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EAN : 9782919009565
Editions du Pont de l'Europe (01/09/2014)
5/5   9 notes
Résumé :
CEDRIC ROBERT

POESIE DU BASCULEMENT

Du silence vers l'expression, de l'expression vers le silence.

" Le sens d’un poème, ce n’est pas que le sens des mots, évidemment, c’est toute la mémoire qu’il transporte. "

Cédric Robert s'inscrit dans la lignée de ceux qui connurent un destin basculé. Ce qui était intérieur et caché est, par ce livre, devenu extérieur et manifesté. " Souvenirs Tenus " est le produit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
critique pour "Souvenirs Tenus" de Cristian Ronsmans, conférencier dans les domaines culturels et littéraires.

Le basculement poétique consiste à mettre en oeuvre une procédure alchimique bien connue.

La « materia prima » est enfermée dans la gangue de l'infra conscient. Cette « materia prima » va devoir être libérée de ses impuretés pour pouvoir émerger au conscient. C'est le passage, par dévoilement de l'ésotérisme à l'exotérisme. C'est une épreuve très difficile, digne de celle que connaissent les tailleurs de diamant qu'un geste de trop ou maladroit peut définitivement entacher ou blesser. Cette véritable Oeuvre au noir va permettre d'élaborer, par le jeu savant des mots qui ne sont qu'instruments et outils, une poudre de projection, propre à éclabousser la conscience du lecteur.
Le lecteur est à cet instant un métal androgyne en quête de son rubis. La passerelle maintenant entre poète et lecteur est opérationnelle et le transfert énergétique possible.
S'il se passe quelque chose, c'est fort bien, s'il ne se passe rien ce n'est pas alarmant et ne signifie rien.
Avec Cédric Robert, pour ce qui me concerne, j'ai pu me promener sur la passerelle qui nous séparait et entamer avec lui l'Oeuvre au rouge.
J'ai commencé ma lecture dans l'ordre proposé mais je n'ai pas lu volontairement les introductions, exégèses de l'auteur. J'ai toujours considéré que l'oeuvre se suffit à elle-même ou n'existe pas. La surenchère si l'oeuvre existe ne me sert à rien, ne m'apporte rien. Au pire elle peut trahir ma perception sensorielle, celle de mon troisième oeil. Et dans le monde de la poésie, seul le troisième oeil peut lire.
Première partie : Naissance des souvenirs.
Alors qu'on s'attendrait peut-être à entrer dans le dur, on entre dans une délicieuse mélopée de style et de fond qui nous entraine au rythme lancinant des rives d'un Erik Satie dans sa musique d'ameublement à celles de Debussy, Ravel ou Darius Milhaud quand il fait le singe de Satie sur le toit.
Entre l'ébauche du souvenir de A., la pesée de l'Âme, dans un Tout visible (le Un n'est pas encore révélé), une jolie déception amoureuse dans quelques lettres perdues, on sent la préciosité (ce n'est pas péjoratif), la délicatesse de Cédric Robert pour dégrossir la matière première sans mauvais coup de ciseau.

Deuxième partie : Lutte contre l'oubli.
Dans la plaine de l'Alèthéia (légende parménidienne) le sujet en quête de vérité avait le choix entre emprunter le chemin dextrogyre qui conduit à Mnémosyne ou celui, lévogyre qui conduit aux sombres du Léthé.
Cédric Robert conte ici son combat pour échapper au fatalisme et à l'impuissance face à l'inexorable force du Léthé. Si je parlais de musique pour la première partie, on est maintenant plus proche d'Honegger, de Messiaen ou Landowski.

Troisième partie : Marina Tsvétaïeva.
Nous abordons ici la question de l'Ethique. Au sens lévinassien du terme : éthique de l'autre. Prendre l'autre qu'on veut Autre au sens d'être soi comme lui. On le « Trouve » dans une « Saine colère » comme repoussoir hélas de l'autre. Ou encore dans un « tant donné » figé dans le temps d'un seul qui se veut double comme l'envisageait Marcel Duchamp. Une épreuve et une seule : descendre en soi au plus profond dans un « connais toi toi-même » qui n'est autre qu'un « oublie toi, toi-même).
L'asyntonie clôt le débat par son évident constat. C'est comme cela qu'on avance.

Quatrième partie : L'oubli
Nous suivons à présent le poète sur le sentier abrupt dans cette plaine d'Alètheia qui le conduit inexorablement vers le fleuve Léthé.
L'oubli ! L'oubli d'être ou ne pas être. Ce pourrait être la tentation du néant aux quatre saisons des amours mortes, sans cesse renouvelées.
J'entends d'ici les accents d'une pavane pour infante défunte. Avec son lot de sentiments contradictoires. Sentiments d'injustice, de cruauté injustifiée de l'autre et celle aussi qu'on s'inflige. Sentiments de culpabilité refoulée puis exaltée, de regrets étouffés, de remords vains. Jusqu'à une sorte de honte d'aimer. Une honte aux allures proustiennes presque narcissique comme Marcel se regardant vivre dans la société du faubourg. Enfin vient le temps de l'expiation et son catalogue expiatoire. Tout dans cette partie nous renvoie une fois encore au problème de l'Ethique de l'Autre. Où nous sommes trois. Moi, l'Autre et mon autre moi. le poète est en quête d'une éthique de responsabilité et non de conviction. Il faut répondre (responsabilité est « respondere ») de soi, à soi, à l'autre et répondre de l'autre. Non pour l'autre qui vit la même tragédie.

