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EAN : 9782874496196
128 pages
Les Impressions nouvelles (23/08/2018)
4/5   2 notes
Résumé :
Le train est sans doute, après l'amour et la guerre, le thème favori de la littérature d'hier et d'aujourd'hui. Depuis le XIXe siècle, les auteurs n'ont cessé d'évoquer le voyage en train, les rencontres inattendues, les paysages, mais aussi l'agitation menaçante, les accidents et les terribles séparations. Entre le train que l'on attend, celui que l'on prend et celui que l'on rate, le chemin de fer est un véritable chemin de vie.
Les textes et les images rel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Train et littérature ont toujours fait bon ménage. Voilà en parenthèse de lecture une très plaisante anthologie du rail. Un rendez-vous donné aux amateurs de trains et de rencontres insolites entre auteur(e)s. Anna de Noailles et Dekobra, quelques Pauls (Morand, Dermée, de Kock, Verlaine et Valéry), l'incontournable Cendrars, Miriam van Hee, Walt Whitman surprenant, de Jonckheere, Roubaud, Desnos, Queneau etc. Choix de textes poétiques ou extraits en prose cent pour cent ferroviaires, de 1837 au TGV d'aujourd'hui, en des registres très divers, du plus optimiste au plus sombre, qu'Anne Reverseau a rassemblés en sept thématiques et brefs chapitres illustrés (estampes, photographies, dessins ou croquis). A son avènement le rail eut ses adeptes enthousiastes dont Gautier manifestement ne faisait pas partie (Zigszags, 1845). Alfred de Vigny pressentait : "La distance et le temps sont vaincus. La science/Trace autour de la terre un chemin triste et droit./Le monde est rétréci par notre expérience/Et l'équateur n'est plus qu'un anneau trop étroit./Plus de hasard chacun glissera sur sa ligne,/Immobile au seul rang que le départ lui assigne,/Plongé dans un calcul silencieux et froid." (La Maison du Berger, 1844). Dix ans après Walt Whitman rendra son plus bel hommage "A une locomotive en hiver" (Feuille d'herbe, 1855). Strindberg détestait dans un compartiment la promiscuité de tant d'inconnus et pour Pierre Loti le train était "quelque chose de laid, de noirâtre, de tapageur et d'idiotement empressé"(p. 24).

Le rail est ici à plusieurs vitesses : grande (Marinetti, Manifeste futuriste, 1909 ; Trains express, Emile Verhaeren, 1923) ou petite, souvent porteuse d'éloge et de promesse (Tortillards, Maurice Fombeure, 1942). On le sait bien le rail aime évidemment la nuit : les trains y filent ou y restent bloqués ; là une avalanche en pleine montagne entre France et Espagne (Pierre Louÿs, La Femme et le pantin, 1898) ; là une nuit de luxe dans le Nord-Express avec Valéry Larbaud. Mais le Noir est synonyme de tragédie pour d'autres (Henri Bataille, 1916) et de désastres. Un poème d'Amédée Pommier (1844) et une estampe gravée (reproduite), évoquent la première catastrophe meurtrière de l'histoire du chemin de fer, à Meudon sur la ligne Versailles rive gauche/Paris, le 8 mai 1842. La félicité est totale en revanche pour Charles Cros qui s'exclame : "Peut-être le bonheur n'est-il que dans les gares !" (1873). Dans Alcools Apollinaire en appelle aux souvenirs : "Te souviens-tu de l'orphelinat des gares/ [...]Te souviens-tu des banlieues et du troupeau plaintif des paysages ?" Quelques morceaux cocasses, de fantasmagories, ou d'autres caustiques sur les trains internationaux (Richard Minne, 1927). Le défilement du paysage le nez contre la vitre est une autre source d'inspiration : Italo Svevo, 1928 ou François Bon dans le Paris - Nancy, en 2003.

Quelques retrouvailles de lecture font sourire : l'influence des sifflements du Paris/Sceaux sur un fantasme de des Esseintes (A Rebours) ; ou bien le jeune narrateur courant d'une fenêtre à l'autre de son compartiment à la Recherche de "sa bande de ciel rose" (Proust, A l'ombre des Jeunes filles en fleurs). Dans le frisson des départs et le désordre des arrivées que de pas perdus et de minutes comptées, de mouchoirs agités et de trains manqués ! Mais traverse ce parcours l'esprit d'un rail parfois nettement méditatif : il semble à Paul Valéry quittant la Hollande "que le Temps commence ; le Temps se met en train, le train se fait modèle du temps [...]" (Variété II, 1930) ; de même Philippe de Jonckheere évoque t-il dans un superbe texte "l'accident de personne" brutal qui maintient son train en arrêt sur la voie ("A quoi tu penses", 2008, p. 43). Inconditionnelle des trains et des anthologies j'aimais sans doute ce livre avant de l'avoir lu. Par son sujet "Sur les rails" pouvait prendre la forme d'un "beau livre". L'invitation au voyage est ici d'un rang plus modeste bien que somptueusement empanachée. Format ramassé, "ligne" généraliste et un je ne sais quoi de sans façons, très attractif, dans l'imagerie des premiers temps héroïques. S'il ne reste plus au regard d'aujourd'hui que la courbe sexy et dépouillée des TGV fendant les paysages ce recueil prouverait que la littérature continuera probablempent longtemps à s'aggriper à leurs flancs. Merci aux Impressions Nouvelles et à babelio pour cet envoi express.


