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EAN : 9782809711103
624 pages
Editions Philippe Picquier (21/08/2015)
3.7/5   69 notes
Résumé :
Fin du XXe siècle. Deux enfants, un garçon et une fille, se retrouvent échoués sur une île déserte dans le Pacifique. En deux années, ils développent des techniques de survie et de communion avec la nature, proches du chamanisme. Devenus grands et rendus à la civilisation, ils découvrent un Tokyo transformé par le réchauffement climatique et l'immigration environnementale. Envahi par une végétation tropicale et des colonies de corbeaux à gros bec. Où ils vont devoir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Je tiens à remercier Babelio et les éditions Picquier pour ce superbe livre !

Je me suis battue avec ce livre ! A chaque fois que je reprenais ma lecture, j'enfilais mes gants prête à en découdre. En effet, ce livre n'est pas là pour vous faciliter la vie. Le style est vraiment particulier. On a l'impression d'avoir un roman polyphonique, poétique, urbain, noir, détaché de toute humanité et en même temps profondément ancré dans le pluralité de l'humain. On se perd, on se noie.
On passe d'une robinsonnade à un récit d'école puis à la vie urbaine d'un débrouillard roublard soudard et un/une maître corvier, kami vengeur des ombres. Des monstres souterrains issus d'une peuplade ancestrale, des corbeaux qui parlent et un Dieu corbeau à gros bec. Un Tokyo qui mute en zone tropicale infectée de maladies. Une réflexion sur l'immigration, la marginalisation, la pollution. Une vision guerrière des arts : danse chamanique arguant les foules, musique éteinte, cinéma repoussoir de frayeurs enfouies.

Ce livre, c'est tout ça, assemblé comme une course effrénée sans pauses. Ca vous prend et vous happe comme les vagues. C'est actuel et diablement cruel. Ca perturbe mais on ne peut s'empêcher de suivre avec curiosité les pérégrinations d'Hitsujiko, Touta, Leni et Kroy dans leur combat pour la liberté dans une ville en déliquescence.

Une vraie découverte dont on ressort essoufflé. Par contre, ne vous fiez surtout pas à la quatrième de couverture, ce n'est pas un récit d'île déserte. A lire comme le définit l'auteur "un morceau de punk rock", un "roman qui court". Chaussez une bonne paire de baskets, prenez votre courage à deux mains et combattez ce livre, vous en ressortirez fiers d'être là et d'avoir lu cette aventure.
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Si vous êtes fâchés (ou allergiques) avec les récits décalés et/ou les corbeaux, mieux vaut sans doute éviter Soundtrack (encore que...).

Ce roman éclate les genres littéraires. Furukawa Hideo mêle avec l'ardeur d'un savant fou uchronie, Robinson Crusoe version junior, réchauffement climatique, yakuzas, danse et j'en passe.
L'auteur casse les structures narratives linéaires avec des rythmes syncopés, des changements de ton et de langage très subits, des sauts d'un point de vue à l'autre (et même celui des corbeaux! ) avec des plans plus panoramiques. Il y a un côté cinématographique dans son écriture. Il véhicule des images très fortes, souvent déstabilisantes.

Son ouvrage, qu'il considère lui-même comme le point de départ de son combat littéraire, offre également une vision terriblement prémonitoire d'un Tokyo ravagé par un réchauffement climatique. Flore et insectes tropicaux pullulent, détruisant l'écosystème originel. Comme mis en parallèle, la question des immigrés qui viennent disloquer et détruire les fondements de la nipponité est un des thèmes majeurs de cette histoire. S'y oppose un nationalisme exacerbé pour un Japon pur (on  retrouve dans la bouche de ces extrémistes les arguments facho-bellicistes qui eurent cours pendant les décennies impérialistes de la première moitié du XXème siècle).

Tour à tour cru ou emporté dans des élans mystiques, Furukawa Hideo a un style bien à lui, particulier certes, et qui ne peut guère laisser indifférent son lectorat. Ses personnages sont aussi décalés que le contexte et les événements. La bien-pensance, le conformisme et l'ultra consumérisme japonais en prennent un coup. Tout n'est pourtant pas absolument noir puisqu'il survit toujours un esprit de solidarité, d'amitié, de résistance. Les principaux protagonistes sont unis par un rejet d'un système hypocrite, conformiste et destructeur. Face aux menaces et aux dangers, ils réagissent avec leurs propres armes, leurs propres convictions. Des sortes d'archanges du chaos agissant pour une cause qui les dépasse.

