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EAN : 9782809712407
200 pages
Editions Philippe Picquier (05/01/2017)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Poète, essayiste, peintre, calligraphe et amateur de musique, Su Dongpo est depuis le XI°s le modèle parfait du lettré chinois.
Son rêve était que ses connaissances puissent trouver leur application, que son talent littéraire puisse lui faire écrire sur n'importe quel sujet de façon persuasive, que la supériorité de ses facultés lui permette d'influencer la destinée de l'empire.
Mais il ne rencontra jamais ce moment dont il rêvait, celui d'orienter le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Su Dongpo, appelé aussi Su Shi, était un lettré qui a vécu en Chine vers l'an mil. Lettré et fonctionnaire, qui pour ne pas toujours s'être plié aux décisions de ses supérieurs a plusieurs fois alterné des postes à responsabilité et d'autres où il n'était que subalterne. Études et formation confucéenne. Dans ce recueil, on trouve un peu du tout. Je dois dire que l'ensemble est très hétérogène. Poèmes, réflexions politiques, anecdotes sur ses expériences de vie… Certains textes m'ont littéralement transporté comme ses réflexions sur le sens de la vie et ses poèmes, et d'autres beaucoup moins. Les dernières pages font référence à des personnages de l'époque et à moins d'avoir déjà une bonne connaissance de la Chine médiévale, on est un peu perdu.
Globalement, c'est un bon petit recueil de textes qui permet de se faire une idée de la Chine ancienne.
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Voilà, en deux cents pages, un tour d'horizon synthétique de l'oeuvre de Su Dongpo, ou Su Shi (de son nom de lettré), artiste et haut fonctionnaire malchanceux de la Chine des Song du Nord, au XI°s. C'est la lecture du "Palais des Nuages" de Patrick Carré, où ce personnage fascinant apparaît, qui m'a lancé sur la piste de son oeuvre poétique et autobiographique. A travers la féérie du Palais des Nuages, j'ai lu les beaux poèmes de l'auteur, imaginé ses calligraphies, entraperçu son humour et rêvé à sa sagesse. Très modestement, à travers une traduction qui, aux dires d'un sinologue que je connais, laisse à désirer, on peut pénétrer dans cet univers culturel chinois si étrange pour l'Européen, à pas de loup, grappillant ceci ou cela au passage, mais on sait que l'on passera toujours à côté de l'essentiel. Ce n'est pas grave, c'est même exaltant de se sentir dépassé comme par une montagne dont on n'arpentera jamais toutes les pentes ni tous les paysages.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Alors que j'habitais dans le Monastère de la Protection Céleste à Huizhou, un jour, je suis allé me promener au hasard au bas du Pavillon du Vent dans les Pins. N'ayant plus de force dans les jambes, je souhaitais passer par la forêt et m'y rendre pour me reposer. Mais en levant la tête, je vis que ce pavillon était encore en haut des arbres. Je me suis dit : "Comment y parviendrai-je ?" Puis, au bout d'un bon moment, me vint soudain cette pensée : " Qu'est-ce qui m'empêche de me reposer ici même ?" Alors je devins comme le poisson accroché à un hameçon qui soudain arrive à se libérer. Si les hommes prennent conscience de cela, même s'ils font face à un camp ennemi, que les tambours de la guerre résonnent comme le tonnerre, que s'avancer c'est se faire tuer, que reculer c'est être exécuté par une cour martiale, même en un tel moment, rien ne les empêche de bien se reposer.

Ecrit en 1094, p. 68.
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Le vent clair sur quoi se fixe-t-il ?
On peut l'aimer, sans pouvoir le saisir.
Il arrive comme un prince,
Les plantes et les arbres vibrent de ses louanges.
Je me promène sans but ;
Mon bateau solitaire à sa guise se met en travers.
Au milieu du courant, allongé, les yeux au ciel,
Le vent justement vient à ma rencontre.
Je lève ma coupe à la vastitude,
Heureux qu'il n'y ait aucun sentiment entre nous !
Je reviens en passant par deux vallons, nuages et eau dans la nuit s'éclairent.
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En revenant de nuit à Lingao (1082).
Sur l'air de "L'immortel près de la rivière".

