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EAN : 9782370711724
330 pages
Le Temps des Cerises (04/04/2019)
4.5/5   2 notes
Résumé :
"C'était la guerre d'Algérie. Il avait vingt ans et dans ses yeux des étoiles s'allumaient aux noms d'Orson Welles, de John Ford, de Chaplin et des autres. Quand on l'appela sous les drapeaux, le service cinéma des armées lui semblait promis ; presque, lui revenait de droit. Il suffit parfois de peu pour que le destin vous joue l'un de ses tours... Quand on lui demanda de décliner sa profession avant de l'incorporer, il répondit fièrement : cinéphile. Le capitaine d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un coup de coeur, voilà c'est un gros coup de coeur !
Ce n'est pas un livre qui brille par des qualités littéraires incomparables, Laïk n'est pas Duras, mais en échange il nous donne tout le reste : l'authenticité, le coeur, l'émotion, la joie, la peine : que du vrai !

Avec lui on plonge au coeur de la guerre d'Algérie par le biais d'un homme, Marc Kasby, dont le père juif né à Oran a fait la seconde Guerre Mondiale pour la France. Un homme témoin, vrai, franc, profond, avec ses sentiments, ses questionnements : “Mais qu'est-ce que je fous là ?”, sa peur de “mourir à vingt ans”, sa recherche de “la planque”, son amour du septième Art et ses précieux “Cahiers du Cinéma”, sa prise de position politique contre cette guerre inique en même temps que la honte, parfois, d'avoir obéi, d'y être allé, de l'avoir faite cette sale guerre, et d'y avoir perdu vingt-six mois et sept jours de sa vie.

Avec son chien Fable, Kasby nous touche, nous prend aux tripes, nous fait rire aussi. le type un peu perdu dans son uniforme et ses pataugas, la peur au ventre mais toujours loyal, toujours partant pour la “marrade” avec les “poteaux”, des rêves d'amour qui finissent au bordel, qui aimerait pouvoir déserter comme dans la chanson “Merci Boris” mais..., qui voudrait juste rentrer chez lui, qu'on lui rende sa vie.
On aperçoit un peu le scénariste derrière l'auteur, mais :
“C'est pas un film.
Y a même pas de bobine.
C'est ma vraie vie qui se débine.
Je voulais pas venir.“ (Alain Souchon, Manivelle),
et le traumatisme des horreurs vues et vécues le hantera à jamais.

Dans cet environnement dur, cruel et injuste qu'est la guerre, ce roman est un concentré de lucidité et de positivité. Sans trop en faire, Philippe Laïk (avec un tréma) raconte merveilleusement bien, témoigne avec authenticité et dénonce sans langue de bois la politique de la France à cette époque : les exécutions sommaires, la torture, les vies volées, gâchées grâce à Guy Mollet, Massu, Papon, …, que du “beau” linge !
Je suis certaine que l'auteur a laissé là-bas une partie de lui-même. On le sent dans ce roman où la fiction ressemble beaucoup au témoignage, et on devine avec tendresse, à travers le personnage de Kasby, l'espièglerie de l'auteur et sa grande sensibilité : son humour “Han deux, han deux...” et son amour de la vie sont tels que jamais on ne sombre dans le drame.

Il existe certainement d'autres livres sur cette guerre que je connais mal, des livres plus détaillés, plus “techniques”, mais celui-ci est très personnel et c'est une vraie réussite. Je le conseille fortement car en plus d'apprendre ce que vous ne savez peut-être pas encore sur la guerre d'Algérie, vous passerez des moments mémorables avec Marc Kasby en attendant “La quille bordel, la quille !”

