AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Justin Greenwood (Illustrateur)
EAN : 9781620105399
136 pages
Oni Press (09/10/2018)
5/5   1 notes
Résumé :
When one of investigator Dex Parios's dearest friends is brutalized following a Portland Timbers match, Dex is determined to get to the bottom of the attack no matter who stands in her way! Dex kicks more than just soccer balls in her pursuit of the assailant in this new softcover edition of the critically-acclaimed series from Eisner Award-winner Greg Rucka and new series artist Justin Greenwood.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Stumptown, tome 3 : The Case of the King of ClubsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Stumptown, Volume 2: The Case of the Baby in the Velvet Case (par Greg Rucka & Matthew Southworth) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2014/2015, écrits par Greg Rucka, dessinés et encrés par Justin Greenwood, avec une mise en couleurs réalisée par Ryan Hill.

L'histoire se déroule à Portland dans l'Oregon, ville surnommée Stumptown. Sur un terrain de football (soccer, et non du football américain), se déroule une partie amateur, à laquelle participent entre autres Dexedrine Parios (sunrommée Dex, gardienne de but), Tracy Hoffman (inspectrice de police), C.K. Banes (une détective privée exerçant dans la ville de Seattle). En cours de partie, Hoffman se voit sanctionner par un carton jaune. Un peu plus tard, C.K. Banes se retrouve devant Dex pour tirer un pénalty. Les deux femmes se jaugent et s'envoient des vannes pour déstabiliser l'autre. Ansel Parios (trisomique 21, frère de Dex) accompagne le match parmi les spectateurs. le soir, Ansel et Dex se rendent au stade Providence Park pour voir le match de foot (toujours du soccer) opposant l'équipe de Portland à celle de Seattle. Juste devant le stade, ils se font interpeller par un revendeur de billets, que Dex s'empresse d'ignorer en éloignant son frère. En montant dans les gradins pour chercher une place, elle entend crier son nom. Il s'agit de Mercury (Michael Beaumont) qui l'appelle. Il a lui aussi une écharpe de supporter et il offre des billets à Ansel pour la session d'autographes par les joueurs, après le match. Ansel est aux anges ; Dex remercie profusément Mercury. le match commence et la ferveur s'empare des spectateurs. À l'occasion d'une action remarquable, un geste ample de Mercury bouscule Dex qui renverse sa bière sur elle.

Dex laisse Ansel sous la responsabilité de Mercury et se rend aux toilettes pour se nettoyer. Elle y croise C.K. Banes venue se soulager. Elles échangent quelques mots et regagnent leur place tout en entendant les clameurs et les chants de supporters. Après la fin de la partie, Mercury indique qu'il va rentrer chez lui ; Ansel et Dex se rendent à la séance d'autographes. Une des personnes dans la file d'attente fait une remarque mal placée ; elle se fait remettre à sa place par Dex. James Burke signe le programme d'Ansel, et propose de signer de signer celui de Dex. Après cette séance, Ansel et Dex rentrent chez eux. Ils découvrent le corps de Mercury salement amoché dans un jardin du pavillon de madame Patty Dusquene, à quelques mètres du stade. Ils appellent les services de secours et accompagnent Mercury à l'hôpital. Dex a décidé dans son for intérieur de mener l'enquête par elle-même. Elle a conscience que cette agression de supporter pourrait dégénérer en une épidémie d'hooliganisme, et qu'il y a de gros intérêts financiers en jeu. Elle se doute bien que la police va mener une enquête officielle. Elle découvre que C.K. Banes effectue également une enquête sur ce tabassage.

Après un excellent polar dans le premier tome et un polar plus convenu pour le deuxième, Greg Rucka déroule une enquête dans le milieu des supporters. Il commence par montrer des supporters très banals comme Dex, Ansel et Mercury, ainsi que quelques autres. Il montre leur comportement, sans se lancer dans une réflexion psychanalytique. Il s'agit d'un constat, pas d'une réflexion. Il met en scène la ferveur des supporters par le biais des chants dont le volume sonore couvre tout et est assourdissant. Il montre quelques à-côtés, comme la spéculation sur les billets pour les matchs, le comportement provocateur lors des séances de dédicaces, l'esprit de groupe des supporteurs d'une équipe, ou encore les bars spécialisés dans la diffusion des matchs. Il n'y a pas de jugement de valeur sur cet investissement dans le spectacle du sport, par de regard narquois sur les fans, ni sur les joueurs, ni d'engouement à leurs côtés. Au fur et à mesure que l'enquête progresse, Dex et C.K. s'intéressent à des individus aux affaires pas très reluisantes. Il apparaît que l'angoisse partagée par tout le monde réside dans le risque du développement du hooliganisme. Personne n'a intérêt à ce que la violence et le crime viennent perturber les affaires.

