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EAN : 9782919750931
134 pages
Éditions Tensing (04/04/2017)
3.67/5   3 notes
Résumé :
La littérature s’est de tout temps intéressée à la montagne. Bernard Amy nous propose ici une sélection de textes littéraires qui ont jalonné sa carrière d’alpiniste écrivain. Il faut lire son avant-propos pour comprendre comment la montagne peut être source de création littéraire sans que l’écrivain soit nécessairement un conquérant des plus hautes cimes. Le sommet lui-même peut rester imaginaire comme dans le Mont Analogue de René Daumal. C’est en partant de ce ro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Bernard Amy a réuni dans ce livre neuf petits textes d'auteurs variés sur l'alpinisme. le premier et le dernier sont de lui-même, sa source d'inspiration étant le livre de René Daumal, "Le Mont Analogue. Roman d'aventures alpines, non euclidiennes et symboliquement authentiques"... tout un programme !
J'aime bien cette idée de rassembler des textes en apparence très différents, mais qui, quand on les lit attentivement ont bien plus de points commun que ce que l'on pourrait croire. Entre autres, une grande originalité.
Ces récits sont en effet tout sauf classiques et sont liés par de l'excentricité, de la poésie, de la philosophie, le tout dans des dosages différents selon leur auteur, et par-dessus tout, la passion de la montagne.
Le récit le plus singulier est sans conteste celui d'Henri Michaux, "Le dépouillement par l'espace". Récit assez hallucinant, son auteur étant, au sens propre, halluciné ! Il explique avoir consommé une substance peut-être pas tout à fait légale, puis être allé "à bonne altitude" pour en observer les effets. Il n'a pas été déçu du résultat, mais surtout, a parfaitement réussi à rendre compte de son "trip". Il nous emporte dans son voyage et fait formidablement bien partager son ressenti.
Un petit extrait pour vous mettre l'eau à la bouche : "Le statique, le fini, le solide avaient fait leur temps. Il n'en restait rien, ou comme rien. Dépouillé, je filais, projeté ; dépouillé de possessions et d'attributs, dépouillé même de tout recours à la terre, délogé de toute localisation, dépouillement invraisemblable qui semblait presque absolu, tant j'étais incapable de trouver quelque chose qu'il ne m'eût pas ôté."
Étrange et bien agréable sensation que de suivre l'auteur dans son aventure, sans prendre aucun risque, bien douillettement installée avec mon livre. J'ai adoré cette nouvelle dans laquelle Henri Michaux invente des mots pour retranscrire ce qu'il perçoit. L'extraordinaire "L'espace m'espacifiait" m'a fait particulièrement rêver.
Haroun Tazieff a dit que pour être écrivain, "il faut d'abord avoir quelque chose à dire" et par son texte "Tourmente", Samivel prouve qu'il en est un, et un grand. Outre sa poésie coutumière, on y trouve une tempête animée, douée de vie rageuse, et deux hommes face à elle. Deux hommes qui vont unir leurs forces pour lutter jusqu'au bout. On suit leur magnifique combat tout au long d'un récit prenant et émouvant. Samivel décrit l'instinct de survie, "un instinct puissant, protecteur vigilant de l'espèce" grâce à qui les deux grimpeurs sortiront vivants de leur aventure : "Désormais, ce fut ce pilote qui guida la fragile machine d'os et de chair à travers les embûches du vide, choisit les prises avec une admirable pertinence, aperçut enfin l'anneau."
Voilà.
Chaque texte a son thème, son style, sa personnalité. J'ai plus accroché avec certains, moins avec d'autres : c'est le lot de toute anthologie, mais j'ai vraiment aimé l'ensemble.
Attention, si cette lecture vous tente : le premier texte de Bernard Amy m'a semblé assez obscur, et j'ai eu la désagréable impression de ne pas tout comprendre, de passer à côté, car je n'ai pas lu le livre de René Daumal. Les évocations fréquentes de "l'esprit du Mont Analogue" m'ont donc un peu frustrée, mais ce n'est pas la faute de l'auteur : mea culpa, mea maxima culpa ! Je vais m'empresser de combler cette lacune, et j'espère ainsi mieux apprécier le dernier texte, que j'avoue avoir laissé de côté afin de ne pas gâcher ma lecture. Mais peut-être certains lecteurs trouveront-ils de l'intérêt dans ces deux récits de Bernard Amy même sans avoir lu René Daumal.
En tout cas, "Souvenirs d'un voyage au Mont Analogue" est un livre fort intéressant, qui plaira à tous les passionnés de montagne.