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Je souhaite tout d'abord remercier Babelio et les éditions "les impressions nouvelles" pour l'envoi de ce joli petit ouvrage dans le cadre de la dernière opération Masse critique.

"Sur les rails", donc... tout un programme ! La promesse de voyages, de rencontres, de paysages... ce recueil regroupe de nombreux extraits d'oeuvres (romans, poèmes,...) ayant pour sujet commun le train, et classés en sept thématiques (sept arrêts, comme cela est élégamment dit), comme par exemple "Trains de nuit" ou "Trains et fantasmagories". Ces textes sont plus ou moins récents, remontant pour certains aux prémices de l'ère ferroviaire quand d'autres datent de quelques années à peine. Ils sont signés d'Hugo, Zola, Proust, Verlaine, Apollinaire, parmi les plus connus. Chaque page est agrémentée de gravures, photos, dessins, en lien avec le monde des trains.

La lecture de ce livre est vraiment très agréable et dépaysante. Les textes sont variés, évocateurs (j'ai notamment apprécié les poèmes d'Emile Verhaeren)... et donnent finalement une furieuse envie de refaire un voyage en train. Pas en ayant ses yeux rivés sur son écran de téléphone ou d'ordinateur, non... mais en contemplant plutôt les paysages ruraux ou urbains traversés, en laissant son esprit lentement dériver, apaisé. Tout le plaisir d'un voyage en train quoi !
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Ne souhaitant pas reprendre ce qui a déjà été fort bien exposé dans les critiques précédentes, j'aimerai vous livrer quelques réflexions suite à la lecture de cet ouvrage, moteur à nous faire aller plus loin, à nous transporter.
Le format même du recueil permet de l'emporter aisément. de part le titre seul, on aurait pu s'attendre à un beau livre avec de magnifiques illustrations sur papier glacé. A. Reverseau a délibérément opté pour une édition de poche, pratique, avec une jaquette couleur charbon. Belle entrée en matière…
Que dire de l'atmosphère qui se dégage des voyages en train à travers les époques.. Pour certains, l'atmosphère est studieuse, voire détendue. Marcel Proust (1919) accompagne ses voyages de journaux illustrés, de jeux de carte et d'oeufs durs (à défaut de madeleines) et François Bon (2003) garde à portée de main journaux, magazines et écouteurs.
Les impressions des voyageurs semblent traduire le merveilleux. le train offre le monde à profusion, villes et villages, travaux des champs défilent. Dans le train, on regarde. Plus on cherche à regarder, plus il y a à voir. Paul de Knock (1842) nous rassure que « voyager en chemin de fer ne fatigue pas, c'est un plaisir, un agrément. On se sent rouler avec une douceur inconcevable, ou plutôt, on ne se sent pas rouler ». Plus près de nous dans le temps, que dire du luxe, des ambiances feutrées des trains comme l‘Orient Express, les Pullmans aux Etats-Unis d'Amérique... Edward Hopper s'est fait l'écho de cette fascination du train dans quelques unes de ses oeuvres. Hitchcock a, par contre, donné dans l'épouvante, en utilisant le huis clos du train (« 39 marches », entre autres). M. Portillo nous balade à travers l'Europe, dans ses documentaires télévisés, guide Bradshaw de 1839 à la main….
Tout à l'engouement suscité par les voyages en train, il faudrait citer l'ouvrage coloré et très informé des éditions Locus Solus de Chateaulin (Finistère) sur les affiches touristiques. Modes vestimentaires, fêtes traditionnelles et sites pittoresques ont été répertoriés et apportés à la connaissance du public, contribuant ainsi à l'essor de ce moyen de transport et au développement des contrées les plus reculées.
Le train et son formidable pouvoir économique, qui a aidé au développement de pays, de régions, terroirs et territoires et à la construction de gigantesques temples que sont les gares de Grand Central Station de New York, de Union Station de Chicago…… pour ne nommer que quelques unes. On a vite crû aux enjeux économiques du train et à leurs retombées..
Que dire de la nouvelle Route de la Soie, qui relie l'Asie à l'Europe par voie ferrée.

Un grand merci à l'auteur, qui a réveillé en nous cette passion pour le voyage en train, à l'époque de la vitesse….
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[...] Il faut beaucoup d'efforts pour ne pas se figurer que le cheval de fer est une bête véritable. On l'entend souffler au repos, se lamenter au départ, japper en route ; il sue, il tremble, il siffle, il hennit, il se ralentit, il s'emporte ; il jette tout au long de la route une fiente de charbons ardents et une urine d'eau bouillante, d'énormes raquettes d'étincelles jaillissent à tout moment de ses roues ou de ses pieds, comme tu voudras ; et son haleine s'en va sur vos têtes en beaux nuages de fumée blanche qui se déchirent aux arbres de la route. (p. 40)

Victor Hugo, "lettre à Adèle du 22 août 1837"
Trains d'enfer
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Le train a des affinités avec le monologue intérieur, voire l'analyse de soi : on s'y perd facilement dans ses pensées.
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