Matthew Southworth a donc cédé la place à un nouveau dessinateur : Justin Greenwood qui aura l'occasion de mettre en images une autre série de polars en suite : The Fuse écrite par Antony Johnston. Ses dessins restent dans un registre descriptif et réaliste, avec un degré de simplification. Les traits de contours présentent de petites irrégularités dans leur tracé, apportant une impression d'images réalisées sur le vif, sans post production pour reprendre ces traits et les rendre plus réguliers ou plus harmonieux. Ainsi les chevelures peuvent comporter un angle obtus. Les vêtements ne tombent pas parfaitement et sont un peu lâches. Cela n'empêche pas les visages d'être expressifs, sans exagération, donnant une bonne idée de l'état d'esprit de chaque protagoniste. L'artiste n'exagère pas non plus les morphologies. Effectivement, Jimmy Burke a des abdominaux bien dessinés, ce qui est normal au vu de son entraînement de sportif de haut niveau. Par contre les autres personnages ne sont pas des culturistes. C.K. et Dex sont longilignes, sans se vêtir comme des mannequins ou des adolescentes. À aucun moment les personnages féminins ne sont utilisés pour titiller les lecteurs. Ansel Parios est un peu empâté, et le lecteur peut voir sur son visage les stigmates de sa maladie, là encore sans exagération, sans fausse compassion. le lecteur voit donc évoluer des individus adultes, avec des comportements d'adulte, des tenues vestimentaires cohérentes avec leur position sociale et leur métier. Dex change régulièrement de vêtement, pour des tenues toujours fonctionnelles. Greenwood sait rendre compte de la banalité du quotidien, tout en en montrant sa diversité.

Il n'y a qu'une seule scène d'affrontement physique qui tient sur une page, montrée à nouveau sous un angle réaliste, sans glorification ou romantisation de la violence. Comme dans les tomes précédents, le lecteur peut repérer quelques monuments réels de Portland. Il ne s'agit pas d'une visite touristique, mais juste d'une cohérence avec les quartiers où se déroulent l'action. Alors qu'il s'agit d'une enquête (donc surtout des rencontres avec des témoins ou des suspects), cette bande dessinée conserve une narration visuelle intéressante. Les personnages se rendent d'un endroit à un autre, et il ne s'agit pas juste de voir des têtes en train de parler dans un décor différent. La partie de foot amateur montre les personnages en train de courir derrière le ballon, ou de préparer leur tir. La séquence suivante dans le stade montre des individus allant s'installer, s'impliquant dans les différentes actions, scandant les chants de leur équipe, se rendant aux toilettes, etc. de la même manière, à l'hôpital, Dex ne reste pas plantée là pendant plusieurs pages à papoter avec son voisin. Elle se rend aussi au distributeur pour aller chercher un soda. Justin Greenwood sait à chaque fois composer un plan de prises de vue adapté, qui dépasse la simple alternance de champ et contrechamp, et présentant un intérêt visuel.

Le lecteur éprouve donc la sensation de se trouver aux côtés des personnages, de pouvoir être présent quand Dex pose des questions à un interlocuteur, ou quand elle examine un endroit. Cela engendre son implication naturelle dans l'enquête, avec les observations de Dex et C.K. pour le guider dans le déchiffrage des enjeux réels. Il s'agit bien d'un polar dans le milieu du football, mais pas au coeur du football, pas au plus près des joueurs ou des supporteurs. L'enquête sonde plutôt les enjeux liés à la spéculation autour de ces matchs qui génèrent beaucoup d'argent, et comment il est possible d'en profiter. Dans cet environnement, Greg Rucka se montre plus à l'aise que dans celui des musiciens de rock du tome précédent. le lecteur ressent également une plus forte implication de l'auteur dans ses personnages. Il ne brosse pas un portrait psychologique de chacun d'entre eux par des longs dialogues ou une dissection de leurs habitudes. Il procède plutôt par petites touches. Il fait faire une sorte de résumé de ce que C.K. a observé pour évoquer le passé de Dexedrine Parios. Les relations entre les personnages font également ressortir des constats pas toujours agréables, avec une réelle sensibilité. le lecteur en vient même à se retrouver gêné d'assister à la scène entre Dex et Grey Rusteco quand ce dernier fait constater à Dex la manière dont elle l'utilise. Il se sent presque de trop tellement le dialogue est révélateur et criant de vérité.

Le premier tome comprenait une enquête bien ancrée dans un milieu, menée par une femme réaliste à fort caractère, sans dramatisation excessive, sans s'appuyer sur les conventions spectaculaires du genre. le deuxième tome avait baissé d'un cran en sophistication, à la fois pour le manque de profondeur de l'enquête et pour la scène de course-poursuite en hommage à Bullit. Ce troisième tome revient au niveau d'excellence du premier. Justin Greenwood est au diapason de la narration du scénariste, concret et sans fioriture, mais pas sans finesse. Greg Rucka retrouve le bon dosage pour l'immersion dans un milieu particulier (celui des petits trafics autour des matchs de football), avec des protagonistes qui ont retrouvé toute leur profondeur et leur complexité.
Commenter  J’apprécie          40


Videos de Greg Rucka (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Greg Rucka
Vidéo de Greg Rucka
autres livres classés : footballVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Coupe du monde de rugby : une bd à gagner !

Quel célèbre écrivain a écrit un livre intitulé Rugby Blues ?

Patrick Modiano
Denis Tillinac
Mathias Enard
Philippe Djian

10 questions
861 lecteurs ont répondu
Thèmes : rugby , sport , Coupe du mondeCréer un quiz sur ce livre

{* *}