AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782918767725
192 pages
Asphalte (14/09/2017)
3.29/5   14 notes
Résumé :
À la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla s’élève le mont Gourougou, où sont réfugiés des centaines de migrants d’Afrique noire attendant d’entrer en Europe. Ce roman nous fait entrer dans l’intimité d’un de ces groupes, qui s’est constitué au hasard des périples de ses membres. De cette communauté improvisée, on découvre l’organisation du quotidien, les histoires échangées pour tromper l’ennui, les vices, les jeux, mais aussi la lutte pour la ... >Voir plus
Que lire après Sur le Mont GourougouVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
3,29

sur 14 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
1 avis
Le mont Gourougou, c'est le rendez vous des africains sub sahariens qui cherchent à gagner l'Europe.
Surplombant l'enclave de Mellila , "il n'y a plus qu'un grand grillage" à franchir pour poser le pied en Europe. Avant cela , on a bien pris le soin d'effacer toute trace d'identité et d'être un anonyme que l'on ne peut renvoyer dans son pays, puisqu'on n'en a pas.
C'est l'histoire de ces migrants qui nous est racontée ici . L'auteur insiste bien sur le chemin très tortueux qui faut accomplir pour arriver sur le mont Gourougou.
Et pour rendre hommage à ce chemin , l'auteur a aussi fait dans le tortueux. Des histoires entremêlées de légendes africaines . Beaucoup de passé, un peu de présent autour d'un match de foot qui pourraient ne pas se jouer, c'en fut trop pour moi qui me suis perdu dans les allées et venues des pensées de l'auteur.
J'aurais aimé m'attacher à ses différentes nationalités , aux modes de vie des Gambiens, Sénégalais ou hommes du Zambèze. Trop décousu. J'aurais aimé mieux connaitre les femmes du camp, même si le petit aperçu livré fait craindre le pire. Mais bon , l'Afrique semble receler tout un tas de pays où la femme n'est que le joujou des hommes , qui les violent, les voilent intégralement, les répudient selon les humeurs . Alors, après tout , pourquoi pas l'exil.

Pour autant, le dernier chapitre qui est autobiographique, ou pourrait l'être en tous les cas , fait état du parcours d'un homme qui traverse l'Afrique et doute à son arrivée au mont Gourougou. Si tous les chapitres avaient été de la sorte , on tenait un témoignage qui aurait fait date. Ce n'est pas le cas et bien sur pas la volonté de l'auteur. Tant pis pour moi, mais d'autres ont dû y trouver leur compte.


Pour info :
L'auteur a longtemps refusé l'exil mais il dut s'y contraindre pour raisons politiques et gagner l'Espagne, la Guinée Equatoriale étant le seul pays africain de langue espagnole.
Commenter  J’apprécie          405
Sur le mont Gourougou" de Juan Tomás Ávila Laurel donne une exploration intense et authentique des réalités de l'immigration africaine en Europe.
En donnant la parole aux migrants et en décrivant leur quotidien sur le mont Gourougou, le roman offre une perspective puissante sur les défis, les espoirs et les relations complexes au sein de cette communauté improvisée. La diversité des thèmes abordés, de l'organisation quotidienne aux luttes pour la survie, m'ont fourni une lecture riche en nuance.
Tout est traité avec humour, sans pathos.

