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EAN : 9782743629489
509 pages
Payot et Rivages (07/01/2015)
3.66/5   25 notes
Résumé :

Sur le rivage commence comme un polar : un corps est découvert à Olba. Cet épisode va servir de révélateur à la population de la ville. Tel DeLillo dans Outremonde, Chirbes a écrit un livre majeur, reflet fictionnel de notre époque. « Sur le rivage est un roman incontournable pour tous ceux qui veulent mieux comprendre les débuts terrifiants du XXI siècle. C’est le grand roman de la crise européenne. La voix corrosive de Rafael Chirbes dépeint un monde marqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre est pour moi la suite logique de “Cremation”. Dans Cremation Chirbes avait decrit le boom immobilier qui avait sevi sur les cotes mediterraneennes de l'Espagne et ses effets sur la population. L'emprisonnement de villages cotiers par des lotissements de maisonettes degradables apres un premier usage, vendues a de pales Nordiques qui identifient soleil, chaleur, et paradis; lotissements qui entraineront inondations recurrentes et decharges sauvages, asphyxiant les villages et polluant tout l'habitat. Et il avait excelle a instiller toutes les magouilles et les enrichissements veloces, pas toujours nets, qui accompagnaient ce boom.

Dans “Sur le rivage” la bulle immobiliere a eclate, et c'est la crise. Crise economique mais aussi crise sociale et morale. Chirbes fait le constat, amer, de la degradation des relations entre les classes, entre voisins, au sein meme des familles. Il porte un jugement acrimonieux sur le cynisme de ceux qui, enrichis par le systeme, se desolidarisent de leurs concitoyens. Et Chirbes díroniser sur les nouveaux riches, ceux qui s'étaient faits marchands de reves, qui se gorgent de mots et d'adjectifs pour qualifier des oeuvres (d'art?) qu'ils ne comprennent pas, ou des vins chers (donc reputes) dont ils ne font pas la difference avec la piquette du coin. Ceux a qui Chirbes rappelle la douteuse, pour ne pas dire honteuse, origine de leur fortune.

Tout cela a travers la lente degradation d'un des laisses pour compte, d'un de ceux qui n'ont pas su ou pas voulu profiter de la manne, cet aliment qui disparait aussi vite qu'il est descendu du ciel. J'ai ete touche par les longs monologues interieurs de ce menuisier qui ressasse la ruine de sa petite affaire familiale, la ruine de ses reves et sa ruine morale. Il ne cesse d'en chercher les raisons, autant dans son manque de competences et d'ambition, dans ses incapacites affectives, que dans les decombres de valeurs qui ont regi une societe, un temps. Victime et bourreau, il se plonge dans cet abime, dans ce marecage puant ou sont enfouis tant de delits, qui a lave en fait tant de consciences privees et publiques. Et le marais n'est pas que dans sa tete. Il existe, et notre menuisier se complait a s'y promener. le marais fait partie de ses meilleurs souvenirs d'enfance et de se spires cauchemars. Il est le commencement de sa vie et sa fin. Il est l'odeur de sa vie. Son parfum et sa puanteur.

Mais je n'ai pas trop aime les digressions ou Chirbes fait parler – longuement, trop longuement - les partenaires de ce menuisier pendant les parties de cartes ou de dominos au café. Sans ces "digressions" (le sont-elles vraiment?), qui alourdissent un peu le livre, j'aurais aime le qualifier de chef-d'oeuvre.

Cela reste quand meme une des grandes oeuvres de l'auteur. Et Chirbes reste a mes yeux un des plus grands espagnols, a cheval entre les XXe et XXIe siecles. Mort trop tot, a 66 ans, il n'aura pu recevoir le prix Cervantes, l'ultime consecration hispanique. Je le lui accorde, moi, a titre posthume.