---- Merci à Babelio et aux Éditions Le Temps Des Cerises ----
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C'est le récit, sans doute autobiographique, des 26 mois et 7 jours d'un jeune homme de 20 ans appelé pendant la guerre d'Algérie et libéré en octobre 58.
Il en revient vivant et à jamais bouleversé par son vécu. "Quand un soldat revient de guerre, il a simplement eu de la veine et puis voilà" comme dit le poète Francis Lemarque. Pendant ce temps, loin des siens à part quelques permissions, il a perdu son père confronté à une situation financière, professionnelle et familiale qui lui ont fait perdre pied.
On suit pendant 8 chapitres son parcours avec les autres jeunes de sa classe d'âge, ses pensées, ses espoirs, ses déconvenues, ses rencontres dans un univers masculin confiné, puant, plein de punaises, de tracasseries, à cent lieues de sa vie de parisien branché, choyé, empli de ses passions: le cinéma qu'il connait parfaitement , le jazz et les "mignonnes".
Il imaginait qu'après les "classes", son père par ses relations au Ministère le ferait entrer au service cinéma de l'armée, hélas pour lui, le piston ne marchait plus, on avait même incorporé un pauvre pied-bot!
On lit les lettres qu'il adresse à ses parents, à son jeune frère, à son meilleur ami; les filles, elles, ne s'attachent guère.
La description du campement de Telergma est impressionnante, les adjudants ne font pas dans la dentelle : "c'est fini les fils à papa!" "c'est fini les fils à maman!"
La camaraderie militaire apporte quelques apaisements , il découvre des jeunes différents de lui et tout ce brassage des régions françaises, des vieux routards de l'Indochine, des harkis, des engagés avec son cortège de blagues lourdes, de sorties au bordel, de beuveries, de dures épreuves physiques et mentales.
Son affectation de maître-chien due à la confusion entre cinéphile et cynophile l'envoie en stage à Tarbes; le chien Fable lui apporte du réconfort et une responsabilité importante qui lui fera rencontrer les paras dans une opération dangereuse où il côtoie la mort près de Constantine.
La peur de voir sa vie s'achever trop vite pour une cause qu'il ne défend pas comme beaucoup d'appelés d'ailleurs, lui fait envisager sa désertion. Il appelle le secours d'un poète ami Sénac, mais les risques sont grands, l'époque n'a pas pitié des traîtres, les courriers, la presse sont sous surveillance.
La difficulté de raconter même aux proches, l'incommunicabilité de ce qui est vécu aux autres m'apparaît un trait commun à tous les traumatisés des guerres et catastrophes; être incompris ajoute au désespoir, c'est pourquoi on se tait!
Il peut terminer son travail comme psychotechnicien, en faisant passer des tests aux nouvelles recrues. Sa parenthèse de vie va s'achever avec un meilleur commandement, car la guerre n'est plus soutenue que par les extrêmes et l'opinion publique aspire à la paix.
l'épilogue restitue la répression des manifestations par le préfet Papon et les morts de Charonne qui mettront un point final à la guerre.
C'est un livre qui se lit aisément, j'y retrouve le fond musical de Dalida, Piaf, Line Renaud, Bécaud… et de toutes les rengaines de l'époque. Je reconnais aussi les sorties de films, les avis de Truffaut, les événements internationaux et toute la vie politique française dans la tourmente jusqu'à l'arrivée de De Gaulle.
C'est un livre qui a le courage d'aborder une page peu glorieuse de notre histoire sans abuser de descriptions morbides, sans rien cacher ni édulcorer, avec des analyses qui montrent toute la complexité de la situation pour les Algériens et pour les Français.
Actuellement en salles, comme en écho, le film de Dafri "Qu'un sang impur…" complète le tableau avec des images -choc.




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Les Editions "Le temps des cerises"publie un roman de Philippe Laïk: "Sous le soleil les armes" qui est d'abord un bel objet avec une très joli couverture qui utilise un tableau de Mohammed Khadda: "La femme à la harpe" qui se trouve au musée de Besançon.
Ce livre que j'ai reçu dans le cadre d'une opération "Masse critique " de Babelio je l'ai demandé parce qu'il évoque la guerre d'Algérie et que cette guerre je l'ai vu et subi de mon côté , jeune étudiant né en Algérie.
Le livre s'ouvre sur l'arrivée dans le bled d'un jeune homme de vingt ans, issu d'une famille qui semble aisée e, qui jouissait des plaisirs que donne Paris lorsque''on est jeune et qui se destinait à une carrière dans le cinéma.
Autant dire que le voyage et l'arrivée dans un casernement éloigné de tout , avec la promiscuité, la rudesse des conditions de vie, le mélange des jeunes issus de toutes les catégories sociales est une épreuve et tout cela est fort bien rendu par les premières pages du roman.
Le fait que le jeune homme ait été victime d'une erreur: on a confondu cinéphile et cynophile est assez drôle et le voilà en stage pour devenir maître chien! La petite pause à Pau a touché le palois que je suis qui a retrouvé des lieux connus: L'Hôtel Continental, Chez Ruffet ou encore l'auberge Labarthe! Ce jeune va finir par aimer son chien.... En tous cas de cette guerre tous ces jeunes n'en n'ont rien à faire,ils ne la comprennent pas, beaucoup la trouvent injuste.Cette sale guerre ( mais toute guerre n'est-elle pas sale?) est bien rendue avec ses expéditions,ses morts dont celle de Fable le chien de notre héros, ces militaires de carrière et ces appelés.
L'atmosphère de cette époque avec le rappel des chansons d'alors est très bien rendu. J'ai aussi aimé le rappel du poète Jean Senac qui apparaît ,à plusieurs reprises dans le livre dont le titre est tiré d'un vers du poète. On y voit aussi le drame vu du côté algérien et la fin tragique de l''un des camarades de l'auteur .Cette guerre fut une tragédie et tout dans ce roman , leger par moment , le démontre. Autotal on beau roman qui donne a réfléchir et qui plaira non seulement a ceux qui ignorent tout de ce conflit mais plus encore a ceux qui l'ont vécu d'un côté ou de l'autre.