Cinquième partie : Voyage dans le néant.
Où il est question de l'ontologie du néant. En six lettres d'où naitra l'espoir, l'espoir à moins qu'il ne s'agisse d'espérance, on découvre que rien est, existe comme l'être. Je suis ce que je suis et ce que je serai. Parce que j'ai été. Aimer c'est être.

Sixième partie : Surgir de l'oubli.
Cette sixième partie met en évidence la quête initiatique du poète qui rejoint dans la tragédie celle de Dante sur les traces de Béatrice. Au terme du chemin initiatique, il y a un aboutissement, une renaissance. Un homme nouveau dépouillé de sa peau de l'homme ancien est dépouillé. Ce moment est un moment de création. Mais la poésie n'est-elle pas dans son étymologie « poein » l'expression même de la création ? N'est-elle pas de ce fait en amont de toutes les expressions artistiques et l'aboutissement initiatique n'est-il pas de faire surgir la Beauté, témoin privilégié, marqueur de la Vérité ? Et pour ce faire, le poète se libérera de ses préjugés, du vulgaire dans une transfiguration. Cédric Robert y arrive très bien. L'ode à la poésie qui clôt ce chapitre est empreinte de joie, de vie, de joie de vivre.
Ce chapitre est un peu long pour un lecteur aussi rapidement fatigué que moi. de la même manière :

Septième chapitre : Souvenirs tenus
Si tant est que d'être le septième est clair en terme d'initiation, il me semble davantage un point de départ pour un nouveau recueil qu'un point d'arrivée.
Mon étude ci-dessus de ce recueil se repose sur le fond essentiellement. Toutefois cette analyse, je tiens à le souligner me fut aisée en raison d'un style très clair, limpide, fulgurant. Poétique quoi !

Cristian Ronsmans
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Aux vents hurlants, qui tourbillonnent et nous perdent dans les couloirs de la vie, l'enfant coule, encore bercé par sa mémoire, prend plumes et plumeaux et dépoussière l'écrit. L'auteur, Cédric Robert, naquit puis adopta cette curieuse folie, celle de raconter sa vie adulte, ses humeurs et petits plaisirs « responsables » en une multitude d'histoires. L'auteur nous livre son Recueil D'A, ce livre jubilatoire, car sensible et fin, en mode suggestion et écrit l'affirmation Souvenirs Tenus.

Pour devenir une voix, celle du nom de « poésie », il faut l'interaction de plusieurs faits, un bain de jouvence, donc connaître le sens du bonheur et des turpitudes, un petit grain de folie, des souvenirs, et des questions. La case dite « poète » ne peut se faire, s'offrir sans questionnement. Ne cherchez pas de réponses toutes faites, posez-vous ces interrogations qui se lèvent dès que le regard va vers le ciel, je cite : « Ou sera-t-elle cet endroit de mort où l'on soigne les blessés en perfusion d'oublis ? ». C'est ce regard qui fait sa différence, sa souffrance, sa solitude, son exclusion et sa beauté d'âme. Ce n'est pas une science pure la poésie, mais une recherche esthétique, des questions qui arpentent l'Univers, en serpentins, telles des rivières qui éclairent celui qui est photosensible d'un sourire, le plaisir d'une rencontre et, si nous sommes malins, c'est pour se jouer de ce destin, pas pantin ; acteur pour exister, pas pour briller. Et pourtant, cet auteur est un diamant de richesse intérieure, car sa révolte est pour Aliénor. Est-ce un nuage ? Un bateau ? Une femme ? Cédric Robert a raison de poser un prénom. Par expérience d'auteur, vaincre la page blanche, c'est donner du sens. Son écrit est universel. Il me donne frissons et émotions en découvrant son Univers et lui, avant même d'atteindre mon regard d'oiseau blessé, il a un but : son texte est un cadeau, voire une offrande, un don d'Amour. Oubliez chez lui la prétention, n'y voyez que l'obligation d'exprimer ses « souvenirs ». Un livre Humain qui pose le grand A, la majuscule. le texte « à la mer » est notre point de rencontre. L'éditeur, Éditions du Pont de l'Europe, un pont de rencontre, une suspension entre Terre et Ciel. Je cite : « Face à la vie, tout en toi est élégance ». Dandy des mots. Je ne sais pas s'il se rend compte qu'en sublimant cette rencontre, c'est sa richesse intérieure qui est sublimée tant il s'efface et fait face. Dualité non contradictoire ! Sa lutte que je partage : « Mais, je fais de l'ineffable une lutte, L'horloge est de ta perte arrêtée, Pourtant, elle sonne deux fois justes, Et me rappelle encore les jours passés ». Si vous êtes pressés, sachez ce que peut devenir le temps en mode solitude vraie. « Route vraie » disent les marins, celle qu'on trace sur la carte, tenir un cap pour ne pas s'échouer, ne pas faire naufrage, sans une métaphore vide de sens.