J'ai beaucoup apprécié de me laisser emporter par le maelström romanesque de Furukawa, même s'il faut s'accrocher(un grand huit littéraire). Et j'ai grande envie de découvrir ses autres oeuvres.
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Touta et Hitsujiko sont deux enfants qui se retrouvent sur une île déserte alors que le bateau du père du premier s'est perdu en tempête et que la mère de la seconde a mis fin à ses jours avec elle en sautant par dessus bord d'un autre. Près de deux ans plus tard, on finit par tomber sur le garçon et la fillette.

Soundtrack signifie en anglais "bande son". Alors, parlons musique. Soundtrack est difficile à lire, comme la portée d'une oeuvre classique. Bien que le langage employé soit facile à décrypter, nous avons là du haut niveau dans le rythme de la partition, quelque chose d'inhabituel, qu'on n'entend pas sur les grandes ondes. Soundtrack, c'est parfois du rock, des solos de guitare violents, dignes du plus grand groupe de metal du monde. Soundtrack, c'est parfois un air plus doux, une petite mélodie de musique classique, nostalgique, que l'on fredonne gaiement. Soundtrack fait alors dans tous les genres et va partout. Mais Soundtrack a principalement des airs de morceau expérimental avec toute l'instabilité qui en découle et perturbe l'auditeur. Le chef d'orchestre est alors parfois difficile à suivre. Bien que Touta et Hitsujiko soient d'abord le duo mis au devant de la scène, les autres musiciens sont très présents (la maman qui les a adoptés, leur professeur, la femme de ce dernier, etc). Le compositeur leur dédie, à chacun, une oeuvre complète, un opus. Mais le rythme de Soundtrack est lourd. Une oeuvre en quatre temps ? En trois temps ? Difficile de le trouver finalement et bien que j'aie tendu l'oreille, je n'ai pas réussi à comprendre cette pièce. Le compositeur oublie parfois de nous emmener avec lui. Il tombe parfois dans une transe ou dans une cession d'improvisation, pleine de spontanéité, qu'il est alors difficile d'aborder. Ne comptez pas prendre non plus le morceau en cours de route ; c'est perturbant et il est encore plus difficile de prendre le rythme alors. J'ai essayé de danser avec la musique de ce compositeur japonais ; j'ai essayé de chanter avec lui. Mais lorsque je pensais pouvoir saisir les personnages, ils m'échappaient à nouveau pour entamer une toute autre mélodie peu efficace pour m'accrocher sur la page suivante.

J'accorde ★ ☆ ☆ ☆ ☆ à Soundtrack. Touta "percevait les unités sonores, mais pas leur continuité temporelle. Il ne saisissait pas non plus la combinaison simultanée de plusieurs émissions de sons, autrement dit, l'harmonie. Il ne déduisait donc aucune émotion, ni de l'harmonie, ni de la mélodie. Il n'était pas touché par la beauté, ni la violence, ni la lascivité sexuelle de ce qu'il entendait" ; j'éprouve la même chose pour Soundtrack, ce roman ô combien indomptable. J'ai appuyé, bien malgré moi, sur le bouton "stop" sans même venir à bout de la chanson. Alors ne vous attardez pas trop sur ma critique ; prenez-la avec des pincettes. Ca ne m'arrive pas souvent d'interrompre un morceau au beau milieu et je n'en suis pas fière. Mon oreille n'est sans doute pas habituée à ce haut niveau de littérature. De plus, le japonais reste une langue difficile à traduire ; la traduction a l'air de peser parfois lourd sur la portée. Clé de sol ou clé de fa, je n'avais pas les outils pour pouvoir profiter pleinement de Soundtrack. J'écouterai à nouveau ce morceau d'ici quelques temps, lorsque mes oreilles se seront faites à de la musique plus pointue, moins commerciale, moins facile. Car comme l'oeuvre la plus connue des plus grands compositeurs classiques, Soundtrack vaut le coup d'être entendu.

