées, qui forgent, guident et pilotent dans une mesure considérable ses perceptions et ses interprétations. Cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas aussi, dans des situations particulières, des transgressions du cadre de référence donné, ni que l'on ne voie ou ne pense pas de choses nouvelles – mais le cas est relativement rare. Les cadres de références assurent l'économie de l'action : la majeure partie de ce qui se produit peut être classé dans une matrice familière. Et cela engendre un effet de soulagement. Aucune personne agissant n'a à recommencer constamment de zéro en répondant toujours à la même question : qu'est-ce qu'il se passe, au juste, ici ? La majeure partie des réponses est programmée par avance et on peut y faire appel à son gré – en les réintégrant dans un système culturel composé de points de repères et de savoirs, système qui remplace de vastes pans des missions existentielles par des routines, des habitudes, des certitudes, et apporte ainsi à l'individu un énorme soulagement.
Mais à l'inverse, cela signifie que lorsqu'on veut expliquer l'action de personnes, il faut reconstituer le cadre de référence dans lequel elles ont agi – ce qui a organisé leurs perceptions, ce qui leur a suggéré leurs conclusions. Pour cette reconstitution-là, les analyses des conditions objectives sont totalement insuffisantes.
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Il s'agit donc, pour nous, de porter à l'aide de l'analyse du cadre de référence un regard amoral, c'est-à-dire non normatif, sur la violence qui a été exercée au cours de la Seconde Guerre mondiale, afin de comprendre sous quelles conditions des hommes parfaitement normaux deviennent capables, d'un point de vue psychique, de commettre dans des circonstances déterminées des choses qu'ils ne feraient jamais dans d'autres conditions.
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Il faut en outre tenir compte du fait qu'historiquement, la violence se vit et s'exerce de manière très variable. L'extraordinaire abstinence dont fait preuve la société moderne en matière de violence, et l'absence majoritaire de violence dans l'espace public – mais aussi, de manière plus limitée, dans l'espace privé – sont liées à une conquête de civilisation : la division du pouvoir et le monopole de la violence par l’État. C'est ce qui permet l'immense sécurité qui caractérise la vie dans les sociétés modernes : dans les époques prémodernes, la probabilité d'être un jour victime de la violence physique était nettement plus élevée. La présence de la violence dans l'espace public, par exemple dans le contexte des sanctions pénales et des exécutions, était bien supérieure à celle que nous connaissons aujourd'hui, et l'on peut considérer que le cadre de référence et donc le vécu de la violence exercée et subie ont une extrême variabilité historique.
Les « temps » que nous vivons, les conceptions de la normalité en vigueur au moment où surviennent les événements, ce que l'on juge normal et ce que l'on considère comme extrême, tout cela constitue un fond important pour le cadre de référence. En « temps de crise » par exemple, les mesures politiques justifiées ne sont pas les mêmes qu'en « temps normaux ». Dans les conditions d'une catastrophe, dit-on, « tous les moyens sont permis » - en tout cas beaucoup de ceux qui seraient passibles de sévères sanctions en temps de paix.
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