J'ai été captivé dès les débuts du livre, où une veillée, éclairée par la lueur fragile d'une simple bougie, réunit des migrants abrités dans une grotte, chacun partageant son histoire et les circonstances qui l'ont conduit à se retrouver là.
L'auteur a su manier l'art et l'humour avec la verve africaine distinctive, créant une atmosphère chaleureuse et vivante. La présence d'un griot, reprenant le récit d'un migrant, ajoute une dimension artistique et culturelle à ce tableau. le jour chacun va a sa tache , chercher du bois , aller mendier, ....
J'ai apprécié l'épisode où deux hommes se retrouvent dans une situation délicate où ils doivent solliciter discrètement un article d'hygiène spécifique pour venir en aide à l'une de leurs compagnes immigrées. Usant de circonvolutions poétiques afin d'éviter de mentionner directement le terme, ils se munissent d'un simple bout de papier sur lequel quelqu'un a retranscrit le mot en langue locale. Cependant, leur barrière linguistique les plonge dans la perplexité lorsque la destinataire s'avère être une femme ménopausée, n'ayant plus besoin de cet accessoire.
J'ai été aussi frappé par la nécessité de dissimuler ses origines pour éviter les représailles des autorités qui renforce le sentiment d'anonymat et d'isolement de ces individus. La tension entre la volonté de préserver la sécurité collective et le désir naturel de partager ses origines crée une atmosphère poignante. La démonstration de cordialité entre un jeune Malien et un jeune Gambien, malgré les risques, met par exemple en lumière la fragilité des liens sociaux dans un environnement où la confiance est difficile à établir.
Il y a aussi un bon passage où l'auteur souligne le rôle cathartique du sport dans la préservation de la santé mentale et émotionnelle de ces individus. le football devient bien plus qu'un simple divertissement, mais plutôt un moyen vital de libérer les tensions accumulées dans leur quotidien difficile.
Sur le mont c'est malheureusement installé un réseau de prostitution et l'auteur nous expose la dure réalité des femmes dans cet environnement difficile, leur vulnérabilité. Ces femmes qui, arrivant au campement du Gourougou, se trouvent souvent confrontées à des choix déterminés par ceux qui sont arrivés avant elles. L'injustice de cette situation est accentuée par la notion que les femmes sont perçues comme des "choses fragiles" dans ces conditions difficiles, où leur sort est souvent décidé par les hommes. Il y a une grande complexité des relations de pouvoir et des inégalités de genre qui persistent dans ces contextes précaires.

Loin de tomber dans le pathos ou le voyeurisme, le livre offre une plongée profonde et nuancée dans ces vies marquées par la vulnérabilité et la résilience. "Sur le mont Gourougou" transcende le simple récit pour devenir une exploration empathique, riche en détails et en nuances, des complexités de l'existence humaine dans des conditions particulièrement difficiles.
Commenter  J’apprécie          50
Sur leur site internet, les éditions Asphalte parlent ainsi de leur ligne éditoriale : « Nos textes s'affranchissent des contraintes de genre, mettant l'écriture et l'intrigue au service de l'atmosphère et du rythme. Notre catalogue reflète notre attachement à l'esprit des lieux et à leur petite musique ».
Le livre de Juan Tomas Avila Laurel correspond parfaitement à cette description. Il échappe à toute étiquette de genre. Ce n'est ni un essai ni un roman. C'est un ensemble de témoignages authentiques mis sous la forme d'un récit avec de nombreux dialogues rapportant la pensée vive de ses personnages. Il a également un ton très singulier proche du conte qui m'a beaucoup plu puisqu'il m'a permis d'entendre « la petite musique » du mont Gourougou.

Le mont Gourougou…
Je n'en avais jamais entendu parler. Situé au nord-est du Maroc, c'est un mont aride de 10 km de diamètre et culminant à 900 m qui donne directement sur l'enclave espagnole de Melilla. Environ 500 personnes, essentiellement des hommes, vivent sur ce mont. Venant d'une dizaine de pays d'Afrique subsaharienne, elles se sont réparties en groupes selon leur langue, surtout le français ou l'anglais. Leur but est de rejoindre l'Europe via Melilla.

Ce sont leurs histoires que rapporte Juan Tomas Avila Laurel. Il donne une voix à ces personnes qu'on entend rarement. Alors, elles racontent.

Leur long et tortueux périple pour arriver jusqu'au mont.
Les multiples raisons de leur départ, parfois assez étranges mais toujours douloureuses.
Leur soif de réussir, de passer en Europe vers une vie fantasmée.
Les assauts réguliers contre le grillage entourant Melilla.
Le quotidien de cette vie d'attente, comme en suspens.
Le manque de tout. Il faut chercher de quoi boire, de quoi manger et mendier le reste dans les villes à proximité.
La peur permanente et la surveillance par les patrouilles de la police marocaine.
Les soirées en groupe à dire son histoire pour échapper quelques instants à leur situation précaire.
Le rôle du football qui soulage du froid, tue le temps non maîtrisé de l'attente, permet un mouvement de vie et est un symbole d'espoir, de rêve, de lutte.
La solidarité mais aussi la colère qui éclate suite à l'exploitation de femmes par d'autres migrants.
Les réflexions importantes sur ce que signifie être africain, dans la manière de se comporter, de trouver sa place et de penser le monde.