Je remercie Babelio et les Editions Philippe Picquier pour cette découverte intrigante et particulière qui m'a donné du fil à retordre, et qui m'en donnera encore. Mais parfois, il est bon d'avoir entre ses mains, un roman qu'il faut savoir apprivoiser pour l'assagir avant qu'il ne glisse entre vos mains et s'enfuie avec les personnages et leur destin.
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Ce pavé là m'a été offert l'an dernier pour mon anniversaire. Je vous l'annonce tout de go, c'est une pépite… en forme de pavé. Autrement dit un lingot !

Soundtrack débute sur une île vierge au large du Japon. Deux enfants s'y sont retrouvés abandonnés, embarqués par les aléas de la vie. Ils y passent quelques années, vivant de ce que la nature leur prodigue, puis sont subitement ramenés à la civilisation. Sous l'ère Furukawa, le Japon est ravagé par le réchauffement climatique, les bas-fonds de Tokyo sont l'objet d'un minutieux portrait entre prostituées, hôpital des masses populaires, enfants des rues, corbeaux, cinéma, mafia… La petite bourgeoisie et ses écoles privée pour demoiselles n'est pas en reste. Les adolescents tracent leur vie sans oublier leur nature sauvage, leur rage, leur exception. Les rencontres improbables et fabuleuses se multiplient et la révolution gronde. Je n'ébauche qu'une infime partie des multiples pistes suivies par l'auteur, je vous en tais volontairement bien d'autres. Dans ce roman futuriste dont la musique est l'un des piliers, la vie, l'avenir et l'espoir ne sont pas en reste face à l'apocalypse imminente !

Ce roman m'a fait l'effet d'une énorme poussée vers l'avant, une bouffée de vie préservée aux enfers et débarquant par miracle dans un monde en ruines. Hideo Furukawa nous conte un avenir possible pour une planète ravagée par la pollution, la corruption et l'argent. Il invoque l'art, la nature, la rage, l'amitié, le mouvement, et crée une chimère à laquelle les hommes peuvent croire, enfin !
Lien : https://synchroniciteetseren..
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D'ordinaire, il ne me faut que quelques jours pour lire les ouvrages reçus dans le cadre des masses critiques. Voilà bientôt trois semaines que "Soundtrack" m'est parvenu et trois semaines que je peine à lire ce roman japonais. Je n'ai toujours pas franchi le cap des 400 pages et je doute d'ailleurs d'y parvenir. C'est tellement rare quand un livre me tombe des mains ainsi que je me dis qu'il n'est tout simplement pas pour moi. J'ai essayé de le lire d'une traite, impossible. J'ai essayé de le lire par chapitre, rien à faire. Je me heurte à un mur d'incompréhension.

Je serais bien en peine de vous faire un résumé du roman car l'histoire et sa signification m'échappent totalement... Je m'attendais d'abord à lire un récit à la "Robinson Crusoé" puisque le point de départ du roman était le naufrage de deux enfants sur une île. J'étais impatiente de découvrir comment ces deux enfants allaient s'apprivoiser l'un l'autre mais surtout, comment ils allaient apprendre à survivre, seuls sur cette île.
Mais finalement, il faut croire que ce n'est pas si compliqué que ça, car les enfants (seulement âgé de 6 et 4 ans) semblent y vivre en toute tranquillité ! Comme par hasard, l'un des enfants est un champion de la survie en milieu hostile, comme par hasard, il y a une source d'eau douce sur l'île, comme par hasard, ils trouvent un abri, le climat est plutôt doux, les enfants ne tombent pas malade... La vie est belle quoi ! Bref, je n'ai pas trouvé ça crédible du tout. Qui plus est, les deux années que Touta et Hitsujiko passent sur l'île tiennent en tout et pour tout dans les trente premières pages du roman. J'avoue que j'ai été dépité que leur vie sauvage soit condensée, racontée en si peu de pages.