Rafael Chirbes est mort peu après avoir publie Sur le rivage. de maladie dit-on. D'un cancer. Rumeurs destinees a cacher la verite. La verite c'est qu'on l'a tue. On l'a descendu. On lui a regle ses comptes. Mais qui est, ou qui sont, derriere ce meurtre?
Suspect no. 1: le gouvernement de droite; avec Rajoy a sa tete, qui sevissait alors. Il ne pouvait supporter une description tellement desenchantee, tellement desesperante de l'etat du peuple qu'il dirigeait. La relation de Chirbes ajoutait de l'eau au moulin de l'insatisfaction. Il fallait l'eliminer.
Suspect no.2: Les marchands vendeurs de reves aux pales habitants du Nord de l'Europe. Ceux qui identifient soleil, chaleur, et paradis. Chirbes ne se lasse pas d'ironiser sur leurs parquements, dans des endroits sujets a des inondations recurrentes, ou on batit pour eux, pres de decharges sauvages, des maisonnettes degradables au premier usage. Ils devaient l'eliminer.
Suspect no.3: Son principal personnage. Il n'a pu supporter de voir sa decheance etalee au grand jour. Dans un acces de rage il l'a elimine.

Trop de suspects. Pour un homme qui n'est pas vraiment mort. Car il me faut le dire clair et fort: Chirbes est immortel. Son dernier livre aussi

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En cette année 2010, deux ans après le début de la crise économique, l'Espagne a pris des allures de chantier fantôme. le long de la côte proche de la ville d'Olba, entrepôts abandonnés et chantiers inachevés se succèdent.

«Cinq ou six ans en arrière, tout le monde travaillait. La région entière, un chantier. On aurait dit qu'il n'allait plus rester un centimètre carré sans béton ; actuellement, le paysage a des allures de champ de bataille déserté, ou de territoire soumis à un armistice : des terres envahies d'herbe, des orangeraies converties en terrain à bâtir ; des vergers à l'abandon, le plus souvent desséchés ; des murs renfermant des morceaux de rien.»

D'origine modeste et ayant espéré profiter de la spéculation, Estéban est ruiné par l'éclatement de la bulle immobilière, et la menuiserie artisanale qu'il dirigeait, héritage de son père, est mise en faillite. Il n'a pas réussi à s'échapper de l'influence tyrannique de ce père, vieillard invalide proche de l'agonie, anéanti par sa défaite dans la guerre d'Espagne, par ses années d'emprisonnement, incapable d'aimer même ses propres fils et tyrannisant le dernier d'entre eux resté à ses côtés.

«Bien que tes obsessions politiques ne m'aient jamais intéressé, je reconnais avoir hérité de toi quelques centilitres de ce venin : n'attendre de l'être humain que le pire, l'homme : une fabrique de fumier à différents niveaux de maturation, un sac mal cousu de saloperie, disais-tu quand tu étais de mauvais poil (en réalité, tu disais un sac à merde).»

Le lieu du roman, rivage et marais, reflète cet entre-deux où se trouvent Estéban et l'Espagne. À l'arrière de la ligne du rivage envahi de béton il y a ces marécages entourés de roseaux, parsemés d'étangs qui luisent en fin de journée d'une lumière de miel, milieu naturel fragile pollué par les décharges d'ordures sauvages des industriels et de pouvoirs publics complaisants ou complices.

Démarrant comme un thriller au premier chapitre, le roman se déploie en monologues intérieurs, d'Estéban et des victimes de la faillite de la menuiserie, monologues aux flux lancinants et enchevêtrés à l'instar du réseau des cours d'eau des marais, dans lequel on peut lire l'idéal fracassé du père et sa haine pour le genre humain, l'amitié rivale depuis l'enfance d'Estéban avec Francisco, un des rejetons des vainqueurs de la guerre qui représente cette deuxième génération de prédateurs riche et enrichi encore, l'amour déçu d'Estéban et la consolation éphémère du sexe sordide avec les prostituées, immigrantes de la misère, et enfin et surtout les ravages de la crise économique et du passage du temps.

