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(13/10/2013)
4/5   3 notes
Résumé :
L’Europe est à feu et à sang mais nous continuons tranquillement à lever le verre. Que défendons-nous, nos libertés ou le vide de nos vies ?
C’est du choc entre le fanatisme religieux et nos libertés, quelles qu’elles soient, qu’il s’agit.
La terreur n’est pas aveugle, elle s’en prend aux acquis de notre civilisation occidentale. Le réveil du fanatisme religieux fait trembler l’Europe sur ses fondations, elle se sent subitement repoussée vers une ère d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Vanavond is het feest. » Ce soir, c'est décidé, tu t'enjailles. Tu embrasses ta femme avant de sortir et tu lui promets que tu ne rentreras pas tard, juste deux ou trois verres avec tes amis, pas plus. Elle te connaît suffisamment pour ne pas te croire. Tes cheveux sont en vrac, tu n'as pas soigné ta mise. Ah si, tu as chaussé tes beaux souliers vernis. Il te faut au moins ça pour fouler les pavés luisants de Gent, Antwerpen ou Utrecht. Peu importe que tu sois français, flamand ou néerlandais, tu pars rejoindre l'église de Bacchus, cette communauté où tous les Hommes sont frères, l'ivresse brisant toutes les frontières. Tu retires de l'argent liquide et tu t'approvisionnes en cigarettes. Tu accélères ton allure, frôles les passants, il fait nuit, l'ambiance a changé, les rues sont chargées de relents de friture et d'urine. Tu fredonnes des mélodies de jazz. Tu arrives à destination, traverses la terrasse couverte, tu t'accoudes au zinc, salues les habitués et commandes une trappiste. D'autres suivront rapidement.

La fête bat son plein mais les « breaking news » arrivent jusqu'à toi, colportées par les smartphones, les chaînes d'information continue, les rumeurs. Une attaque terroriste a été menée dans un aéroport. Que faire ? Continuer la fête. le temps du recueillement arrivera plus tard. Il faut continuer à affirmer sa liberté face à l'intolérance. La fête peut également se vivre comme une revendication. Il faut défendre le droit de vivre, de jouir et de rester irrévérencieux.

Dimitri Verhulst, tu un génie ! J'avais apprécié sans plus ta première « merditude » sans réussir à voir son adaptation cinématographique. Ici, tu réussis un coup d'éclat. Ce roman peut être téléchargé gratuitement pendant trois semaines, dans quatre langues, avant le lancement de sa publication papier. Gratuit, oui, mais génial. Ton récit est corrosif et impertinent. Sa frénésie festive m'a rappelé l'excellent « Belgica » de Felix van Groeningen (à voir absolument). Cent cinquante pages ardentes et brillantes, une gigantesque claque dans la gueule de l'intolérance. Nous n'avons pas peur, non, mais par contre, attention à la gueule de bois. Bravo ! Dimitri, jij bent geweldig !

Vous pouvez télécharger le roman jusqu'au 26 octobre sur le lien plus bas => {le lien n'apparaît plus. Vous pouvez taper le nom de l'auteur + wetransfer pour le retrouver. Je le précise une nouvelle fois, c'est tout à fait légal !}
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Un livre, deux intrigues
Le livre traite-t-il des attaques, de la façon dont nous y réagissons, sur fond de vingt-quatre heures dans la vie d'un alcoolique ?
Ou s'agit-il d'un livre sur un alcoolique, y compris cette attaque qui apparait soudainement, mais qui s'efface progressivement dans l'histoire ?


Métaphore : des personnes stupéfaites prennent note d'une attaque
C'est un coup de génie de décrire vingt-quatre heures dans la vie d'un alcoolique alors qu'une attaque a lieu à un moment donné dans l'histoire.
Au début, le personnage principal est sobre, et la vie à Gand est vraiment belle, mais ensuite il retombe dans ses habitudes, commence à boire, et après quelque temps, une attaque se produit à Schiphol. le parallèle avec la façon dont les "gens ordinaires" et ceux qui détiennent le pouvoir dans le monde y réagissent est éloquent : nous ne réagissons pratiquement pas. Nous sommes surpris, le concept d'"attaque" fait partie de notre vie et nous voulons simplement passer à autre chose.
Continuer avec nos addictions, nos habitudes. Capitalisme, croyances, opinions, médias sociaux, travail et enfants... nous n'avons pas d'autre choix que de continuer. Les politiciens non plus. Ils veulent juste enlever les poux de leur système corrompu, et ensuite continuer ‘normalement'. Mais même l'éradication de l'IS ne créera pas/ne créera pas un monde heureux et non violent.