Vous aurez compris que j'ai beaucoup aimé ce livre empreint d'oralité, très émouvant, qui ouvre sur le monde et qui fait réfléchir.
Commenter  J’apprécie          70
Je me suis complètement perdue dans la narration et autant vous dire que je me suis bien ennuyée.

C'est dommage parce que le thème était fort, l'auteur ayant choisi de nous parler de migrants essayant de rejoindre l'Europe et attendant de passer, installés sur le mont Gourougou. J'ai d'ailleurs mis une étoile pour le sujet.

Bien dommage donc, parce que l'idée était bonne, mais l'auteur a mêlé diverses histoires, certaines n'ayant pas réellement de fin, d'autres sans queue ni tête. J'ai néanmoins eu un petit regain d'intérêt au detnier chapitre "Le début de la fin".

Peut-être que certains lecteurs ont apprécié ce roman et si c'est le cas, je serais ravie d'avoir leur avis.
Commenter  J’apprécie          121
Le Mont Gourougou c'est une montagne face à l'enclave espagnole de Melilla où se retrouve toute l'Afrique noire . Des centaines de migrants de tous les pays arrivent là et attendent le moment où ils pourront franchir les immenses barrières qui les séparent de l'Europe.

Pour survivre à des conditions extrêmement difficiles il faut s'organiser , pour manger, pour répartir l'espace mais aussi pour ne pas sombrer. Pour rester humain ces hommes utilisent la parole et le foot. C'est peu mais c'est essentiel . Les quelques femmes égarées là sont bien malmenées.

Différents personnages parlent -soit en témoignages directs soit sous forme d'histoires, de contes -et disent les maux de l'Afrique noire, dictateurs, blancs exploiteurs, violence, ignorance, superstition ...

La forme du livre est particulière on oscille entre témoignage et roman mais peu importe, ce récit offre un portrait juste- me semble-t-il - du pourquoi et du comment des migrants Africains .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          150