Le retour à la "civilisation" des deux enfants se fait donc au bout d'une quarantaine de pages. Et pour tout vous dire, c'est quelques chapitres plus tard que j'ai complètement perdu pied dans le roman. Je m'attendais à ce que l'auteur développe leur relation, leur scolarité, leur rapport aux autres et à la société, mais ce n'est pas vraiment ce que l'auteur décide de faire. A la place, il part dans des digressions quasi fantastiques autour de Hitsujiko et de la danse, tandis que Touta couche à droite à gauche avec des femmes et ère dans Tokyo... J'ai ressenti un profond malaise face à ces deux personnages, comme s'ils étaient un peu perturbés mentalement. En même temps, ils ont vécu deux ans sur île déserte alors qu'ils n'étaient que des enfants... On peut penser qu'ils en ont gardé des séquelles psychologiques. Mais j'ai le sentiment que même cet évènement n'explique pas tout. Je les trouve tout simplement bizarres, voir malsains.

La structure du roman m'a elle aussi laissée perplexe. L'auteur alterne parfois les récits de Touta et Hitsujiko avec ceux d'autres personnages. Des personnages qui débarquent de nulle part et repartent une dizaine de pages plus loin, sans que l'on sache bien ce qu'ils viennent faire dans l'histoire. J'ai trouvé cela curieux mais aussi dérangeant, car parmi ces personnages "éclairs", on trouve un violeur en fuite, un préadolescent travesti et une prostituée...

Des personnages dérangeants, une écriture déroutante et parfois crue. Une histoire sans queue ni tête, du moins pour moi. Je passe mon tour...

