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EAN : 9782259200974
348 pages
Plon (05/01/2006)
4.04/5   14 notes
Résumé :
La vie de Jean François Deniau, c'est d'abord survivre. Aux rêves d'une enfance enchantée. A la maladie et à l'hôpital qui ne le lâchent pas depuis près de vingt ans. Aux pièges de la jungle, aux secrets de la diplomatie, aux risques des maquis afghans ou de la guerre en Bosnie, aux tentations du pouvoir, aux complots de la politique française, aux dangers de la mer. A la vie elle-même avec ses passions amoureuses, ses moments d'aveux et de désespoir - le courage qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quelle vie ! Ou plutôt quelles vies ont été celles de Jean François Deniau! Puisque naguère, il publiait ses « Mémoires de 7 vies », décrivant ses résurrections et ses réincarnations successives en nous laissant comprendre qu'après tout, il était toujours possible de vaincre la mort, à la seule condition de « croire et oser ».

« Survivre » n'est pas un nouveau recueil de ses mémoires. « Des mémoires, c'est une chronologie, un rappel systématique d'événements vécus, de personnages rencontrés… Je laisse quelques souvenirs monter, d'enfance et d'aventures » nous dit l'auteur en avant-propos. Toutes ses vies, Jean François Deniau les a croquées à pleines dents, aux quatre coins du monde, côtoyant « la mort de près », au milieu de toutes les guerres, de toutes les souffrances physiques et morales que l'homme, dans ses ivresses de pouvoir et d'argent, est capable d'inventer et d'imposer aux autres.

« Survivre »…, toujours en lignes élégantes et fortes, le récit se pare souvent des atours de l'épopée: … aux abords de la Khyber Pass, «Avec le colonel commandant les Khyber Rifles, nous nous arrêtons sur une petite colline juste avant la frontière, avec vue sur l'Afghanistan. Nous nous installons, Alain Boinet, le colonel et moi, dans trois grands fauteuils d'osier face au panorama. Thé. »… « Au-dessus de nos têtes, le sifflement des obus nous oblige à élever la voix. Je dois donc élever un peu la voix aussi – pas trop, gardons notre sang froid-… ». Nous ne sommes pas dans un roman de Kipling, nous sommes en 1987. Jean François Deniau n'a jamais voulu être roi!

« Survivre »…, le verbe devient parfois cri de colère, de révolte et dénonce l'hypocrisie :… à « Sarajevo, quand l'Europe a perdu son âme … La « culture des Nations unies» est une sorte de neutralisme nordique où on vit avec bonne conscience des guerres des autres sans y participer. Prendre un risque est mal vu»... à Srebrenica qui sera « écrasée…C'est un exemple dramatique, en pleine paix, et sans doute unique, de massacre sous contrôle international, au coeur de l'Europe ».

Quelles leçons de courage nous sont données dans tous ces vécus, de la jungle indochinoise au désert de Mauritanie, en passant par les montagnes afghanes et balkaniques, par les rues déchiquetées de Beyrouth mais aussi par les couloirs de Bruxelles et les cabinets ministériels de Paris. L'histoire de l'homme politique, de l'écrivain académicien, de l'ambassadeur de France, du marin, s'inscrit et s'implique dans chaque intensité de l'histoire du monde et celle de notre pays. Se souvient-on que Jean François Deniau rédigea le préambule du Traité de Rome ? « Et personne n'a osé ni même pensé s'attaquer à mon paragraphe final qui introduit pour la première fois dans un traité international le mot « idéal » ! ».
Pour la plupart d'entre-nous, tous ces soubresauts du monde ne représentent déjà plus que le souvenir de gros titres dans les journaux, trop rapidement estompés par les derniers flashs du vingt heures. Il faut avoir connu les affres de l'abandon pour ne pas oublier la main qui a été tendue : « …la réponse d'un chef d'Etat, ancien guérillero, interviewé à la télévision française :
- Vous connaissez Deniau ?
- Si je connais Deniau ! Il était avec nous quand personne n'était avec nous. »