Quand je lis Souvenirs Tenus, je lis une rencontre, une immersion, un partage des sentiments, des émotions dit-on ? J'aime alors ce mot, l'invention Humaine d'intelligence. Un concept, comme un autre, pour parler oiseau comme j'aime le faire. La plume de l'auteur est juste finesse et élégance, semblable au modèle féminin de sa mémoire errante, qui me réjouit ! le roman se dévore, la poésie se déguste. Choisissez de prendre le temps de savourer le menu de Souvenirs Tenus !
de: Jean-François Joubert
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par Nicolas SAEYS
Professeur de Lettres,
auteur, membre de Jurys Littéraires

L'ensemble des textes est dédié à A. En outre, la première lettre de l'alphabet symbolise l'amour, en plus qu'elle évoque la mort, si l'on s'en tient au poème à propos des « abréviations », qui forme un jeu original et une audace bienvenue. Nous apprécierons l'introduction établie par Calo Brooklyn, intitulée en marge : « Une poésie du basculement », qui nous éclaire sur une
compréhension intelligente de l'oeuvre. Quelques références littéraires
apparaissent nettement, notamment celles de l'auteur Marina Tsvétaïéva, à
qui est voué un véritable culte, Arthur Rimbaud, de façon proéminente : outre
l'emploi du mot « paletot », qui fait partie du lexique récurrent de l'artistegénie,
on retrouve également à travers les « Lettres perdues » des
réminiscences du fameux poème sur les voyelles, sauf qu'ici, nous avons un
acrostiche, une réflexion sur l'effet de sens, et non pas sur les couleurs associées.
Chaque essai est constitué de vers libres, de prose poétique, avec
une propension au vers libéré, sans qu'aucune catégorisation soit distincte,
que ce soit au niveau de la forme ou de la structure interne. La sensation,
l'impression priment sur le souci de l'organisation verbale ; l'intérêt est
focalisé sur l'évocation libre et l'expression brute, plus que sur le rapport
des idées, l'explicitation ou la mise en scène. Nous retiendrons
principalement quelques bons moments où point la sensibilité, comme dans
« La jeune demoiselle de la rue d'en bas », qui met en valeur la mémoire de
la femme, via l'appréhension des événements et des situations, en somme
ce que le souvenir a tenu de plus personnel, émotionnellement, en vue de
réaliser un témoignage de vie.
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L'auteur nous embarque dans sa vie passée, qui au début du livre nous raconte son désespoir, puis au fur et à mesure de la lecture, celui-ci s'estompe pour terminer sa course vers l'espoir, vivre heureux malgré les souvenirs douloureux, les épreuves traversées, rebondir quoi qu'il arrive, une très belle leçon de vie, un exemple à suivre, un livre pour tous, à recommander, vraiment !
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Quoi qu’il en soit, que cela soit ainsi !
J’ai pris le mirador et vogué haut,
Jusqu’à ce que par delà mon seul paletot,
Je vis que jamais je ne retrouverais mes trésors.

J’ai pris les flots à droite toute,
Et cela m’a conduit à gauche,
Ainsi va la vie,
Elle traverse l’autre, elle vous fauche.

Ô vagues de pluie,
Vous êtes tempêtes face à mes solitudes.
Et d’où je vous perçois,
D’un seul éclat de moi,
Je reconnais ce que je suis,
Pourquoi je me noie.
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Dors, amer amour
De mer et d’or toujours.

Crie, noire envie
D’ivoire, elle qui jamais plus ne rit.

Pleure, enfant abandonné
D’autant de haine maintenant vaine.

Cède, triste espoir
Un christ vomit en existence.

Et enfin dis le mot,
Le mot mort, le mot dort, le mort d’or.

La tentation qui te crucifie,
Tu n’as que faire d’y céder.

Ciel ! Tu peux bien oublier.
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A Marina Tsvetaeva ;

"Et alors à nouveau ! ; Moqueries et préjugés ! Mais moi ; de sang stable et décidé !, nous enivrés ! Scribe - humilité - divinité - nous sans vanité - parlons bientôt immensité !" Il sera une aube prochaine où notre rencontre brisera l'absence. Tu l'avais dit, la démesure des mots n'est que le pâle reflet de la démesure des sentiments.
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Il est plus important de savoir avoir aimé que de réclamer à la vie ce qu'elle refuse. Le temps n'a pas d'emprise sur le regard du pèlerin des sentiments, de celui qui Diogène de sa pensée s'est débarrassé de la conscience d'une revendication. Un espoir sans espoir, voilà ce qu'est mon plus bel amour.
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Beauté et vérité peuvent-elles coexister ?

Je le crois ;

La deuxième fois, j’y suis né.
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Vidéo de Cédric Robert
Interview de Cédric Robert pour l'émission "Livre toi" et son ouvrage "Souvenirs tenus"
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