Stella

L'histoire ne correspond pas vraiment à ce que j'avais imaginé à partir du résumé. Tout le monde accepte un peu trop facilement qu'un personnage de roman puisse s'incarner dans la vraie vie et la relation entre le romancier et son héroïne m'a semblé un peu superficielle.
Et puis les réflexions sur la noosphère, la frontière mouvante (et même poreuse) entre réalité et fiction, etc, ce n'est pas trop ma tasse de thé.
J'ai bien aimé les dessins, les lignes élancées des personnages mais, comme pour La Délicatesse, la palette de couleurs ne m'a pas trop plu. C'est comme si il y avait un filtre jaunâtre qui donne un aspect vieilli aux dessins qui ne semble pas justifié puisque l'histoire se passe de nos jours.
En conclusion, je n'ai pas apprécié plus que ça cette bande-dessinée.

L'auteur Cyril Bonin est actuellement celui qui est le plus proche de mes questionnements sur la société actuelle et son évolution. Il se renouvelle dans un modernisme des idées qui fait du bien à partager. Il pose véritablement les bonnes questions au travers de ces oeuvres successives. Stella est sans doute la plus aboutie.

Le final est tout simplement une apothéose du genre dans un renversement total de la situation. Tout n'est évidemment que question de perception sans vouloir rien révéler.

Stella n'est pas seulement une héroïne belle et énigmatique sortie d'un livre. Elle est l'essence, un reflet d'une société à un moment donné. Certes, il y a du questionnement sur le processus de création d'une oeuvre entre l'auteur et ses personnages.

L'univers est 'elle née d'une explosion à partir du néant ou bien d'un Dieu créateur ? Qu'est-ce qui est le plus crédible ? Y a t'il une nébuleuse de pensées qui gravite autour de la planète dans un genre de conscience collective dont internet serait la première émanation ? Vers quoi tend le monde ? Une absence d'individualisme ?

L'auteur n' hésite pas non plus à égratigner un peu le monde moderne à commencer par l'utilisation des portables et des blogs où tout le monde se met en avant pour raconter sa vie.

Le graphisme est toujours aussi fin, aussi précis et cela fait dans l'élégance la plus absolue. J'aime énormément ce travail. Je qualifie cette oeuvre comme un véritable coup de coeur car il y a une remarquable intelligence du scénario parfaitement maîtrisé. L'auteur est au sommet de son art.

"Je m'appelle Taylor Davis, je suis écrivain et il faut que tu saches que tu vis dans un roman...dans mon roman pour être exact..."
C'est ainsi que l'auteur s'adresse à Stella son personnage de fiction avec laquelle il entretient un dialogue. le roman terminé, voilà que la fiction devient réalité à moins que la réalité se nimbe de fiction?
Stella, tout droit sortie des années 50, pose un regard neuf sur cette civilisation du XXIe siècle et a du mal à trouver sa place.
Dans une mise en abyme prodigieuse, l'auteur nous entraine dans la noosphère et ses informations ou comment l'humanité pourrait évoluer dans une autre dimension. Tout cela donne le vertige mais on se laisse embarquer dans cette histoire à rebondissements.
Et, pour ne rien gâter, le dessin est élégant
un bon roman graphique. .

Quand le personnage de fiction échappe à son créateur, l'histoire de l'écrivain prend une autre tournure.
Stella qui sort du roman de Taylor Davis vient des années 50 et découvre notre siècle avec des yeux naïfs.
Son créateur va la pousser à sortir du rôle de femme au foyer prôné à son époque pour une émancipation féminine.
Mais gare aux manipulateurs et faux scientifiques.
Cette bd m'a rappelé "La fille de papier" de Musso avec ce même sujet.
Mais ici il faut reconnaitre que le thème est plus approfondi et mieux écrit.
Un peu déçue par ce sujet bateau car j'aurai préféré me projeter dans les années 50.

Et si demain une forme de connexion collective appelée noosphère pouvait par l'intermédiaire d'un ordinateur, exécuter un tableau, dessiner le plan d'une maison ou écrire un livre répondant parfaitement aux attente de la population?
Ce serait assurément la fin des artistes, des créateurs, des écrivains….
Tel est le scénario sur lequel Cyril Bonin nous entraîne en donnant la vie à Stella, personnage de fiction.
L'histoire: Taylor Davis, écrivain, alors qu'il vient de taper le mot FÎN de son nouveau roman, et qu'il s'interroge sur sa vie, à force de questions et de dialogues avec son héroïne, va voir apparaître cette dernière.
De là à devenir schizophrène, la frontière est ténue entre fiction et réalité.
Très bel album dans lequel nous retrouvons le dessin caractéristique de Bonin.
Après Amorostasia, l'imaginaire si particulier de l'auteur nous transporte une nouvelle fois dans une société ou l'évolution de l'humanité nous montre ses risques et dérives sous couvert d'un progrès au service des hommes.
À lire