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EAN : 9782823604252
112 pages
Editions de l'Olivier (06/03/2014)
3.61/5   9 notes
Résumé :
« L'oubli, c'est un bruit de fond familier, le mien. Une nappe sonore qui empêche d'isoler ceci de cela, cernée par la plénitude du silence autour. « Un petit rien bordé de rose », comme disait ma grand-mère à propos du diable qui gît dans les détails. J'ai dû m'y faire, comme n'importe qui revenant sur ses pas, à ce désert rétrospectif. » Ce livre, ce sont 270 phrases qui commencent ainsi : « souviens-moi de ne pas oublier ». La jongleuse de rue, la recette d'un mé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Je me souviens que j'ai eu envie de faire du vélo en voyant Sami Frey pédaler sur scène en 1989, tandis qu'il disait, totalement détendu, les éclats de mémoire de Georges Pérec.

Yves Pagès lui, est attentif aux blancs, au gouffre de la mémoire où tout vient s'engloutir. Et il tente d'extraire d'un océan d'oubli des fragments de souvenirs, 270 aperçus de quelques lignes, récents ou très anciens, qui s'étaient échappés, tels des galets emportés dans cet océan, et qui soudain reviennent, après plusieurs années, marquer d'une trace furtive le sable d'une mémoire sans cesse prise en défaut.
«Souviens-moi» est une tentative pour dissiper le blanc, et pour contrer l'oubli.

«De ne pas oublier qu'à l'âge de huit ans, face à une petite cousine d'à peine vingt-quatre mois, il paraît que j'ai touché le haut de son crâne en posant cette drôle de question aux oracles familiaux : "Y a déjà de la mémoire, là-dedans ?"»

De ces fragments qui souvent se font écho, il ressort des évocations poétiques du monde d'avant, l'ombre nostalgique des années 1970, et surtout le portrait attachant d'un homme qui a le goût de l'insolence et de l'insubordination, un sens de l'humour qui lui ne doit pas être souvent pris en défaut, une conscience aigüe de la chose politique et de la collectivité.

«De ne pas oublier que la première apparition publique d'un drapeau noir date de 1883 et qu'elle ne doit rien au pavillon corsaire, ni à quelque symbole satanique ou rituel de deuil, mais à l'obscur jupon brandi au bout d'un manche à balai par Louise Michel lors d'une marche de chômeurs, ce haillon de hasard étant censé contourner l'interdiction faite depuis l'insurrection communarde d'agiter le moindre chiffon rouge.»

Ce très beau texte attachant d'un amoureux des mots qui repêche et polit ces galets de mémoire avec tant de fantaisie et autant d'acuité, donne envie de relire les récits fragmentaires de Felix Fénéon, le «Précis de médecine imaginaire» d'Emmanuel Venet, quand l'auteur évoque sa mère, les idiosyncrasies de son père ou encore les appellations impénétrables des maladies infantiles, et aussi la «Physiologie des lunettes noires» de Jérôme Leroy pour son évocation des années englouties dans les brouillards du temps et de la modernité.

«Souviens-moi» sera publié le 6 mars 2014 aux Editions de l'Olivier.
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Yves Pagès s'adonne à une rétrospection plaisante et anaphorique. Dans ce livre, il exhume ses souvenirs, ses désirs et ses plaisirs ou du moins ceux qu'il souhaite garder en mémoire, car « l'oubli, c'est un bruit familier, le mien. Une nappe sonore qui empêche d'isoler ceci de cela, cernée par la plénitude du silence autour » Souviens-moi, c'est s'aider à ne pas oublier.
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Toutes les pensées de l'auteur alignées dans ce livre commence par "souviens-moi de ne pas oublier". A la fois drôles, émouvants, anédoctiques et poétiques, ses reflexions touchent le lecteur et parlent à chacun d'entre nous.
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Organiser des bribes de mémoire dont le choc crée un bizarrement poétique nouveau monde.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/04/27/note-de-lecture-souviens-moi-yves-pages/
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critiques presse (1)
Liberation
10 mars 2014
Souviens-moi dessine l’autoportrait d’un gamin imaginatif qui allait être surveillant d’externat, thésard, libraire au black, écrivain, spécialiste de Céline.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
De ne pas oublier qu’en avril 2007 les théologiens du Vatican ont aboli d’un trait de plume l’existence supposée des Limbes, ces centres de rétention entre l’Enfer et le Paradis où croupissaient les âmes des nourrissons décédés avant d’avoir eu le temps d’être baptisés en bonne et due forme, alors que sur Terre d’autres autorités morales multipliaient d’autres limbes maintenant en éternel transit les migrants sans baptême douanier entre le tiers-monde sacrificiel et l’Eldorado occidental.
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De ne pas oublier que si près de trois millions de lettres de dénonciation furent envoyées pendant l’Occupation par de zélés informateurs, les antennes départementales de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) en ont reçu plus de trois mille au cours de l’année 2011, rédigées et signées, sous couvert du même anonymat, par tel « bon français » ou tel « honnête contribuable ».
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De ne pas oublier que, parmi les pensionnaires de cette maison de retraite, à Drancy, conviés à reproduire certains monuments de leur ville de résidence sous forme de maquette en carton, la moins âgée, une sexagénaire encore pimpante, avait choisi de fabriquer la réplique exacte d’une allée du cimetière local, avec quelques tombes en rang d’oignons, dont le modèle réduit de la sienne où elle avait inscrit au feutre noir : MA DERNIÈRE DEMEURE."
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De ne pas oublier que si l'homo sapiens, depuis la guerre du feu, s'était soucié de breveter chaqhe nouvel outil élémentaire, plante médicimale, invention locomotrice, matériau de cosntruction, nous en serions restés à l'âge des cavernes avec des propriétés intellectuelles si jalousement gardées que jamais mises en oeuvre, faute de l'être en commun.
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"De ne pas oublier que pour faire tenir ensemble, sur la même page de format A4, la liste des personnes mortes dans la rue au cours des six premiers mois de l'année 2011, ainsi que leur âge présumé et le lieu de décès, soit 264 cas d'exclusion définitive, il faudrait écrire avec une police de caractère d'une taille inférieure à 3, ce qui ne donnerait rien de lisible sur le papier, puisque nos imprimantes à jet d'encre ne prennent pas en compte les signes typographiques d'un corps si infinitésimal, quasi nul."
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Videos de Yves Pagès (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yves Pagès
Parmi les machines qui hantent nos vies quotidiennes, le tapis roulant est celle qui traverse le plus insidieusement tous les secteurs d’activité : des tapis mobiles sur chaîne d’assemblage aux tapis de caisse de la moindre supérette en passant par ceux dévolus à l’exercice corporel du fitness. Travail posté, rituel consumériste et souci hygiénique de soi : trois postures qui, chacune à sa manière, nous condamnent à l’éternel recommencement d’une marche forcée. Pour cette rentrée et ce lundisoir, nous avons invité Yves Pagès à venir parler de son dernier livre : Les chaînes sans fin, histoire illustrée du tapis roulant.
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