En ces temps où nous dit-on, nos concitoyens sont moroses et ne croient plus en leur classe politique, où les valeurs de notre société semblent se déliter dans les recours insultants, les contestations violentes, les abus de confiance et les discours délétères, il nous est rappelé comme à ceux qui en revendiquent le titre, ce que suppose la fonction de « Grand Commis de l'Etat », avec une majuscule à chaque mot. le monde, l'Europe, la France a tant besoin de cette race de serviteurs. Il est certes plus facile et confortable de succomber aux tentations du renom et de la gloire corrompue des âmes grises. Mais navigateur lui même, Jean François Deniau sait combien il est difficile de garder son cap dans les déferlantes de la bassesse, de la trahison et de la démission. En le lisant, la devise d'un autre Grand Capitaine, Jean de Lattre de Tassigny, nous vient à l'esprit : « Ne pas subir ».

« Survivre »…, le ton se fait humble devant la maladie :… « J'ai peur de la nuit qui n'a pas de nom », mais ne désarme pas :… « Je ne pense qu'à retrouver la mer… la vie est trop courte, à peine le temps de se retourner… et il faut abandonner. N'abandonnons pas ». Quelle espérance aussi, pour « Tant d'hommes [qui] commencent à mourir si jeunes même s'ils ont l'air vivants »… « La volonté d'espoir quand il n'y a pas d'espoir, s'appelle l'espérance ».

« Survivre »…, les mots sont tendres lorsque la nostalgie affleure :… « le bonheur prend toujours la forme d'une île au loin » ou que le précepte du poète nous est rappelé : « Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour ».