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes dans la forêt et nous faisons à manger pour tenir debout. Nous ramassons du bois, descendons jusqu’au quartier Farkhana acheter du poisson, ou montrer qu’on en achèterait bien ; ainsi, si nous croisons des âmes charitables, elles nous en donnent à force d’insistance. En tout cas, si elles nous en donnent, ce n’est jamais un morceau très charnu, plutôt les têtes ou les arêtes. La nuit, avant de dormir, il fait froid, encore plus froid que si nous étions sur les rives du fleuve Ruo, où je suis né, où j’ai vu naître tous ceux que j’ai laissés derrière moi en partant à la recherche d’autres fleuves et d’autres rives. Après manger, s’il y a de quoi, nous réchauffons nos mains, nous nous recroquevillons sur nos cartons, sous nos couvertures, et nous nous racontons des histoires. Alors je fais comme si je n’avais aucune histoire à raconter, comme si je n’avais rien à dire. En réalité, je sens que si je me mettais à parler, je ne m’arrêterais plus, et les gens se diraient que c’est une mauvaise habitude prise dans mon village, de ne pas laisser parler les autres ; s’ils entendaient ma voix défaillir, ils croiraient que je joue la comédie et cherche à les tromper. Alors je garde la bouche fermée et me contente d’écouter ceux qui ont la bonté de partager leur histoire. Il n’y avait pas, dans cette résidence temporaire où nous étions installés, de raisons de se réjouir, et toute personne capable de dépasser notre réalité immédiate pour nous sortir de notre quotidien était un héros. Oui, un véritable héros qui, ayant toutes les raisons de se plaindre du matin jusqu’à l’heure venue de mettre ses mains entre ses cuisses pour essayer de dormir, avait la force de raconter quelle avait été sa vie avant d’atterrir ici. Un type comme Peter, par exemple. Il portait une barbe à croire qu’il ne s’était jamais rasé. Dans son village, on l’appelait Ngambo, dit-il. Il racontait qu’il avait été porteur, mais ne disait ni de qui ni de quoi ; il était déjà très généreux de partager son histoire. Ngambo disait n’avoir jamais songé à quitter son pays, il s’y était résolu parce que son père avait été la victime d’une injustice. Chaque fois qu’il mentionnait son père, il se redressait pour qu’on entende bien les détails de son histoire, pour qu’on n’ait aucun doute sur le caractère extraordinaire de son géniteur. Sans chercher pourtant à trop en faire, il voulait simplement que rien ne nous échappe.
Commenter  J’apprécie          60
Bonjour monsieur. On ne se connaît pas, mais je suis venu te voir car je dois t’expliquer ce qui se passe là-haut, tout près d’ici. Nous sommes environ cinq cents noirs, tous africains, et nous voulons vivre, tu comprends ? Nous voulons vivre. Et vivre, chez les Africains, est une affaire sérieuse, parce que c’est souvent très difficile, et beaucoup de gens y arrivent à peine. Nous nous trouvons dans un endroit qu’on appelle le Gourougou, nous sommes divisés e plusieurs groupes selon les langues, deux principalement : il y a ceux qui parlent français et ceux qui parlent anglais. Mais il y en a d’autres plus petits, qui rassemblent tous ceux qui parlent uniquement leur langue, celle de leur village. Et nous passons nos journées à jouer au football, très souvent avec des ballons plus petits qu’une grosse orange. Nous avons besoin de manger, tu comprends, monsieur ?
Commenter  J’apprécie          20
Aux mères de ceux qui n'atteignent jamais leur but.
D'autres viendront , qui parleront de ces chemins
qu'à bout de force ils n'ont pu parcourir.
Ce qu'on ignore, c'est si cela servira de réconfort. (p.7)
Commenter  J’apprécie          100
Ils devaient agir comme s'ils étaient réellement fous, ne pas avoir honte de quémander à manger, et le faire dans une langue inconnue, oublier toute inhibition pour affronter la réalité.
On le comprend, cet homme qui aurait aimé perdre la raison. Tu es majeur, tu es noir, tu te retrouves sur un mont désert surveillé par des policiers marocains qui ne veulent pas de toi à cet endroit. Tu as beaucoup de trous à l'estomac, et les arbres du mont ne donnent pas de fruit, même pas amers. Il te faut descendre jusqu'aux lumières civilisées de la ville. Regardez, citadins, vous savez bien que nous sommes là puisque vous ne nous avez pas ouvert les portes de vos maisons et que le centre d'accueil est plein à craquer. Nous n'allons pas nous laisser mourir de faim juste pour satisfaire le chef de la police, alors nous sommes venus vous demander quelque chose à manger.
Commenter  J’apprécie          10
Ce n'était pas la première fois qu'un noir mourait en essayant d'atteindre la terre européenne, ou espagnole, mais cette fois-ci on pouvait affirmer qu'on leur avait tiré dessus. C'est ce dont j'avais besoin pour savoir que mes doutes étaient fondés. On dira ce qu'on voudra, mais nous pouvions affirmer qu'on les avait empêchés d'arriver jusqu'à la plage ; j'en étais convaincu, mais j'ai commencé à réfléchir. Et je me suis souvenu d'histoires africaines semblables à la nôtre. Si tu entres de force quelque part, disait-on souvent dans mon village, tu n'en sortiras peut-être pas entier. Si on le disait dans mon village, et que le dicton était connu dans le village voisin, et dans le suivant, d'un autre pays, ça ne pouvait pas être une vérité hasardeuse. Auparavant, je pensais qu'on nous chassait parce que nous n'avions pas de papiers, que nous prétendions entrer en Europe sans papiers. Mais comment pouvaient-ils s'attendre à ce que quiconque ait des papiers dans une traversée à la nage ? Dans quelle partie de son corps devrait-on ranger le supposé papier ? Dans des pays développés, on tuerait donc le premier venu pour n'avoir pas de papiers ? Bien sûr que non, ce n'était pas ça. Pour eux c'était juste un bon prétexte.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : migrantsVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Juan Tomás Ávila Laurel (1) Voir plus

Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Les prénoms des personnages de Harry Potter (+ noms dans la version originale)

Quel est le prénom de Hagrid ?

Hagrid est son prénom
Rubeus
Filius
Severus

17 questions
6043 lecteurs ont répondu
Thème : Harry Potter, tome 1 : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. RowlingCréer un quiz sur ce livre

{* *}