Lien : https://jpryf-actualitsvoyag..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
De l'Algérie, je ne connais qu'Oran.
Oran ! La ville où j'ai grandi. En cette veille de Noël 1939, j'ai traversé avec ma mère la Méditerranée afin de retrouver mon père qui, trois mois plus tôt, à la déclaration de guerre, quand la mobilisation générale fut décrétée, dut quitter Paris pour rejoindre sa ville natale, lieu de son incorporation, et revêtir l'uniforme. Je n'avais que trois ans. Sur le quai, en tenue kaki, mon père nous attend, il m'a souvent raconté ces retrouvailles, son émotion. Je lui souris, lui dit "Papa", dans le fiacre qui nous conduit vers le petit meublé du boulevard Gallieni, je pleure, je n'aime pas le kaki que porte mon père, je lui arrache de la tête son calot et retrouve enfin le sourire.
Oran ! Ma première école d'où je serai chassé quelques mois plus tard. "Maman c'est quoi un juif ?"
Oran, qui vit naître mon petit frère Alain.
Oran, et mes jeux d'enfants dans le jardin du "Petit Vichy". Premiers cache-cache, premières billes de terre et d'agate, premiers "chats perchés", premiers ballons, premiers genoux rougis par le merchurochrome, premiers camarades, premiers secrets.
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11 avril 1957.
[...]
L'"Express" publie une lettre du Général de Bollardière qui dénonce la torture à Jean-Jacques Servan-Schreiber : "... La guerre n'est qu'une dangereuse maladie d'une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l'horreur, n'est que l'envers affreux de la communication fraternelle. Elle dégrade celui qui l'inflige plus encore que celui qui la subit. Céder à la violence et à la torture, c'est, par impuissance à croire en l'homme, renoncer à construire un monde plus humain..."
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- Soldats, vous venez d'incorporer le 7e Régiment de Tirailleurs Algériens. Soyez fiers d'appartenir à ce régiment d'élite, au passé glorieux. Verdun, Monte-Cassino, Colmar, Strasbourg, l'Indochine, Dien Bien Phu. Trois fois dissout faute de combattants, le 7e RTA a fait honneur à la France. Je suis sûr que vous aurez à cœur d'honorer par votre bravoure vos aînés tombés au champ d'honneur. Vous appliquerez avec passion notre devise "La victoire ou la Mort" !... Soldats soyez fiers, et ayez du courage..."
Je suis assommé, assommé par le discours du colonel, assommé par mon accoutrement, par ma mise en rang, par mon "garde-à-vous", par "mon repos" Oui j'hallucine, je vais me réveiller
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Je suis en colère contre moi-même, j'ai joué le jeu, j'ai accepté ce système, ses aléas, l'uniforme. Je ne devrais pas être là. J'aurais dû faire le choix de l'insoumission. Au lieu de glander en août en vacances au Cap d'Ail en compagnie des petites Suédoises, j'aurais dû passer la frontière, rejoindre Rome et Tunis. J'y ai à peine songé, à peine. J'ai accepté mon sort, celui de cette "putain" de guerre, d'une guerre que je n'approuve pas, que je condamne. "Alors si tu n'approuves pas, si tu condamnes, pourquoi es-tu là, hein, pourquoi ?"
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Je suis cafardeux, je sais je ne devrais pas me plaindre, je suis mieux ici qu'à crapahuter dans le djebel. Mais que ces journées sont déprimantes, les files d'attentes de mes camarades soldats rassemblés, ces filles soumises dissimulant leur état par des paroles exubérantes. Tout est exagéré, artificiel dans la maison close. Il serait si bon à vingt ans d'être amoureux, plutôt que déambuler bite à la main entre les murs du clac. C'est aussi ça la guerre.
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