A n'en pas douter, l'ouvrage de Jean-François Deniau est à méditer, par ceux qui se veulent être les architectes de notre futur, par chacun d'entre-nous dans les coups de tabac de la vie.
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Un peu oublié de nos jours, Jean-François Deniau, (né le 31 octobre 1928 et décédé le 24 janvier 2007), est un homme politique atypique, un aventurier et un écrivain. Il a été co-rédacteur du Traité de Rome, ambassadeur, six fois ministre, commissaire européen, député, président du Conseil général du Cher, essayiste et romancier. Il fut aussi un navigateur émérite. de santé fragile, il dut subir de nombreuses interventions chirurgicales (poumons, coeur), fut un habitué des services de réanimation et n'eut plusieurs fois la vie sauve que par la grâce de la science médicale…
« Survivre » ne se présente pas comme une autobiographie classique. Point de récit circonstancié suivant une chronologie bien définie, mais une suite d'anecdotes tirées d'une vie hors norme et racontées au fil de la plume comme des bulles remontant à la surface de l'étang de ses souvenirs. Deniau, présenté comme un « aventurier de la générosité » fut une sorte de chevalier d'un autre temps, cherchant toujours à se rendre utile. Ainsi apprend-on que c'est grâce à son intervention que les Soviétiques purent évacuer d'Afghanistan de façon digne. Il intervint dans nombre de pays en conflit (Darfour, Afghanistan, Yougoslavie, Bosnie, Kossovo, etc.), côtoya et conseilla les grands de ce monde qui souvent se trompaient dans leur évaluation de la situation sur place. Un livre qui, sans être d'actualité, n'en demeure pas moins passionnant à lire ne serait-ce qu'à titre de témoignage historique. Une écriture impeccable, ce regretté touche à tout de génie était également membre de l'Académie Française quand même !
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Un homme indépendant, des événements et des gens que j'ai "croisés" dans ma vie… Quelques mystères dévoilés ou vus sous un autre angle. C'est bien écrit, ça se lit bien, un peu trop de combats peut-être mais très intéressant.
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Refus du compromis, refus de perdre son âme ...
Bref, pas un grand Politique
Mais un homme d'engagement
Un homme qui nous fait découvrir les sombres et abjectes cuisines des Politiques
A lire pour se rappeler de la grande petitesse des Hommes ...
A lire aussi, pour se rassurer : cet auteur est la preuve même que nous pouvons ne pas nous compromettre, pas nos propres engagements
Mais le prix n'en est pas donné !!!
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Autre épisode de la journée. Je vais voir l'unité française qui tient l'aéroport. Aucune protection, aucun terrassement, une ligne de casiers d'emballage en plastique, c'est tout. Le moindre tir de mortier, c'est le massacre. Je m'étonne vivement auprès du lieutenant-colonel. Il trouve que j'ai bien raison. Mais le carriériste onusiaque japonais Ayachi a interdit aux Français de se protéger. "Se protéger" voudrait dire qu'il y a un danger et serait, je cite "un geste hostile". Interdit. L'une des plus belles colères de ma vie.
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Combien de fois les dés rouleront et me seront favorables, contre tout espoir, en Érythrée, au Liban, en Afghanistan. Et plus directement, sans aller aussi loin, à l'hôpital de Paris. Quand je protesterai contre les « dégâts collatéraux » des traitements, rayons et chimie, les médecins me répondront : « Râlez pas, vous êtes là. » Ils avaient raison. Mes collègues (je n'ose pas dire amis) de la politique m'enterreront avant l'heure : ils anticipaient un peu. Ils n'avaient pas lu Jim la Jungle, Flook, Jerry dans l'île et le sage Tao, toutes les bandes dessinées de mon enfance émerveillée. Ils n'avaient pas joué avec mon frère à celui qui ne céderait pas sous les coups de bouquin et à décorer nos soldats de plomb survivants héroïques de parachutages hasardeux. Ils ne connaissaient pas nos livres et nos jeux. Ils manquaient de modèles.
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Comment rencontrer l'aventure, comment retrouver les livres si chers au cœur ? Il suffit comme le sage Tao de ne pas laisser le riz pousser sous nos pas rapides, il suffit comme l'ourson de Rufus de pouvoir prendre toute apparence aimable ou terrifiante à force de volonté. Il suffit de pouvoir bondir sur l'occasion qui passe comme la bête fauve de Jim la Jungle. Il suffit, tel le frêle papillon, de menacer sa jeune épouse qui lui fait une scène de ménage, de taper du pied et ses pouvoirs magiques lui permettront de faire voler en poussière le palais du roi Salomon ; et le roi Salomon et la sublime reine Balkis en rient si fort que, pour sauver le prestige du petit papillon devant sa femme, ils font exploser leur palais. Il suffit d'attendre, d'être prêt, de vouloir et la vie apporte à l'homme ce que l'enfant a rêvé.
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Les personnes qui se suicident, paraît-il, sont nombreuses à rêver d'assister à leur enterrement pour écouter ce qu'on dira d'elles, vérifier qui pleurera, constater qui sera absent. Une dame très remarquable à écrit un roman dont le premier chapitre est le récit de mon enterrement aux Invalides, avec oraison funèbre par Jean d'Ormesson. Sympathique. Mais les cérémonies ne valent pas pour l'âme la simple mémoire. Que vos enfants et les enfants de vos enfants soient émus en retrouvant une photo jaunie dans un tiroir ou qu'un lecteur prenne plaisir à lire quelques lignes de vous après votre mort, c'est votre âme qui survit. J'aimerais tant avoir cette chance. Ne pas partir complètement après être parti.
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Même si les Tatars ne croient pas que tous les hommes ont une âme. Même si les Cabires, divinités de la Grèce antique si secrètes que prononcer seulement leur nom entraînait la mort et qui étaient comme le souffle obscur, l'âme des dieux eux-mêmes, pensaient que nous en avions cinq ou sept, l'âme n'est jamais notre propriété. Le treizième arcane majeur du tarot qui représente la mort n'a pas de nom. Je suis prêt à rendre la barque que j'ai conduite de façon trop souvent insensée. Mais j'ai peur de la nuit qui n'a pas de nom.
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Vidéo de Jean-François Deniau
"Un héros très discret" adapté du livre homonyme de Jean-François Deniau (bande-annonce) 1996
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