Dire STOP à tout et questionner sur ce qui ne va pas dans le cerveau humain, n'est pas fait. A chaque attaque, les politiciens disent combien c'était mauvais. Les gens pas politiques, pareil. Mais même si nous savons que les gens se battent les uns contre les autres depuis des millénaires, qu'il y a quelque chose de très mauvais en nous, que nous devons étudier cela très soigneusement, l'appel de notre dépendance, la façon dont nous vivons notre vie quotidienne, est trop grande. Nous nous promenons comme des alcooliques en état d'ébriété. Promettant que ça va s'améliorer, mais rechutant à chaque fois. Nous parlons d'attaques. Et en fait, nous sommes très ennuyés que notre mode de vie soit perturbé par eux. Alors que c'est précisément notre mode de vie - jusqu'au fonctionnement de notre conscience malade - qui est à la base des guerres et des attaques depuis des millénaires. Et jamais l'homme n'est sorti de sa torpeur. de son addiction à lui-même.


L'ivresse. Intoxication. Merveilleuse image que Dimitri Verhulst utilise dans ce roman.


Style
Spoo Pee Doo est un monologue intérieur de la personne alcoolique. Dans ce monologue, il parle de lui-même en tant que "vous". Nous, les lecteurs, sommes donc impliqués. C'est une façon de globaliser ce que le personnage vit dans la façon dont l'humanité vit.
Le protagoniste pense dans une jolie petite langue flamande, merveilleuse à lire, sublime, riche, humoristique. Il montre comment nous relativisons tout ("il faut bien mourir de quelque chose, il s'avère que les cigarettes ne sont pas si mauvaises que ça"), et nous met aussi mal à l'aise avec toute cette relativisation. Pas un seul moment de laideur, ce livre !


C'est un livre court cependant, est-ce une novella ou une longue nouvelle ?


Conclusion
Tout simplement magnifique. Un auteur merveilleux, ce Dimitri Verhulst.
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Les pérégrinations alcoolisées d'un narrateur qui porte un regard désabusé sur la vie. Jusqu'à l'annonce des attentats à Bruxelles, l'occasion d'autres réflexions sur la nature humaine.
Si j'ai bien aimé le début un peu décalé, j'avoue que ce roman mi-déjanté mi-introspectif m'a un peu perdue, ça restera une lecture à oublier !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le gros de l’humanité ne vaut pas tripette, c’est rarement marrant d’avoir à fréquenter des spécimens de sa propre sorte. Les chiens oui, tu t’entends bien avec eux. Avec les chats aussi d’ailleurs. Mais sans un verre dans le nez, il est difficile de supporter la plupart de ses congénères, les buveurs d’eau pourront te le dire, qui étalent avec conviction leur immense ennui. Et tout à l’heure au bistrot avec les autres qui, au fond, ne sont là que pour noyer leur haine du genre humain, on en fera la blague de la soirée. Le club des joyeux misanthropes.
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Tu poursuivrais volontiers ton chemin en dansant, n’était la honte que tu ressens sous le regard de ces gens qui ont réussi dans la vie, cette honte qu’ils veulent à tout prix que tu ressentes parce que, pour eux, la journée a commencé depuis belle lurette, ils ont déjà travaillé, eux, éduqué des enfants, eux, rééduqué des enfants à leur image, fait des courses, essayé des chaussures, découpé et échangé des bons de réduction et aussi parce que toi, avec tes jambes en élastique et ton regard aqueux tu leur donnes la pénible sensation qu’il existe une alternative à tout leur bonheur.
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La meilleure réponse à la haine c’est la passion, il n’y a pas d’autre recours que se baiser en masse chaque fois que des fascistes de la religion auront cru qu’il était de leur devoir de nous imposer leurs lois manu militari, baiser, partout dans le monde, sur Times Square, sur le Nevski Prospekt, sur las Ramblas, en plein carrefour Shibuya, partout, et aussi dans la rue Guido Gezelle, il faut lécher toutes les blessures. L’angoisse que nous sommes sensés ressentir se transformera en luxure.
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L’incinération, ça va trop vite. Tu es un flâneur et tu veux te décomposer en flânant, agréablement couché sur le dos et pourrir en toute tranquillité. Et elle a ajouté que tu étais probablement déjà en train de pourrir.
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