«Je découvre la persistance de ce que, Francisco et moi, nous aurions appelé en d'autres moments la lutte des classes. Mais c'est impossible : la lutte des classes s'est évaporée, s'est dissoute, la démocratie a été un solvant social : tout le monde vit, achète et va à l'hypermarché, au comptoir du bar et aux concerts sur la place qu'offre la mairie, et tous parlent en même temps, les voix mêlées, comme dans les réunions tumultueuses dont se souvenait mon père, au Tivoli, un cinéma, on ne perçoit pas le bas et le haut, tout est embrouillé, confus, et cependant un ordre mystérieux règne, c'est ça, la démocratie. Mais, tout à coup, depuis deux ans, on sent, on palpe la reconstruction d'un ordre plus explicite, moins insidieux. le nouvel ordre est visible, le haut et le bas bien nets : les uns trimballent fièrement leurs achats dans des sacs pleins à craquer, disent bonjour en souriant et s'arrêtent pour bavarder avec la voisine aux portes du centre commercial, d'autres fouillent les bennes à ordures dans lesquelles les employés du supermarché ont jeté les barquettes de viande qui ont dépassé la date, les fruits blets, les légumes fanés, les viennoiseries industrielles périmées. Ils se battent entre eux. Et moi, je ne sais pas qui je suis, où je suis, si je dois m'arrêter pour dire bonjour ou pour fouiller dans la benne à ordures, car s'il y a eu quelqu'un d'exploité dans cet atelier, c'est bien moi.»

Neuvième roman de l'auteur paru en 2013, à paraître aux éditions Rivages en janvier 2015 (traduction de Denise Laroutis), «Sur le rivage» est un très grand livre aux accents faulknériens, où Rafael Chirbes dévoile, sans aucun manichéisme, les désastres de la prédation du capitalisme, la désolation économique qui exacerbe les haines et le racisme, et la désorientation des naufragés du travail.

«Sûrement qu'il existe une justice distributive, vu que les familles les plus pauvres des pays les plus misérables sont les plus abondantes en cadavres. Elles n'ont pas d'argent ni de villa au Cap-Ferrat, elles ne profitent même pas d'un modeste plan de retraite, mais elles sont propriétaires d'une abondante variété de biomasse macabre : des morts que leur ont procurés des causes diverses, accidents du travail, overdose ou sous-alimentation, sida, cirrhose, hépatite C., violence de genre ou de rue ; des morts qui, dégoûtés de tout, se tirent une balle ou se pendent à un olivier. Les pauvres sont propriétaires d'un patrimoine varié de cadavres qu'ils défendent becs et ongles. Laissez les pauvres venir à moi, disait Jésus.»
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Sur le rivage commence comme un polar lorsqu' un corps est découvert dans une petite ville d'Espagne et que cette découverte va servir de révélateur à la population de la ville. mais devient assez vite une chronique sociale sur la crise financière et sur cette société profondement meurtrie par le chômage et la désillusion.

Portrait sans concession d'une société et d'hommes qui n'arrivent plus à avancer et dont la misère économique rend plus forte la haine et la ségrégation, sur le Rivage est un peu des souris et des hommes des années 2010 avec pour personnage principal un menuisier qui a tout perdu.

Magnifique récit sur la crise espagnole . L'aveuglement de l'argent facile et le désespoir qui suit .Une écriture pleine qui montre bien la responsabilité de chacun dans cette catastrophe . La naïveté confondante de l'homme qui ne veut pas comprendre que les arbres ne montent pas au ciel . Ce roman d'athmosphère dans les marais de la catalogne de la crise où l'on se meurt doucement est un beau roman, à la plume élégante et racée, et plus qu'un simple polar est un vrai et grand livre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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C'est pas mal, pas mal du tout même.

Mais qu'est-ce que c'est verbeux, long et statique. Alors oui, les auteurs espagnols contemporains aiment nous offrir des briques, de véritables pavés, mais le plus souvent, le style de la langue semble vous emmener dans une immense valse dont on ressort essoufflé, vu le rythme que prend l'histoire. Ici, on en sort un peu lassé, heureux d'avoir terminé.

Le propos est très actuel : l'Espagne en crise, le chômage, les faillites, les grues immobiles sur des chantiers qui n'avanceront plus. L'histoire de ce menuisier qui a tout perdu, mais n'a rien vécu, et qui nous raconte cette vie de riens, est attachante. La langue est belle aussi. Mais l'intérêt reste un cran en-dessous de ce que j'attendais.