Je remercie chaleureusement Babelio pour son opération Masse critique et les éditions Tensing (quel nom !) pour ce voyage vivifiant.
Je conclus enfin en reprenant les mots de Pierre Dalloz, auteur d'un des textes : "Qui une fois a connu l'altitude en reste hanté." Tous les amateurs d'alpinisme approuveront, j'en suis certaine !
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C'est un recueil de 9 textes, rassemblés par Bernard Amy, sur l'alpinisme, avec en toile de fond le roman inachevé de René Daumal "Le Mont Analogue". Il y a deux textes de René Amy, de Samivel, et un de Yves Bonnefoy, Pierre Dalloz, Jean Ferry, Guy Martin-Revel et Henri Michaux. Certains sont des nouvelles, des histoires d'alpinisme bien sûr, proches des grand classiques du genre, d'autres tournent autour de la passion et de l'émerveillement de l'alpinisme, d'autres encore sont plus axées sur la poésie, mais l'ensemble permet de faire un parallèle entre les mots et les monts, entre l'exploit de l'écriture et celui de l'ascension. J'ai plus particulièrement apprécié les deux textes de Bernard Amy qui font le lien direct avec le roman « Le Mont Analogue ». Il est sans doute préférable de l'avoir lu pour en saisir l'intérêt (mais pas forcément nécessaire). L'un est une suite, où l'auteur part sur les trace fictives de René Daumal, l'autre est raconté à la manière de Platon, un « Banquet » dans un refuge, avec une discussion philosophique autour du roman de René Daumal. On pourrait conclure comme ceci en citant Bernard Amy : « Daumal lui aussi cherchait des réponses. Et pour les trouver, il avait utilisé la montagne comme un langage. J'ai interrogé les montagnes, chacune d'elle m'a répondu dans son langage. »
C'est un beau complément au "Mont Analogue", poétique, philosophique, qui nous élève aux plus hautes cimes, où les mots rencontrent les cimes. Plus un livre sur la passion, l'addiction, la spiritualité autour de l'alpinisme que sur l'aventure et l'action.
PS. Je regrette juste une chose : la médiocrité de la couverture.
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« Souvenirs d'un voyage au Mont Analogue » est une anthologie qui comprend neuf textes sur l'alpinisme dont deux de Bernard Amy qui a rédigé l'avant-propos suivi d'un post-scriptum. « Bien souvent, l'aspect héroïque de l'action en masque les motivations secrètes. Et pour mieux comprendre les ressorts de la passion pour la montagne, il n'est pas forcément besoin d'évoquer le plus grand exploit sur la montagne la plus difficile. » (page 11)
En toile de fond, on trouve le roman inachevé de René Daumal « le Mont Analogue » dans lequel il est question de l'ascension d'une montagne mythique sur une île du Pacifique où serait retourné Bernard Amy auquel un guide aurait remis une sélection de textes. Cependant il n'est pas indispensable d'avoir lu le roman de René Daumal pour apprécier les textes qui nous sont proposés ici.
J'ai particulièrement aimé le texte de Samivel intitulé « Tourmente » où l'on voit le danger se rapprocher à chaque paragraphe et où le ressenti des hommes qui vivent un enfer est extrêmement bien cerné. « Cette tourmente n'était pas à l'échelle. Il découvrait soudain avec désarroi que les choses refusaient de jouer un jeu courtois. » Jusqu'à la fin du récit, on souffre avec les alpinistes, impossible de fermer le livre avant d'arriver au dénouement.
J'ai été emportée par le texte de Jean Ferry « La maison Bourgenew » où l'on visualise toutes les épreuves d'un alpiniste dont le compagnon de cordée s'est tué car son piolet, qui vient de la maison Bourgenew, s'est cassé. Un tas de pensées l'envahissent à mesure qu'il lutte pour survivre et tente de rejoindre le reste de l'expédition, il songe à la vengeance qui pourrait ruiner la maison Bourgenew. Un texte que l'on ne peut lâcher et qui m'a donné envie de voir le film de Claude Andrieux La maison Bourgenew qui date de 1990.
Chacun des textes de ce recueil nous permet de cheminer avec des alpinistes talentueux, de mieux comprendre ce qu'ils vivent, ce qu'ils recherchent et les pensées qui leur traversent l'esprit lorsqu'ils affrontent d'énormes dangers et côtoient la mort.
Merci à Babelio et aux éditions Tensing pour cette belle découverte.
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La maison Bourgenew , Jean Ferry.

