Voilà un thème original et rarement traité, encore moins au théâtre : la thématique des Engagés indiens, aussi appelés Coolies à l'Ile Maurice. L'engagisme a succédé à l'esclavagisme à Maurice, en Martinique, en Afrique du Sud...
Pour traiter ce sujet, le récit mêle avec habileté l'histoire d'une famille sur deux générations à la "grande histoire" de l'Ile Maurice. On découvre une culture riche et pourtant méconnue.
Le héros est un jeune franco-mauricien qui revient sur sa terre natale et masque son identité pour découvrir son père. Les secrets de famille sont au rendez-vous et la lecture de la pièce est prenante car chacun peut s'y reconnaître.
Christophe Botti dialogue avec fluidité et humanité cette histoire. Il nous fait rêver en nous emmenant dans le passé et en explorant les conséquences des actes des ancêtres sur leurs descendants. Cette réflexion transgénérationnelle rend plus profonde encore ce texte. J'ai beaucoup aimé l'aller-retour entre le présent et le passé. J'avais vu une autre pièce du même dramaturge il y a quelques années au Vingtième Théâtre dans une mise en scène de Thierry Harcourt : "Frères du bled" avec avec Gabrielle Lazure, Manu Blanc, Deborah Grall, Robin Causse et Issam Chayle. C'était cette fois les conséquences de la guerre d'Algérie sur une famille de Pieds-noirs qui étaient traitées et j'avais déjà trouvé le texte très riche.
Enfin, j'apprécie le mélange d'humour et d'émotion proposé par cet auteur ainsi que les passages qui traitent de la biodiversité à travers le dodo, oiseau mauricien symbole des espèces disparues qui sert de symbole et de réflexion sur le sens de nos actes.
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SALONI. C’est du paternalisme colonialiste alors ? Et puis faut voir dans quelles conditions ils vivaient ici, nos ancêtres. On dirait que ça arrange tout le monde d’oublier. T’as vu à quoi il ressemble l’ancien camp indien ? Les cases barriques ? Le coin insalubre, infesté de moustiques ? C’est là qu’ils vivaient, les engagés indiens. Le plus loin possible de la maison des maîtres.