Il faut dire que d'avoir compris au cinquième du livre comment l'histoire se terminerait, d'avoir relu, cinq fois, au moins, le bonheur d'avoir reçu de l'oncle un camion gagné à la baraque de tir de la foire qui ne repasse plus par ce village qui est mort, n'arrange pas l'enthousiasme du lecteur.

Donc oui, pas mal, pas mal du tout même, mais de là à dire comme le mentionne le quatrième de couverture que c'est un des plus grands écrivains de notre époque, ne nous emballons pas.
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La lecture des 500 pages de " Sur le rivage" fut laborieuse. Et c'est un euphémisme...Certes Rafael Chirbes est certainement un grand écrivain (c'est du moins ainsi qu'il est considéré par les médias et beaucoup de lecteurs) mais dans ce livre ci j'aurais préféré qu'il le fut moins et que la lecture de son livre soit pour moi un plaisir et non pas un chemin de croix.
Ce n'est pas le sujet qui cloche : un instantané de l'Espagne post-crise des subprimes racontée par un artisan qui a tout perdu dans des spéculations foncières, mais la façon dont Chirbes le raconte. En effet le livre n'est qu'un long monologue de gémissements et de récriminations. le personnage principal, Esteban, est un artisan menuisier qui a eu la malheureuse idée d'investir une partie des fonds de son entreprise dans un projet immobilier piloté par un ami. La crise survenant, l'ami évaporé avec l'argent , la menuiserie familiale est contrainte de licencier et se retrouve en liquidation judiciaire.
L'auteur laisse alors la parole à Esteban mais aussi à d'autres protagonistes, les amis d'Esteban, ses anciens employés, des membres de sa famille. La plupart du temps c'est Esteban qui s'exprime. On découvre sa vie au fil des monologues . On fait aussi connaissance avec ses amis . C'est l'Espagne d'aujourd'hui qui transparait à travers tous ces monologues désenchantés : la spéculation effrénée , la corruption endémique, la destruction des anciennes communautés par l'égoïsme du chacun pour soi. Et toujours cette histoire de guerre civile qui passe mal. le père d'Esteban , communiste durant la guerre, a échappé de peu au peloton d' exécution . Ces évènements anciens ont durablement marqué l'histoire d'Esteban et de sa famille.
Ô toi lecteur qui entre dans ce livre abandonne tout espoir ! le premier chapitre du roman annonce déjà clairement la fin que l'on comprendra très vite au fil du monologue d'Esteban. Ce roman infuse une atmosphère mortifère . Longue énumération de griefs, de reproches, de gémissements, une plainte sans fin ponctuée de violentes diatribes à l'encontre du monde entier. "Sur le rivage" est un roman crépusculaire. Tous les personnages ne semblent agir qu'en fonction de leur intérêt propre. Ahmed le marocain immigré, comme Liliana la petite bonne colombienne ne sont pas meilleurs que d'autres sous prétexte qu'ils ont souffert dans leur pays. Dans cette Espagne en crise c'est maintenant la lutte de tous contre tous , préfiguration de ce qui nous attend dans ce monde ouvert où seuls les plus rapaces d'entre nous s'en sortirons. Ce que montre, en forme de pirouette cynique, le dernier chapitre du livre .
Ce n'est pas comme je le disais plus haut la noirceur du propos qui m'a posé problème dans ce livre, mais la forme qu'utilise Chirbes. Ses monologues enferment le lecteur dans un carcan étouffant. Souvent on doit revenir en arrière pour savoir "qui parle ? ". Dans le cours d'un monologue il est courant qu'un autre protagoniste prenne la parole ; il faut constamment rester sur ses gardes...ou revenir quelques pages en arrière pour vérification. Et c'est bien dommage car l'écriture en elle-même est souvent superbe. D'une puissance incandescente comme on pourra le constater dans les extraits que je ne manquerai pas de poster...plus tard.
A côté de ce roman nihiliste "Voyage au bout de la nuit " est presque un livre d'espoir. C'est dire.
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critiques presse (1)
Telerama
04 février 2015
Sur le rivage est un grand roman dans lequel la colère fulgurante de Rafael Chirbes n'est tempérée que par le besoin d'amour qui gît au plus profond de ses personnages.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