En 1953, alors qu il vient de réussir â faire éditer, chez Gallimard, dans la collection " métamorphoses ", son recueil : le mécanicien et autres contes --- une revue littéraire fameuse reparaît , sous le nom de Nouvelle Nouvelle Revue Française , Gallimard.

C ' est dans son numéro d' ouverture que Jean Ferry fait paraître cette courte narration oû il crée - la forme énigmatique de la narration " indécidable ".

Véritable récit rétrospectif d' une aventure vécue , et traversée de réves et de sommeils somnambulisme des hauteurs, hallucinations ? Récit d' un songe reel ? Apocryphe narratif et pastiche d ' aventure alpine ? ...


Ou tout autre.... ?


Régime énigmatique indecidable du Sens.

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Un étrange rêve de pierre et de glace brillante, paradis suspendu entre les grands abîmes des neiges inférieures et de l'azur. D'en bas montaient, avec le bruissement à peine perceptible des torrents, de vigoureux arcs-boutants de roche fauve poussant jusqu'au faîte même de l'arrête des quartiers à angles nets, entaillant hardiment le ciel, ou lancés en porte à faux sur l'à-pic avec une audace stupéfiante. De frêles passerelles de neige, aiguisées comme des sabres, reliaient en guirlande ces donjons les uns aux autres. Et cet univers cubique, plein de miroitements métalliques et de dureté, proposait orgueilleusement aux hommes son jeu de glaces de l'intelligence. D'abord une descente de plaques assez faciles, puis l'arrête neigeuse remontait par une courbe d'or jusqu'au pied d'un puissant monolithe fiché dans la crête, une sorte de menhir. C'est à partir de là que les choses avaient l'air de se gâter avec une corniche énorme, roulée en coquille, hérissée de stalactites dégoulinantes, dont la carapace évoquait la silhouette d'un monstre de l'ère secondaire, lourdement penché sur le versant d'Argentières vers lequel il paraissait près de plonger à tout instant. Savoir si le tricératops se laisserait apprivoiser ? (Samivel, Tourmente)
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Il avait accueilli sans frayeur l'arrivée du mauvais temps, presque avec une espèce de joie, comme un renforcement passionnant de l'aventure, une occasion nouvelle de croiser le fer avec ses forces toutes neuves. Seulement ça durait trop ; cette tourmente n'était pas à l'échelle. Il découvrait soudain avec désarroi que les choses refusaient de jouer un jeu courtois.L'enfant qui subsistait encore en lui, presque intact derrière ses dix-huit ans, aurait volontiers crié : "Pouce !" C'était un langage que n'entendaient nullement les cohortes de démons haineux qui s'acharnaient contre eux en grinçant des dents. Il commençait à soupçonner dans son for intérieur qu'ils en voulaient à sa vie, mais l'avertissement émanait plutôt d'un profond, primitif instinct que d'une perception raisonnée.
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La certitude qu'il était trop tard, qu'ils ne pouvaient plus s'en tirer, que toute évasion était devenue inimaginable s'empara de l'esprit de Gé avec la force d'une évidence mathématique. Il l'accueillit sans réaction. Une excessive tension nerveuse avait épuisé en lui les sources de l'émotion, son esprit s'était à la longue désensibilisé comme ses membres. Il contempla fixement l'image de sa propre destruction, la trouva décolorée, et s'en détourna. Son être se scinda comme un fruit mûr. Une partie de lui-même cessant de se plier aux contingences fut libérée dans une dimension neuve d'où elle examina les gestes de l'autre avec indifférence. Ainsi fut franchi, sans qu'il en prit lui-mêmêe conscience, le premier palier de cet acte long et compliqué qui s'appelle mourir.
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C'est alors qu'il m'arriva la chose la plus rare du monde ; je perçus mon propre bonheur dans le temps même où je me trouvais submergé par cet univers souriant. Tout désir en moi se trouva pour l'instant non point aboli, mais très exactement comblé. Et déjà, je m'interrogeais avec un grand frémissement intérieur, cherchant à me dissimuler à moi-même cette glorieuse certitude de joie, car j'avais suffisamment vécu pour redouter la hargne attentive des dieux. (Samivel, La réponse des hauteurs)
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Le futur n'est pas le résultat de choix parmi plusieurs chemins différents offerts par le présent, mais un endroit qui est crée, d'abord dans l'esprit et la volonté et ensuite dans l'activité. Le futur n'est pas un endroit où nous allons mais un lieu que nous créons. Les chemins ne sont pas à trouver mais à construire ; et cette activité change à la fois celui qui la produit et la destination.
John Schaar, cité dans la préface de la nouvelle de Bernard Amy "Dans le massif du Mont Analogue".
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