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critiques presse (1)
Bibliobs
07 décembre 2015
Politique, science-fiction, métaphysique... Avec “Soundtrack”, le Japonais Furuka Hideo signe un roman insensé.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Trois conditions doivent être remplies pour pouvoir imiter le langage humain. Premièrement, il faut avoir la capacité de mémoriser les sons. Deuxièmement, la faculté innée de produire des sons à volonté. En dernier lieu, une expérience de la communication vocale avec ses congénères. Le goût du jeu peut également rentrer en ligne de compte. Quoi qu'il en soit, qu'un seul de ces critères manque et l'imitation est impossible.
Or, les corbeaux les possèdent tous.
Dans la nature, évidemment, ils n'ont aucune raison de faire des efforts inutiles. En de rares occasions, on a vu des corbeaux à gros bec imiter [...]les aboiements du chien, et même s'entraîner pour cela, par pur amusement. Cela ne relève absolument pas d'une stratégie de survie, il ne s'agit que d'un jeu, un passe-temps.
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En 2009, le mois de février n'était pas terminé que les fleurs de sakura Somei-Yoshino avaient déjà perdu leurs pétales. La date annoncée de pleine floraison était tombée le 14 février, ce qui correspondait avec la Saint-Valentin, un samedi. On vit donc des boîtes de chocolat s'échanger pendant les banquets sous les cerisiers, ce qui en détruisait tout le sens. Mais le sens de quoi, à vrai dire? Du rite de la contemplation des cerisiers en fleurs? Ou celui de l'esprit de formalité compulsive, de la coutume d'offrir des chocolats, apparue au Japon dans la seconde moitié du XXème siècle? Il était bien difficile de le dire.
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En 2009, le mois de février n'était pas terminé que les fleurs de sakura Somei-Yoshino avaient déjà perdu leurs pétales. La date annoncée de pleine floraison était tombée le 14 février, ce qui correspondait avec la Saint-Valentin, un samedi. On vit donc des boîtes de chocolat s'échanger pendant les banquets sous les cerisiers, ce qui en détruisait tout le sens. Mais le sens de quoi, à vrai dire ? Du rite de la contemplation des cerisiers en fleurs ? Ou celui de l'esprit de formalité compulsive, de la coutume d'offrir des chocolats, apparue au Japon dans la seconde moitié du XXème siècle ? Il était bien difficile de le dire. En tout état de cause, le chocolat, ça n'allait pas très bien avec le saké ni avec la bière, ça c'est sûr. D'ailleurs, le véritable problème, outre la floraison chaque année plus précoce des sakura Somei-Yoshino, n'était-il pas surtout qu'ils étaient en train de mourir, incapables de s'adapter au changement climatique carabiné qui faisait disparaître la zone tempérée de l'hémisphère Nord et avait déjà transformé Tokyo en îlot de chaleur ? Au niveau national, on préférait ignorer le problème et continuer à parler de cette tradition si typique et indéfectiblement nippone du hanami, et débattre très sérieusement au Parlement d'une éventuelle modification du calendrier pour avancer la date du début de l'année. Les médias théorisaient régulièrement sur en quoi cesser de célèbre le hanami signifierait la mort de la Nation.
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Le temps d’un clin d’œil, son père avait quitté son champ visuel. Assis sur la banquette arrière du cruiser, le fils, six ans, chercha des yeux son père que la mer avait fait disparaître comme par prestidigitation. Il ne reverrait plus jamais le dos de celui qui tenait le volant. Le bateau qui avait soudain perdu tout contrôle commença à tournoyer sur lui-même. Des ondulations de forte amplitude se mirent de la partie. Vint une seconde rafale latérale. Le garçon, cramponné au garde-corps, s’accroupit et regarda, ahuri, image par image, le contenu du cockpit se déverser à la mer. Il n’eut pas besoin qu’on lui explique que son père s’était fait emporter précisément de la même façon par un paquet de mer, giflé par le vent, puis éjecté à bâbord. La pluie cingla le front et frotta les oreilles qui la défiaient, les embruns lui lessivèrent les yeux. Plus aucune couleur n’existait dans l’océan déchaîné, pas étonnant qu’il ne voie plus où était passé son père. Pour la troisième fois le yacht fut secoué de vibrations verticales. Puis au sommet d’une vague de sept mètres il fit une pirouette. Parfaitement, la grande coque du cruiser fit une pirouette, pour de vrai. Le garçon comprit que le bateau allait se retourner et il frémit d’horreur. Mais le déclenchement de son imagination activa dans le même temps son instinct de conservation. Avec d’infinies précautions pour ne pas se laisser emporter par les vagues et les coups de vent hors normes, il concentra les cent millions de nerfs de son corps et entreprit un déplacement de la banquette arrière vers le cockpit. Pas à pas, dans un contexte de violence hallucinant, un doigt après l’autre, quelques centimètres à chaque fois, rampant, devenu le fantôme miniature de son père, il atteignit le siège de pilotage à l’avant.
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Leni regardait autour de lui. Le désastre. Dans le fond, plusieurs corbeaux à gros bec poussaient des cris. Mais Leni ne les entendait plus. Toute sa conscience était réservée à la vision de ce qu’il avait devant lui. Un corbeau en sang. Mais il en eut l’intuition immédiate : ses blessures n’étaient pas mortelles. Les blessures n’étaient pas si profondes que ça. Il n’en mourrait pas. Il vivrait.
Ses camarades de la bande des autochtones étaient perchés autour du terrain vague, sur les terrasses des immeubles, à surveiller l’évolution de la situation. De leur hauteur, ils regardaient Leni. La barre de fer à la main, Leni jetait un regard clair sur le corbeau blessé. Le corbeau focalisa ses deux prunelles noires sur Leni, et pendant un instant, l’humain et l’oiseau se regardèrent les yeux dans les yeux.
Les corbeaux, aussi bien ceux à gros bec que ceux à bec fin, distinguent parfaitement les visages des humains. Pour donner un exemple, ils sont capables de se partager le travail de surveillance et d’intimidation des agents municipaux qui viennent en ennemis au début de l’été, quand ils sont occupés à éduquer leurs petits, ou des ouvriers sur les poteaux électriques. Pour protéger leurs oisillons des sources de nuisance. Ils possèdent des facultés d’observation et surtout une extraordinaire mémoire. Leur intelligence n’est pas à sous-estimer. Leur coefficient intellectuel est globalement plus élevé que celui d’un chien. Ils sont capables d’utiliser des outils pour se procurer leur nourriture, et selon des expériences menées en Nouvelle-Calédonie, ils ont à peu près le même niveau technologique que les hommes du paléolithique. En Amérique du Nord, ils se servent des routes pour ouvrir les coquillages. On les a vus à Sendai utiliser les voitures des résidents pour écraser les noix. En Norvège et en Suède, ils ont appris à pêcher en observant les humains creuser des trous dans les lacs gelés, selon une technique similaire à la pêche aux wakasagi. Leurs capacités d’apprentissage sont très élevées, et il a été démontré qu’ils possédaient une conscience du futur, comme on peut en juger par la pratique qu’ils ont de constituer des réserves de nourriture en cas de besoin.
Leur intelligence vient renforcer leur importante ténacité physique, et en seigneur de tous les oiseaux commensaux de l’homme, le corbeau s’est parfaitement adapté à la ville.
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