«Je découvre la persistance de ce que, Francisco et moi, nous aurions appelé en d'autres moments la lutte des classes. Mais c'est impossible : la lutte des classes s'est évaporée, s'est dissoute, la démocratie a été un solvant social : tout le monde vit, achète et va à l'hypermarché, au comptoir du bar et aux concerts sur la place qu'offre la mairie, et tous parlent en même temps, les voix mêlées, comme dans les réunions tumultueuses dont se souvenait mon père, au Tivoli, un cinéma, on ne perçoit pas le bas et le haut, tout est embrouillé, confus, et cependant un ordre mystérieux règne, c'est ça, la démocratie".
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Le plus grand gaspillage de la nature, économiquement parlant, c'est la vie humaine : quand on a le sentiment qu'on pourrait commencer à tirer un bénéfice de ce qu'on sait, on meurt, et ceux qui viennent après recommencent tout de zéro. De nouveau apprendre à marcher à l'enfant, le conduire à l'école et l'amener à faire la différence entre une circonférence et un carré, le jaune et le rouge, le solide et le liquide, le dur et le mou.
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Arriver à te faire aimer par quelqu'un qui te méprise ou te laisse indifférent est bien plus difficile que de le descendre à coups de trique. Les hommes frappent par impuissance. Ils croient pouvoir obtenir par la force ce qu'ils n'arrivent pas à obtenir par la tendresse, par l'intelligence.
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La douleur de la perte - je ne serai jamais propriétaire de rien - et cette paix qui semble m'envahir n'ont rien à voir avec le repos de la mère qui a enfin accouché : l'expérience qu'elle vit, c'est que ce qui a été une partie d'elle, qui a respiré et vécu en elle, se met soudain à respirer tout seul, à bouger de manière autonome, vit par lui-même. Le vide qui reste en elle est le début de quelque chose, un renoncement actif, tandis que moi, je vis une fin : les planches empilées, les machines arrêtées, l'atelier silencieux, j'ai continué à les voir, alors que je ne pouvais plus entrer dans l'atelier pour cause de scellés posés sur les portes destinés à m'empêcher d'emporter le matériel, comme si on pouvait emporter un chargement de planches là où je vais. Je ne pouvais pas descendre à l'atelier, je m'en fichais, je fermais les yeux et je voyais tout, pas seulement les machines, l'équipement, la pièce vitrée à laquelle on accède par un escalier mobile, les classeurs et le bureau sculpté de mon grand-père ébéniste, ou de mon père menuisier qui voulait être sculpteur, je n'ai jamais pu savoir avec certitude qui l'a sculpté, ni pourquoi c'était un secret. Je voyais chaque objet entreposé, chaque planche : j'ai une sacrée mémoire photographique qui m'a aidé à me repérer pendant toutes ces années, à tout trouver sans difficulté dans le fouillis de l'atelier, et qui maintenant m'aide à me sentir malheureux : et tout ce que je vois, ce n'est pas ce que j'ai tiré de moi pour l'offrir à la vie, mais ce que j'ai enterré.
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Ne nous faisons pas d'illusions, un homme n'est pas grand chose. De fait, il y en a tellement que les gouvernements ne savent plus quoi en faire. Six milliards d'êtres humains sur la planète et seulement six ou sept mille tigres du Bengale, tu peux me dire qui a le plus besoin de protection ? Choisis qui a la préférence dans la tête des gens. Oui, toi, choisis. Un Noir, un Chinois, un Ecossais qui meurt, ou un beau tigre assassiné par un chasseur.
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Videos de Rafael Chirbes (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rafael Chirbes
Rafael Chirbes - Sur le Rivage .Rafael Chirbes - Sur le Rivage aux éditions Rivages. Traduit de l'espagnol par Denise Laroutis. Rentrée littéraire janvier 2015. http://www.mollat.com/livres/chirbes-rafael-sur-rivage-9782743629489.html Notes de Musique : ?Polarity? (by HE-LUX). Free Music Archive.
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