Il déborde d'informations, il aide à mieux comprendre une guerre civile que l'on observe de loin mais, il faut l'avouer, il est un peu ronflant. Tous les chapitres ne sont effectivement pas d'un grand intérêt. Ils sont utiles, surtout pour celles et ceux qui étudient les sciences politiques, qui débattent des théories, mais, pour un citoyen qui ne cherche qu'à s'informer sur le conflit ce n'est pas toujours intéressant. Pour ma part en tout cas.
Et puis, c'est lacunaire. le chapitre sur le YPG/PKK est trop court, beaucoup trop court si on considère, comme les auteurs, que l'entrée en guerre du mouvement kurde est un facteur de fragmentation de l'insurrection. Les auteurs ne disent rien de leur idéologie tant et si bien qu'un lecteur néophyte ne sait toujours pas, au terme de sa lecture, définir le mouvement kurde, mis sur le même plan que les autres organisations qui luttent sur le territoire syrien. Or, le relativisme a ses limites. Si l'on peut comparer des mouvements dans leur stratégie, on ne peut pas faire comme s'ils se ressemblaient parce que ce n'est pas le cas. Ils se différencient sur le plan des valeurs, des idées et des idéologies et même de leurs évolutions; un aspect qui n'est pas évoqué dans ce livre ou très partiellement.
On pourrait me retorquer que là n'est pas le sujet du livre mais je persiste à croire que l'absence d'information est un parti pris des auteurs. Les chercheurs n'ont pas à donner un jugement de valeur (rare sont ceux qui ne le donnent pas) mais ils ont à fournir toutes les informations clés au lecteur pour qu'il puisse lui même construire sa propre opinion et un défaut d'information est un manquement qui a son influence dans sa construction. Or, sur les partis kurdes, ici, les informations manquent cruellement. Il n'y a pas un mot sur leur idéologie, rien sur leur gestion du territoire (c'est pourtant un des thèmes du livre), ni sur l'évolution de leurs stratégies. En bref, sur les multiples organisations, les informations pullulent mais sur le mouvement kurde il faut aller se renseigner ailleurs.
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Dès son arrivée au pouvoir, le régime baassiste a mis en place une surveillance systématique de la population et la répression – brutale et immédiate – de toute forme de dissidence. La diminution des ressources et les évolutions démographiques ont entraîné une dégradation progressive de ce système : la Syrie de 2011 est un État policier en manque de ressources.
La guerre a trois conséquences : la destruction du capital économique, l’émergence de marchés régionaux et la réorganisation des flux économiques et humains. Premièrement, l’économie syrienne a été durement touchée avec un effondrement de la production et une destruction du stock de capital. L’aide internationale et le trafic transfrontalier ne compensent pas cet appauvrissement massif car les ressources de la contrebande, d’ailleurs limitées, profitent à des groupes souvent hors de Syrie (réfugiés, trafiquants). Cette destruction se produit de façon différenciée selon les régions et les catégories sociales, ce qui entraîne un accroissement des inégalités au sein de la société syrienne.
Confier la sécurité du pouvoir à un groupe minoritaire et méprisé est une technique classique dans les systèmes impériaux ou multicommunautaires. Peut-être pour maintenir une apparence d’ouverture, Hafez et Bachar al-Assad ont souvent choisi un sunnite comme ministre de la Défense, dont le plus connu a été Mustafa Tlass, un compagnon de la première heure de Hafez al-Assad et un sunnite comme Ali Mameluk peut se voir confier la tête des services de sécurité.
Parfois, aussi, les clivages politiques divisent profondément les familles. La révolution devient une « nouvelle famille », au sens métaphorique, avec des amitiés très fortes, mais aussi au sens littéral avec des mariages qui auraient été autrefois impossibles.
Les révolutions en Tunisie, en Égypte et au Yémen se sont déroulées comme un rêve pour nous. Quand Tripoli est tombé, je me suis dit que c’était possible ! Qu’on avait également une chance contre Bachar en Syrie ! L’impossible devenait pensable !
L'Afghanistan et l'Irak ont été les laboratoires d'une conversion à la démocratie occidentale qui a viré au fiasco et à la tragédie. Jusqu'où peut-on comparer leurs destinées ? Mediapart en débat avec les chercheurs Gilles Dorronsoro et Adel Bakawan.
Pour voir l'émission intégrale, c'est par ici ! https://www.mediapart.fr/journal/international/120222/irak-afghanistan-radioscopie-d-un-interventionnisme-destructeur#at_medium=custom7&at_campaign=1050
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