Dongpo, la "pente de l'est", est le lieu-dit où Su Dongpo installa sa demeure à Huangzhou et dont il reprit le nom pour en faire un surnom. A cause des deux derniers vers de ce poème, le bruit courut que Su Dongpo avait disparu, et même l'empereur en fut informé. Le fonctionnaire chargé de veiller à ce qu'il reste en résidence dans la région accourut chez lui et le trouva couché en train de ronfler.

La nuit à Dongpo, je bois, m'éveille, et de nouveau m'enivre.
Me voici de retour, il doit être minuit.

Les ronflements de mon serviteur résonnent déjà ;
Je frappe à la porte, aucune réponse.
Appuyé sur ma canne, j'écoute le bruit du fleuve.

Depuis longtemps je regrette de ne plus m'appartenir.
Quand oublierai-je les soucis de mes activités ?
Le vent nocturne est calme et l'eau frémit à peine.

Partir d'ici sur un petit bateau,
Que le fleuve et la mer emmènent ce qui me reste à vivre.

p. 100
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Je dis souvent que, parmi les bonheurs humains suprêmes, aucun n'égale l'absence de maladie dans le corps et l'absence de souci dans l'esprit. Quand quelqu'un, affligé de l'un ou de l'autre, se trouve en présence de moi, je me demande comment lui rendre le bonheur. C'est pourquoi partout où je vais, je prépare de bons médicaments pour en donner à qui en a besoin, et je fais fermenter du bon vin pour en offrir à mes visiteurs. "Vous n'êtes pas malade, me disent certains, et vous avez tout un stock de médicaments. Vous ne buvez pas et vous fabriquez beaucoup d'alcool. Pourquoi vous donner tant de mal pour les autres ?
- Quand les malades, je réponds, obtiennent des médicaments, mon corps se sent plus léger et, quand les buveurs se sentent ivres, je me sens tout guilleret. C'est par égoïsme que j'agis ainsi."

Postface à la biographie de Dong Gaozi, p. 51
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Reprenant les rimes de "En buvant du vin" de Tao Yuanming (1092)

Je bois peu, mais j'apprécie toujours d'avoir une coupe de vin à ma disposition et souvent je m'endors sur mon siège. On me croit ivre alors que j'ai l'esprit clair. Il est difficile de dire si je suis ivre ou à jeun. Ici à Yangzhou, je continue à boire, mais je m'arrête à midi. Mes visiteurs à peine partis, je déboutonne mes vêtements, me détends et reste assis le reste de la journée. Ce jour-là, je n'avais pas assez bu pour être vraiment heureux, mais je ressentais une sorte d'excitation. Aussi ai-je décidé d'écrire des poèmes en reprenant les rimes de Tao Yuanming dans sa série "En buvant du vin" afin d'exprimer, en quelque sorte, ces sentiments indéfinissables. Je les ai montrés à mon frère Ziyou et au lettré Cao Buzhi :

Je ne vaux pas Tao Yuanming,
Les affaires officielles m'enferment dans leurs filets
Et je me dis parfois comment m'en libérer
et obtenir enfin une vie telle que lui :
Un terrain minuscule sans ronces ni épines,
un endroit agréable, semblable à celui-ci.
Que l'esprit sans entraves suive le cours des choses,
Que là où il réside il n'y ait plus de doute,
Obtenir par hasard du plaisir dans le vin,
Et m'accrocher souvent à une coupe déjà vide...

... Ce n'est que dans l'ivresse que l'on est vraiment soi-même ;
Etre une grotte vide sans plus d'incertitude,
Tomber de voiture sans jamais se blesser ;
Le vieux sage Zhuang Zi ne nous a pas trompés ...

(Zhuang Zi explique pourquoi un ivrogne peut tomber d'un char sans se blesser, car l'ivresse du vin le protège).

p. 112
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